Suzane étouffe les évidences et chante ce que nous sommes.
Chanson française ? Électro ?
Très vite, les étiquettes n’ont plus d’importance.
Suzane chante son époque, sans cynisme ni raccourci.
Introspection pudique, elle incarne, elle ne triche pas.
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Elle mêle avec un naturel déconcertant et une énergie fédératrice la musique et les mots, les maux et les corps.
Esthétique mouvante, mélodies au dépouillement salutaire.
Claire Faravarjoo, c’est une french pop palpitante à la frontière de l’électro et du disco, sur laquelle elle nous plonge dans une mélancolie heureuse animée par les souvenirs de nos soirées.
Privée de concerts par la situation sanitaire, elle se ressource dans son studio et enregistre « L’Amour », un EP de reprises de tubes de la chanson française de notre enfance.
Au début de l’année 1966, les Beatles disposent d’un temps libre sans précédent.
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Après avoir opposé leur veto à un projet de film, John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr s’apprêtent à vivre trois mois glorieux sans engagements professionnels, ce qui leur laisse amplement le temps de commencer à travailler sur leur nouvel album, la suite de l’immense succès de 1965, Rubber Soul, qui les avait déjà vus rejeter leur image d’adorables voyous coiffés d’une serpillière.
Revolver représente une renaissance dans tous les sens du terme.
D’une part, le duo d’auteurs-compositeurs Lennon-McCartney n’est plus inégalé : George Harrison ne se contente pas d’entrer dans le jeu, il s’impose comme une voix essentielle du groupe en signant le premier morceau de Revolver, « Taxman ».
Bien qu’enraciné dans un mécontentement politique typiquement britannique, « Taxman » est sans aucun doute un produit de l’époque où les Beatles vivaient en Amérique.
Les Beatles avaient l’intention d’enregistrer Revolver en Amérique, mais EMI a refusé de leur donner l’argent nécessaire pour les installations d’enregistrement.
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Si des titres comme « Taxman » et « Got To Get You Into My Life » auraient pu sonner un peu plus ensoleillés, l’enregistrement en Amérique aurait détruit « Eleanor Rigby », dont l’intelligence - outre les paroles Betjemanesques - réside dans l’arrangement des cordes.
Comme l’a dit McCartney avec humour : « les instrumentistes à cordes en Amérique ne sont pas très bons ».
« Eleanor Rigby », l’une des plus belles réussites de Paul McCartney en matière de composition, est un roman lauréat du Booker sous la forme d’une chanson pop de deux minutes.
Si ce n’était pour la force de l’écriture de Lennon et McCartney, je serais tenté d’appeler Revolver « The Harrison Album ».
Il fut un temps où les contributions du guitariste étaient considérées comme des nécessités malheureuses.
Des chansons comme « Don’t Bother Me » ont été insérées par souci de diplomatie, Lennon affirmant que tout le monde était trop timide pour dire ce qu’il pensait vraiment de ses chansons.
Alors que Lennon et McCartney ont les yeux rivés sur les deux rives de l’Atlantique, le regard de Harrison s’étend au-delà des frontières de l’Occident.
Nous avons eu un aperçu de ses talents de sitar sur ‘Norwegian Wood’, mais ils étaient purement ornementaux.
Dans « Love You To », les Beatles embrassent enfin les idiosyncrasies structurelles de la musique classique indienne, rejetant 500 ans de théorie harmonique occidentale en faveur d’un seul bourdon de tanpura.
Dans les albums précédents, le tour du monde de Harrison n’aurait pas été à sa place.
Heureusement, Lennon et McCartney sont tout aussi avides d’exploration.
Les morceaux « Good Day Sunshine » et « Your Bird Can Sing » sont un peu plus difficiles, mais McCartney rétablit la situation avec les mélodies savantes et le piano baroque de « For No One ».
Puis, alors qu’il commence à se montrer un peu twee, nous nous lançons à corps perdu dans « Doctor Robert », un autre des récits autobiographiques de Lennon sur ses fantasmes alimentés par la drogue.
Avec « Tomorrow Never Knows », les Beatles gardent le meilleur pour la fin.
Comme « Love You To », cette chanson captivante met en évidence la nouvelle passion de George Harrison pour l’instrumentation classique indienne.
Mais là où « Love You To » était une expérience d’influence, « Tomorrow Never Knows » est une expérience de technologie.
Fabriquée à l’aide de boucles de bande - une des idées brillantes de McCartney - la batterie de Ringo fournit une pulsation hypnotique sur laquelle le drone de sitar de Harrison repose comme un nuage parfumé.
La voix éblouissante de Lennon entre dans le mélange, et il devient clair que nous écoutons un groupe qui travaille au sommet de ses capacités collectives.
Si Revolver se résumait à 40 minutes de « Tomorrow Never Knows », ce serait toujours un chef-d’œuvre.
Avec Revolver, les Beatles sont à l’apogée de leur collaboration et de leurs capacités musicales.
C’est le premier disque où les personnalités de Lennon, McCartney et Harrison sont perceptiblement distinctes, une caractéristique qui se retrouve dans la composition de ce disque aux multiples facettes, erratique et pourtant parfaitement équilibré.
Bien que John, Paul et George regardent chacun un coucher de soleil différent, ils sont loin d’avoir des œillères.
Miraculeusement, les influences de l’Amérique, de l’Angleterre et de l’Inde peuvent coexister et s’entremêler.
Mais en fin de compte, le courage créatif de Lennon, McCartney, Harrison et Starr permet aux Beatles de s’emparer de ces influences et de les transformer en ce monument musical immersif.
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