Sorti le 5 août 1966, Revolver est le septième album des Beatles et marque un tournant dans la carrière du groupe. Cet album marque la fin du côté "bons garçons" du quatuor, amorcé avec Rubber Soul sorti le 3 décembre 1965.
Au cours de l’année 1965, la popularité démentielle du groupe lui ouvre les portes des stades. Les Beatles sont les premiers à se produire devant une foule de cinquante mille personnes. Seulement, la technologie d’alors, ne permet pas aux artistes de restituer fidèlement leur travail studio dans de telles structures en plein air. Effrayés par le culte dont ils font l’objet, et lassés des cris qui éclipsent leur musique, les Fab Four retournent à leurs compositions, avec bonheur et soulagement.
Les Beatles sont restés en studio du 6 avril au 20 juin 1966. C'était une période excitante et innovante à la fois car les idées qui fusaient constamment de la part de McCartney, Lennon et Harrison étaient perçues positivement par George Martin et l'ingénieur du son Geoff Emerick, âgé d'à peine vingt ans à l'époque.
Ce dernier change complètement la manière d'enregistrer la batterie en positionnant les micros plus près des fûts, en « assourdissant » la grosse caisse à l'aide de vêtements placés à l'intérieur, le jour même de son entrée en fonction, le 6 avril 1966, et la basse, en se servant d'un haut-parleur comme micro placé en face de l'ampli.
“De façon incroyable, toutes les pistes de Revolver ont été créées dans le studio, sous nos propres yeux. Les Beatles n’avaient pas répété auparavant, il n’y avait eu aucune pré-production. Quelle extraordinaire expérience ce fut de voir chaque chanson se développer et fleurir confinée entre ces quatre murs !
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Avec ce nouvel opus, les Beatles gomment définitivement leur image de garçons sages. Ils portent désormais un jugement critique sur l’exclusion, la société de consommation, ou la politique. Le verbe est libre et souvent teinté d’ironie. “ Rubber Soul était l’album de l’herbe.
Comme pour l’album Rubber Soul, le titre « Revolver » est un jeu de mots. Il désigne aussi bien une arme à feu que le mouvement rotatif du disque placé sur l’électrophone (to revolve). Les Beatles jetent d’abord leur dévolu sur “Abracadabra”, avant de réaliser qu’ils ont été devancés. Enfin, on peut noter parmi les suggestions faites par les membres du groupe, celle humoristique et non-retenue de Ringo Starr.
Revolver comprend également le titre Doctor Robert (Lennon), portrait d’un marchand d’amphétamines, dressé sur un rythme oscillant entre groove et rockabilly. Harrison fait entrer un peu plus la musique indienne et le sitar dans les oreilles occidentales, avec son titre Love You To. Enfin, Tomorrow Never Knows, morceau insolite clôturant l’album, est à lui seul, une véritable révolution. Si ses harmonies sont contestables, il constitue une première sur le plan technologique, et marque le début de la période psychédélique des Beatles.
Avec le succès, les Beatles découvrent les joies de la fiscalité. A cette époque, c’est George Harrison qui se montre le plus regardant lorsqu’il s’agit de leurs rétributions. Le percepteur (Taxman) dont il est question en prend pour son grade. Avec son beat funky, ce titre d’entame confirme la diversification de genre opérée sur l’album précédent (Rubber Soul). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le solo de guitare n’est pas l’œuvre de George Harrison, mais de Paul McCartney. Puisé dans la gamme blues et les effets rock, il est agrémenté de petites sonorités orientales, en guise de clin d’œil à George Harrison. Le titre démarre par un comptage vocal de billets “One, Two, Three, Four, One, Two”. Fait anecdotique, il était absent de la toute première édition française.
Sur les six premiers albums, John Lennon était indéniablement le membre le plus créatif du quatuor. Il s’agit pourtant d’un titre singulier. Tout d’abord, c’est la première fois que les Beatles ne jouent pas sur un de leurs morceaux. Sous la houlette de George Martin (producteur) et Geoff Emerick, l’instrumental est rythmé par huit musiciens classiques, quatre violons, deux altos, et deux violoncelles. Pour les arrangements, George Martin dit s’être inspiré de l’œuvre de Bernard Herrmann (Alfred Hitchcock), en particulier la bande son du film Fahrenheit 451, de François Truffaut. Lors de l’enregistrement, Emerick a l’idée de placer les micros tout près des cordes. Habituellement, ceux-ci sont placés en hauteur. L’idée gène considérablement les musiciens de classique présents au studio. Pourtant, l’ingénieur s’obstine à rapprocher les micros des instruments. Le texte narre le destin peu enviable d’une femme âgée, rongée par la solitude. Paul McCartney a longtemps affirmé qu’il s’agissait d’un personnage fictif, tout en précisant qu’il n’excluait pas une influence extérieure et inconsciente. Hors en 1980, la tombe d’une femme décédée en 1939, et portant le nom de Eleanor Rigby est découverte dans un cimetière de… Liverpool !
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Il vit alors une situation compliquée, tiraillé entre ses responsabilités maritales et paternelles, et sa rencontre avec Yoko Ono. Instigateur du titre, Lennon délivre un texte aux accents libertaires, et une mélodie hypnotique relevée par les somptueux arrangements de George Martin. C’est également sur ses conseils que les parties de guitare électrique de Harrison sont passées à l’envers. C’est Paul McCartney qui lui en fait cadeau. “Il y a ce moment, juste avant de plonger dans le sommeil, et juste après que l’on en soit sorti, un agréable instant un peu irréel. J’ai toujours aimé cette zone. Vous dormez presque, vous êtes délesté de vos soucis de la journée et il y a ce petit moment de bonheur juste avant de sombrer dans le sommeil. Je me souviens de m’être dit, dans un de ces moments, qu’une chanson pour enfants serait une bonne idée.
Si le texte et la mélodie sont majoritairement écrits par McCartney, le chanteur et parolier Donovan apporte sa contribution, ainsi que John Lennon. Dans un joyeux bordel, les membres du groupe sont rejoints par les techniciens Emerick et Martin, ainsi que leur road-manager, le président d’Apple, et d’autres employés. Toute la famille Beatles est réunie. Le studio est jonché d’instruments de toutes sortes, et les fous rires fusent dans une odeur de marijuana. Pendant que Paul improvise des paroles dénuées de sens, John fait des bulles avec une paille dans un seau d’eau et Brian Jones tapote sur un verre. Partageant la face A du single avec Eleanor Rigby, Yellow Submarine devient à sa sortie, le tube international que l’on connaît. Une fois encore, les Fab Four déjouent les statistiques en propulsant au sommet, un titre qui n’est pas une chanson d’amour. Même si certains aimeraient y voir une nouvelle allusion aux drogues, il s’agit bien d’une comptine pour enfant, particulièrement représentative de l’humour et du second degré animant les Beatles.
Dès sa publication, le 5 août 1966, anglais et américains se ruent chez les disquaires afin d’acquérir le précieux nouveau sésame des Beatles. Ces derniers jouant un rôle de baromètre, sa portée sur la profession est équivalente. L’année suivante, il sera éclipsé par Sergent Pepper’s, et une vague créative sans précédent. Les deux premiers opus des Doors, ceux de Jimi Hendrix, le premier Pink Floyd, le second Moody Blues, ou le troisième album des Who. Et une énième réédition pour les icônes de Liverpool.
À l’automne, le célébrissime Revolver des Beatles, qui compte quelques indémodables comme Yellow Submarine, Taxman ou Eleanor Rigby, ressortira dans une édition deluxe. Cette nouvelle version de Revolver s’inscrit dans une longue série de rééditions de la discographie des Beatles. En 2017, Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band avait déjà été réédité à l’occasion de son 50ème anniversaire. En 2018, c’était au tour du fameux “White Album” de ressortir, puis à Abbey Road de faire peau neuve l’année suivante. Et l’année dernière, Let It Be revenait dans les bacs.
Dans une ère où la musique numérique domine le paysage sonore mondial, le vinyle connaît une résurgence impressionnante. Pour les amateurs de musique, rien ne vaut l’authenticité et la chaleur du son analogique, surtout lorsqu’il s’agit des légendaires Beatles. Bien que la technologie numérique ait permis une accessibilité et une clarté accrues, il existe un charme intemporel à découvrir les chansons des Beatles telles qu’elles ont été conçues pour être entendues : sur vinyle. Le son chaud et authentique capture la profondeur et les nuances de leur art, créant une expérience d’écoute immersive.
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Alors que les collections de vinyles gagnent en popularité, de plus en plus de fans cherchent à posséder les albums originaux des Beatles, avec tous leurs craquements et imperfections.
Selon StudyFinds, qui synthétise les recommandations d'experts de six sites web réputés, voici les albums incontournables des Beatles à posséder en vinyle :
Chaque album des Beatles possède une identité sonore unique, et le vinyle permet de savourer ces distinctions de manière plus authentique. Les craquements et les imperfections du vinyle ajoutent une couche de nostalgie et d’authenticité, transformant chaque écoute en un rituel presque sacré.
Pour les collectionneurs et les amateurs de musique, ces albums ne sont pas seulement des morceaux de musique, mais des pièces d’histoire, encapsulant l’esprit d’une époque et la créativité sans bornes d’un groupe qui a redéfini les limites de la musique populaire.
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