Une nouvelle fusillade a éclaté à Rennes (Ille-et-Vilaine), plus précisément sur la dalle Kennedy, un lieu connu pour le trafic de stupéfiants. Cet événement a mis en lumière les défis croissants en matière de sécurité dans la capitale bretonne.
Le jeudi 17 avril, une scène d'une rare violence s'est déroulée dans le quartier de Villejean à Rennes. Trois personnes ont été blessées par balle dans le nord-ouest de Rennes (Ille-et-Vilaine), selon une source policière confirmant une information de Ouest-France.
Selon le quotidien du Grand-Ouest, trois hommes armés sont entrés dans un restaurant Subway de la dalle Kennedy, dans lequel ils ont ouvert le feu. Selon un élu d'opposition présent dans le restaurant au moment de la fusillade, les auteurs des coups de feu ont fait usage d’une arme s’apparentant à « un fusil d’assaut, une arme de guerre » : « Il y a eu au moins quatre ou cinq coups de tirés. Ils ont fait trois blessés, dans les jambes, dans le ventre ».
Ouest-France précise que les victimes des coups de feu sont trois jeunes hommes « âgés de 18, 20 et 23 ans ». Le plus âgé d’entre eux serait dans un état d’urgence absolue. Interrogée sur place par des journalistes, la maire de la ville, Nathalie Appéré, a précisé que, outre ces trois personnes, une quatrième a été blessée, « renversée par un véhicule ».
Le quotidien ajoute qu’on ne sait pas si « ce dernier fait est en lien avec l’épisode de tirs ». Nos confrères précisent que ce quatrième homme âgé de 20 ans est dans un état critique. Tous ont été pris en charge au CHU de Rennes. Selon l’édile, les nouvelles sur leur état de santé « sont rassurantes », et il n’y a « pas de pronostic vital engagé ».
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Charles Compagnon, 52 ans, conseiller municipal d'opposition (Horizons) à Rennes, se trouvait dans un restaurant de la ville quand trois jeunes hommes y ont été blessés par balles jeudi après-midi. Il raconte à l'AFP le déroulement de la scène : « Je me suis retrouvé dans cet endroit à Villejean, parce que toutes les semaines, on a l'habitude d'aller dans un quartier de Rennes et de faire nos rendez-vous dans les quartiers. Et puis là, avec Nicolas Boucher, un autre élu (MoDem) on avait donné rendez-vous à une personne à Villejean. Et on a cherché un café, un endroit pour se poser.
« On a commandé nos cafés, et puis on s'est installé à la table qui est devant la porte d'entrée, a poursuivi l’élu. Au bout de quelques dizaines de minutes, on a vu des jeunes rentrer dans le Subway un peu... anxieux, un peu énervés, qui avaient l'air de se mettre à l'abri, ils disaient “Bouge pas, reste là, reste tranquille”. »
Après quelques minutes d’attente, Charles Compagnon a « vu arriver une personne avec une arme de guerre, un long fusil noir ». « Il a levé l'arme, et là, les jeunes se sont levés en disant quelque chose comme “C'est pas nous ! on n'a rien à voir !”.« Après, nous, on est restés au sol tant que ça tirait, et au bout d'un moment, on s'est relevés, Nicolas s'est relevé en premier, moi je me suis relevé, j'ai regardé que je n'avais pas été touché, se rappelle Charles Compagnon. Ensuite, on s'est occupés des trois jeunes qui avaient été touchés. On les a mis à l'abri dans l'arrière-restaurant, parce qu'on craignait qu'ils reviennent finir le travail.
Le silence revenu autour du restaurant, le conseiller municipal rennais a tenté de calmer les clients présents dans l’établissement. « On a rassuré aussi quelques personnes un peu plus âgées qui étaient au fond du restaurant, et une fois qu'on a mis tout le monde à l'abri, le jeune qui tenait le Subway a fermé le rideau et on a attendu les secours.
« Quand j'ai commencé à parler de sécurité pendant la campagne de 2019-2020, je ne pensais pas passer d'un lanceur d'alerte à victime, pose l’élu.
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Une enquête pour « tentative de meurtre en bande organisée » a été ouverte, selon une source judiciaire. Ce vendredi, quatre personnes ont été placées en garde à vue, d’après plusieurs sources policières citées par l’AFP.
Selon une source policière, confirmant une information de Ouest-France, l’un des suspects a été arrêté jeudi peu après les faits, non loin d’un véhicule calciné précédemment utilisé par le commando pour prendre la fuite. Une arme de poing a été retrouvée à proximité.
Le Raid a interpellé trois autres personnes dans la nuit de jeudi à vendredi, toutes connues de la justice, mais dont le rôle dans cette affaire n’a pas été précisé. Un appartement de Rennes a été identifié par l’antenne de l’office antistupéfiants (OFAST) de Rennes comme un possible « lieu de repli des agresseurs et de domiciliation de l’individu interpellé » et a été perquisitionné.
Un périmètre de sécurité a été mis en place, empêchant l’accès à une sandwicherie dont le rideau était baissé en fin de journée, tout comme ceux des commerces voisins, a constaté un journaliste de l’AFP sur place. Sur la dalle Kennedy, un quartier connu pour le trafic de stupéfiants, où plusieurs épisodes de tirs se sont produits notamment en janvier avec deux hommes blessés, une importante présence policière était visible jeudi en fin de journée. Avec des techniciens de la police scientifique, des enquêteurs de la police judiciaire et des CRS.
« La CRS 82 est arrivée très rapidement, elle est déployée sur place. J’ai obtenu l’assurance qu’elle reste quelques jours », a ajouté Nathalie Appéré, estimant que « tout le monde est choqué et traumatisé de cet épisode ».
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« Il est trop tôt pour évidemment établir un lien entre ce qui s’est passé cet après-midi et le narcotrafic, a observé Nathalie Appéré. Pour autant chacun voit que sur ce quartier les différents faits qui ont pu avoir lieu étaient sur fond de trafic de stupéfiants. [...] C’est un combat qu’il faut mener au niveau national impérativement parce que les habitants qui vivent à proximité des points de deal vivent des situations qui sont absolument intenables, dans une peur qu’il faut nommer.»
Le 11 janvier, deux hommes, âgés d’une cinquantaine et d’une quarantaine d’années, avaient été victimes de tirs par des personnes circulant en voiture près de cette même place.
En deux ans, Rennes a basculé. Trente fusillades, sept quartiers touchés, des écoles confinées et un enfant blessé à la tête. Derrière cette flambée de violence, une guerre pour le contrôle du trafic de drogue.
Ce 3 mai 2025, encore une fusillade à Villejean. La septième en moins de six mois. Dans la capitale bretonne, les tirs ne sont plus rares. Ils sont devenus un marqueur de la guerre que se livrent les trafiquants.
Au total, sept quartiers de Rennes ont été le théâtre de tirs. Les quartiers périphériques ne sont pas les seuls concernés. En plein cœur de Rennes, le 7 octobre 2024, rue Saint-Michel, un homme est blessé lors d’une tentative de meurtre.
Pour la maire Nathalie Appéré, la situation dépasse le cadre local : "Nous faisons face à des mafias internationales, à du grand banditisme. La police nationale demande le classement de Rennes en secteur difficile.
Face au regain de violences, la maire de Rennes, Nathalie Appéré, réclame un renfort des forces de l’ordre. Amaury de Saint-Quentin a précisé que 60 CRS vont se rendre sur place pour effectuer des patrouilles et rassurer les habitants de ce quartier. Ils sont mobilisés jusqu’à lundi prochain, pour le moment.
Sur X, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a confirmé le déploiement d’une compagnie républicaine de sécurité à Rennes, qui « restera sur place aussi longtemps que nécessaire ». « Nous retrouverons ces barbares et nous les mettrons hors d’état de nuire », a-t-il ajouté.
Si l’élue se veut prudente, le ministre Bruno Retailleau, lui, établit un lien direct entre le trafic de stupéfiants et le drame de jeudi. « La guerre que nous menons contre le narcotrafic n’admet aucune relâche et aucune faiblesse. Elle sera longue et difficile, mais nous la gagnerons, à Rennes comme ailleurs. Grâce à la loi sur le narcotrafic, nous aurons les bons outils pour lutter contre ce poison.
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