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La Marine française est confrontée à des défis croissants en matière de protection maritime, notamment face aux menaces posées par les drones et les missiles antinavires. Les bâtiments de la Marine nationale détiennent de nombreux moyens pour contrer les menaces aériennes en mer et nécessitent néanmoins une adaptation constante face à l'évolution de la menace, notamment face aux attaques en essaims. Un ajustement industriel est en cours, mené avec l’état-major des armées et la Direction générale de l’armement.

L'Interception des Menaces : Un Défi Constant

Le 9 décembre 2023, la frégate française Languedoc (D643), en mission au large du Yémen, employait pour la première fois ses armes pour intercepter des drones aériens lancés par les rebelles Houthis. Rapidement, toutefois, une polémique enfla sur les réseaux sociaux. En effet, le missile Aster 15 coute sensiblement plus cher que les drones employés par les Houthis. La Marine nationale avait, alors, justifié l’emploi du missile, expliquant qu’il fallait comparer non pas le prix du missile, mais celui de la cible protégée, avec le prix du drone.

Jusqu’à présent, les deux navires déployés par la Marine nationale dans la région de la mer Rouge pour protéger le trafic maritime commercial contre les attaques des rebelles houthis [liés à l’Iran] n’ont intercepté que des drones « kamikazes » [ou munitions téléopérées - MTO] en utilisant leur système de défense surface-air Aster et leur canon de 76 mm. Très récemment, la frégate multimissions à capacité de défense aérienne renforcée « Alsace » a même eu recours à son hélicoptère embarqué Panther pour neutraliser une MTO qui menaçait un navire civil.

Aussi, l’interception réussie de trois missiles balistiques antinavires tirés depuis le Yémen par l’Alsace, le 21 mars, est une première pour la Marine nationale. « Dans la matinée du 21 mars 2024, dans le cadre de l’opération européenne ASPIDES, une frégate française opérant dans le sud de la mer Rouge a détecté trois missiles balistiques en provenance du Yémen et ciblant sa position et celle des porte-conteneurs qu’elle accompagnait. La frégate, réagissant en état de légitime défense, a engagé et détruit les missiles », a en effet indiqué le commandement maritime de la zone de l’océan Indien [ALINDIEN].

De son côté, l’État-major des Armées a diffusé les images de l’interception de l’un de ces trois missiles balistiques antinavires, dont le type n’a pas été précisé. Les rebelles houthis disposent d’au moins deux modèles dans leur inventaire, à savoir l’Asif et le Tankeel, l’un et l’autre étant respectivement des dérivés locaux des engins iraniens Zaheir et du Khalij Fars.

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En 2017, alors chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Christophe Prazuck avait estimé que le jour où un navire française serait visé par un missile antinavire n’allait pas tarder. « Nous assistons à une prolifération des missiles, y compris au sein de groupes armés non étatiques. Ces missiles ont une capacité de pénétration de plus en plus importante et sont pour certains hypervéloces. Il faudra pouvoir les détecter et les intercepter. C’est un des grands sujets de la prochaine décennie », avait-il expliqué.

Le Rôle Crucial de la Conduite de Tir STIR EO Mk2

Pour rappel, la FREMM DA « Alsace » est dotée de 32 missiles surface-air Aster 15 [30 km de portée] et Aster 30 [plus de 100 km de portée], d’un radar Herakles + capable de détecter et de suivre jusqu’à 400 cibles maritimes et aériennes et d’un radar de conduite de tir STIR EO Mk2. En tant qu’adjoint au chef de service ARMES, j’ai participé à la réalisation des premiers essais à la mer de la nouvelle conduite de tir STIR (conduite de tir pluri-senseurs optronique/radar), qui devrait permettre d’améliorer sensiblement les capacités de la chaîne artillerie 76 mm sur FREMM-DA.

Le Système Électro-Optique Paseo XLR

La Marine française n’est pas restée inactive, à ce sujet. Le rôle, comme l’efficacité du Paseo XLR, n’ont pas tardé à être mis en avant. En effet, au matin du 9 mars, la frégate française Alsace est intervenue face à trois drones d’attaque Houthis. Pour intercepter les drones Houthis, le commandant de la frégate française, a donc dû attendre que les cibles soient à portée, réduisant d’autant ses options en cas d’échec, même si les drones sont réputés peu véloces. Ce succès a été rendu possible grâce au nouveau système électro-optique Paseo XLR pour Extra Long Range. Ils montrent aussi, au-delà de l’efficacité du système, la confiance de la Marine nationale dans ce système.

Grâce aux retours d’expérience de la mer Rouge, ces moyens ont été complétés par le système optronique Paseo XLR. La DGA a notifié à l’entreprise Safran, en urgence, un contrat pour installer ce système sur huit frégates.

L'Artillerie et les Systèmes de Brouillage

« Du calibre de 76 mm à la mitrailleuse de 12,7mm, l’artillerie représente une seconde couche de protection. Celle-ci est inférieure en distance à celle des Aster mais elle constitue un solide bouclier dans le cas où les missiles n’auraient pas été efficaces, ou bien si la menace n’aurait pas été détectée à temps », souligne le capitaine de vaisseau Aurélie Léouffre.

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« Les aéronefs embarqués constituent un autre outil pour lutter contre les drones. Le commandant du Forbin a ainsi expérimenté de nouveaux moyens de guerre électronique offensifs. Des systèmes qui se retrouveront très rapidement sur les prochains bateaux déployés.

Préparation et Adaptation Constante

Aussi, son successeur, l’amiral Pierre Vandier, avait insisté sur la nécessité de « valoriser toujours davantage les tirs de munitions complexes au cours d’exercices réalistes » afin de permettre aux équipages de mieux se préparer aux situations tactiques qu’ils seraient susceptibles de rencontrer. Pour tester d’autres moyens d’autodéfense et préparer les équipages aux futures menaces, la deuxième édition de l’exercice Wildfire s’est tenue au large de Toulon du 23 au 26 septembre dernier.

Le capitaine de vaisseau Léouffre y a participé : « Nous avons été confrontés à des menaces plus saturantes que celles rencontrées en mer Rouge, notamment des essaims de drones. Ce fut également l’occasion d’essayer de nouveaux équipements proposés par une dizaine d’industriels qui ont embarqué lors de l’exercice. « Le message : venez tester vos systèmes pour que nous puissions trouver rapidement une réponse industrielle contre la menace drone, résume le capitaine de vaisseau Nicolas. Je pense qu’ils progressent beaucoup plus vite dans ces conditions que s’ils étaient restés dans un laboratoire "aseptisé". De notre côté nous avons pu tester plusieurs solutions, certaines encore non matures, mais qui présentent de nombreux avantages. »

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