L’arbalète est un outil de chasse sophistiqué qui ne manque pas de séduire un public de tous horizons. Utilisée depuis l’Antiquité, elle est particulièrement appréciée pour son mécanisme unique, sa grande précision et sa puissance exceptionnelle. Si, au Moyen Âge, son utilisation était complètement libre, elle est désormais soumise à des lois et à des conditions. Qui a le droit d’acheter, de détenir et de stocker cette arme ? Qui est autorisé à la porter ou à la transporter sur la voie publique ? La chasse à l’arbalète est-elle permise sur le territoire français ?
La loi classe l’arbalète parmi les armes blanches de catégorie 6, également dénommée catégorie D-2. En se référant au décret n° 2013-700 du 30 juillet 2013 portant application de la loi n°2012-304 du 6 mars 2012, les arbalètes et leurs projectiles sont considérés comme des armes blanches. Elles sont classées dans la catégorie D-2 du décret cité ci-dessus. C’est donc une arme de 6ème catégorie au même titre que le couteau, la matraque et le poing américain. Elle est d’abord identifiée comme « arme » au vu de l’article 132-75 du Code pénal. Cette notion est rattachée à tout objet perforant, tranchant ou brisant susceptible de blesser ou de tuer. Elle est dite « blanche » lorsqu’elle échappe au champ d’application des armes à feu.
Les arbalètes ne sont plus classées comme des armes selon le code de la sécurité intérieure (C.S.I.). Il est beaucoup plus simple et pratique de les considérer comme des armes de catégorie D, car l'arbalète est sous la responsabilité de son propriétaire.
Du point de vue technique, l’arbalète est définie comme une arme de tir formée par un fût et un arc. Ses projectiles sont constitués de grosses ou de petites flèches à pointe en losange à quatre pans appelés « carreaux ». Selon les modèles et les marques, il est possible de recharger l’arme de manière manuelle ou automatique. Elle peut même être considérée comme une version modernisée et améliorée de l’arc.
La corde de l’arbalète est retenue par un mécanisme dédié et non par les mains de son utilisateur. Pourtant, il existe une variante encore plus élaborée de cet outil de chasse. Il s’agit de l’arbalète à poulie ou « compound ». Son ingénieux système de compression permet de contrôler la force de la tension de la corde lors de l’armement.
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Par rapport à l’arbalète classique, le modèle à poulie possède une précision de tir, une force et une vitesse de lancement des carreaux plus optimisées. Elle est caractérisée par la présence de rouages et de câbles de part et d’autre de l’arc. Ces éléments étirent mécaniquement la corde, ce qui facilite son armement. La corde du modèle recurve (ou arbalète classique) est directement scellée à ses branches.
Les arbalètes à poulies sont généralement plus courtes que les arbalètes classiques. Cette taille réduite leur permet d’être plus maniables et faciles à transporter. Le système de poulies constitue un système d’aide et représente un point d’appui, pour un réarmement facile et sécurisé. Pour vous faciliter la tâche, nous vous recommandons de placer un pied dans l’étrier de manière à mieux stabiliser l’arbalète.
Les fabricants d’arbalètes proposent une variété de modèles et de styles, chacun ayant des caractéristiques uniques. Selon le site T.A DEFENSE, l’un des plus célèbres est l’arbalète à poulies dotée d’un système de poulies qui réduit l’effort nécessaire pour armer l’arc et augmente la vitesse de la flèche. Ces armes sont très performantes, mais aussi plus complexes et plus chères que les autres modèles. On retrouve ensuite les arbalètes recurve qui ont un arc courbé vers l’avant, qui donne plus de puissance et de stabilité au tir. Les arbalètes à pistolet sont les plus petites et plus faciles à manier, mais aussi les moins puissantes et moins précises. Elles sont adaptées pour le tir de loisir à courte distance. Il existe aussi des types d’arbalètes dites historiques, qui sont inspirés des modèles anciens utilisés pour la guerre ou la chasse.
En France, toute personne âgée de plus de 18 ans a le droit d’acheter, de détenir et de stocker une arbalète. Une dérogation spéciale s’applique cependant à cette règle : un mineur de plus de 16 ans peut s’acheter cette arme. Les conditions à respecter sont prévues par le décret n° 95-589 du 6 mai 1995. Autrement dit, l’acquisition et la détention de l’arbalète sont parfaitement libres sur le territoire français, sauf pour les personnes mineures.
La détention d'une arme de catégorie D est sous la responsabilité de son propriétaire.
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La détention, ainsi que le port d’une arbalète à poulie ne requièrent alors ni déclaration, ni permis de chasse, ni licence de tir. Il est aussi à noter que l’acquisition d’une arme de la catégorie D est totalement de la responsabilité de son propriétaire.
Il est formellement interdit d’avoir en main une arme de catégorie 6 prête à l’emploi sur la voie publique. Tel est également le cas pour toute arme blanche transportée dans une housse, une valise ou une voiture. Dans la rue, il faut que l’arme ne puisse pas être utilisée immédiatement. Il est aussi possible de transporter une arbalète sur une voie publique si son détenteur possède une licence délivrée par une fédération sportive. Toutefois, un transport légitime implique de la discrétion.
On parle de port d'arme quand il s’agit de transporter une arme prête à l'emploi dans un lieu public.
La conservation d’une arme par un particulier n’est pas considéré comme du port d’arme. Son lieu de stockage ne doit pas changer constamment. Le port d’arme consiste à transporter, sur soi, une arme prête à l’emploi dans un lieu public. Que ce soit à la main, dans un sac ou dans un véhicule.
Vous pouvez transporter une arme si elle ne peut pas être utilisée dans l’immédiat (dans le cas d’une arbalète la corde doit être démontée, ou l'arc ou en installant un verrou de pontet si l'arbalète le permet), dans un sac ou une housse pour éviter de faire peur aux passants voire de provoquer une panique générale. À condition que l’arme, ici l’arbalète, soit démontée et mise dans un sac ou une housse pour éviter de faire peur aux passants voire de provoquer une panique générale.
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Au final un archer qui se déplace en transportant son arc et ses flèches sur le trajet entre son domicile et un lieu de tir (stand, club, compétition etc...) doit respecter les points suivants :
Quand un individu porte ou transporte une arbalète prête à l’emploi sans justificatif de légitimité, il encourt une peine allant jusqu’à 2 ans d’emprisonnement. Si lors d’un contrôle, une personne possède sur lui une arbalète en dehors de son domicile, et sans disposer d’un justificatif lui autorisant son port ou son transport, il peut encourir une peine d’emprisonnement ferme. Cette dernière peut aller jusqu’à 3 ans, et la personne devra en même temps payer une amende de 3750 €.
La législation française interdit l’utilisation de l’arbalète pour la chasse. Elle peut uniquement être utilisée pour tirer sur des cibles inertes dans les jardins privés ou dans les stands de tir.
La chasse à l’arbalète est totalement interdite en France. Le fait que la retenue de la corde soit mécanique rend l’arbalète bien différente de l’arc, où c’est l’utilisateur qui retient la corde. La chasse à l'arbalète est totalement interdite en France comme dans d’autres pays européens tels que l’Allemagne.
Si, en France, la chasse à l’arbalète est strictement interdite, c’est en raison de sa différence avec l’arc classique et de la retenue de sa corde mécanique.
L’arbalète ne fait pas partie des moyens autorisés à la chasse en France par l’Arrêté du 1er août 1986, modifié par l’Arrêté du 28 décembre 2023. Et pour la pratique de la chasse à l’arc, seuls sont autorisés les arcs dont l’armement et le maintien en position armée ne sont dus qu’à la seule force de l’archer.
Peu connu par rapport au tir à l’arc, le tir à l’arbalète rappelle les films d’aventure d’inspiration médiévale. Cependant, le tir à l’arbalète est une discipline olympique qui se pratique avec une grande maîtrise de soi. Généralement, le tir à l’arbalète est pratiqué dans un club où de nombreuses disciplines coexistent : le tir au pistolet ou à la carabine, le tir à l’arc et donc le tir à l’arbalète. Sur tout le territoire, il y a environ 1600 clubs et plusieurs ligues régionales qui organisent des compétitions, dont le Championnat de France.
Afin de pratiquer le tir à l’arbalète, il est indispensable d’être licencié de la fédération française de tir sportif. Le prix d’une licence au sein d’un club de tir varie selon la région, mais aussi de l’âge du tireur.
Les arbalètes sont des armes potentiellement dangereuses, et il est essentiel de suivre des règles strictes pour éviter les accidents. Ainsi, même si elles sont déchargées, ne les pointez jamais vers des personnes ou des objets non ciblés. De même, lors de l’armement, assurez-vous que vos doigts et votre main de support sont bien à l’écart de la trajectoire de la corde. Utilisez un dispositif d’armement approprié si nécessaire. Évitez aussi de tirer sur des cibles non autorisées ou dans des zones où il y a des personnes ou des animaux à proximité. Si vous fréquentez un club ou un stand de tir, respectez toujours les règles et les consignes de sécurité spécifiques à cet endroit.
Par ailleurs, en cas de perte, il est conseillé d’en informer les autorités compétentes afin d’éviter toute utilisation abusive de l’arme. Lorsque vous ne l’utilisez pas, assurez-vous que votre arbalète est rangée en toute sécurité dans un étui verrouillé.
La meilleure façon de débuter au tir à l’arbalète est de rejoindre un club de tir. Vous y trouverez des instructeurs expérimentés qui vous enseigneront les bases de la discipline et vous fourniront des conseils précieux. Ensuite, en fonction de vos préférences et de votre expérience, choisissez l’arme qui correspond à vos besoins. Comme pour tout sport, la pratique régulière est essentielle pour progresser. Consacrez donc du temps à l’entraînement et à la perfection de vos compétences. Une fois que vous avez acquis de l’expérience, envisagez de participer à des compétitions locales. Cela vous permettra de mesurer vos compétences par rapport à d’autres tireurs et de vous améliorer continuellement.
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