L’histoire du briquet, cet outil qui a traversé les siècles et révolutionné notre manière d’accéder au feu, est rarement enseignée. Pourtant, cet instrument modeste mais puissant mérite sa place dans les récits des innovations qui ont modelé le monde. Chaque année, l’industrie de l’armement rivalise toujours d’imagination pour créer de nouvelles armes plus novatrices.
Depuis l'avènement des civilisations, les êtres humains se sont toujours dotés d’armes à distance (arcs, javelots, lances pierres…) quel que soit le contexte. À partir du VIIIème siècle, les chinois intègrent dans leur inventaire un produit qui changera radicalement l'Histoire : la poudre noire. Faisant dans un premier temps office de carburant, la poudre noire servait à propulser les projectiles, elle servira par la suite de charge pour les fusées de guerre chinoises ainsi que des projectiles individuels comme les grenades en céramique et en fonte.
Dès 1150, des armées étrangères (Moyen-Orient) intègrent les systèmes à poudre noire dans leurs armements. Elles prennent la forme d’un canon à main, propulsant une flèche. Cette arme (le Madfaa) est l'ancêtre des armes portatives occidentales (arrivée vers la fin des années 1200). C’est d’ailleurs en France que le système d’arme à poudre noire connaîtra son baptême du feu en 1324 avec l’utilisation de la bombarde (prédécesseur du canon). Certes rudimentaire (le tube est monté sur des cales en bois, ce qui complique la visée), ce type d’arme procure un avantage non négligeable, notamment avec son effet psychologique.
Toujours en Asie, la Corée a conçu au XVème siècle ce qu'on pourrait qualifier de premier "lance-roquettes multiples" de l'histoire. En effet, le Hwacha était un chariot en bois, doté de 100 trous contenant chacun une flèche propulsée par de la poudre noire. Certes peu précis, le Hwacha servait surtout pour son aspect psychologique, mais surtout pour ses tirs de saturation extrêmement efficaces.
Au fur et à mesure du Moyen-Âge, les bombardes, les canons ont eu des déclinaisons de plus en plus petites jusqu'à devenir des armes portables individuelles. Cette nouvelle ère des armes débute avec l’arquebuse. Malgré son caractère novateur et son impact psychologique, l’arme en elle-même souffre d’un manque de puissance (contrairement aux idées reçues, une balle d’arquebuse ne perçait pas nécessairement une armure).
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Leur évolution commence bien avant leur invention, dès l’ère paléolithique, lorsque l’Homo erectus découvre le feu. Cette maîtrise a marqué un tournant crucial pour la survie et le développement de notre espèce, menant finalement à l’invention du briquet en 1805.
En 1823, Johann Wolfgang Döbereiner a marqué un tournant significatif dans l’histoire de l’allumage en inventant le premier briquet, appelé la “lampe de Döbereiner“. Ce dispositif ne ressemblait guère aux briquets modernes que nous utilisons aujourd’hui. Au lieu d’un mécanisme compact et portable, la lampe de Döbereiner était relativement encombrante et complexe, souvent montée sur une base stable pour éviter les accidents.
Son fonctionnement reposait sur une réaction chimique entre le zinc et l’acide sulfurique, qui produisait de l’hydrogène. Ce gaz était ensuite dirigé vers une source de platine, catalysant la combustion et produisant une flamme. Bien que révolutionnaire, ce briquet présentait plusieurs inconvénients notables. Il était difficile à utiliser, nécessitant une préparation minutieuse et une manipulation soignée des réactifs chimiques. De plus, il était extrêmement dangereux en raison des risques d’explosion liés à l’hydrogène et des matériaux corrosifs impliqués.
En ce qui concerne les allumettes, leur histoire commence avec le chimiste français Jean-Louis Chancel, qui développe la première allumette au phosphore. Bien que difficile à allumer et produisant une fumée épaisse et malodorante, cette innovation a posé les bases des futurs développements dans le domaine des dispositifs d’allumage. Ces avancées ont facilité l’accès au feu.
En 1826, l’inventeur anglais John Walker a développé une allumette capable de s’enflammer par friction. Malheureusement, Walker n’a pas breveté sa découverte, laissant ainsi une opportunité pour d’autres d’exploiter son invention. C’est le cas de Samuel Jones, un entrepreneur qui a repris l’idée de Walker et l’a commercialisée sous le nom de “Lucifers“, quelques années seulement après la création de Walker.
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La conception des allumettes a continué à évoluer et, en 1892, l’Américain Joshua Pusey a breveté la boîte d’allumettes. Son invention, bien que pratique, était volumineuse car elle ressemblait plus à un carnet qu’à une boîte. Voyant le potentiel de ce brevet, la Diamond Match Company l’a acheté et a fait des modifications pour vendre les allumettes dans un format plus compact et pratique, ce qui a permis une distribution à grande échelle à travers le pays.
En 1903, l’innovateur autrichien Carl Auer von Welsbach a obtenu un brevet pour une de ses inventions les plus marquantes : le ferrocérium. Il s’agit d’un alliage de métaux synthétique qui, lorsqu’il est gratté ou frappé, produit des étincelles intenses. Cette découverte fut révolutionnaire car elle permit d’améliorer significativement la fiabilité et l’efficacité des briquets.
En 1910, Louis Aronson, le fondateur de Ronson Lighters, a introduit une innovation sur le marché des briquets avec la création du premier briquet fantaisie, le “Pist-O-Liter“. Cette pièce unique était conçue pour ressembler à un pistolet à long canon, intégrant la fonctionnalité d’un briquet dans un objet qui évoquait l’esthétique et l’attrait d’une arme à feu du 19e siècle. La particularité de ce briquet résidait dans son mécanisme d’allumage : la gâchette, lorsqu’elle était pressée, actionnait l’ignition et produisait une flamme.
Durant la Première Guerre mondiale en 1914, les soldats sur le front ont fait preuve d’une ingéniosité remarquable en matière de survie et d’autonomie. Une de leurs créations les plus notables a été la transformation de douilles de balles usagées en briquets. Ces briquets improvisés offraient un avantage tactique significatif par rapport aux allumettes traditionnelles.
En 1926, Ronson Lighters a marqué un tournant dans l’histoire de la technologie des briquets avec l’introduction du premier briquet automatique, nommé le “Banjo“. Ce modèle révolutionnaire se distinguait par son design innovant et sa facilité d’utilisation. Son apparence argentée et sa forme inhabituelle évoquant celle d’un banjo.
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En 1928, la marque Colibri, déjà reconnue dans l’industrie des accessoires pour fumeurs, a révolutionné le marché avec l’invention du briquet semi-automatique. Cette innovation, combinant praticité et raffinement technique, permettait un allumage plus rapide et plus facile que les modèles manuels traditionnels, sans toutefois recourir à l’automatisation complète des versions ultérieures.
En 1932, en Pennsylvanie, George Blaisdell a fondé la marque Zippo, qui allait devenir célèbre pour ses briquets robustes et fiables. Blaisdell a été inspiré par un modèle de briquet autrichien, mais il a cherché à améliorer son design pour le rendre plus pratique et maniable. Le résultat fut un briquet qui pouvait être utilisé d’une seule main et qui résistait au vent, une innovation qui a rapidement séduit les consommateurs.
À la fin des années 1950, l’innovation a marqué l’univers des briquets avec l’introduction des modèles piézoélectriques. Ces dispositifs novateurs utilisaient un marteau à ressort qui frappait des cristaux de quartz pour générer une étincelle, éliminant ainsi le besoin de pierre à feu traditionnelle.
La décennie suivante a vu une autre avancée majeure avec l’invention du premier briquet jetable par la société française Feudor en 1961. Initialement nommé “Le Bâton“, ce briquet a gagné en popularité jusqu’à être acquis par Gillette et rebaptisé “Le Criquet“. Ce changement de nom marquait une nouvelle ère pour les briquets jetables, qui devenaient un produit de consommation courante.
En 1973, l’entreprise BIC a révolutionné le marché avec la création du premier briquet jetable économique, accessible à un large public. Disponible initialement en un nombre limité de couleurs, ce briquet combinait praticité et accessibilité, répondant ainsi aux besoins quotidiens de millions de personnes.
En 2016, une campagne de financement participatif a été lancée pour soutenir le développement d’un nouveau type de briquet : le briquet électrique, conçu par Mark Pauling, un innovateur new-yorkais. Ce dispositif utilise un arc électrique, généré par un aimant interne, pour produire une flamme. Ce système novateur représente une avancée significative en termes de sécurité et d’efficacité énergétique par rapport aux briquets traditionnels.
Si initialement, les armes à feu s’enclenchent via une mèche, l’arrivée de la platine à silex enterrera cet ancien système de mise à feu. Ni plus ni moins qu’un système de briquet à silex, les fusils utilisant ce système possède de nombreux avantages : une arme plus légère (car moins d’éléments), un système plus compact et plus résistant à des conditions climatiques plus rudes (notamment les temps humides). Le pistolet à silex était généralement utilisé par les officiers.
Durant le XIXème siècle, un nouveau système de mise à feu a vu le jour : le système à percussion (marteau frappant l’arrière de la munition). Comblant les lacunes de la platine à silex, le système à percussion va également modifier les standards des armes à feu ; là où le système à silex fonctionnait avec des cartouches en papier, le nouveau mode de mise à feu fonctionne uniquement avec des cartouches en laiton.
Tout d'abord, l'artillerie médiévale: les premières armes à feu portatives sont des couleuvrines à main vers 1400. Une couleuvrine à main n'est qu'un simple canon percé d'une lumière, avec un fût de bois en dessous pour le maintenir à bras. On le charge à l'avance et on boutte le feu en posant une mèche enflammée directement sur la lumière. Il n'y a pas d'organes de visée et l'arme étant lourde, elle est posée sur une fourche (qui peut être un pavois spécifique protégeant le tireur). Elle tire une bille ronde de plomb.
Rapidement, on passe à un "système" pour la mise à feu. Il y aura les platines à rouet (sorte de briquet à ressort mu par une détente - mécanique fragile et délicate) ainsi qu'à mèche et bassinet: un petit bassinet est placé au niveau de la lumière, contenant une petite quantité de poudre. La mèche enflammée attachée à un chien, elle retombe et "boutte le feu" suite à l'action sur la détente.
Ce système perdurera quelques siècles (jusqu'en 1700) puis laissera la place au silex, une révolution: enfin on peut tenir une arme à feu, sur soi, prête à l'usage! Ce que ne permettait pas la mèche, qui doit être enflammée au moyen d'un briquet à amadou avant le tir. (Les pistolets à mèche étaient de ce fait marginaux). La platine à silex ajoute un couvre-bassinet, ce sont les étincelles provoquées par la chute du silex sur la partie cémentée du couvre-bassinet qui produisent les étincelles de mise à feu.
Un siècle plus tard encore (1820), on découvre le fulminate de mercure et ses propriétés: désormais, la simple percussion d'une capsule met le feu à la poudre à travers la cheminée, sans l'aide d'un bassinet.
On entre alors dans l'ère de la révolution industrielle, et certains s'intéressent de près aux mécanismes des armes, notamment un certain Colt, qui inventera le système du barillet et du revolver! (1840) Toujours à percussion (c'est à dire, avec chargement du barillet avec de la poudre en vrac, et une bille de plomb dans chaque chambre préalablement au tir), cette arme présente l'incroyable avantage de pouvoir tirer 6 coups à la suite sans avoir à recharger ou porter autant d'armes que l'on espère tirer de coups, comme les gravures de pirates.
Dans le même temps, on applique le principe aux armes longues et aux pièces d'artillerie, on raye les canons, et invente la balle minié (d'un ingénieur français): ce qui permet de varier les formes de balles, et surtout d'augmenter le poids du projectile, sa puissance, sa portée, et surtout sa précision.
La première cartouche métallique pour revolver, qui permet un rechargement rapide et simplifié d'une arme, naît vers 1870. Les winchesters à répétitions suivent de près (ainsi que la Gatling). Puis la poudre sans fumée (Paul Vieille) fait son apparition pour la première fois dans une arme civile en 1894.
Les pistolets à répétition Borchard suivront (la poudre sans fumée autorisant toutes les audaces, de plus petits calibres, et des mécaniques plus fines, grâce à son encrassement réduit - mais aussi des progrès de la métallurgie) ainsi que le Mauser C96 et Luger P08, premiers pistolets automatiques à connaître un réel succès.
| Date | Événement | Description |
|---|---|---|
| VIIIe siècle | Invention de la poudre noire | Par les Chinois, utilisée pour la propulsion et les explosifs. |
| 1324 | Utilisation de la bombarde | Première utilisation d'une arme à poudre noire en France. |
| 1823 | Invention de la lampe de Döbereiner | Premier briquet utilisant une réaction chimique pour produire de l'hydrogène et une flamme. |
| 1826 | Allumette à friction | Développée par John Walker, permettant l'allumage par friction. |
| 1903 | Invention du ferrocérium | Alliage synthétique produisant des étincelles intenses lorsqu'il est frappé. |
| 1910 | Premier briquet fantaisie | Créé par Louis Aronson, ressemblant à un pistolet à long canon. |
| 1932 | Fondation de Zippo | Briquets robustes et fiables, devenant une icône culturelle. |
| 1961 | Premier briquet jetable | Inventé par la société française Feudor. |
| 1973 | Briquet BIC | Premier briquet jetable économique, accessible à un large public. |
| 2016 | Briquet électrique | Utilise un arc électrique pour produire une flamme, plus sûr et efficace. |
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