Les plaies produites par les armes à feu sont complexes, caractérisées par une contusion excessive qui entraîne une série de phénomènes instantanés. La réunion de ces phénomènes donne à ces solutions de continuité un aspect caractéristique.
Tel est l’aspect général sous lequel se présentent la plupart des blessures produites par les projectiles que met en mouvement la déflagration de la poudre. Ces phénomènes sont :
Il est facile de pressentir que de si graves désordres primitifs doivent en entraîner d’autres beaucoup plus nombreux et plus formidables au moment de la réaction inflammatoire.
C’est, en effet, dans les blessures de cette espèce qu’on voit se produire, dans toutes leurs variétés et sous toutes leurs combinaisons, les accidents généraux des plaies. Ainsi, la contusion provoque une inflammation intense; les perles de substance produisent des suppurations abondantes et des hémorragiques secondaires; l’écrasement des os et des articulations prédisposent le malade au tétanos et au délire nerveux.
Souvent le grand nombre de blessés, leur entassement, font naître la pourriture d’hôpital et la diathèse purulente.
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Les projectiles les plus ordinaires sont :
À ceux-ci il faut ajouter tous les corps solides que ces projectiles détachent ou soulèvent pour les lancer ensuite dans l’espace lorsqu’ils les rencontrent sur leur route. Les balles sont ordinairement régulières; cependant elles peuvent avoir été déformées par leur choc contre un corps dur qui les réfléchit.
Lorsqu’une balle frappe très obliquement les parties molles, elle emporte les tissus qu’elle touche et produit une plaie qui se présente sous la forme d’une gouttière.
Si son obliquité est moindre, elle traverse la peau en y faisant une ouverture ovalaire ; si sa direction est perpendiculaire à la surface du corps, elle pénètre au milieu des tissus, et alors tantôt elle s’arrête dans leur épaisseur, tantôt elle ne fait que les traverser, et va sortir sur un point plus ou moins éloigné de celui par lequel elle avait pénétré.
Dans le premier cas, la plaie qu’elle produit offre la forme d’un cône dont le sommet tronqué répond à l’ouverture d’entrée, tandis que le fond présente des dimensions plus considérables, ce que la plupart des chirurgiens depuis Percy ont attribué à la persistance du mouvement de rotation de la balle.
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Dans le second cas, elle creuse au milieu des parties molles un véritable canal, dont les dimensions transversales s’accroissent de l’ouverture d’entrée vers l’ouverture de sortie.
Les deux ouvertures ne présentent pas ordinairement les mêmes dimensions ; la plupart des chirurgiens s’accordent à dire que l’ouverture d’entrée est la plus petite. Quelques-uns, au contraire, soutiennent que cette ouverture est plus grande que l’ouverture de sortie.
Voici ce que l’examen clinique et des expériences nombreuses faites sur des cadavres et des animaux vivants ont appris à Gerdy :
En tirant obliquement sur une surface plane, il a obtenu sur le cadavre une ouverture d’entrée ovalaire. En tirant perpendiculairement sur la surface antérieure de la cuisse, la jambe étant fléchie, il a produit des ouvertures rondes qui devenaient transversalement ovalaires par l’extension de la jambe, et surtout par la flexion de la cuisse sur le bassin.
L’ouverture d’entrée est nette, déprimée vers les parties profondes, toujours plus ou moins confuse ; celle de sortie est irrégulière, saillante au dehors, et présente moins de contusion.
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Quelquefois le trajet parcouru par la balle est rectiligne, et alors les ouvertures d’entrée et de sortie sont diamétralement opposées; mais souvent il s’infléchit dans un ou plusieurs points, et prend une direction angulaire, curviligne ou sinueuse.
Il résulte de ces déviations que l’ouverture de sortie est quelquefois placée dans une région où l’on n’eût jamais pensé que la balle pût parvenir. Ces déviations trouvent une explication naturelle dans la différence de densité des tissus que la balle traverse; celle-ci est réfléchie lorsqu’elle tombe obliquement sur des tissus résistants.
Les aponévroses, les muscles en contraction et la peau elle-même peuvent déterminer cette réflexion des balles. C’est ainsi qu’on en a vu décrire un trajet demi-circulaire, bien que les deux orifices directement opposés semblassent alors accuser un trajet rectiligne : c’est ainsi qu’on a vu une balle pénétrer sous la peau du front près de la ligne médiane, et aller sortir au niveau de la protubérance occipitale externe, après avoir cheminé entre le cuir chevelu et le crâne. Le même phénomène a été observé autour du thorax, autour de l’abdomen.
Si la balle qui vient frapper un os plat tombe obliquement sur sa surface, elle peut être réfléchie par l’os d’abord, ensuite par les parties molles qui le recouvrent, et de ces réflexions successives naissent ces mouvements curvilignes qui la détournent des organes splanchniques et la maintiennent à la périphérie du corps. Ces phénomènes se présentent lorsque le projectile rencontre les os du crane, le sternum, ou la face externe des côtes.
Dans ce cas, bien que l’os examiné à sa surface externe semble ne présenter aucune altération, on a plusieurs fois constaté sur les os formés de deux lames de tissu compacte (comme les os du crâne, par exemple), des fractures de la table interne.
Lorsque la balle est moins oblique dans sa direction :
Dans le premier cas, elle se déforme et produit une désorganisation du périoste et une contusion de l’os. Dans le second, il peut y avoir une simple fêlure, ou bien des fêlures multiples et étoilées, ou bien encore des fragments.
On a vu quelquefois la balle se heurter contre la vive arête de l’un des bords de la fracture et se diviser en deux moitiés qui, dans leur marche divergente, allaient atteindre l’une les parties profondes et l’autre les parties superficielles.
Dans le troisième enfin, on observe que l’ouverture qui succède à la perte de substance est nette, régulière, comme si elle eût été pratiquée à l’aide d’un emporte-pièce; mais cette netteté ne se présente pas au même degré sur les deux tables de l’os. Sur la table interne, la perte de substance est plus considérable et moins égale; assez souvent même la perforation de cette table est entourée de fractures multiples.
Lorsqu’une balle a traversé le crâne de part en part, l’ouverture de sortie est constamment plus grande et moins régulière que l’ouverture d’entrée.
A. Les biscaïens offrent un volume plus considérable que les balles ; leur force d’impulsion est aussi plus grande. Les boulets sont doués d’une quantité de mouvement si prodigieuse que, devant une semblable puissance, la faible résistance de nos tissus devient tout à fait nulle. Sans se dévier de leur route, ils divisent donc et désorganisent instantanément tout ce qu’ils touchent ; aussi leur action est-elle immédiatement mortelle lorsqu’elle porte sur les cavités splanchniques. S’ils frappent un membre d’un diamètre à peu près égal à celui qu’ils présentent, ils l’emportent.
Le moignon qui succède à cette espèce d’amputation instantanée est remarquable par son extrême irrégularité ; l’os est brisé en esquilles, la peau, les muscles, les tendons, divisés à des hauteurs différentes ; flottent en lambeaux inégaux et déchirés à la surface de la plaie, rendue livide par l’infiltration du sang au milieu de toutes ces parties plus ou moins désorganisées.
Les débris de ces deux tuniques et le retour sur elle-même de la troisième s’opposent à l’effusion du sang, qui est ordinairement peu considérable, malgré une si grave mutilation.
Lors même que la force d’impulsion que possèdent ces projectiles est à peu près complètement épuisée, ils conservent encore la funeste propriété de produire les lésions les plus graves. Le tissu cellulaire, les muscles, les vaisseaux, sont réduits en bouillie ; les tissus fibreux sont dilacérés, les os brisés comminutivement ; la peau seule, par sa souplesse, échappe alors le plus souvent à la désorganisation.
On voit quelquefois sur les champs de bataille des militaires périr subitement sans lésions apparentes.
Les éclats de bombe, d’obus, de grenade, diffèrent des projectiles précédents par l’irrégularité de leur surface hérissée d’angles et de bords dentelés ou tranchants ; Il volume égal, les plaies qu’ils occasionnent sont plus étendues ; elles saignent davantage, et donne souvent lieu à des hémorragies dangereuses.
Les grains de plomb déterminent des blessures qui offrent en général peu de gravité. Le plus souvent ils s’arrêtent au milieu des organes, à des distances inégales ; ils déterminent peu de douleur, peu d’inflammation. Les tissus se cicatrisent sur eux, et ils demeurent ainsi enfermés dans l’économie, durant de longues années, sans causer d’accidents, et même sans manifester leur présence par de la douleur ou du malaise.
Cependant, si le coup a fait balle, c’est-à-dire si tous les grains ont pénétré comme une seule masse dans l’épaisseur des parties molles, la plaie deviendra grave, et même plus grave que celle qui eût été produite par une balle ; car tous ces grains, qui ont pénétré comme un seul corps, ne tardent pas, lorsqu’ils sont parvenus à une certaine profondeur, à prendre des directions divergentes.
A. Phénomènes primitifs
La contusion et la désorganisation des bords de la plaie sont en général proportionnelles au volume des projectiles, les tissus divisés présentent à leur surface une coloration brune, livide, qui s’étend souvent à de grandes distances au milieu des parties saines environnantes, en offrant les teintes ordinaires et progressivement décroissantes de l’ecchymose ; les vaisseaux capillaires directement broyés au niveau de la plaie, simplement rompus dans les tissus ambiants par le contre-coup du reflux des liquides, expliquent ces différences, et toutes les variétés qu’on observe dans la coloration livide des parties blessées.
La désorganisation est partielle ou complète, superficielle ou profonde; mais dans tous les cas, les parties contuses privées de vie restent adhérentes et collées à la surface de la plaie par la petite quantité de sang coagulé qui la recouvre, en sorte que celle-ci, pur son aspect, offre une certaine analogie avec les blessures occasionnées par la cautérisation.
L’écoulement sanguin est ordinairement peu considérable, même à la surface des plaies les plus étendues, la petite quantité de sang qui abandonne les vaisseaux capillaires dilacérés ou désorganisés se coagule au milieu des escarres, fait corps avec elles, et constitue ainsi une couche inorganique, d’abord humide, mais qui ensuite se dessèche au contact de l’air, et par son adhérence aux parties sous-jacentes s’oppose à l’effusion ultérieure du sang.
Les revolvers, pistolets et pistolets mitrailleurs tirent des munitions de faible puissance, avec des projectiles animés d’une vitesse initiale de 250 - 400 m/s. Les carabines et les fusils utilisent des munitions de puissance moyenne ou élevée, avec des calibres variés allant de 5.5 LR à 11.50m/m (44 magnum Holow point).
Ce dépôt se forme sur la collerette érosive par essuyage de la surface de la balle. L’extrémité antérieure transporte les crasses, la rouille et les saletés ramassées lors du passage le long du canon de l’arme. En cas d'interposition de vêtement, l’essuyage se fait surtout sur les vêtements extérieurs, laissant un liséré noir caractéristique.
Caractéristique | Plaie d'Entrée | Plaie de Sortie | Zone de Tatouage | Zone d'Estompage |
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Aspect | Nette, déprimée | Irrégulière, saillante | Débris de poudre incrustés | Fumées de combustion |
Présence de collerette | Essuyage et érosive | Absente | Présente | Présente |
Débris | Crasses, rouille | Peu | Grains de poudre | Fumées |
Nettoyage | Difficile | Facile | Difficile | Facile |
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