Lisa Barbelin, à seulement 21 ans, est devenue une figure emblématique du tir à l'arc français. Son parcours, marqué par la passion, la détermination et le succès, inspire de nombreux jeunes athlètes.
À seulement 9 ans, Lisa Barbelin tire ses premières flèches. C'est son oncle qui l'initie à ce sport : "J’ai commencé le tir à l’arc quand j’avais 9 ans. Mon oncle en faisait et un jour, il m’a dit : « Viens, on essaye ensemble »." Douze ans plus tard, la jeune femme s’envole pour les Jeux Olympiques de Tokyo.
Pensionnaire de l’INSEP, Lisa Barbelin poursuit des études supérieures à l’Université de la Sorbonne, à Paris, où elle étudie la chimie en licence. "Je suis étudiante en troisième année. J’ai choisi ce cursus, car c’était une matière qui me plaisait beaucoup au lycée. Alors, j’ai voulu continuer dans cette voie. J’aime me dire que la chimie peut sauver le monde." Celle-ci espère poursuivre en master.
Un double projet sport - études pas toujours simple : « Je m’entraîne de 8 h 30 à 18 h. Quand j’ai cours, ça me coupe dans ma préparation donc je dois rattraper plus tard, le soir par exemple. C’est plutôt compliqué, mais c’est surtout beaucoup d’organisation."
Sorbonne Université lui apporte un soutien précieux : "Sorbonne Université m’aide énormément. J'ai la chance de bénéficier du programme de bourses Passeport pour les JO mis en place par la Fondation Sorbonne Université et soutenu par Crédit Agricole d’Ile-de-France Mécénat. Tous mes enseignants sont très compréhensifs et m’aident à rattraper les cours quand je ne peux pas participer à un devoir continu ou passer un examen parce que je suis en compétition."
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Lisa Barbelin a vécu une année 2021 exceptionnelle avec un titre de championne d’Europe et une participation aux Jeux Olympiques de Tokyo. Élue meilleure archère française de 2021, la Mosellane a plus d’une corde à son arc. L’année 2021 a été folle. Il y a eu beaucoup de très belles choses, avec notamment le titre de championne d’Europe."
Elle revient sur cette journée riche en émotions : “Je suis très heureuse du chemin parcouru. Ça a été une semaine très riche. Il y a eu beaucoup d’émotions et de concentration. J’ai pleuré de joie. J’ai peut-être perdu la finale mais j’ai gagné tellement d’autres choses sur cette compétition."
Surtout lorsque la Riomoise a enfin réussi à exploser son plafond de verre en faisant tomber les équipes asiatiques qui dominent la discipline. Elle confie : “C’est très important pour moi parce que c’est la première fois que j’arrive à battre une Coréenne.
Pour Lisa Barbelin, cette deuxième place n’a pas un goût d’amertume ou de déception. Bien au contraire.“Ça reste une médaille. Ça reste un podium. Comme certaines personnes du milieu du sport aiment dire : on s’en fiche de la couleur. Ce qui compte c’est de faire une médaille. Bien sûr, l’or a une saveur particulière. Tout y était pour l’avoir. J’ai juste manqué un petit peu plus de réussite que mon adversaire. Mais je sais qu’un jour, je gagnerai."
Elle avait remporté sa place pour les Jeux de Tokyo en 2021 : "C’était en 2021, le soir du tournoi de qualification olympique en Turquie. C'est à ce moment-là que j’ai remporté ma place pour les Jeux de Tokyo. Je me rappellerais toute ma vie du coup de téléphone que j’ai passé à mes parents pour leur annoncer la nouvelle. J’avais les larmes aux yeux rien qu’en appuyant sur la touche d’appel !"
Les Jeux Olympiques de Paris approchent à grand pas. "Je m’y prépare au quotidien avec toute l’équipe de tir à l’arc. On est six filles et six garçons à nous entraîner intensément tous les jours à l’INSEP de Paris. Je ne saurais pas quantifier le nombre d’heures, mais c’est environ 2 000 flèches par semaine." Son objectif est clair : "C’est simple : gagner dans les trois catégories - individuel, par équipe et mixte."
Le samedi 3 août, Lisa Barbelin a décroché la médaille de bronze dans l’épreuve individuelle du tir à l’arc des Jeux olympiques de Paris 2024, après sa victoire 6-4 contre la Sud-Coréenne Jeon Hun-young. Une performance exceptionnelle pour l’archère de 24 ans qui s’est parfaitement remobilisée après sa défaite sèche (0-6) en demi-finale contre la Sud-Coréenne Nam Su-hyeon. En effet, Lisa Barbelin devient la première Française de l’histoire à décrocher une médaille dans l’épreuve individuelle de tir à l’arc.
Dans l’histoire du tir à l’arc olympique moderne, qui débute aux Jeux de Munich en 1972, jamais une archère française n’avait décroché de médaille dans l’épreuve individuelle. Avec le bronze de Lisa Barbelin, c’est désormais chose faite. Elle a offert à la délégation française sa 38e médaille des Jeux olympiques de Paris.
« Je ne me rappelle plus. » On est une heure et demie après que Lisa Barbelin a décroché une médaille dans le tournoi individuel féminin, une première pour l'équipe de France depuis que le tir à l'arc est revenu au programme des Jeux Olympiques en 1972. Un bronze merveilleux pour des souvenirs en or. Mais, pris dans un tourbillon de larmes, de cris, d'embrassades et autres accolades, la jeune archère française (24 ans) a pratiquement tout oublié.
Elle se souvient d'avoir crié comme une folle après la dernière flèche et d'avoir pris dans ses bras tous les gens de sa famille. « Sinon, c'est assez flou, mais c'est tant mieux, je crois », glisse-t-elle en souriant. Dans l'écrin majestueux des Invalides, où il y avait match entre supporters français et sud-coréens en milieu d'après-midi, Barbelin a écrit la plus belle page de sa carrière, déjà auréolée de deux titres européens (individuel en 2021 et par équipes cette année) et d'une médaille d'argent mondiale l'an passé en équipes.
De son parcours, trois flèches ont retenu l'attention. La première n'est pas d'elle, mais de son adversaire en quarts de finale, l'Indonésienne Diananda Choirunisa. Celle-ci pouvait gagner le match et briser les rêves de Lisa Barbelin. Mais Choirunisa n'a planté qu'un invraisemblable 5, sans doute un peu trop sous pression. Stupeur et mort subite. À égalité, les deux femmes seraient départagées à la « flèche en or » (une seule flèche tirée pour se qualifier). Barbelin n'a pas tremblé et signé un 10.
Deuxième flèche marquante. Et direction les demi-finales où la Sud-Coréenne Nam Su-hyeon, future médaille d'argent, était trop forte. Restait le match pour le bronze, face à Jeon Hun-young, autre représentante du Pays du Matin calme, la nation phare du tir à l'arc, qui a pour l'instant raflé tout l'or aux JO de Paris. Mais Lisa Barbelin a tenu tête à son adversaire, mené au score même. Sur sa dernière flèche, pour gagner, il fallait faire 10. Sans trembler, elle a visé le centre de la cible et fait mouche.
« Cette dernière flèche a été incroyable parce que c'est la seule où je me suis concentrée sur ce qui se passait après, alors qu'on m'avait dit : "Surtout reste concentrée sur l'instant présent". Mais non, j'avais les doigts sur la corde. Je me suis dit : "Allez, c'est ton destin maintenant, il faut le prendre en main, Lisa", et j'ai bien fait ».
En larmes, submergée par l'émotion, Barbelin est tombée dans les bras de Thomas Chirault, son amoureux, archer lui aussi et médaillé d'argent par équipes dimanche dernier avec les Bleus, puis dans ceux de Caroline Lopez, la fidèle coéquipière en équipe de France, et de Oh Seon-tek - « Monsieur Oh » comme les archers l'appellent - sud-coréen et entraîneur en chef des Bleus depuis bientôt deux ans, technicien renommé, qui a guidé les athlètes de son pays vers de nombreuses médailles d'or aux Jeux Olympiques et fait progresser l'équipe de France, qui n'avait encore jamais eu deux podiums lors de mêmes JO en cinquante ans.
Lisa Barbelin partage sa vie avec Thomas Chirault, archer et également membre de l’équipe de France. Le tir à l’arc est donc au centre de la vie de ces athlètes comme le confiait Thomas Chirault lors d’un entretien accordé au Parisien : « On se lève, on mange, on dort avec ça.
Elle a quelques petits rituels et peut compter sur le soutien de ses proches : "J’ai toujours, dans un livre, un marque-page avec un trèfle à quatre feuilles offert par mon cousin, et je porte aussi un collier que ma maman et mes sœurs m’ont offert. Ma famille est un pilier fondamental dans ma vie… Mon papa m’envoie, par exemple, toujours le même message pour m’encourager avant chaque compétition, ça me galvanise. Oui, je me réveille plus tôt pour me faire une super coiffure et bien me maquiller, cela me donne confiance."
« Mes émotions sont loin d'être un frein. C'est mon levier pour réussir de belles choses ».
La médaille de Lisa Barbelin est en bronze mais sa joie était en or, très expressive, très communicative. Image belle et marquante d'un après-midi olympique. « Je pense que je suis une personne très émotive, très enjouée de la vie et que j'ai besoin de sortir tout ce que j'ai en moi, de profiter de chaque moment, a-t-elle confié. Mes émotions sont loin d'être un frein. C'est mon levier pour réussir de belles choses. Je vis avec beaucoup de choses dans ma tête et dans mon coeur. J'essaie de les accepter, de jouer avec. Des fois, c'est difficile mais il y a aussi beaucoup, beaucoup de bien. »
La médaille décrochée aux Invalides « est une belle médaille pour la France, pour la cause des femmes aussi, parce que j'ai toujours eu à coeur de croire qu'on pouvait faire de très grandes choses, a poursuivi Barbelin. Je n'ai jamais cessé de croire en mes rêves. Cette médaille est également pour une petite fille qui, il y a dix ans, croyait dur comme fer qu'elle irait aux Jeux Olympiques et qu'elle gagnerait. »
Et des rêves, il y en a d'autres. Les Sud-Coréennes n'ont pas fait un triplé hier (l'or a été pour Lim Si-hyeon). « Elles ont été très fortes, confie l'archère tricolore. Mais elles ne sont pas imbattables. Dans quatre ans (aux prochains JO, à Los Angeles), pourquoi pas une médaille d'or ? »
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