Avec Les Pistolets en Plastique, Jean-Christophe Meurisse s’attaque à un des cold cases les plus célèbres de France par une comédie noire, trash et incroyablement absurde. Le film est inspiré de l’affaire Dupont de Ligonnès, qui ébranle la France depuis 2011 et ne cesse de créer du remous sur la scène médiatique.
Dans Les Pistolets en Plastique, Léa et Christine, deux enquêtrices obsédées par l’affaire Paul Bernardin partent sur les traces d’un meurtrier en fuite. Alors qu’elles s’apprêtent à partir, elles apprennent que Paul Bernardin aurait apparemment été interpellé dans un aéroport au Danemark. Un homme vient de massacrer sa famille : le pays est sur les dents.
Le film s’ouvre d’ailleurs sur un échange entre Johnny le légiste, Jonathan Cohen, et Thiago, Philippe Rebbot, sur cette question. Ainsi, le cadre est posé d’emblée dans cette scène d’ouverture où les deux personnages discutent en farfouillant allègrement dans la cage thoracique d’un cadavre entre eux.
Les Pistolets en plastique est moins, comme on a pu le lire, un film sur l’affaire Dupont de Ligonnès qu’un film sur la France dont a accouché cette affaire. Entre un danseur de country dénoncé par erreur à l’aéroport comme le coupable en fuite, un duo de mémères enquêtrices amatrices éprises de justice sauvage, et la cavale du véritable meurtrier en Argentine, l’auteur d’Apnée reconstitue un éventail de conséquences de l’horreur, et déploie un continuum de conflits et de violence qu’il filme comme une sorte de partouze nationale. Tout l’hexagone est électrisé par le crime : qu’on s’en indigne, qu’on s’en indiffère, qu’on en soit injustement accusé ou qu’on l’ait soi-même commis, on n’échappera pas à son empire, c’est-à-dire à une sorte de spirale collective de sado-masochisme.
Le crime, ou plutôt le true crime - c’est-à-dire le récit et la religion du crime -, fonctionne comme un accélérateur de pulsions dans lesquelles Meurisse plonge avec une voracité de cartooniste. Le programme ici est de regarder encore et toujours mourir un pays de psychopathes.
Lire aussi: Fusil FAIR Premier Ergal : Notre Avis
Le film de Jean-Christophe Meurisse Les Pistolets en Plastique est une comédie noire qui ne paraît pas s’adresser au plus grand nombre. En effet, le long métrage joue avec un humour difficile sur une thématique qui nécessite une approche des plus nuancées.
Toutes nos fascinations névrotiques sont catapultées, condensées et torpillées dans ce qui pourrait s’apparenter à des sketches (façon les Vamps pour le duo d’enquêtrices du web génialement interprétées par Delphine Baril et Charlotte Laemell) ou numéros d’acteurs éblouissants (et ce serait déjà énorme!) si le réalisateur se contentait d’une juxtaposition de scènes choc. Le film jubile d’une esthétique forte corollaire de l’extravagance du propos et d’acteurs tous en majesté.
En effet, Laurent Stocker, qui incarne un tueur froid et charismatique dans le film, souligne dans la presse que le scénario du film Les Pistolets en Plastique ne doit pas être interprété comme apportant une quelconque rédemption à Dupont de Ligonnès qui reste un monstre.
Sous cette apparente comédie noire, les messages critiques pullulent. En ce sens, Léa et Christine illustrent cette société bercée dans l’illusion qu’Internet est aussi la réalité. Zavatta (Anthony Paliotti), inspecteur de renom, vit une douche froide lorsque sa femme lui remet brutalement les pieds sur terre. Et Uzès va, lui, de désenchantement en désenchantement… Les personnages du film Les Pistolets en Plastique n’ont donc pas un destin très joyeux et tous s’enfoncent dans une spirale de faits grotesques.
A scénario grotesque, voire glauque, mise en scène burlesque. L’entièreté du film se calque sur une volonté de faire les choses rapidement, qui, si elle peut prendre au dépourvu, est au final assez réussie. Les Pistolets en Plastique est une comédie à l’humour très noir qui en devient très déroutante. En effet, si on sait d’emblée en entrant dans la salle que le film va parler de Xavier Dupont de Ligonnès, ennemi public n°1, on se laisse facilement emporter dans une fresque rocambolesque et absurde de l’histoire irrésolue de ce meurtrier.
Lire aussi: Pistolet à air chaud : guide d'achat
Sorti ce mercredi 26 juin au cinéma, Les pistolets en plastique a-t-il convaincu ses premiers spectateurs ?
Lire aussi: Pistolet de Massage Jolt
tags: #avis #sur #les #pistolets #en #plastique