L'armurerie, un secteur à la fois fascinant et controversé, suscite un intérêt constant, que ce soit pour les amateurs d'armes, les professionnels de la sécurité ou les historiens. Cet article se penche sur divers aspects liés à l'armurerie, en s'appuyant sur des faits divers récents, des informations historiques et des enjeux contemporains.
Un fait divers récent met en lumière la complexité du commerce des armes. En octobre, une armurerie clandestine a été démantelée dans le Roannais. Un homme de 32 ans, habitant de Maizilly, a été interpellé pour commerce illégal d'armes et de munitions.
Lors d'une perquisition, les gendarmes ont saisi 37 armes, principalement de chasse et de poing, ainsi qu'une trentaine de kilos de munitions. L'opération a mobilisé 16 gendarmes de la brigade de Charlieu, de la cellule de lutte contre le travail illégal et les fraudes de Roanne, ainsi que 3 militaires spécialisés en armes et explosifs venus de Pontoise.
L'individu interpellé était connu de la justice pour des faits de violence. Il récupérait les armes, les réparait et les vendait via les réseaux sociaux. Les infractions commises concernent la législation sur les armes et le travail dissimulé. L'enquête vise à déterminer l'ampleur et l'ancienneté de ce commerce clandestin.
Un autre événement préoccupant s'est déroulé en mai, lorsqu'une enquête a été ouverte par le parquet de Saint-Étienne pour "menaces de mort, port d'armes et introduction d'armes dans une enceinte scolaire". Un élève de CE2 de l'école Saint-Charles a menacé son enseignante, et deux couteaux ont été retrouvés dans son cartable. Ce type d'incident souligne l'importance de la sécurité dans les établissements scolaires et la nécessité de surveiller l'accès aux armes.
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La loi de programmation militaire 2024-2030, votée à l'été 2023, vise à renforcer la souveraineté de la France en matière de production de matériel et de munitions de guerre. Le département de la Loire est considéré comme un territoire stratégique grâce à ses connaissances et savoir-faire importants dans ce domaine.
L'histoire de l'armurerie française est riche et complexe, marquée par des familles et des entreprises emblématiques. La maison Heurtier, par exemple, est un nom bien connu des amateurs d'armes françaises. Grâce à une belle étude parue en 1998, l’historique de la maison Heurtier est désormais bien connu.
Les frères Jean et Simon Heurtier étaient les petits-fils de Martin Merley (1867-1939) lui-même canonnier, et relevant d’une impressionnante lignée de plus d’une trentaine de noms gravitant tous autour de St-Etienne et de sa proche région, remontant au XVIIIè siècle. Le plus connu étant Augustin Merley déjà canonnier de renom quand, en 1782 il fut nommé premier « éprouveur des armes bourgeoises » nommé par l’intendant de Lyon.
De cette lignée, les Merley-Chauve (1809), les Merley-Duon (1836), les Merley-Thivet contrôleur de la Manufacture d’Etat sous le Second Empire. Les frères Jean et Simon Heurtier étaient issus de la branche Merley-Pouly fondeurs et canonniers à Andrézieux-Bouthéon, à une dizaine de km de là, et décidèrent en 1907 de fonder à St-Etienne, rue Clément Forissier, une canonnerie distincte de la fabrique familiale alors dirigée par Jean un des fils de Martin Merley à Andrézieux.
La mort de Jean Heurtier en 1918 vit son frère Simon diriger seul l’entreprise, puis l’ amena à créer, en 1929, une SARL, toujours dans les locaux acquis en 1907 associant Simon qui apportait le stock et les marchandises, son neveu Jean-Antoine Heurtier le matériel, et leur cousin Jean-Louis Merley, un autre petit-fils de Martin Merley apportant lui les capitaux et les connaissances techniques.
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A ce moment, elle sortait 10000 pièces par an, soit 12% de la production française, référençant 70 à 100 modèles de canons offerts dans différents critères de calibre, de longueur, mono, juxta, superposés aux différentes natures de bandes, d’aciers, voire de niveaux d’épreuve. On retrouve donc la signature Heurtier sur la kyrielle de déclinaisons du verrou Hélice (Gripp Hélico, Hélicomax) pour des armuriers provinciaux déjà de haut niveau (comme par exemple Vouzelaud à Brou près de Chateaudun, Callens et Modé, Gastinne-Renette, Clément-Gladiator à Paris) mais aussi des petites séries pour les artisans renommés : Maisonnial, Constant, Boucher, Humbert, Solheihac, ou les superposés originaux français comme Charlin ou le Dactu de Picard-Fayolle.
La maison avait en fait particulièrement bien su s’adapter à la complexité croissante de fabrication de juxtaposés de plus en plus techniques, et de « fusils fins » dont le fleuron était l’acier employé : le SKMH (silicium chrome-molybdène Heurtier) issu d’une coulée spéciale produite par les aciéries Marrel de Rive-de-Gier. Nous sommes toujours là, à proximité immédiate de la ville de St-Etienne.
Comme bien d’autres, la maison Heurtier dans les années 37-40 fut associée à l’industrie de guerre, fabriquant notamment des pièces d’emprunt de gaz pour le fameux F.M. 24-29, et malgré la pression allemande cessa plus ou moins toute activité dans les années 43-44, plusieurs de ses ouvriers ayant été requis soit par le STO (30%), soit par la Manufacture nationale toute proche(48%).
Dans l’après-guerre, la réputation de la maison étant intacte, l’activité reprit mais considérablement réduite par les évolutions de la chasse française. Après le second conflit mondial, nombre d’armuriers montaient leurs fusils avec des pièces d’un stock qui était énorme, et donc des canons portant la marque de contrôleurs ayant cessé leur activité : ce qui dura au moins jusqu’au début des années cinquante où la production stéphanoise retrouva enfin le rythme qui était le sien avant-guerre. C’est ce qui explique que beaucoup de fusils, datant de cette période, sont assez difficiles à identifier ou dater précisément.
Des armes sorties par exemple en 1955 ayant pu être montées avec des canons portant une contremarque d’épreuve d’avant-guerre. Au décès de Simon Heurtier (1960), Jean-Antoine prit le relais jusqu’en 1962 et l’entreprise resta dans la famille jusqu’en 1976 avant d’être vendue à un groupe d’artisans s’appuyant sur deux anciens salariés. A leur retraite l’entreprise fut vendue à un groupe étranger qui la liquida aussitôt.
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Le Banc National d'Épreuve des armes de Saint-Étienne, une institution quatre fois centenaire, joue un rôle essentiel dans le contrôle de la qualité et de la sécurité des armes à feu. Ce site, détenteur d'un savoir-faire unique en France, effectue des tests rigoureux pour garantir la conformité des armes aux normes en vigueur.
En règle générale, les canons Heurtier obéissaient à des choix d’aciers (XC 38 à XC 48 anciennes normes, ou C 35 E à C 45 E nouvelles normes) qui devaient répondre à des critères précis de limite élastique (32 à 45 kg au mm2), de résistance à la rupture (48 à 70 kg au mm2), d’allongement avant rupture (16 à 20 %), de résilience aux chocs (4 à 6 kgm/cm 2). Le choix de l'acier est crucial pour la performance et la sécurité des armes à feu.
Au milieu du XVIIIe siècle, la Manufacture royale d'armes existe déjà, située à Chavanelle. Les armes sont fabriquées par plusieurs artisans et destinées au magasin d'armes du roi. La Manufacture nationale d'armes est construite rue de Roanne de 1864 à 1868, sous l'impulsion d'un militaire : le capitaine Bouchaud. C'est un établissement d'Etat régi par l'autorité militaire qui fabrique et vend des armes légères.
La demande des armées se fait plus rare à partir de 1962. Le site est en reconversion depuis 2002.
« L’Indicateur de St-Etienne, St-Chamond et Rive de Gier » recensait en 1831 une trentaine de Merley, certains fabricants d’armes (Merley-Brossard, rue du Treuil), graveurs (Merley-Brunon, rue de l’Heurton), et nombre de « forgeurs de fusils-canonniers » (Merley-Capot, Freysse, Doron, Baroulier) dans tous les hauts lieux de l’activité armurière stéphanoise : place Chavanelle, rue St-Roch.
Le secteur de l'armurerie est confronté à de nombreux défis, notamment la lutte contre le commerce illégal, la nécessité de garantir la sécurité des armes et la préservation des savoir-faire traditionnels.
| Caractéristique | Valeur |
|---|---|
| Limite élastique | 32 à 45 kg au mm2 |
| Résistance à la rupture | 48 à 70 kg au mm2 |
| Allongement avant rupture | 16 à 20 % |
| Résilience aux chocs | 4 à 6 kgm/cm 2 |
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