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Au XVIIe siècle, l'art de la serrurerie connaît un essor important, devenant partie intégrante de l'architecture et de la décoration intérieure. C'est dans ce contexte qu'émerge la figure de Mathurin Jousse, un maître serrurier dont l'œuvre gravée était recherchée par les amateurs, selon l'abbé de Marolles.

Mathurin Jousse : Un Maître Serrurier à La Flèche

Mathurin Jousse, marchand et maître serrurier, est désigné comme tel dans sa dédicace aux Pères Jésuites de La Flèche, ainsi que dans le privilège royal de 1627 l’autorisant à commercialiser la Fidelle ouverture de l’art de serrurier. Établi à La Flèche après une formation de compagnon, il y fréquenta les architectes Martellange et Derand qui construisaient le collège des Jésuites. Il s’intéressa aux travaux et fut employé par le collège pour des enseignements pratiques sur la fabrication d’instruments scientifiques.

François Le Boeuf souligne que les archives départementales de la Sarthe renferment sous la cote 4 E VIII 16/418 un contrat entre Mathurin Jousse et trois compagnons serruriers pour les ferrures des croisées de l’aile orientale de la « cour des Classes » du collège des Jésuites.

Visiblement, Jousse était habile à confectionner des petits objets en métal repoussé ou moulé. Marchand, maître serrurier, Mathurin Jousse peut aussi être placé au Panthéon des meilleurs ornemanistes.

L'Influence des Jésuites et l'Importance de l'Apprentissage

On retrouve l’influence des Jésuites spécialistes de l’enseignement dans le prologue de l’ouvrage rédigé « pour facilliter en tout mon possible le chemin à ceux qui embrassent l’apprentissage de cest art ». « Puisque tu veux donner aux apprentis secours… Des conditions requises à l’apprenti : désir d’apprendre et se rendre expert en iceluy » (« L’autheur à son livre »).

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La règle du métier consistait en un apprentissage de cinq à dix ans auprès d’un maître, suivi du compagnonnage pendant environ cinq ans. Si le compagnon accédait à la maîtrise, il pouvait alors ouvrir boutique et atelier.

La Fidelle Ouverture de l'Art de Serrurier : Un Traité Technique Novateur

La Fidelle ouverture de l’art de serrurier, où l’on void les principaulx preceptes, desseings et figures touchant les experiences et operations manuelles dudict art ; ensemble un petit traicté de diverses trempes / le tout faict et composé par Mathurin Jousse de La Fleche. A La Fleche : chez Georges Griveau imprimeur ordinaire du Roy, 1627.

Jousse a à la fois raison et tort quand il écrit : « Personne que je sache ne s’est encore jusqu’à présent ingéré d’en mettre aucune chose par écrit, ains au contraire, ceux qui en ont eu la plus grande connaissance se sont contentés d’une pratique mercenaire sans se soucier d’en découvrir aucune chose à la postérité, ensevelissant avec eux tant de belles et rares expériences qu’un assiduel travail leur avait fait découvrir » (p. 2). Raison, car la transmission des savoirs de maître à compagnon se faisait dans le plus grand secret et sans écrit, depuis l’organisation du métier de serrurier au XIIIe siècle.

Il demeure que la Fidelle ouverture est l’un des premiers grands essais techniques sur le traitement du fer, essentiellement la trempe. Jousse révèle quelques autres perfectionnements techniques, comme la serrure bénarde qui s’ouvre à clef des deux côtés. Il décrit aussi un ressort en colimaçon, et non plat, car « je peux véritablement dire qu’entre tous les arts méchaniques, il n’y en a aucun qui puisse se parangonner à celuy du serrurier, pour nous être utile et nécessaire. C’est cette considération qui me faict mettre à jour ce traicté » (ch. I, p. 1-2).

Les toutes dernières planches du recueil, après une série de clefs et de platines, montrent également des machines à tailler les limes, des ferrures de puits, des petites grilles à châssis et quelques consoles d’enseignes.

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L'Importance du Chef-d'œuvre

L’accès au titre de maître serrurier s’accomplissait en partie par la réalisation d’un chef-d’œuvre composé d’une serrure et d’une clef. La réalisation d’une pièce de maîtrise conformément aux prescriptions des jurés de la corporation pouvait durer deux années pleines. La serrure doit avoir « des ornements et figures ».

Différents savoirs techniques et artistiques étaient mis en jeu : forge, orfèvrerie, armurerie, horlogerie, iconographie ornementale, pour fabriquer ces pièces à secret.

L'Héritage de Jousse et l'Évolution de la Serrurerie

À La Flèche, Mathurin Jousse est leur digne successeur, original dans les modèles qu’il propose dans la Fidelle ouverture de l’art du serrurier . Il montre des décors de couronnement ou foncets de serrures de coffre, des gravures d’écussons, des entrées de clefs (p. 31), une tête de grotesque tenant en laisse deux hippocampes, chimères, bouquetins, aigles, rinceaux, animaux chimériques, figurines en gaine, masques (p. 34, fig. IX). L’exécution au burin et ciselet de tels décors de grotesques, mauresques, arabesques et « rinceaux habités » dénote chez Jousse une grande dextérité et inscrit son œuvre dans la lignée des ornemanistes contemporains.

La première publication sur l’art de la serrurerie, après celle de Jousse, est l’entreprise de Diderot et d’Alembert, dans l’ Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, parue entre 1751 et 1765.

Quelques ornemanistes contemporains de Mathurin Jousse :

  • Antoine Jacquard, graveur et arquebusier à Poitiers, vers 1624, auteur de Dessins d’arquebuserie, de serrurerie, d’orfèvrerie et de bijouterie (entrées de serrures, têtes de clefs)
  • Didier Torner, auteur d’une suite de trente pièces, Dessins de serrurerie (entrées de serrures et têtes de clefs).

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