L’armurerie de la rue d’Alger, dans le centre ancien de Toulon, appartient à la même famille depuis cinq générations. C’est une véritable institution en bord de rade.
Le fondateur de l’armurerie, Yacinthe Jean, "maître armurier", a ouvert les portes de son commerce au 31 rue d’Alger en 1807. "La boutique a déménagé après la guerre", raconte Jean-Marc Doerr.
"La Maison Jean est la plus ancienne boutique de Toulon", lâche Jean-Marc Doerr, qui surgit de derrière un rideau guère plus récent. Avant 2017, c’est Mado (et son caractère) bien trempé qui menait l’affaire, "son enfant". Décédée à l’âge de 95 printemps, elle sera restée derrière le comptoir jusqu’à son dernier souffle, ou presque. Depuis, son neveu, 72 ans, a pris le relais. Lui-même descendant du créateur des lieux, on l’appelle « Monsieur Jean » par raccourci. Par déférence aussi.
Depuis 2013, Jean-Marc Doerr, 74 ans, est la 5e génération à la tête de l’armurerie Maison Jean. "Ma tante avait des problèmes de santé et elle s’est retrouvée seule. J’ai donc accepté de venir l’aider", raconte cet ancien enseignant de mathématiques à la "retraite", qui a dû passer… le diplôme d’armurier. "Puis j’ai repris le magasin, au décès de ma tante, en 2017. Certaines pièces de collection font penser qu’on visite un musée de l’armement. Par exemple ce vieux fusil à silex datant de 1830, fixé au plafond.
L’établissement, où photos et documents d’époque illustrent un vrai respect de la tradition, tente de s’adapter à son temps. Des travaux entrepris à la fin de l’été, et accomplis en collaboration avec la mairie et les Bâtiments de France (l’immeuble date de 1762), vont offrir à l’endroit une devanture toute neuve d’ici quelques jours. Pour le reste, le fonds de commerce n’a guère changé au fil des décennies. Depuis toujours, on n’y entre pas comme dans une boulangerie. L’endroit reste réservé aux plus de 18 ans, et Virginie veille au grain.
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L’armurerie a donc dû s’adapter aux besoins nouveaux de la clientèle, qui s’est féminisée depuis quelques années. On croise par exemple des étudiantes, prévenantes lorsqu’elles empruntent les transports en commun, ou des employées qui se sentent en insécurité le soir. "On vend de plus en plus des bombes lacrymogènes au gel et au poivre, et des poings électriques", constate Jean-Marc.
Un jeune homme en jogging vient acheter une boîte de balles à blanc pour 9 mm et repart dans la minute.
Mais aujourd’hui, l’armoire à fusils n’est plus aussi remplie qu’avant. Et pour cause: " Il y a des chasseurs et beaucoup de sangliers dans le Var. Mais les territoires de chasse ont été réduits et c’est devenu très difficile d’obtenir les autorisations", regrette le commerçant.
Ce matin-là, justement, les chasseurs, en général nombreux en cette saison, se font rares. "Normalement, c’est le mois où il y a le passage des grives. Mais il n’y en a pas cette année; il n’y a plus que des cochons", bougonne Jean-Marc Doerr, désignant besaces et cartouchières.
L’armurier présente une photo noir et blanc de la rue d’Alger, très animée après-guerre. Ce Toulonnais de naissance semble nostalgique de cette époque. Venir à la Maison Jean, c’est aussi pénétrer dans une boutique qui a vu passer des générations de Toulonnais.
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On y trouve aussi quelques bijoux de collection. "Monsieur Jean" apporte un magnifique fusil à silex du XVIIIe siècle, signé Bertheas. Puis un autre fabriqué par Hyacinthe Jean, son aïeul, maître armurier. "A l’étage, il y avait une forge. Regardez ces gravures: ils avaient du talent, les gars". Dur de lui donner tort tant l’objet semble à merveille respecter l’équilibre entre noblesse et grièveté.
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