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Cet article expose dans les grandes lignes l’évolution des armes à feu portatives en évoquant les différents systèmes de mise à feu, les mécanismes conduisant au chargement par la culasse, à la cartouche métallique et au tir à répétition et automatique. L’arme semble bien être la plus ancienne invention de l’homme.

Origines et développement des armes

Dès les origines préhistoriques, l’homme se saisit d’un bâton et le lança en direction d’une cible. L’invention de l’arme eut un impact immense sur ses conditions de vie. Elle lui permit de satisfaire deux besoins vitaux indispensables après l’eau et la respiration : la nourriture et la protection.

Lorsqu’un homme vigoureux vit venir vers lui un homme ingénieux utilisant habilement une arme de son invention, il s’opposa violemment à lui, le forçant à perfectionner son invention. La course aux armes était lancée et, il faut bien dire qu’elle a dirigé jusqu’à aujourd’hui l’histoire de l’humanité.

Au début, les lames des armes et les pointes de flèches étaient faites en silex. Autour de 4000 avant J.C., le travail du métal se développa et les lames, les hampes et pointes de flèches ainsi que les harpons furent faits en bronze. Le fer apparut vers 2000. Cette période vit aussi le développement de machines de guerre hors normes capables d’envoyer des projectiles de plus en plus lourds, comme les balistes, les trébuchets et les catapultes.

L'invention de la poudre à canon

On ne peut savoir avec certitude qui a inventé la poudre à canon, bien que beaucoup de pays la revendique. Il est généralement admis que la première mention écrite de la recette de la poudre soit apparue en Angleterre vers 1260. La poudre à canon, appelée aujourd’hui « poudre noire », est relativement peu explosive.

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Enflammée à l’air libre, elle n’explose pas, mais brûle violemment. Enflammée dans un milieu clos, elle produit une pression modérée. Au cours de la mise à feu, la poudre noire produit, en raison des impuretés contenues dans le matériau de base, beaucoup de flammes et d’étincelles ainsi qu’un gros nuage de fumée grise. L’expression « le brouillard de la guerre » vient du fait de cet immense nuage de fumée qui s’élève au dessus des champs de bataille.

La poudre d’artifice a été inventée par les chinois pour produire du bruit et de la lumière, elle ne comportait que deux ingrédients. Il fallu attendre vers 1300 pour qu’elle soit composée de trois éléments : le souffre, le charbon et le salpêtre. C’est alors que les premiers canons sont apparus.

Les premiers canons et armes portatives

Ces premiers canons avaient une facture grossière. Il s’agissait d’un objet en forme de vase placé sur un support en bois, mais, rapidement, on trouve des fûts faits de barres en fer soudées et placées sur ce que l’on pourrait appeler un affut. La poudre était enflammée en introduisant un fer rougi dans un petit trou sur le côté du canon (la lumière). Le projectile n’était pas vraiment aux dimensions du canon (d’où la présence du sabot de bois pour le bloquer) et rendait l’arme peu précise. On pouvait ainsi dire que le boulet allait « dans la direction générale de l’ennemi ».

En raison de leur manque inhérent de précision, les premiers canons ne pouvaient seulement être utilisés avec succès que contre de grandes cibles. Les premières armes à feu portables ne furent rien d’autre que des canons miniatures. Ils furent introduits vers 1380 et généralement appelés « bâtons à feu ». Ces armes étaient faites d’un canon en fer coulé (ou de douves de fer assemblées) fixé au bout d’une perche.

Ces premiers traits à poudre n’étaient pas d’un maniement aisé et furent vite remplacés par une arme pourvue d’un fût : une pièce de bois pouvant supporter l’arme et être appuyée sur le corps lors du tir. On l’appela « arquebuse ». Vers 1411, le système de mise à feu fut aussi modifié en remplaçant le fer rougi par une mèche se consumant lentement (une amorce en amadou) maintenue dans un serpentin fixé sur le côté du canon. Un mécanisme à ressort fut ajouté à ce serpentin quelques années plus tard. De cette manière, le tireur pouvait viser la cible et faire feu en même temps en poussant sur un levier.

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Évolution des systèmes de mise à feu

Bien que les découvertes initiales en matière d’armes à feu concernent plutôt les grandes armes (les canons), c’est à partir de ce moment que les plus grands développements techniques furent apportés aux armes portatives. La rayure des canons et les différents systèmes de mise à feu apparurent d’abord sur les armes portatives avant d’être appliqués aux canons.

L’utilisation de la mèche lente (ou incandescente) pour déclencher le tir n’avait pas que des avantages. En premier, le tireur était immédiatement repéré. L’ennemi pouvait facilement voir l’extrémité rougie de la mèche en combustion ou sentir son odeur. L’expression hollandaise « flairer une allumette » (qui veut dire « sentir le danger ») tire son origine lorsque les espagnols utilisaient des armes à mèche.

La solution à ce problème fut apportée en Italie, au début du XVIe siècle, par Léonard de Vinci. Un mécanisme avec un ressort fut fixé contre l’arme. Les étincelles sont produites par le frottement d’un morceau de pyrite frottant sur une roue mise en mouvement par le relâchement d’un ressort. Ces étincelles mettent le feu à la poudre contenue dans le bassinet qui, à son tour enflamme la poudre principale en passant par la lumière du canon. Cette importante innovation permit de transporter une arme chargée et prête à faire feu n’importe quand. Cette invention permit désormais aux cavaliers de tirer d’une seule main.

Il existe un grand nombre de variantes d’armes à rouet. Beaucoup d’inventions furent expérimentées lors de son apogée comme par exemple le tir en rafale (une arme capable de tirer plusieurs coups en même temps ou très rapprochés, notre fusil d’assaut moderne, en quelque sorte). Cependant, le mécanisme à rouet était difficile à réaliser et couteux.

La solution à ces problèmes fut inventée en Italie vers 1547 : la platine à chenapan. La platine à silex utilise toujours un bassinet rempli de poudre d’amorçage qui communique le feu à la charge principale par la lumière du canon. Cependant, ce n’est plus le frottement de la pyrite sur la roue qui produit les étincelles, mais le raclement d’un silex contre une plaque d’acier. La platine à silex est de conception plus simple que le rouet et donc, plus économique à produire. Sa fabrication ne nécessite pas le concours d’armuriers hautement qualifiés et expérimentés. Ainsi, il devint possible d’équiper une armée entière de mousquets à platine à silex.

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Cette platine était plus fiable, d’un entretien facilité et passablement plus étanche à l’humidité. Cette platine constitua une importante amélioration et les armes à feu commencèrent à être produites en grandes quantités et déclinées en beaucoup de variations, depuis les petits pistolets de poche jusqu’aux armes à multiples canons. Toutes les armées du monde commencèrent alors à équiper leurs soldats avec ce type d’armes et ils furent produits par dizaines de milliers.

Introduction des armes à feu au Japon

Le Japon est, une fois n'est pas coutume, un pays ayant une culture extrêmement spécifique et personnelle. Cette histoire est justement liée à de nombreux conflits internes ayant créé de nombreuses guerres intestines entre des clans médiévaux. Avant la production à grande échelle d'armes à feu à partir du XVIème siècle, les guerriers japonais utilisaient des armes blanches pour se battre.

Les premières armes à feu à circuler au Japon, des arquebuses au canon allongé, étaient arrivées en même temps que des marins portugais ayant fait naufrage en 1543. Les habiles ferronniers japonais les élucidèrent rapidement et se mirent à produire des armes pour les daimyos en guerre. S’emparant rapidement de cette nouvelle invention, Oda Nobunaga fut le premier à mettre sur pied des unités équipées de mousquets. En 1575, lors de la bataille de Nagashino, ses tireurs, protégés par une palissade, prouvèrent leur valeur défensive en anéantissant la cavalerie ennemie qui progressait.

Il semble donc admis que des armes à feu se trouvaient bel et bien sur l’archipel avant même l’arrivée des Portugais en 1543. Bien qu’elles soient plus ou moins véridiques, ces sources partagent un point commun : elles établissent toutes l’introduction des premières arquebuses le 23 septembre 1543, avec l’arrivée de Portugais sur la petite île de Tanegashima, tout à fait au sud de l’archipel japonais.

Selon Mendes Pinto, en quelques mois, l’île disposait déjà de plus de 600 exemplaires fonctionnels. Chaque année en juillet, cette légende est ravivée lors du Teppô Matsuri, le festival du fusil de Tanegashima.

Rôle d'Oda Nobunaga et l'unification du Japon

Oda Nobunaga (1534-1582) était un seigneur de guerre relativement inconnu qui se fit une place sur le devant de la scène dans les années 1560. Au moyen d’une série de mariages familiaux stratégiques et en remportant des batailles tout aussi stratégiques, Nobunaga consolida sa mainmise sur de nombreux territoires appartenant à ses ennemis. Ses armées, auparavant séparées en unités claniques diverses et variées, devinrent une force davantage centralisée avec des soldats répartis selon leur rôle. Parmi eux se trouvaient des guerriers maniant une arme nouvelle pour le Japon : l’arme à feu.

Au moment de sa mort, Oda Nobunaga avait réussi à prendre le contrôle de près de la moitié du Japon.

Hideyoshi et Ieyasu : Suite de l'unification

L’assassin d’Oda Nobunaga resta approximativement deux semaines au pouvoir avant d’être à son tour anéanti par Toyotomi Hideyoshi (1537-1598), un allié de sa victime. Lors de la Grande Chasse à l’épée de 1588, lors de laquelle il chercha à désarmer les paysans, il confisqua les épées de tous ceux qui n’étaient pas samouraïs, arguant qu’il avait besoin de faire fondre des armes afin de construire une statue de Bouddha. Par cette mesure, il consolida le pouvoir de la classe dirigeante et réduisit les chances de soulèvement.

Fort de ce triomphe, Tokugawa Ieyasu (1543-1616) pris le contrôle du Japon et, en 1603, l’impuissante cour impériale le nomma shogun (dictateur militaire), ce qui mit officiellement un terme à la période des Royaumes combattants. Il entreprit des chantiers, et notamment la construction d’un vaste château à Edo (actuelle Tokyo).

Restrictions et quasi-éradication des armes à feu

Le Japon adopte enfin une série de mesures radicales en 1958, indiquant «qu'aucune personne ne doit posséder d'armes à feu ou de sabre sans autorisation». Toujours d'actualité, elles alimentent aujourd'hui quelques faits divers dans la presse. Une politique à l'opposé du célèbre deuxième amendement de la Constitution américaine, qui affirme que «le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé».

Logiquement, le pays affiche l’un des taux d’homicides les plus bas de la planète. Comment le Japon est-il parvenu à (presque) éradiquer les armes à feu ?

«La première campagne de grande ampleur remonte à 1588, quand le seigneur de guerre Hideyoshi Toyotomi, dans un effort d'unification du pays, a choisi de désarmer les paysans, qui étaient à l'origine de nombreuses révoltes.» Le Japon débute une période d'isolement, le Sakoku, qui durera plus de deux siècles et demi. Les samouraïs se détournent du fusil, symbole occidental qui remettait en cause les traditions, et privilégient l'utilisation du sabre.

Tableau comparatif : Armes à feu et criminalité

Pays Armes à feu par 100 habitants Homicides par arme à feu
Japon 0.6 Très bas
France 14.96 138 (en 2013)
États-Unis 101.5 14 415 (en 2016)

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