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Dire que les Coréens sont un peuple violent aurait autant de sens que de vouloir, de nos jours, classer les tempéraments nationaux selon la théorie des climats. Il est nécessaire de faire la part des choses.

Historiquement, ce pays à la fois rude et riant, accroché à ses montagnes (75 % du territoire) infestées de tigres féroces et encerclé par les mers, fut surtout la proie de ses voisins. Seul le nord est rattaché au continent, mais c’est là l’antique route des invasions. Les Khitan aux Mandchous, en passant par les Mongols, n’ont pas manqué d’occuper le pays sous l’un ou l’autre prétexte.

La colonisation japonaise fut fertile en exactions, répressions violentes de mouvements antijaponais pacifiques, écrasement des guérillas patriotiques, recrutement forcé de travailleurs et de « femmes de réconfort », exploitation systématique de la Corée et de ses habitants. La Corée s’éveilla d’un long cauchemar en août 1945.

À la colonisation succéda la partition et les querelles idéologiques. C’est de 1946 à 1953 que la violence s’exerce de la plus dramatique des façons, en raison de l’affrontement idéologique, des effets de vengeances croisées et d’exaspérations successives. En ce sens, à partir de 1948, on est en droit de parler d’une guerre civile coréenne intermittente jusqu’en juin 1950, qui ouvre l’embrasement général de la guerre de Corée.

Les années 1946-1948

La libération de la Corée du joug japonais le 15 août 1945 n’apporta pas l’indépendance et la prospérité rêvée. L’un des traumatismes les plus douloureux provient des années suivant la colonisation japonaise, qui amenèrent une cristallisation idéologique reproduisant les clivages gauche-droite et l’affrontement des blocs, tandis que la Corée se trouvait divisée en deux entités bientôt antagonistes, car occupées respectivement par l’Union soviétique et les États-Unis, à la suite d’une part du partage de zones de compétence relatives au désarmement des unités japonaises et, d’autre part, de la mise sous tutelle de la Corée par les Alliés dans l’attente du règlement du sort des anciennes colonies japonaises.

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La cristallisation idéologique marquée de part et d’autre du 38e parallèle offrit l’occasion, dès 1946, au détour des maladresses de l’administration d’occupation américaine, d’observer des violences internes en Corée du Sud. En 1947 et surtout en 1948, des révoltes, en partie d’inspiration communiste, furent réprimées sévèrement par les forces de sécurité sud-coréennes et une police qui n’avait jamais été purgée de ses éléments pro-japonais.

Avec la constitution de foyers de guérillas au sud, puis avec la guerre de Corée, des dizaines de milliers de Coréens, suspectés d’appartenir à la guérilla ou d’entretenir des sympathies pour la Corée du Nord, furent exécutés sommairement. Des extrémistes de gauche s’étaient fait connaître, il est vrai, par l’assassinat de policiers, de fonctionnaires et de notables de « droite ». En réalité, ces violences, généralement qualifiées d’affrontement droite-gauche, ont pour point de départ des clivages entre réformistes et conservateurs, paysans pauvres et propriétaires fonciers spéculateurs (dont certains enrichis pendant la colonisation), police issue de la colonisation et sympathisants de gauche.

Les partisans communistes et l’armée populaire du nord commirent également leur part d’exactions contre certains sudistes réputés « ennemis de classe » ou « ennemis du peuple4 ». Par la suite, c’est l’armée américaine qui, à de nombreuses reprises, décima certains de ses alliés, dans des conditions très différentes des accidents dits « friendly fire », et dont la révélation en 1999 de l’incident de Nogun-ri, fut l’un des chocs qui secoua non seulement la Corée du Sud, mais encore les États-Unis.

Ces derniers sont probablement responsables, à eux seuls, du décès de 100 000 civils coréens5. De 1945 à 1953, on estime en général qu’environ un million de civils sont morts du fait des violences politiques en Corée, dont probablement 400 000 en Corée du Sud, sur une population totale de 31 millions d’habitants sur la péninsule6.

Les années 1946-1949

Au lendemain de la Libération, le placement de la Corée sous la tutelle des Soviétiques et des Étasuniens, de part et d’autre du 38e parallèle, fut l’occasion d’implanter les embryons des régimes antagonistes que nous connaissons aujourd’hui. Au sud, les idées économiques préconçues de l’administration d’occupation américaine (l’Usamgik7) se traduisirent par une libéralisation du marché des céréales qui provoqua une effrayante spéculation sur le marché du riz.

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En effet, la Corée du Sud, largement agricole, était le grenier à blé du Japon pendant la colonisation. Or la pénurie se faisant sentir dans l’archipel, certains producteurs renouèrent les anciennes relations avec le Japon, qui manquait alors de riz, en raison de la mobilisation massive des paysans pour l’armée et de la perte de son empire colonial. Le prix du riz flamba en Corée, et les villes ne furent plus approvisionnées, car les spéculateurs préféraient vendre au Japon, au prix le plus fort.

Les autorités américaines firent immédiatement machine arrière et imposèrent des restrictions non seulement sur la vente du riz, mais aussi sur celle des autres céréales, selon des normes si dures que certains producteurs regrettèrent le temps des Japonais. À Taegu, dans le sud du pays, une furieuse révolte mit aux prises les paysans et des sympathisants « de gauche » aux autorités. Plusieurs centaines de policiers et de manifestants furent tués avant que des troupes américaines ne rétablissent l’ordre.

En 1948, une insurrection agita la grande île de Cheju-do8 à la suite d’une série d’incidents marqués par l’opposition entre forces de gauche et de droite, sur fond de crise économique et de « bavures » répétées commises par des forces de police héritières de la gendarmerie japonaise9, qui en avaient conservé le personnel et les méthodes, tout spécialement l’usage de la torture.

À cette occasion, des renforts de police avaient été envoyés du continent, principalement des unités de la région de Taegu, qui avaient perdu 400 des leurs en 1946 lors d’émeutes paysannes réputées « rouges » et avaient un contentieux à régler. Pire encore, il s’agissait de milices de droite, notamment la Puksô ch’ôngnyôndan10, composées d’anti-communistes de droite, de réfugiés de la zone nord et de divers opportunistes. Or ces milices paramilitaires n’étaient pas rémunérées pour leurs services et se livraient à divers rackets, trafics et pillages, avec toutes les conséquences néfastes imaginables.

Les violences à Cheju-do connurent un pic extrêmement important en 1948, et l’île ne fut finalement pacifiée qu’en 1949. Seuls 170 villages sur 400 furent épargnés par la répression de l’insurrection antigouvernementale et les actions menées par la guérilla. Les bilans des victimes, bien que divergents, sont extrêmement élevés et oscillent entre 30 000 et 80 000 morts sur 300 000 habitants, avec le départ en exil de 50 000 personnes vers le Japon11.

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Octobre 1948 vit aussi la mutinerie de tout un régiment dans la région de Yǒsu. Les mutins, « refusant d’assassiner la population de Cheju-do12 », prirent les armes, capturèrent un train, rallièrent la ville de Sunch’on, plus tard les monts Chiri, où ils établirent un maquis, semant la désolation sur leur passage.

De nombreux notables, fonctionnaires ou commerçants, propriétaires fonciers et policiers furent assassinés lors de ces journées de terreur et de folie. Les forces coréennes et américaines rétablirent l’ordre très durement13. Dans les monts Chiri, comme d’ailleurs dans d’autres régions montagneuses de Corée, s’installèrent ainsi diverses guérillas procommunistes14 qui tinrent la dragée haute aux troupes de la nouvelle République de Corée jusqu’en décembre 1949.

Ainsi, avant même que la guerre de Corée ne commence, on assiste à des crises répétées, aux ressorts qui tiennent souvent à l’incompétence politique, qu’elle provienne des décisions américaines ou sud-coréennes après 1948. Parmi les raisons des clivages « gauche-droite », que l’on pourrait en réalité résumer en « riches-pauvres » ou « conservateurs-réformistes », la question de la réforme agraire fut longtemps attendue et toujours repoussée, alors que les terres avaient fait l’objet de concentration, accaparées par quelques riches propriétaires, souvent pro-japonais.

La guerre de Corée

Le 25 juin 1950 s’alluma la guerre de Corée, paroxysme de la montée de l’antagonisme entre les deux Corée depuis 1947. Or, dès les premières semaines du conflit, les forces de police du sud procédèrent à des exécutions de masse contre les « rouges » ou sympathisants de gauche, bientôt relayées par les massacres de l’armée populaire perpétrés contre les « ennemis de classe », avec ou sans jugement par des tribunaux populaires.

Les premiers mois du conflit virent l’exécution sommaire de plusieurs milliers de civils emprisonnés par les forces de sécurité sud-coréennes. Celles-ci étaient engagées, notamment les policiers et les groupes paramilitaires dits « organisations de jeunesse », dans une âpre chasse aux « rouges » qui trouva une expression dramatique en juillet 1950, à Taejòn.

Les protestations du missionnaire français furent ignorées par les responsables de l’exécution. Le problème de ces massacres de Taejòn, c’est qu’à cette violence de droite, exercée à l’encontre de prisonniers suspectés de communisme, se superpose une seconde série d’atrocités perpétrées par les Nord-Coréens en septembre 1950, au moment où le succès de l’opération amphibie d’Inch’òn coïncide avec une vaste offensive américano-sud-coréenne lancée depuis la poche de Pusan16.

Cette fois, les prisonniers sont d’origines très différentes. Pourtant, si les victimes du massacre sont principalement des détenus politiques coréens ou des fonctionnaires du sud, la proportion de religieux massacrés est importante et, de plus, des missionnaires étrangers, y compris français, ont été sommairement exécutés17. Ce cas n’est d’ailleurs pas isolé et concerne aussi des missionnaires neutres, notamment des missionnaires irlandais18.

Le contentieux avec les Églises est dû, semble-t-il, non seulement à la doctrine marxiste en tant que telle, mais aussi au puissant soutien affiché par les Églises, protestantes ou catholique, au régime de Yi Sùng-man (Syngman Rhee), lui-même chrétien, et à leur participation à la lutte anticommuniste.

Ces exécutions répondent aux exactions perpétrées par les forces gouvernementales de la Corée du Sud, notamment les unités de la police et les groupes patriotiques de jeunesse, contre les communistes et les sympathisants de gauche, c’est-à-dire en réalité tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à un opposant au régime du président Yi Sùng-man (Syngman Rhee).

L’armée des États-Unis, les Sud-Coréens et les Nord-Coréens ont chacun commis leur lot d’exactions en Corée pendant la guerre, avec des moyens et dans des conditions très différentes. À plusieurs reprises, l’armée américaine a commis des atrocités, car n’importe quel civil trouvé dans une zone de combat fut longtemps réputé « communiste » ou sympathisant, sans que l’on ne songe à l’âge ou à la qualité de ces paysans incapables, malgré la guerre, de quitter leurs terres ou leur maison.

C’est surtout avec les nordistes et les sudistes qu’il appartient d’imputer les atrocités commises contre la population coréenne elle-même, en raison de l’absence totale de barrière linguistique21 et de l’emprise directe avec les populations.

Loi martiale en Corée du Sud

La loi martiale (계엄령, gyeyeomryeong) en Corée du Sud révèle les tensions entre sécurité nationale et libertés démocratiques dans un pays qui a connu la dictature avant de devenir une démocratie. L’histoire de la loi martiale en Corée du Sud est intimement liée à celle du pays. Après la libération de l’occupation japonaise et la division de la Corée, le Sud connaît une période d’instabilité. Dès 1948, le premier président Rhee Syngman (이승만) met en place des lois d’exception pour contrôler l’opposition.

Park Chung-hee (박정희): Après son coup d’État militaire en 1961, il utilise la loi martiale pour consolider son pouvoir.

Chun Doo-hwan (전두환): En mai 1980, il étend la loi martiale à tout le pays, déclenchant des manifestations à Gwangju.

1987 à aujourd’hui: Démocratisation. La révolution démocratique de 1987 transforme le pays. Une nouvelle constitution limite les pouvoirs présidentiels et encadre strictement l’usage de la loi martiale.

En Corée du Sud, seul le président peut déclarer la loi martiale. La constitution démocratique de 1987 a créé un garde-fou important : l’Assemblée nationale peut voter la levée de la loi martiale, et le président est obligé de s’y conformer.

Historiquement, la loi martiale a permis d’arrêter des milliers d’opposants, journalistes, étudiants et syndicalistes.

Le 3 décembre 2024, à 22h25, le président Yoon Suk-yeol annonce à la télévision qu’il décrète la loi martiale « pour protéger la République de Corée libre des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l’État ». Immédiatement, des militaires se déploient dans Séoul et entrent dans les locaux de plusieurs médias.

La loi martiale reste un sujet extrêmement sensible en Corée du Sud. Pour les générations plus âgées, elle rappelle les années sombres des dictatures, les manifestations réprimées dans le sang et les libertés supprimées. Le débat sur l’équilibre entre sécurité et liberté est particulièrement complexe dans ce pays toujours techniquement en guerre avec son voisin du Nord.

Modernisation de l'armement sud-coréen

À la fin des années 1970, l’armée sud-coréenne avait un réel besoin de moderniser son armement. En effet, leur infanterie était équipée de matériel américain obsolète datant de la guerre de Corée (1950-1953). Il s’agissait principalement de pistolets mitrailleurs M3 (dits « grease gun »), de fusils Garand et de carabines M1.

Pour ne pas manquer d’armes dans le cas d’une nouvelle invasion communiste, les coréens du sud ont acheté à Colt en 1974 la licence pour fabriquer des M16 sur leur territoire. Une période de croissance économique et de tensions avec le nord va faire naître le besoin de produire de l’armement léger plus moderne. De plus, les frais de la licence Colt constituaient un coût non-négligeable à l’état sud-coréen.

En 1981, le K1 est mis en service, ayant pour but de remplacer les vieux grease guns de la seconde guerre mondiale. Le K2 est mis en service dans l’armée en 1984 et remplace totalement le M16 en 1987. Cependant, le K2 a un canon de 18 pouces, une crosse en polymère pliable et ne partage pas la même mécanique.

Celui-ci dispose d’un système d’emprunt de gaz à piston (à l’instar de l’AK et du Galil) largement éprouvé, et qui nécessite moins d’entretien que l’emprunt de gaz direct. La Corée du sud a gagné son pari en investissant dans ce projet de modernisation. D’une part, ce petit pays a gagné son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis en terme d’armement léger.

Ces fusils K1 et K2 sont toujours en service de nos jours, modernisés avec des rails picatinny pour y monter optiques et poignées.

La Corée du Sud, puissance exportatrice d'armement

Depuis quinze ans, Séoul a multiplié par huit sa production de matériel de défense. Son récent contrat à 15 milliards de dollars avec la Pologne soutient son objectif. Pour la Corée du Sud, 2022 a été une année record. Le pays a exporté pour 17 milliards de dollars d'armement, notamment vers l'Arabie saoudite et l'Égypte.

Mais c'est le contrat historique avec la Pologne qui pèse le plus: près de 15 milliards de dollars d'équipement, des chars K-2 aux chasseurs FA-50. Certes, la guerre en Ukraine a facilité les ventes, surtout avec Varsovie, qui souhaite se réarmer. L'explication? Le prix des armes sud-coréennes, inférieur à la concurrence, avec une qualité équivalente, même si ce n'est pas le principal argument de vente.

L'atout du pays, c'est d'abord sa capacité de production. Tous les trois à cinq jours, un canon d'obusier K-9 sort des usines Hanwha à Changwon. Un rythme intense expliquant pourquoi la Pologne se tourne vers ce pays plutôt que les États-Unis ou l'Allemagne. Cinq fois plus que l'Allemagne dans le même temps. Pour son contrat passé en juillet 2022, la Pologne a vu sa première livraison arriver dès le mois d'octobre.

Séoul ne compte pas s'arrêter là. Le président Yoon a annoncé un investissement de près de 600 millions de dollars dans le secteur de l'armement d'ici à 2027. Ce qui renforcera encore ses industriels, notamment Hanwha, qui se distingue des autres. En plus des livraisons d'équipements, les contrats signés avec Séoul incluent des transferts de technologies et l'implantation de firmes dans les pays partenaires.

Pas de doute, les Sud-Coréens vont être un concurrent de plus en plus sérieux pour les Européens.

Évolution des exportations d'armement de la Corée du Sud
Année Exportations d'armement (en milliards de dollars)
Avant 2007 Faibles
2022 17

tags: #arme #à #feu #Corée #du #Sud

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