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Richard Cœur de Lion et Guillaume Tell… deux célébrités médiévales qui doivent beaucoup à l’arbalète, comme victime pour l’un et comme virtuose pour l’autre. Inventée par la Chine il y a plusieurs centaines d’années, l’arbalète est une arme de grande histoire. On trouve trace de l’arbalète dès l’antiquité, avec un apogée en Chine dès l’antiquité, et au Moyen Âge en occident.

Cette arme de trait, apparue dès l’antiquité chinoise, a été utilisée en Europe comme arme de guerre jusqu’à la fin de la Renaissance, où son usage s’est alors limité à la chasse, et l’est encore en partie aujourd’hui. À l’époque de sa fabrication, l’arbalète n’était dotée d’aucun mécanisme. Elle est avant tout utilisée pour la chasse et a commencé à se développer durant les guerres du Moyen-Age, principalement les Croisades.

Ce qui ressemble pour l’essentiel à un arc monté sur une pièce rigide, l’arbrier, a longtemps coexisté avec l’arc sur les champs de bataille. Quels avantages présente l’arbalète vis-à-vis de son cousin ? Quels mécanismes expliquent l’amélioration des performances de l’arbalète ? C’est une affaire de livres et de grains…

Principe de Fonctionnement

Le principe de base du fonctionnement de l’arbalète est semblable à celui de l’arc. L’énergie fournie lorsqu’on bande le dispositif est stockée dans la déformation élastique des branches. Lorsqu’on relâche la corde, cette énergie est alors transférée à la flèche ou au carreau, se convertissant ainsi en énergie cinétique.

Deux paramètres sont importants : la puissance, exprimée en livres, c’est-à-dire la force maximale exercée pour bander l’arme et la maintenir ainsi ; la course de la corde, la distance parcourue entre sa position au repos et sa position bandée. Pour estimer l’énergie stockée, on peut faire l’hypothèse, assez grossière, que la force varie proportionnellement avec le déplacement de la corde : on trouve alors que l’énergie stockée est la moitié du produit de la puissance par la course.

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Le Punch du Bois Bandé

Pour fixer les idées, estimons les performances d’une grosse arbalète de chasse (spécifiée pour gros gibier) moderne. Sa puissance est de 300 livres (1,3 kilonewtons) et sa course de 0,432 mètre. On en déduit qu’elle stocke une énergie d’environ 280 joules, à même de propulser un carreau de 400 grains (25,76 g) à une vitesse de 540 kilomètres par heure. Presque la moitié de la vitesse du son ! Ces chiffres doivent nous interpeller.

La « puissance », d’abord, équivalente au poids d’une masse de 136 kilogrammes. On ne pourrait évidemment pas, avec un arc classique, retenir la corde avec la seule force musculaire. C’est tout le premier avantage de l’arbalète : la corde est maintenue mécaniquement. Cette puissance n’a cessé d’augmenter au cours des siècles : des premières arbalètes chinoises de quelques dizaines de livres, disons 60 livres (27 kilogrammes) jusqu’à des arbalètes Renaissance à arc en acier, annoncées avec des puissances de 1 000 livres (450 kilogrammes) ! Elle avait été supérieure dès le Moyen Âge à la puissance du fameux arc long anglais, de l’ordre de 120 livres.

Ce progrès n’a été possible qu’avec l’évolution des techniques. En effet, la puissance de l’arme est aussi une mesure des contraintes mécaniques qui agissent sur l’arc des arbalètes à la fois en étirement pour l’extérieur des branches (l’extrados) et en compression pour l’intérieur (l’intrados). L’usage d’une seule essence de bois limiterait la puissance supportable avant l’endommagement du matériau : aussi, très vite, l’arc des arbalètes a-t-il été réalisé en matériau composite, en faisant appel à l’association de bois, tendons, cornes, le tout encollé… Avant même l’apparition des arcs en acier au XIVe siècle, ou aujourd’hui en fibre de verre, des puissances au-delà de 200 livres n’étaient pas rares pour ces arbalètes composites. Et avec des matériaux performants, très rigides, ces puissances sont atteignables avec de petites déformations qui ne nécessitent que des branches d’arc relativement courtes, ce qui rend l’arme bien moins encombrante qu’un arc, un second avantage.

Bander de Mieux en Mieux

Surgit alors une difficulté : armer l’arbalète ! Pour tirer sur la corde jusqu’à la bonne position, l’arbalétrier exerce à un moment donné une force égale à la puissance de l’arme. Comment faire face à l’augmentation de la puissance ? Plusieurs options. Armer l’arbalète avec deux mains et non pas une seule comme dans l’arc augmente la force musculaire déployée, et plus encore en mobilisant la force des jambes, notamment les quadriceps des cuisses, et du dos.

Pour ce faire, il y a le choix ! S’asseoir sur le sol et pousser les branches de l’arc avec les pieds en tenant la corde avec ses mains, comme le faisaient les Chinois ; suspendre la corde de l’arbalète à des crochets fixés sur un baudrier qui enlace le bassin et appuyer sur l’arc avec le pied de haut en bas ; munir l’arbalète d’un étrier où loger le pied afin de la garder au sol et de l’armer en se redressant…

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À chaque fois, un effort physique est nécessaire et, s’il est amené à se répéter, peut vite épuiser un homme. Et comme un arbalétrier n’est pas un haltérophile, bander un arc de plus de 200 livres (97 kilogrammes) reste un problème. D’où l’introduction de dispositifs mécaniques pour démultiplier la force : cela peut être aussi simple qu’un bandoir dont le fonctionnement n’est pas sans rappeler celui d’un palan. Il divise par deux la force nécessaire pour armer l’arbalète.

Tout cela avait un coût, notamment une fréquence de tir limitée, de l’ordre de deux carreaux par minute pour l’arbalète à moufle au lieu de dix flèches dans le même temps pour un archer anglais, ce qui n’était pas sans conséquences sur le champ de bataille, comme les Français en ont fait l’amère expérience à Crécy ou à Azincourt ! Aussi l’arbalète était-elle surtout utilisée dans des situations où la cadence de tir était moins cruciale comme les sièges de places fortes ou la chasse.

Aujourd’hui, grâce à la maîtrise de la démultiplication avec des poulies, les armuriers conçoivent de nouvelles géométries pour les arbalètes avec des branches parallèles à l’arbrier. L’arbalète évoquée précédemment (200 livres) ne fait que 31 centimètres de large une fois armée, une force de seulement 5 livres suffisant à le faire.

Le Carreau : Un Projectile Bien Conçu

Une autre distinction fondamentale entre l’arc et l’arbalète est le projectile : la flèche et le carreau. Ce dernier est manifestement plus court et son empennage en général bien plus simple, se limitant à deux petites plumes ou ailettes. Pourquoi ? Remarquons déjà qu’étant guidé, le carreau part droit dans la ligne de visée et n’a pas besoin d’être aussi flexible qu’une flèche dont le fût fléchit et oscille au départ pour éviter le manche de l’arc.

Il peut donc être beaucoup plus rigide et aussi plus court, puisque la course de la corde est plus petite que l’allonge d’un arc classique. Par ailleurs, compte tenu de la vitesse de départ du carreau, de l’ordre de 200 kilomètres par heure, si on se limite à de courtes portées (disons 20 mètres), on est en situation de tir tendu, où l’effet de la gravité est modéré : le carreau va (presque) droit au but. La durée de vol est faible et l’empennage presque superflu !

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Quelques astuces aident néanmoins à stabiliser la trajectoire. Le fût du carreau peut être renflé en son centreou vers l’arrière. Conséquence, s’il dévie de la ligne droite pendant le vol, les forces aérodynamiques s’exerçant à partir de son milieu étant plus élevées que celles qui s’exercent sur sa pointe (il y a plus de surface face à l’écoulement de l’air), la trajectoire se redresse.

Ensuite, puisque le carreau repose sur l’arbrier, l’empennage est limité à deux petites ailettes. Cela n’est pas forcément une mauvaise chose, car un empennage important est à l’origine d’une traînée notable et fait plus rapidement perdre de l’énergie au carreau. Son pouvoir de pénétration en est diminué d’autant. En installant de travers les ailettes, on obtient le même effet qu’un canon rayé sur une balle : le carreau tourne sur lui-même, cette rotation ajoutant un effet gyroscopique qui améliore sa stabilité aérodynamique.

Ces deux ingrédients sont présents dans le vireton, un carreau spécialement conçu pour percer avec facilité les armures. Ce n’était pas nécessaire pour tuer Richard Cœur de Lion qui, peu soucieux de sa sécurité, ne portait pas d’armure. L'arbalète, une arme redoutable qui tuait à distance sans formation de haut niveau, et dérangeait le code guerrier.

Impact Tactique et Déclin

L'arbalète est une arme qui semble avoir été inventée en Chine, avant d'être utilisée en Europe. Au départ, elle servait surtout pour la chasse, puis on a commencé à l'utiliser à des fins militaires, sans doute à l'époque des Croisades. Cette arme, au départ rudimentaire, fut progressivement perfectionnée. Une des évolutions majeures se produisit au XIVe siècle lorsqu'on inventa un système qui permettait de recharger automatiquement l'arbalète. Une arme qui permit à ceux qui la manipulait de devenir des soldats d’élite

Comme cela a été très souvent le cas dans l'histoire, une évolution technologique fait le bonheur des uns et le malheur des autres. La diffusion de l'usage de l'arbalète modifia en effet les rapports de force entre les groupes de guerriers. Nous en avons là une autre belle illustration. L'arbalète bouleversa les normes qui dominaient jusque-là dans l'activité militaire.

Les chevaliers, qui étaient considérés comme l'élite des guerriers, se sentirent menacés dans leurs prérogatives. Ils détestaient l'arbalète car elle tuait à distance, ne permettant pas à l’adversaire de se défendre en corps à corps, ce qui était leur spécialité. De plus, l'usage de l’arbalète ne nécessitait aucune formation de haut niveau. Elle donnait donc à des soldats peu aguerris la possibilité de tirer de loin, sans risque, sur un chevalier en armure, alors que ce dernier avait consacré toute son existence au métier de la guerre.

Considérée comme une arme déloyale par les nobles, l'arbalète fut dénoncée comme une arme immorale par le clergé, en raison du peu de courage et de formation que demandait son usage. En 1139, le deuxième concile du Latran interdit son utilisation. Quelques années plus tard, le pape Innocent II menaça même les arbalétriers, les fabricants d’arbalètes et ceux qui en faisaient le commerce, d’anathème et d’excommunication. Cela n'empêcha pas les princes qui se faisaient la guerre de recourir de plus en plus à cette arme nouvelle.

L’efficacité de ces armes permit à ceux qui les manipulaient de devenir des soldats d’élite. Il semble que les troupes d'arbalétriers étaient les mieux payées des armées occidentales, et parfois mieux équipées que certaines classes de chevaliers. Pendant la guerre de Cent Ans, on fit aussi appel à des mercenaires arbalétriers étrangers, en particulier italiens et génois, dont le tir pouvait percer une armure jusqu’à une distance de 100 mètres.

Une des plus grosses évolutions de l’arbalète était au XIVème siècle lors de l’invention d’un système qui permet de recharger automatiquement. Au Moyen-Age, l’arbalète était utilisée aussi bien comme arme de chasse qu’arme pour la guerre. Détestée par la chevalerie, elle est considérée comme arme déloyale puisque, tuant à distance, elle ne permet pas à l’adversaire de se défendre.

De ce fait, estimant que l’arbalète, qui ne nécessite pas une formation de haut niveau, permet à des soldats peu aguerris de tirer de loin un chevalier en armure qui a consacré son existence au métier de la guerre, le clergé considère que c’est une arme immorale en raison du peu de courage et de formation qu’elle requiert à celui qui la manipule.

En Europe chrétienne, l’arbalète est touchée d’anathème et en 1139 le IIe concile du Latran interdit son utilisation. Quelques années plus tard, en 1143, le pape Innocent II confirme cette interdiction et menace les arbalétriers, les fabricants d’arbalètes et ceux qui en faisaient le commerce d’anathème et d’excommunication.

Par ailleurs, cette interdiction valable seulement pour les combats entre chrétiens, demeurera médiocrement observée par les princes d’Occident en dépit des efforts du pape Innocent III pour réaffirmer en 1205, les proscriptions du concile du Latran II. L’efficacité de ces armes faisait de ceux qui les manipulaient des soldats d’élite, bien payés et très prisés, ce qui leur permettait l’acquisition d’équipements de qualité. Les informations de l’époque font état des arbalétriers telles les troupes les mieux payées des armées occidentales, voire parfois mieux équipées que certaines classes de chevaliers.

En parallèle, les progrès de la sidérurgie augmentent la robustesse des armures, ainsi que la puissance de l’arbalète avec la conception de l’arc en acier au début du XIVème siècle, remplaçant progressivement les arcs en bois et les arcs en composites. Un mécanisme coûteux et complexe doté d’un temps de rechargement de plus en plus long de 2 - 3 minutes comme le treuil et le cric ont également été inventées pour tendre l’arbalète.

Les Italiens se démarquent dans la conception d’arbalète spécifiquement efficace. Un tir peut atteindre jusqu’à 350 km/h. Le cranequin est une arbalète à pied, cependant le terme a fini par nommer également le mécanisme spécifique destiné à le tendre. Afin de lever l’ambiguïté, l’arbalète a été renommée cric d’arbalète, terme malencontreusement utilisé aujourd’hui alors qu’il paraît ne désigner qu’une partie de l’arme.

Comme les arcs, les arbalètes ont quasiment disparu quand les armes à feu, plus facile à utiliser, nécessitant peu d’entraînement, et également moins chères deviennent l’équipement de base du soldat.

Caractéristiques et Types d'Arbalètes

Les différents types d'arbalètes se caractérisent par le mécanisme utilisé pour bander l'arc : à la main, à pied de biche, à tour ou à cry. Les premières arbalètes se bandaient à la main à l'aide d'un étrier et d'un crochet attaché à la ceinture. Les arbalètes à pied de biche étaient plutôt utilisées par des cavaliers. Des mécanismes plus sophistiqués permettaient une plus grande puissance mais alourdissaient l'arme.

Portée et Efficacité de l'Arbalète

Très puissante et précise, c'était une arme très meurtrière. Sa portée pouvait aller jusqu'à 150 mètres. Ses défauts étaient son poids et sa cadence de tir (2 carreaux par minute contre 12 flèches pour un bon archer). Lorsqu'on plonge dans l'univers des arbalètes, la question cruciale qui se pose est celle de la distance de tir. Choisir la bonne arme dépend de divers facteurs, notamment de la portée spécifique à chaque modèle.

Les pistolets arbalètes, avec une puissance de 50 à 80 livres, offrent une portée de tir allant de 10 à 20 mètres. Les arbalètes recurve, plus puissantes avec une force de 150 à 175 livres, étendent la portée à 25-40 mètres. Les arbalètes à poulies, avec une vitesse en dessous de 400 FPS, repoussent les limites avec une portée de 40 à 70 mètres. Les arbalètes à poulies dépassant les 400 FPS repoussent les frontières avec une portée pouvant atteindre jusqu'à 100 mètres, voire 125 mètres pour des modèles à 500 FPS.

Arbalètes à Répétition

Les arbalètes, et plus particulièrement les arbalètes à répétition, sont des pièces d’ingénierie fascinantes. Une arbalète à répétition se distingue par sa capacité à tirer plusieurs traits ou carreaux sans nécessiter un rechargement entre chaque tir. L’arbalète à répétition est une prouesse technique considérable pour son époque.

Au Moyen Âge, l’utilisation des arbalètes à répétition était surtout réservée aux armées bien équipées et aux troupes spécialisées. En effet, leur fabrication sophistiquée et coûteuse en faisait des armes rares mais redoutables sur le champ de bataille. De nos jours, l’arbalète à répétition a trouvé sa place principalement dans les loisirs et les sports de tir. Les passionnés apprécient la rapidité et la précision offertes par ces anciennes technologies réinventées avec des matériaux modernes.

Le principe mécanique crucial repose sur un levier combiné à un système de poulies ou de ressorts. Ce levier permet de bander la corde et de charger simultanément un nouveau trait ou carreau dans la rainure. Les arbalètes classiques nécessitent une manipulation manuelle complète après chaque tir : repositionner la corde, placer un nouveau carreau, puis viser avant de tirer. Ce modèle utilise un levier mécanique simple pour recharger et bander rapidement la corde.

Arbalète vs Arc

À l'inverse des arcs qui demandent plus de pratique pour atteindre une précision optimale, l'arbalète, avec sa modernité et sa facilité d'utilisation, attire les novices par sa simplicité. Elle offre un tir puissant, une portée étendue et une précision accrue grâce à des mécanismes tels que le viseur et le rail de guidage. Parfaite pour la chasse et le tir sportif, elle permet d'atteindre des cibles à longue distance avec facilité.

Traditionnels et utilisés depuis des millénaires, les arcs offrent une expérience classique et proche de la nature.

Tableau Comparatif des Portées des Arbalètes

Type d'Arbalète Puissance Portée de Tir
Pistolets Arbalètes 50 à 80 livres 10 à 20 mètres
Arbalètes Recurve 150 à 175 livres 25 à 40 mètres
Arbalètes à Poulies (< 400 FPS) Variable 40 à 70 mètres
Arbalètes à Poulies (> 400 FPS) Variable 100 à 125 mètres

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