Le Service des Statistiques du ministère de l’Intérieur (SSMI) a communiqué les statistiques de la délinquance pour 2024. Ces données et leurs commentaires ne concernent que les infractions commises en France métropolitaine.
La rubrique « homicides réalisés » comptabilise, pour l’année 2024, un total de 980 faits. On en avait comptabilisé 816 en 2020, 881 en 2021, 959 en 2022 et 1010 en 2023. Si la progression a donc été stoppée en 2024, le chiffre global reste important, puisque environ trois homicides sont désormais commis chaque jour en France. Cette légère amélioration constatée en 2024 (30 faits en moins), est-elle significative ou bien imputable à la trêve entre clans rivaux à Marseille ou encore - à tout seigneur tout honneur - à une meilleure réactivité des services de secours ?
La Guadeloupe affiche un taux d’homicide de 9,4 pour 100 000 habitants, juste derrière la Guyane, mais très loin devant le 2,2 de l’Hexagone. Un triste palmarès qui cache une autre réalité, tout aussi déprimante, celle des personnes blessées par armes à feu et armes blanches. À travers sa thèse de médecine portée sur les victimes d'agressions par armes à feu et armes blanches admises au CHU de Guadeloupe, Marie Pasquette révèle ces tristes chiffres. La très large majorité des 1413 patients retenus sont des hommes, âgés en moyenne de 30 ans.
Mis à part la diminution (minime) des homicides, les seules rubriques en baisse sont celles relatives aux vols avec violences sans armes (- 11%), les vols sans violences (- 5%), et les destructions et dégradations volontaires (- 4%), ce qui confirme l’évolution déjà constatée en 2023.
Pour la quatrième année consécutive, le bilan de la délinquance est franchement mauvais, l’augmentation des faits constatés les plus graves se poursuivant inexorablement. Ce n’est plus, désormais, un phénomène ponctuel. Il est intéressant de noter que les délinquants étrangers sont largement surreprésentés dans certaines rubriques relevant de la « petite » délinquance : ils représentent 39% dans les vols de véhicules, 38% dans les cambriolages et 30% dans les vols avec violences sans armes (alors qu’ils ne constituent que 8% de la population). Manière, sans doute, de « faire ses classes » quand on ne dispose pas du savoir-faire et des relations qui permettent de passer à des formes de délinquance mieux organisées et plus lucratives.
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En France, tuer par arme blanche est le mode opératoire le plus fréquent. Le taux d'homicides par arme blanche diffère en fonction des départements français. Selon le document consulté, les homicides par arme blanche sont principalement commis dans un contexte d'altercation entre connaissances. Viennent ensuite ceux qui se produisent dans la sphère familiale (35%) et plus spécifiquement dans le couple (22%). Par ailleurs, depuis 2019 la totalité des actes terroristes ont été commis à l'aide d'une arme blanche et 58% des homicides liés aux rivalités entre bandes.
Concernant le profil des victimes, elles sont plutôt jeunes (38 ans en moyenne) et sont connues des services de police dans 46% des cas. Les mis en cause pour homicide par arme blanche sont de leur côté majoritairement des hommes (87% des cas) plutôt jeunes (33 ans en moyenne). Selon le dernier rapport de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, en 2020, on dénombrait 120 attaques au couteau par jour en France. Pour lutter contre ce type d'homicide, la justice expérimente en ce moment l'amende forfaitaire pour sanctionner le porte d'arme de catégorie D, soit les armes blanches : 500 euros d'amende (ou 400 euros si le contrevenant paie tout de suite). En cas d'amende, les couteaux sont saisis et détruits. La phase d'expérimentation est en cours à Bobigny, Bordeaux, Lille, Lyon et à Paris, avec un "premier bilan" prévu au mois de juin.
Selon la presse quotidienne régionale, les tragédies s'enchaînent. À Châteauroux, en avril 2024, où Matisse, 15 ans, a été poignardé à mort en pleine rue par un jeune du même âge. En novembre 2023 à Crépol, un bal avait viré au drame avec la mort de Thomas, 16 ans, tué à l'arme blanche. Le 10 avril dernier, à Bordeaux, un demandeur d'asile afghan, qui reprochait à deux Algériens de boire de l'alcool le jour de l'Aïd el-Fitr, les a poignardés, tuant l'un d'eux. Ces violences dites « non crapuleuses » ont augmenté de 20,21 % en 2020 par rapport à l'année précédente.
Si les services de police et de gendarmerie ont du mal à les quantifier précisément -seuls les vols qui donnent lieu à l'utilisation de ce type d'arme ont droit à une comptabilisation spécifique- les résultats de la dernière étude de 2020 de l'observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) sont édifiants. Elle rappelle d'ailleurs que l'ONDPR a été supprimé en 2020. Son activité sera reprise par l'Insee et les ministères de l'intérieur et de la justice, sans certitudes sur l'efficacité d'une telle suppression. Ce chiffre correspond à 37 % des 118 000 personnes ayant déclaré, chaque année en moyenne, avoir subi des violences physiques de la part d'une personne ne vivant pas avec elles au moment des faits. Il s'agit tout simplement d'agressions dans l'espace public, que ce soit dans la rue, à la sortie d'une boîte de nuit, au travail ou encore à l'école. Il place en tout cas les agressions au couteau en première position, devant les agressions avec une arme par destination (34 %), à savoir un objet contondant, un bâton ou encore une pierre, celles avec un autre type d'armes, comme une matraque ou une bombe lacrymogène (20 %), et celles par armes à feu (9 %).
Pour toutes ces raisons, elle souhaiterait obtenir davantage d'informations et d'analyses sur ces attaques à l'arme blanche et sur les agresseurs sous forme d'une cartographie détaillée et précise. Il semblerait qu'il faille également étoffer cette cartographie en y ajoutant le profil des agresseurs (âge, nationalité, motifs, antécédents judiciaires et psychologiques) et des victimes (âge, nationalité, relations avec l'agresseur) afin de pouvoir établir un plan d'actions et éviter que ces attaques se poursuivent et se multiplient. La représentation nationale doit connaître précisément quelle est la cartographie de cette violence pour en tirer les enseignements.
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Le patron des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déploré le fait que la France soit "l'un des pays les plus violents d'Europe".
Globalement, Laurent Wauquiez dit vrai, la France fait en effet partie des pays les plus violents d'Europe, selon les dernières données disponibles sur Eurostat, le service de statistiques de la Commission européenne. Cela fait dix ans qu'elle est sur le podium et, en 2022, la France était même le pays où le plus d'actes violents ont été enregistrés par les forces de l'ordre. La France est le deuxième pays où il y a eu le plus d'infractions - près de 2,9 millions - en valeur absolue et le septième pays si l'on rapporte ces infractions au nombre d'habitants.
Après addition de ces faits, la France arrive en tête du classement des pays qui ont recensé le plus de faits de violences en 2022, aussi bien en valeur absolue - 650 000 actes - qu'en proportion du nombre d'habitants - près de 1 000 actes violents pour 100 000 habitants. Elle reste en tête si l'on ne compte que les violences physiques et non sexuelles.
De ce point de vue, la France se classe à la dixième place des pays avec le taux d'homicides par habitants le plus fort et est juste un peu au-dessus la moyenne européenne.
En revanche, le député LR de Haute-Loire se trompe sur les violences par armes à feu. En réalité, il existe peu de comparaisons européennes détaillées des violences selon le type d'armes utilisées et, surtout, les données sont très mal consolidées pour la France. Notre pays n'est même pas véritablement classé dans la dernière étude qui fait référence sur le sujet, réalisé par le Conseil suédois pour la prévention des crimes (Brå) et qui a conclu en 2021 que la Suède était le pays d'Europe où il y avait le plus d'homicides par armes à feu.
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Les dernières données disponibles sur la violence par armes à feu en France se trouvent dans un rapport de l'Institut flamand pour la Paix mais ne vont que jusqu'à 2014. Cette étude montre que le taux d'homicides par arme à feu a diminué en France entre 2000 et 2014, passant de 0,6 meurtres par arme à feu pour 100 000 habitants en 2000 à près de 0,2 en 2014. La France se situait à la 21e place dans le classement sur 32 pays recensés dans le rapport.
Infraction | Chiffres |
---|---|
Homicides (2024) | 980 |
Homicides (2023) | 1010 |
Attaques au couteau (par jour en 2020) | 120 |
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