Les fusillades aux États-Unis entretiennent systématiquement le débat sur le droit de posséder et de porter une arme à feu, et soulèvent la question de sa légitimité. Parvenir à lutter contre les armes à feu est un défi crucial aux États-Unis qui ne cesse de bouleverser la scène internationale.
Aux Etats-Unis, le port d’arme est d’abord réglementé au niveau fédéral, puis par chaque état. Chaque État a une législation différente sur le sujet, et les lois valables chez certains d’entre eux ne traversent pas les frontières des autres. Ce texte a donné lieu à maintes controverses sur son interprétation, et les pontes en robe longue de la Cour Suprême ont eu des difficultés à énoncer une règle d’application claire et uniforme.
Le droit d’accéder aux armes à feu est un droit constitutionnel. Il est en effet garanti par le Second amendement (ratifié en 1791) qui défend le droit de détenir et de porter des armes.
La Cour Suprême a décidé qu’« un particulier peut posséder une arme à feu ; mais que ce droit n’est valable que pour se défendre ». Que les nerveux ne dégainent pas trop vite, posséder une arme ne signifie pas qu’ils peuvent se balader avec une carabine dans le coffre, ou sortir leur colt pour un duel sur le bas côté de la route.
Chaque Etat a ses propres lois sur le port d’armes, et décide s’il est nécessaire d’avoir un permis pour en porter et en utiliser une. Un permis est nécessaire, mais il est délivré par l’autorité locale (shérif ou police), et à leur totale discrétion. Le permis est ensuite délivré par le « Florida Department of Agriculture and Consumer Services » en Floride, est valable 7 ans et coûte environ 120$.
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En voiture ? En Floride, montrer son arme en public sans raison légitime équivaut à une agression à main armée, passible d’une peine de 3 ans d’emprisonnement. Ces utilisations « justifiées » d’une arme doivent toutefois être motivées par la crainte d’un danger imminent, d’une violence infligée qui serait susceptible d’entraîner la mort ou de sérieux préjudices corporels.
Chaque mois, les États-Unis sont endeuillés par de nouvelles fusillades. Ce terme de « fusillades de masse » (mass shootings en anglais) désigne des tueries faisant au moins quatre victimes, mortes ou blessées. D’après un rapport publié en septembre 2022 par Gun Violence Archive, les victimes ont atteint un total de 1 420 depuis le 1er janvier 2022, dont 293 morts et 1 127 blessés.
Mais ces mass shootings ne sont que la partie visible du chaos engendré par les armes à feu. En effet, bien que les fusillades de masse dans les écoles/supermarchés/églises attirent davantage l’attention des médias, les dégâts causés par les armes à feu sont bien plus nombreux au sein des foyers et des maisons. Au cours des 145 premiers jours de 2022, les États-Unis ont connu 213 fusillades de masse.
Ce sont les fusillades de masse qui nous choquent le plus. Ce sont donc elles que tu peux utiliser comme exemples marquants. Le 14 mai, le pays a été secoué par la tuerie de Buffalo. Dix personnes, dont une majorité d’Afro-Américains, ont été abattues par un jeune suprématiste blanc de 18 ans. Pour rappel, le suprémacisme blanc est une idéologie raciste consistant à prôner la supériorité de la « race blanche » sur les autres.
N.B. Le 24 mai, un autre jeune de 18 ans a tué 21 personnes (dont 19 enfants) dans une école d’Uvalde au Texas. Le mois de juin a lui aussi été tragique. Le 1er juin, un homme d’une trentaine d’années a tué au moins quatre personnes dans un hôpital de Tulsa, dans l’Oklahoma. Le 9, une autre tuerie a provoqué la mort de trois personnes à Smithburg dans le Maryland.
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Les États-Unis assistent tout de même à une vague de criminalité particulièrement importante depuis plusieurs années.
Certains affirment même que cette relation singulière que les États-Unis tiennent vis-à-vis des armes à feu relève d’une forme sombre de l’exceptionnalisme américain.
La première est d’appliquer des « buyback programs ». C’est-à-dire des programmes destinés à racheter les armes qui sont actuellement en circulation aux États-Unis. Cela permettrait de diminuer le nombre d’armes à feu disponibles et ainsi de faciliter leur contrôle. Cette mesure a notamment été mise en place en 1996 par le Premier ministre australien John Howard et elle est au cœur du National Firearms Agreement.
La seconde est de vérifier plus efficacement les antécédents (Effective background checks) pour résoudre l’une des grandes failles du système américain, souvent appelée « three-day loophole ». Pour l’expliquer rapidement : actuellement, les antécédents de toute personne souhaitant acheter une arme doivent être vérifiés sous un délai de trois jours pour que cette personne soit autorisée ou non à l’acheter. Cependant, si les services américains ne réussissent pas à traiter un dossier sous un délai de trois jours, l’individu peut acheter l’arme (quel que soit son profil).
Le bilan au sujet des armes à feu est dans l’immédiat assez décevant.
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Descendre dans les rues pour lutter contre les armes à feu, c’était le projet des manifestations « March for Our Lives » qui se sont déroulées en 2018, en réaction à la fusillade de Parkland. Ce mouvement a été amplifié sur les réseaux sociaux grâce à des hashtags tels que #NeverAgain, #MarchForOurLives, #WhatIf et #IWillMarch. Le mouvement « March for Our Lives » a bel et bien eu un impact. N.B. L’heure est grave et les fusillades qui se sont produites en 2022 aux États-Unis sont une piqûre de rappel.
C'est une décision qui relance le débat sur la détention des armes à feu aux États-Unis. Un juge fédéral a invalidé une loi qui interdit depuis plus d'un demi-siècle aux armuriers agréés de vendre des pistolets aux jeunes Américains de moins de 21 ans. Ces armes de type AR-15, au cœur de nombreux bains de sang, n'étaient pas fréquentes en 1968, quand les parlementaires avaient adopté une loi pour interdire aux armuriers de vendre des armes de poing aux jeunes de 18 à 21 ans au motif qu'ils commettent plus de crimes que les plus vieux.
Depuis, les jeunes Américains peuvent se procurer revolvers et pistolets lors de ventes privées, dans des salons ou par l'entremise de leurs parents, mais pas dans des commerces ayant une licence fédérale, où ils peuvent en revanche acheter toutes sortes de fusils.
Mercredi, le juge fédéral Robert Payne, qui siège en Virginie, a jugé qu'un arrêt rendu en juin par la Cour suprême des États-Unis avait changé la donne. La Haute Cour, à majorité conservatrice, a estimé que la Constitution protégeait le droit des Américains à porter une arme hors de leur domicile et a jugé que les seules restrictions possibles devaient s'inscrire dans l'histoire du pays.
Pour le juge Robert Payne, ce n'est pas le cas ici : « La loi et ses décrets d'application ne sont pas cohérents avec l'histoire et les traditions de notre nation, et ne peuvent donc pas tenir », écrit-il dans sa décision de 71 pages.
« Les jeunes de 18 à 20 ans commettent des homicides avec des armes à feu à un taux trois fois plus élevé que les adultes de plus de 21 ans », a noté dans un communiqué une de ses responsables, Janet Carter, pour qui le jugement « va sans aucun doute mettre des vies en danger ».
Les enfants de moins de 10 ans pourront dès samedi partir à la chasse dûment équipés de leur arme à feu dans les campagnes du Wisconsin . Une promotion des traditions de chasse, selon le lobby des armes. La nouvelle loi - l'une des plus permissives des Etats-Unis - a été promulguée le week-end dernier par le gouverneur républicain de cet état rural du nord des Etats-Unis, Scott Walker.
De nombreux Etats fédérés autorisent les enfants à chasser sous la supervision d'un adulte, mais la plupart exigent qu'un enfant ait au moins douze ans pour pouvoir abattre du gros gibier. La nouvelle législation du Wisconsin supprime la limite d'âge qui était de 10 ans, autorisant ainsi n'importe quel enfant à porter une arme de chasse s'il est accompagné par un chasseur adulte aguerri.
Le très puissant lobby des armes à feu NRA et l'association régionale des chasseurs d'ours ont promu cette loi, y voyant un excellent moyen de transmettre les traditions de chasse familiales.
"J'ai une fille de 14 ans qui m'a accompagné à la chasse depuis qu'elle était dans un siège de voiture pour enfant", a affirmé Rob Stafsholt, un élu co-auteur du projet de loi. "J'ai appris à manipuler le fusil que j'avais entre les mains en toute sécurité en observant les gens qui m'ont appris" à chasser, a-t-il ajouté.
Les opposants à la loi ont jugé qu'un enfant de moins de 10 ans n'était tout simplement pas capable de manipuler une arme à feu sans danger pour lui ou autrui.
Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir sur la question des armes à feu. Le climat de violence qui pèse actuellement sur le pays ne cesse de plonger de nombreux concitoyens dans l’inquiétude. Reste à voir quels efforts seront faits dans les mois à venir pour lutter contre cette violence.
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