C'est l'histoire chronologique de la France et de lArtois actuelle, région où se situe le village de Norrent-Fontes. Ce sont les petites choses de la grande Histoire, la précédente, celle qui prend un grand « H ». C'est l'Histoire vue par le petit bout de la lorgnette, constituée par les évènements du passé survenus dans notre village, tels que nos ancêtres Norrent-Fontois les ont vécus au fil des siècles. Ces faits n'ont laissé aucune trace dans l'Histoire, et pourtant ils sont avérés. Leur intérêt est essentiellement sociologique : comment vivaient les personnes qui nous ont précédé sur le terroir qui est aujourd'hui le nôtre ?
Dans ses différents ouvrages Me André Bavière préface ainsi: « Norrent-Fontes mon village. Dans ce recueil, jai réuni pèle mêle tous les renseignements que jai pu trouver concernant notre village. Je ne réponds pas toujours de lexactitude des faits rapportés, mais néanmoins je crois faire uvre utile en faisant connaitre mon village. Certes, en ce début de vingt-et-unième siècle, le village de Norrent-Fontes n'offre toujours rien de particulièrement curieux ! Rien en tout cas qui puisse se faire déplacer les foules.
Cest le récit d'aventures réelles ou imaginaires vécues par quelques Norrent-Fontois du temps jadis, en marge et au cur de l'Histoire de France. Le cadre de vie des personnages et les murs de la société villageoise évoqués dans ces portraits sont conformes à ce que l'on sait de l'époque dans laquelle ils sont situés. Ce savoir n'est pas inné, bien sûr, et provient de la lecture de divers ouvrages d'histoire générale.
Il était une fois... Privée de ses archives détruites en 1940 lors de loccupation allemande, notre commune reste orpheline de son passé. Outre les écrits de Me André Bavière, seuls les témoignages oraux et la mémoire locale subsistent. Cest donc munis de ces quelques éléments, que je vous propose de voyager dans le temps et de mener lenquête passionnante, qui danecdotes en recoupements nous amèneront à mieux découvrir et comprendre le passé de notre commune.
Nous croisons au quotidien, dans les lieux les plus familiers, une multitude d'indices, que souvent nous ne voyons pas, mais qui peuvent nous révéler les différentes étapes de l'histoire de notre village et de l'habitat qu'il abrite.
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Les premières traces doccupation humaine du secteur remontent à l'époque gallo-romaine (- 52 avant J.C. à 86 après J.C.). A cette époque, deux toponymies apparaissent: « Norremum » et « Fontenes » pour Fontaines. Au Xe siècle, sous l'empire des Francs, cette dénomination devient « Norhem » de « Nor » et « Hem » signifiant « Maison du Nord ». Le Chevalier de Beaulieu, sur sa carte note, Fontaine au Rang. « Rang » vient de Rin signifiant canal ou « Tringue », tranchée d'assèchement consolidée par des branchages. Norrent, en latin Norremum, est nommé Norrem en 1211 et Norenc en 1240 dans une donation à labbaye de Mont-St.Martin. Le hameau de Fontes est connu sous le nom de, Ad fondenis, dans la donation dAdroald [1] à St. Malbrancq [2] rapporte quau XVIIe siècle on trouva sur le territoire, proche de la voie romaine (chaussée Brunehaut), un sarcophage de pierre blanche, avec un vase de forme ronde scellé au plomb, et des lacrymatoires de verre mêlés aux ossements.
A Norrent-Fontes, cest à Waringhem (actuellement SCI de Waringhem, Pruvost Leroy) que les traces humaines les plus anciennes sont remarquées. Les fouilles archéologiques, sur ce site protohistorique considéré comme unique au Nord de la France, dégagèrent un très riche dépotoir de céramiques et tessons de lépoque du Hallstatt (VIème siècle avant J.-C.) ainsi que des zones de fours. Dautres fouilles de lendroit, révélèrent un alésoir en silex, des poids de tisserand, des objets et poteries dépoque Gallo-romaine et Carolingienne, des ossements danimaux et un squelette humain dont la tête reposait sur un coussin de pierre calcaire. Plus récemment lendroit était nommé « le moulin de Waringhem ».
En effet, adossé à lhabitation, lon pouvait encore apercevoir, jusque la fin du siècle dernier, les vestiges de la roue à aube, les ouvrages du déversoir et des vannes de régulation. Dépendant de la seigneurie de Waringhem, baillage de Lillers et du Comte de Saint Pol sur Ternoise, le moulin connut de nombreux meuniers. (1739 Jean Beauvois, 1745 Jacques Joseph Beauvoix, 1758 Jacques Beauvoix, 1785 Pierre Antoine Beauvoix, 1820 Amand Fidel Duquesne, 1854 Jean Charles Constant Barbier, Hyacinthe Duval, etc. Me André Bavière, dans ses écrits, note que ce moulin fonctionnait encore pendant la guerre 1914 - 1918.
Gardons à lesprit quelques détails qui nous aiderons mieux cartographier le paysage de ces époques reculées. Le moulin se trouvait à égale distance du château de Malanoy (Bourecq) et celui de Norrent. La portion actuelle de la départementale 943, qui relie le rond-point de Norrent-Fontes au Plantin, nexistait pas. La route nationale passait alors par Saint Hilaire.
Sous lancien régime Norrent-Fontes faisait partie de lArtois et dépendait du canton de Liettres. En 1985, le canton de Norrent-Fontes se divise en deux et regroupe 18 communes, Auchel devient alors, le second Chef-lieu de canton. Le Décret du 24 février 2014 portant sur la délimitation des cantons dans le département du Pas-de-Calais redessine la carte des cantons du Pas-de-Calais. Norrent-Fontes intègre alors le canton de Lillers.
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Ce petit rappel politique, nous permet de mieux mesurer limportance économique et administrative de notre commune. Lieu de passage obligatoire, la nationale 43 se doit donc, dêtre la vitrine du village quelle traverse. Large et pavée, elle se borde de constructions dites « en dur ». La bourgeoisie locale, les notables, les artisans, commerçants, administrations et les importantes exploitations agricoles, sétablissent le long de la route royale.
Les bâtiments en bois, torchis et paillottis considérés comme insalubres, fragiles et inflammables sont interdits dès le XVIe siècle . Le grès, la pierre calcaire ou la brique seront les principaux matériaux utilisés. Comme nous le rencontrerons plus tard, à Norrent-Fontes afin de répondre aux exigences, certaines maisons ne possèdent que la façade et les pignons en « dur », larrière saccommodant du torchis.
À partir du rond-point installé en 2013 poursuivons notre découverte. A gauche au N° 6 (siège Sarl occasion 2000), au siècle dernier certains se souviendront du garage automobile André Lichtevoet, de sa vitrine dexposition et ses pompes à essence avec Gaston pour vous servir. N° 11. Le rouge barre est un appareillage de pierres blanches et de briques liées à la chaux (appelé aussi lardé), spécifique au Nord et en usage du XVIIe au XIXe siècle. Au n°2, à langle de la rue de léglise et de la route nationale, aujourdhui à usage dhabitation, dans cette maison y exerçaient successivement, Me Masquelier Huissier de justice puis Mme Mahieu Masseur kinésithérapeute. Cest au n° 29, quétait implantée la première gendarmerie connue dans la commune. En face au n° 26, se trouvait «lAuberge de la porte dor », dont une partie du bâtiment de façade est aujourdhui décapitée. Plus une légende quun fait avéré, Napoléon y aurait séjourné.
Certains se souviendront quau siècle dernier le n° 30, hébergeait la perception et au n° 32 le « BAR » (bar à hôtesses). Au n° 34, tandis que Mme Flageolet, tenait un commerce son mari exerçait la profession de peintre. Cest également là que sétablira à la suite, M Jean-Yves Pouille artisan peintre vitrier. Au n°38, M Michel Lichtevoet artisan électricien, installait son magasin délectroménager à lemplacement de la ferme et dépendances du château ». Dans les années 70, dans le dit « château », au n°40 M Josse dOrgeville exploitait quant à lui, le plus important élevage dEurope de Chinchillas (800 spécimens). Lentreprise familiale fût à maintes reprises remarquée et titrée, lors de concours internationaux.
Au n°39, les deux habitations privées, furent rapidement transformées en trois en locaux commerciaux.
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Au n°41 cest en 1970, que M. et Mme Hochart, délocalisent leur magasin Nel-Fleur, de la rue Jules Ferry pour sinstaller route nationale, dans leur nouveau bâtiment à larchitecture atypique et avant-gardiste, pour lépoque. En face au n°42, le (château) de M Lecocq, puis des demoiselles Mullet, aujourdhui M Vidocq, côtoie le collège Bernard Chochoy.
Le C.O.D. devient C.E.G. puis le collège Bernard Chochoy. Afin de pallier à la poursuite des études secondaires après lobtention du certificat détude, en 1964 lancêtre du collège, le COD (Groupement dObservation Dispersée) ouvrait ses portes, route nationale à Norrent-Fontes. Cet ensemble de salles de classe, composé de bâtiments préfabriqués, deviendra à la rentrée 1969/1970 CEG (Collège d'Enseignement Général). La vétusté, la rusticité des locaux, le manque despaces et de structures imposèrent, la construction de nouveaux bâtiments en dur. Cest en 1984, quest inauguré le collège Bernard Chochoy, dune capacité daccueil de 600 élèves (de la sixième à la troisième). Nous nous souviendrons peut-être, quà lemplacement de la cantine et des cuisines actuelles se trouvait à lépoque du collège, le terrain de football, de la commune.
Originaire de la Seine Maritime, M Claude Poëtte, pharmacien installé depuis 1952 au N° 249 rue Principale à Saint-Hilaire Cottes, transporte son officine en 1968, au N° 49, route Nationale à Norrent-Fontes. A son décès (1988), se succéderont : MM Dauchy, Patalas & Asseman. Président de lAmicale des Donneurs de Sang, M C. Poëtte a beaucoup uvré pour la mise en place de la plasmaphérèse*.
*La plasmaphérèse, est le prélèvement du plasma qui est séparé des autres éléments sanguins.
Monument taillé dans la pierre, son caractère sacré saffirme, non seulement par les sacrifices quil commémore, mais par le défi au temps quil représente, il se veut immortel, mémoriel et comme tout souvenir, éternel. Ce cénotaphe, réalisé pour un montant de 8100 frs, par M Ernest Rabischon, marbrier à Aire sur la Lys, forme une colonne quadrangulaire au chapiteau à volute. La façade est ornée dune couronne végétale (dite civique), de feuilles de laurier tressées, elle suggère la gloire éternelle, dune palme, symbole de la victoire et du sacrifice, dun canon, signe de morts, qui rappelle lhorreur de la guerre, dune croix de guerre qui incarne les actes de bravoure et dhéroïsme et du drapeau en berne en signe de deuil. Lépitaphe, « 1914-1919 la commune de Norrent-Fontes à ses enfants morts pour la France » surplombe le tout. Cinquante et un noms de soldats sont cités pour le conflit 14/18. Ont été ajoutés les quatre autres soldats et quatre victimes civiles tombés pour celui de 39/45.
Limplantation des monuments aux morts sur tout le territoire français intervient, rappelons-le, quinze ans à peine après la loi (1905) de séparation de lEglise et lEtat. Par la loi de finances de 1920, lEtat subventionne la construction de ces monuments commémoratifs, à condition quils ne se rattachent à aucun culte. Comme dans la majorité des communes un deuxième monument aux morts est érigé dans léglise, pour recenser les paroissiens tombés aux combats.
Les bâtiments de lactuel « Ecole Michel de Montaigne », jadis école des filles et école des garçons, résultent dune réflexion du conseil municipale du 4 novembre 1905.Le projet est évalué à 56 000fr. (6200fr dacquisition du terrain, 47800fr duvre, 2000fr de mobilier scolaire). En effet, lancienne école, située sur la place de Norrent vieillit mal. Ses bâtiments devenus trop exigus, insalubres et bas, sont dépourvus de cour de récréation de latrines et urinoirs. De plus lécole qui est entourée de cabarets (lun deux se situe parallèlement à quatre mètres), doit partager le bâtiment avec la mairie et le prétoire de la justice de paix, installés au premier étage (ce qui cause bruits et troubles, les jours daudience).
Sur une superficie de 53 ares, lensemble des bâtiments sorganise ainsi : quatre salles de classe, dune superficie de 58 m² et de 4 m de hauteur sous plafond. (2 pour chaque sexe). Les salles sont éclairées de 6 grandes baies opposées 2 à 2, pavées en carreaux de céramiques et la partie inférieure des murs recouverte dun enduit ciment. Chaque école disposera dune cour de 600 m² dotée dun préau de 46 m² et dun jardin denviron 8 ares. Les privés et urinoirs (6 pour les filles, 4 pour les garçons et 2 pour les enseignants) sont situés à 15m des classes pour une surveillance aisée. En bordure de la Nationale limmeuble se divise en quatre logements. Les deux logements centraux seront affectés, lun au directeur de lécole des garçons, lautre à la directrice de lécole des filles. (La mixité en France commencera à se généraliser dans les années 1960). Sy dérouleront également les conseils de révision : Conseils chargés dexaminer dans chaque canton, lors du recrutement, si les jeunes gens appelés, sont aptes au service militaire. La formule « Bon pour le service » occasionnait un cérémonial plus ou moins poussé.
Toujours dans les années 1960, le docteur Jean Duhamel édifie et établit son cabinet au N° 46. A la retraite, il quitte Norrent-Fontes et met son habitation et cabinet en vente.
La station de métro (ligne A), et l'amphithéâtre de Rennes portent également son nom.
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