Ancêtre direct de la pétanque, le jeu provençal - aussi appelé “la longue” - propose une version plus ample, plus physique et plus stratégique du jeu de boules. Si tout le monde (ou presque) connaît la pétanque, le jeu provençal conserve un parfum d’authenticité.
Le jeu provençal s’enracine au XIXe siècle dans le sud de la France. On le pratique alors sous le nom de “la longue”, en référence aux distances de tir et de point nettement supérieures à celles de la pétanque moderne.
Au début du XXe siècle, des joueurs de La Ciotat, limités physiquement, auraient codifié une variante statique depuis un cercle : la pétanque (“pèd tanca”, pieds tanqués). Dès lors, les deux disciplines suivent des trajectoires parallèles : la pétanque se mondialise, tandis que le jeu provençal reste un marqueur culturel fort de la Provence, avec ses concours emblématiques et ses adeptes passionnés.
Né en Provence, il a façonné les gestes, le vocabulaire et l’esprit qui donneront plus tard naissance à la pétanque. On y retrouve le même objectif, placer ses boules plus près du but (“cochonnet”) que l’adversaire, mais les distances, la gestuelle et le rythme de jeu changent tout. En clair : c’est la pétanque… en version longue et plus sportive.
Le but est lancé entre 15 et 20 mètres (contre 6 à 10 m en pétanque). Les emplacements de jeu sont plus vastes, modulés en longueur, et demandent une lecture de terrain plus fine (reliefs, dureté, zones de freinage).
Les parties sont plus longues et plus exigeantes. On marche davantage, on répète des lancers avec élan, on gère la fatigue et la concentration sur la durée.
La signature du jeu provençal, c’est l’élan de trois pas pour tirer. L’ensemble doit rester fluide : prise d’information, prise d’élan, pose du dernier appui, relâchement. Le bras du tireur accompagne plus longtemps, et la jambe avant sert de “frein” pour stabiliser le buste au moment du lâcher de boule.
Le joueur doit impérativement sortir un pied du cercle pour pointer en effectuant un pas dans la direction choisie (le plus souvent vers l’avant ou sur le côté). Il peut ensuite jouer sa boule de deux manières : soit en gardant les deux pieds au sol, avec l’un d’eux encore dans le cercle, soit en restant en équilibre sur une seule jambe, les deux pieds à l’extérieur après avoir relevé celui qui servait d’appui.
Le Jeu Provençal est une discipline codifiée de la FIPJP qui se distingue par ses distances et sa gestuelle.
Caractéristique | Jeu Provençal | Pétanque |
---|---|---|
Distance | 15-20 m | 6-10 m |
Posture | Élan de trois pas pour tirer et sortie d’un pied du cercle pour pointer | Jeu statique dans un cercle |
Techniques | Gestion de la portée, tenue de ligne et fatigue | Techniques similaires, mais adaptées aux distances plus courtes |
Durée des parties | Sensiblement plus longue | Plus courte |
Culture de jeu | Régionale, forte identité provençale | Très internationale |
Parmi les rendez-vous incontournables du Jeu Provençal, deux compétitions se distinguent par leur prestige et leur influence sur la discipline.
Le Super Challenge est un véritable circuit regroupant les meilleurs grands prix de Jeu Provençal, principalement en région PACA. Chaque club peut inscrire son concours au calendrier commun, ce qui permet aux joueurs de cumuler des points tout au long de la saison. Le classement ainsi établi débouche sur une grande finale, le Trophée des AS, où les meilleurs sont invités à s’affronter dans une ambiance conviviale, dotée et festive.
Le Provençal est une institution vieille de plus d’un siècle. Créé en 1908 à Marseille, il est considéré comme l’un des concours de Jeu Provençal les plus anciens et emblématiques d’Europe. Organisé durant une semaine estivale au Parc Borély, le tournoi rassemble annuellement plus de 700 équipes et attire jusqu’à 10 000 spectateurs. Véritable moment de tradition et de spectacle, Le Provençal incarne la passion et l’histoire du Jeu Provençal.
Le JP séduit par son équilibre entre tradition et intensité. Il exige une précision technique sur longue distance, une lecture fine du terrain et une gestion du corps dans l’espace.
Les formules autorisées sont strictes et les mêmes qu’à la pétanque : triplette (3 vs 3) avec 2 boules par joueur, doublette (2 vs 2) et individuel (1 vs 1) avec 3 boules par joueur.
Les boules contenant plomb, sable, mercure ou ayant subi certaines transformations sont interdites. Le marquage (marque du fabricant et poids) doit être gravé et lisible. Pour les minimes, des boules de 65 mm et 600 g sont autorisées sous conditions d’homologation.
Deux critères de choix doivent retenir l’attention sur les boules de jeu provençal.
Un terrain réglementaire mesure 24 mètres de long au minimum et 4 mètres de large (3,50 m tolérés en dehors des carrés d’honneur et certaines conditions). Les lignes de fond et certaines séparations sont considérées comme lignes de pertes selon le dispositif posé sur le terrain. Les distances et la configuration du terrain influencent fortement la stratégie de jeu au JP.
Le cercle de lancement doit permettre de poser entièrement les pieds des joueurs et mesurer entre 35 cm et 50 cm de diamètre (tolérance ±2 mm pour certains éléments). Le joueur qui lance le but doit avoir les deux pieds entièrement dans le cercle et faire obligatoirement un pas lors du lancer. L’équipe qui lance dispose de deux essais ; si elle échoue, l’autre équipe place le but dans des conditions réglementaires.
La distance du bord intérieur du cercle au but varie selon les catégories : pour les Juniors et Seniors elle doit être comprise entre 15 m et 20 m; pour les Cadets entre 13 m et 17 m; pour les Minimes entre 12 m et 15 m. Le but doit également être visible depuis le cercle et respecter des contraintes de dégagement par rapport aux obstacles et autres cercles.
Une partie se joue généralement en 13 points (possibilité de jouer à 11 points jusqu’aux quarts selon organisation). Le règlement prévoit aussi l’option du « point de mène » (un point supplémentaire attribué à l’équipe qui gagne la mène), sous réserve des limitations définies par la compétition (interdit lors des qualifications au Championnat de France). Les joueurs doivent respecter les temps impartis pour certains actes (par ex. délais pour lancer le but).
Pour pointer, le joueur démarre les pieds à l’intérieur du cercle, fait obligatoirement un pas sans sortir complètement le pied resté dans le cercle et peut ensuite soit jouer en appui sur une jambe (le pied quitté ne peut reposer au sol avant que la boule ait quitté la main), soit laisser les deux pieds au sol sans déplacer le pied resté dans le cercle.
Pour tirer, le joueur effectue obligatoirement trois pas et doit lâcher la boule au moment du troisième appui, au plus tard avant le quatrième. Des dispositions spécifiques existent pour les joueurs en fauteuil roulant et pour les unijambistes.
Les boules peuvent être contrôlées à tout moment par l’arbitre : une non-conformité entraîne exclusion ou obligation de remplacer la boule. Les réclamations relatives aux caractéristiques des boules doivent être formulées avant le début de la partie (certaines peuvent l’être entre deux mènes). Des sanctions et cartons sont prévus en cas d’infractions répétées (non-respect de l’emplacement du but, mauvaise tenue du cercle, etc.).