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Le rechargement de munitions est un art exigeant qui nécessite précision, patience et respect des règles de sécurité. Vous trouverez sur le Net des pages entières de forums consacrés à ce domaine, avec des « chapelles », des techniques, des « tutoriels » dont les chasseurs « branchés » (comme les faisans ?) peuvent s’inspirer. Sollicité de donner un humble avis par un lecteur du Sud-Ouest, je donnerai ma démarche et la solution trouvée, adossé à un texte, l’ouvrage du général Journée qui certes ne date pas d’hier, mais semble toujours plein de bon sens.

Plus une curiosité intellectuelle qu’un réel besoin, du genre « est-ce encore dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe » ? Bien sûr, on peut un moment hésiter avant d’entrer dans un débat sans fin susceptible à polémiques comme on le voit souvent ici, par exemple avec le 22 Long Rifle. Je n’ai pas du tout cherché à faire, de but en blanc, une cartouche puissante du type « qui peut le plus, peut le moins » (1) mais étais confronté à deux beaux juxtaposés stéphanois en 12 -16, chambrés 65, pas toujours faciles à nourrir.

Équipement Nécessaire

Avant de vous lancer dans l’aventure du rechargement, il est indispensable de vous équiper correctement. La presse est l’élément central de votre atelier. Pour les débutants, je recommande une presse monostation. Elle vous permettra d’apprendre les bases et de maîtriser chaque étape du processus. La précision est la clé d’un rechargement réussi.

Vous aurez besoin d’une balance de précision pour peser la poudre, d’un comparateur pour mesurer la longueur des cartouches, et d’un calibre à coulisse pour vérifier les dimensions des douilles. Assurez-vous toujours de la compatibilité de ces composants avec votre arme.

Préparation des Douilles

Le rechargement est un processus qui demande de la rigueur et de la concentration. Chaque étape est cruciale pour obtenir des munitions sûres et performantes. Tout commence par la préparation des douilles. Si vous utilisez des douilles usagées, nettoyez-les soigneusement et inspectez-les pour détecter d’éventuelles fissures ou déformations. Recalibrez-les si nécessaire.

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Désamorçage des Douilles

Plusieurs méthodes existent pour désamorcer les douilles usagées :

  • Artisanalement : À l’aide d’un pointeau ou d’un chasse-goupille suffisamment fin et solide, d’un petit marteau, ainsi que d’un boulon. Posez votre boulon sur une surface plate et stable, posez la douille sur le boulon, introduisez le pointeau dans la douille de manière à ce qu’il pénètre dans le trou qui laisse passer les étincelles de l’amorce, et donnez un coup sec sur votre pointeau ou chasse-goupille : l’amorce sera éjectée de son logement et tombera au centre du boulon.
  • À l’aide d’un désamorçeur manuel : C’est le même principe que le désamorçage manuel, mais à l’aide de 2 articles proposés principalement par la marque LEE sous la dénomination : DECAPPER BASE ou DECAPPING DIE.
  • Avec un outil à désamorcer universel : L’on peut désamorcer ses douilles usagées avec un outil à désamorcer universel qui sera vissé sur votre presse mono station (LEE-RCBS-DILLON-LYMAN-SHYNX-SINCLAIR-ETC…) ou grâce à votre outil à recalibrer (généralement appelé « outil N°1 » dans le cas des jeux d’outils dits à « 3 outils ») auquel est dans la majorité des cas combinée une aiguille de désamorçage : ainsi la douille est désamorcée et recalibrée simultanément.

Nettoyage des Douilles et des Logements d'Amorce

Après le désamorçage, il est crucial de nettoyer les douilles et leurs logements d'amorce. Ces résidus sont indésirables et doivent être éliminés à l’aide d’un « outil à nettoyer les logements d’amorce » aussi appelé en anglais : « Pocket Primer Cleaner » ou plus simplement « primer Cleaner ».

Méthodes de nettoyage :

  • Vous jetez vos douilles désamorcées (logement d’amorce nettoyé ou non, peu importe l’ordre dans lequel vous nettoyez la douille et/ou le logement d’amorce) dans un seau ou un lavabo, et vous les nettoyez comme si vous faisiez votre vaisselle, avec de l’eau et du produit-vaisselle.
  • Des appareils à ultrasons (appelés TURBO TUMBLER ou MEDIA) sont proposés par les armuriers ainsi que divers VéPéCistes en armes et munitions.

Une fois les douilles et logements d’amorces proprement nettoyés, il faut veiller à ce que les douilles soient séchées le mieux possible, en étant sûr à 100% qu’il n’y a plus une seule molécule d’eau dans le moindre recoin.

Recalibrage des Douilles

Lorsque vous tirez une cartouche neuve, de fortes pressions entrent en jeu, déformant la douille. Dans le cas des douilles à épaulement, la déformation peut atteindre plusieurs dixièmes de millimètres. Sans recalibrage, l’on risque de ne plus pouvoir introduire la cartouche dans l’arme ou d’avoir un incident de tir. Le recalibrage consiste donc en une action simple, mais qui ne peut se faire qu’à l’aide d’une presse à recharger.

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À l’aide d’une presse mono station ou automatique, l’outil à recalibrer (appelé « SIZER » ou « RESIZER ») sera vissé sur la presse selon la procédure indiquée par le fabriquant sur la notice de l’outil, la douille sera bloquée dans le « shell-holder » (support de douille) et en actionnant le levier de la presse, la douille sera introduite dans le recalibreur.

D’une autre part, il est fort probable que le recalibreur soit pourvu en son centre d’une tige de désamorçage sur laquelle se trouve une olive s’élargissant progressivement, qui redonnera au collet de la douille son diamètre original, suffisamment étroit pour permettre la réintroduction d’une nouvelle ogive ainsi que son maintien de manière fiable. Si l’on omet de recalibrer le collet d’une douille à épaulement, l’on risque de voir la nouvelle ogive tout simplement tomber dans la douille sur la poudre, ou être mal maintenue.

Etant donné que les douilles s’allongent à la suite du tir, il est impératif des les ramener à la bonne longueur au moyen d’un « case trimmer » qui est une fraise montée sur un bâti dont l’action s’exerce au niveau du collet de la douille.

Amorçage des Douilles

Ensuite, vous allez réamorcer vos douilles. C’est une opération délicate qui nécessite de la dextérité. L’amorçage est une opération qui demande un minimum de soin. Par exemple, pour avoir un résultat homogène, il est conseillé pour un même lot de douille d’utiliser toujours la même sorte d’amorce, ainsi que la même valeur d’enfoncement d’amorce.

L’amorçage peut se faire soit manuellement, avec un AUTO-PRIMER (140FRF environ) soit avec un AUTO-PRIMER II (140FRF également) monté sur presse : une tige actionnée par l’action du levier de la presse (monostation uniquement) vient pousser l’amorce dans le logement d’amorce.

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Il existe deux types de taille d’amorces : SMALL et LARGE, de type BOXER, c’est à dire avec un seul trou au fond de la douille pour permettre l’ignition de la poudre. Les amorces classiques « BOXER » coûtent entre 15FRF et 35FRF par 100 unités suivant qu’elles soient « SMALL » ou « LARGE ».

Dosage de la Poudre

Une fois l’amorce en place, vous pouvez procéder au chargement de la poudre. Utilisez votre balance de précision pour mesurer exactement la quantité recommandée par les tables de rechargement.

Ce sont deux opérations qui se passent simultanément sur la plupart des presses, surtout automatiques : c’est le même outil (nommé « EXPANDER ») qui fait les deux actions grâce à la doseuse volumétrique de poudre qui y est accouplé sur son sommet. Il est formellement déconseillé de mélanger des poudres d’origine diverses entre elles.

Démarrez toujours vos nouveaux rechargements au moins 10% en dessous du seuil que vous aurez fixé, mais tenez tout de même compte du type de poudre que vous employez : lente ou vive. Certaines balances électroniques peuvent être combinées à une égreneuse, qui arrêtera le flux de poudre grâce à une cellule photoélectrique.

Pose de l'Ogive

La dernière étape consiste à placer l’ogive et à sertir la munition. La douille, ainsi réhabillée, maintenue dans son shell-holder, va monter dans l’outil sous l’action du levier de la presse. Au sommet de la douille, la balle va rencontrer le « poussoir de balle ».

Sertissage

Le sertissage est une opération délicate : il n’existe pas de norme précise entre un sertissage fort, moyen ou léger. Le sertissage rond sert quasi-exclusivement dans le cas des revolver : Si dans un barillet à 6 coups, les 6 cartouches n’ont pas leur ogive fermement sertie, le tir de la première cartouche va dégager un recul tel que les 5 cartouches restant dans le barillet risquent de perdre leur ogive.

Vérification Finale

Vérifiez ensuite minutieusement chaque cartouche : longueur totale, enfoncement de l’ogive, absence de défauts visibles.

Conseils de Sécurité

La sécurité est primordiale dans le rechargement. Le rechargement demande une grande attention à chaque instant, ne vous laissez pas distraire, déranger ni agacer. Le bon sens veut que l’on s’abstienne de fumer lorsque l’on manipule de la poudre. L’usage de la poudre noire est extrêmement dangereux, notamment en milieu fermé. N’oubliez pas que la patience est votre meilleure alliée.

Avantages du Rechargement

  • Munitions sur mesure : Vous pouvez ajuster vos charges pour obtenir la meilleure précision possible avec votre arme.
  • Approfondissement des connaissances : Le rechargement vous permet de mieux comprendre le fonctionnement de vos armes et la balistique.

Formation et Pratique

Le rechargement est un art qui se perfectionne avec le temps. Je vous conseille vivement de suivre une formation dans un club de tir pour acquérir les bons gestes et échanger avec d’autres passionnés. Avec de la pratique, vous pourrez créer des munitions personnalisées qui amélioreront significativement vos performances de tir.

Tableau des Composants et Références (Exemple)

Composant Calibre Référence
Douilles vides amorcées Cal. 16 [Référence]
Bourres jupes en plastique Cal. 16 [Référence]
Bourres grasses en liège Cal. 16 [Référence]
Bourres grasses en fibre Cal. 16 [Référence]
Obturateurs en plastique Cal. 16 [Référence]
Fermetures en liège Cal. 16 [Référence]

Recommandations Spécifiques pour le Calibre 16

Du fait des calibres différents 12 et 16, et des charges nominales 32-28 grammes, j’ai opté finalement pour la plus basse des deux, 28 grammes ou l’once anglo-saxonne, selon les critères du bon général : « …il y a moins d’inconvénient à tirer dans un fusil une charge inférieure à la charge normale qu’en tirer une supérieure ». Avantage, moins de recul sur des fusils très légers, le 12 à platines (2,7 kg) étant de surcroit équipé de canons « Plume », et plus de vitesse à attendre selon les tabelles de la poudre A1 : 1,80 gramme de poudre pour 32 grammes de plomb donnant 405 m/s.

Selon les recommandations du savant militaire, il fallait donc réduire la charge de poudre, nécessairement quand même au-dessus de 1,50 gramme (2), et il faut donc opter autour de celle-ci, sous une bourre liège classique comme autrefois. Va donc pour le talc qui, des fesses des bébés va aller lubrifier la grenaille, parfumer les sous-bois, et amuser les copains vu le petit nuage de fumée blanche, à la passée du soir !

Attention, il ne s’agit pas de vraiment entrer dans l’alchimie compliquée et parfois dangereuse des charges « tamponnées » dont nous avons déjà abondamment parlé ici (3) mais d’y glisser une dose infime de cristaux minéraux (silicate de magnésium) plus légers que la fécule, et encaissant mieux la chaleur que les produits organiques (4), pour faciliter le glissement des plombs entre eux et sur les parois du canon.

Ayant diminué la masse et la charge, reste à jouer sur le numéro de plombs où, du 6, il faut monter au 4 pour rester cohérent avec la charge plancher de 28 grammes pour le 12, face au gibier « moyen » susceptible d’être rencontré dans la saison : le faisan ou le colvert dans notre pays de bocage. Pour le 16-65, même principe mais pour les mêmes raisons de gerbe moins fournie il faut rester au 4. 1/Au posé, inutile de jouer avec les charges limites des « grosses » cartouches, celles du commerce y suffisent amplement, exemple la Tunet « haut vol » dont nous sommes depuis longtemps un fervent adepte, faisant régulièrement main basse sur les soldes des grands magasins de plein air.

La vitesse est certes une bonne chose, mais il faut savoir que lorsque l’on tire à plus de 350m/s commencent les risques d’emplombage et la déformation des grains, là où la pression est la plus forte c’est-à-dire un peu au-delà de la chambre et à l’extrémité des canons, où commencent les chokes, et se mesure la vitesse la plus élevée. N’ayant pas, bien sûr de chronographe à disposition, comparé aux vitesses des cartouches classiques (5), toutes en plomb de 6, on doit se tenir autour de 400m/s car il y a un peu moins de grains, mais plus gros.

Exemple de Rechargement Calibre 16 (Source: Forum)

Voici la façon dont je confectionne mes cartouches en cal 16 destinées à mes fusils chambrés en 65. Je n'ai rien inventé, car c'est issue des tables de rechargement Vectan.

  • Douilles cal 16 cheddite a culot de 16 longueur 65mm (ou autres douilles)
  • Amorce CX1000
  • 1.45 g de poudre A1
  • Un obturateur plastique épaisseur 5mm
  • Une bourre fibre ou liège épaisseur 12mm (a graisser ou pas)
  • 28 g de plombs.
  • Un rondelle liege de fermeture épaisseur 2 mm
  • Sertissage traditionnel demi rond

En ce qui concerne une cartouche bourre a jupe, 1.45 g de poudre A1, 28 g de plombs. Un rondelle liege de fermeture épaisseur 2 mm. La bourre a jupe devra mesurer 38mm maxi.

Une chose simple a retenir pour permettre un sertissage de qualité en demi rond en 16/65 : La hauteur de bourre + obturateur ou bourre seule idéale pour une douille de 65mm en sertissage demi rond et 28g de plombs est 17mm. 38mm pour une bourre a jupe.

tags: #table #de #rechargement #calibre #16

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