L’hôtel des ventes de Maîtres Carrère et Laborie s’est transformé en armurerie.
Les fusils sont bien alignés, les canons tournés vers la vitrine des revolvers. On n’est jamais trop prudent.
La collection d’armes à feu de Monsieur D., exceptionnelle par le nombre, recèle tout un tas de curiosités : le pistolet Opinel qui cache un couteau, le pistolet manche connu pour tuer par surprise, l’arquebuse réalisée dans les ateliers du Roi, ou encore le revolver poivrière et ses célèbres canons tournants.
L’histoire de cette vente n’en est pas moins surprenante.
Denis Legrand, généalogiste successoral installé à Pau, s’en souviendra longtemps.
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Lui qui est sollicité par des notaires pour rechercher des héritiers jusqu’au 6e degré, n’imaginait pas tomber sur une telle collection lorsqu’il est entré dans un pavillon des années 60 de la banlieue d’Orthez.
C’était en septembre 2018, un homme de 77 ans avait été découvert mort (de vieillesse) dans le jardin.
Vivant seul et sans enfant, il n’avait, selon les dires du maire, pas pour habitude de tisser du lien.
L’absence de testament a fait entrer Denis Legrand sur scène.
Il trouvera huit cousins, deux mourront pendant la procédure de succession.
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Tous les héritiers donneront procuration à Denis Legrand.
Il fallait maintenant faire l’inventaire de la maison.
Avec un notaire et un commissaire-priseur, le généalogiste entre par le sous-sol dans ce qu’il appellera « le magasin Leroy Merlin.
Il y avait des outils partout, du sol au plafond, dix débroussailleuses… C’était dingue.
En attendant le serrurier, ils passent à la banque où le défunt avait aussi un coffre.
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Surprise, il est rempli de revolvers.
« Un Colt en argent, des armes américaines… Imaginez donc, ce Monsieur a traversé la banque avec un sac plein d’armes », sourit Denis Legrand.
Le doute n’est plus permis.
L’homme semble être collectionneur.
Tout se confirme lorsqu’ils tentent d’ouvrir le coffre du dressing.
« Il n’y avait plus d’électricité, alors on a cherché un groupe électrogène dans la cave Leroy Merlin.
Et là, derrière une pile de cartons, de casiers à bouteilles, on est tombé sur un autre coffre géant.
Le propriétaire avait tout fait pour le dissimuler.
À l’intérieur de ces coffres, une centaine d’armes datant pour la plupart du XIXe siècle, des munitions, des pièces d’or et des médailles d’ordre de chevalerie de toute l’Europe.
La famille du défunt avait coupé tout contact avec lui depuis plusieurs années.
Mais Denis Legrand a réussi à savoir que le collectionneur était un ancien militaire, avait combattu en Algérie.
« Sur sa propriété, dans les bois, j’ai trouvé un stand de tir maison.
Il fabriquait ses propres cartouches avec de la poudre noire. »
Au-delà de l’achat compulsif, l’homme était un passionné qui avait tous les permis en règle.
« Ce n’était pas un fou, mais un amateur.
On le connaissait dans le milieu de la vente aux enchères.
Il collectionnait aussi les films de guerre et westerns dans lesquels on retrouve ses armes.
Je n’aime pas spécialement ça, mais c’est drôle de voir les revolvers de Lucky Luke en vrai », sourit le généalogiste.
Ce vendredi, une centaine d’armes seront mises aux enchères, de 50 euros au plus bas pour un pistolet de défense, à 6 000 euros au plus haut pour un coffret en ébène de pistolets de duel datant de 1850.
S’y ajoutent une cinquantaine de médailles d’ordre de chevalerie, une dizaine d’épées et de sabres et une trentaine de baïonnettes.
Le généalogiste, qui a l’habitude des « choses bien étranges », confirme : « C’est sûr, on ne voit pas ça très souvent.
Les ventes aux enchères se poursuivent malgré le confinement.
Elles se font essentiellement à huis clos, sur Internet, sur ordres d’achat et enchères téléphoniques.
L’ensemble des objets de la vente de ce vendredi sont consultables sur www.carrere-laborie.com.
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