«Alors, t'as fait un beau carton?», pouvait-on entendre, un samedi après-midi, au lieu-dit Kervern Vian, à Lanmeur. C'est là, en pleine campagne, au bout d'un long chemin de terre, que se retrouvent, chaque samedi, les tireurs du club morlaisien.
C'est là, aux abords d'un ancien blockhaus qui servait de station de guidage aux Allemands durant la guerre 1939-1945, que ces passionnés de tir sportif dégainent leur 357 magnum, leur 38spécial ou encore leur 22 long rifle, à l'abri des regards. Et, surtout, à l'écart du voisinage, l'habitation la plus proche du stand de tir étant située à plusieurs centaines de mètres.
«Avec ces champs qu'il y a tout autour, personne ne nous entend. On ne gêne personne», apprécie Hervé Gireault, le président de la section tir de l'ASPTT Morlaix, que l'on suit jusqu'au premier pas de tir.
Où se concentrent Raymond, Yves, Hervé, Jean... Tous ont leur arme pointée en direction des cibles éloignées de 25m. Soudain, une détonation, très sèche. Puis une deuxième, suivie d'une troisième, d'une quatrième... Impossible de rester à proximité sans avoir un casque sur ses oreilles. «Avec ce bruit, vous comprenez pourquoi il vaut mieux ne pas avoir de voisins», sourit l'un des tireurs en rechargeant son gros calibre, avant d'aller chercher son carton criblé de trous.
«Pour nous qui pratiquons en loisirs, c'est déjà bien quand on touche le noir (*)». Mais la satisfaction est encore plus intense lorsque la balle déchire le coeur de la cible, ce qui arrive, et même fréquemment pour certains. «On a tous le plaisir des armes. Chez moi, il est né quand j'étais gamin, lorsqu'on jouait aux cow-boys», sourit Raymond, 63 ans.
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C'est maintenant au tour de Chantal de se mettre en position. Âgée de 43 ans, elle est l'une des très rares femmes à faire partie du club. «C'est relaxant de tirer. À chaque fois que je viens, je me lance un défi: ne perdre aucune balle». Comprenez, toucher la cible à chaque coup de pistolet ou de revolver. «Vous ne pouvez pas savoir comment ça aide à se décontracter», enchaîne Thierry, 44 ans, alors que, par terre, les douilles s'amoncellent.
«La plupart d'entre nous préparons nos munitions nous-mêmes de A à Z. Ça coûte moins cher», souligne Raymond. «Et en plus, quand on les achète, on n'a le droit qu'à 1.000 par an maximum», ajoute Hervé, 60ans, avant d'expliquer le processus de conception: «On remplit les douilles avec une dose de poudre calculée précisément à l'aide d'une balance. Mais attention, n'importe quelle poudre ne va pas avec n'importe quel calibre».
Il ne reste plus ensuite qu'à viser. «On tremble tous, mais il faut parvenir à se maîtriser», résume Hervé Gireault en se dirigeant vers le pas de tir à 100m.
On y retrouve Alain en position allongée, sa carabine contre l'épaule. Adepte des armes anciennes à poudre noire, il fabrique lui aussi ses balles à domicile, d'autant plus que l'armurerie la plus proche se trouve à Carhaix depuis que celle de Morlaix a fermé ses portes en 2005. «8 (sur un maximum de10)», lâche ce tireur chevronné, âgé de 64 ans, après avoir vérifié l'impact de sa balle à l'aide d'une jumelle. «Même si ça reste dans le noir, ce n'est pas terrible». Ici comme ailleurs, passion rime avec perfection.
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