Le stand de tir du Mont Chauve, situé sur les hauteurs de Nice, est une institution bien connue des tireurs sportifs de la région. Perché à 785 mètres d'altitude, il surplombe les communes de Colomars, d'Aspremont et de Tourrette-Levens.
Plus encore que le paysage, c'est le club lui-même qui est exceptionnel. Une douzaine de pas de tir, de toutes les longueurs, affectés au tir sportif, mais aussi au tir sportif de vitesse, et, au centre de tout, un véritable fort souterrain qui date de la fin du XIXe siècle, taillé à même la roche. Si les canons de 120 mm ont disparu, les fusils, eux, sont encore bien présents sur place, et la poudre continue de parler.
À l’intérieur, les soldats ont laissé la place à des passionnés de tir sportif qui viennent de tous les horizons. C'est sur les hauteurs de Nice que le Tir club des forces de l’ordre (TCFO), qui accueille 260 licenciés, a pris ses quartiers depuis plus de vingt ans.
Pour s'y rendre, il faut accepter d'arpenter une longue route faite de virages en épingle, puis d'abandonner l'asphalte pour s'engouffrer sur une piste de terre jonchée de cailloux. Aucun panneau n’indique le chemin ou la présence des installations, et il faut s’aventurer plus avant encore pour finir par distinguer le logo du club, accroché tant bien que mal à un grillage abîmé par le temps.
La commune de Tourrette-Levens, propriétaire de cette ancienne batterie militaire transformée en centre de tir sportif, avait désigné, en juin, un nouvel exploitant. Le Conseil d’État n’a pas accordé de sursis au Tir club des forces de l’ordre (TCFO). Son président, Patrick Scordino, avait promis de livrer une "guerre judiciaire" totale à la commune de Tourrette-Levens.
Lire aussi: Stands de Tir : Guide Complet
Celle-ci avait décidé, en juin dernier, de ne pas lui renouveler la convention d’occupation de l’ancienne batterie militaire que l’association de tir sportif occupait, au mont Chauve, depuis 2008. Le TCFO avait finalement dû se résoudre en avril dernier à quitter les lieux - sous peine de devoir payer une astreinte de 100 euros par jour - sous le regard des gendarmes et des huissiers. L’association avait néanmoins demandé un sursis à exécution de la décision.
Pour la commune, l’arrêt rendu le mois dernier met un terme à cette saga judiciaire. "C’est la fin de l’histoire", note le maire de Tourrette-Levens, Bertrand Gasiglia, qui déplore simplement "l’entêtement" du président de cette association.
Pour celle désignée depuis près d’un an pour lui succéder, l’Association tourrettane de tir sportif (ATTS), l’aventure débute. L’ATTS aurait dû pouvoir exploiter les pas de tir du mont Chauve dès septembre dernier. Mais son prédécesseur a fait de la résistance. Et, "pour nous, c’est une année blanche", souffle le responsable des tireurs de la nouvelle équipe, Gilles Renoux.
"On pensait partir de zéro. Le vice-président de l’ATTS, Philippe Nappa, déplore lui aussi le manque de fair-play du président de l’ancienne association sportive: "Avant de se résoudre à quitter les lieux, il a tout emporté, des caméras de surveillance jusqu’aux grilles de protection.
Le tir club du mont Chauve, même s’il vient d’être conforté par la décision du Conseil d’État, ne pourra pas rouvrir "avant la saison prochaine". Malgré la quarantaine de bénévoles qui se relaient depuis trois mois chaque samedi et mercredi pour remettre en état le site. Au grand dam des adhérents qui se retrouvent pris entre deux feux.
Lire aussi: Saveuse : Un lieu de mémoire
"Il bloque aussi le transfert de leur adhésion dans notre association", déplore de son côté la nouvelle trésorière, Murielle Marty. Les quelque 250 adhérents du club de tir du mont Chauve vont devoir cesser le feu.
En réalité, en dépit de son nom, le TCFO est une association classique. La cohabitation des forces de l’ordre avec le tir club s’était d’ailleurs tendue après la disparition d’un fusil d’assaut appartenant au ministère de l’Intérieur.
Autant de raisons qui avaient incité le maire de Tourrette-Levens à crier halte au feu en remettant en concurrence l’occupation du mont Chauve. Patrick Scordino annonçait dans notre édition du 24 septembre, son intention d’entrer en résistance et promettait une "guerre judiciaire" totale.
À la grande "satisfaction" du maire de Tourrette-Levens, Bertrand Gasiglia: "La justice a donné gain de cause à la commune. Patrick Scordino avait lui même annonçait qu’il n’irait pas jusque-là: "Il n’y aura pas de Fort Chabrol!"
Le président du TCFO n’entend pas pour autant rendre les armes sans se battre jusqu’au bout sur le terrain judiciaire. "Nous allons nous pourvoir devant le Conseil d’État, annonce son avocat Me Paul Szepetowski. Si la plus haute juridiction fait droit à cette requête, le TCFO pourrait échapper à l’ultimatum de 10 jours qui vient de lui être fixé.
Lire aussi: Tout savoir sur le Tir à la Carabine
tags: #stand #de #tir #mont #chauve #histoire