Au Moyen Âge, le terrain actuel des Groues se situait bien au-delà de la cité orléanaise, dans un espace rural plus vaste entre les paroisses de Saint-Jean-de-la-Ruelle, Notre-Dame-des-Aydes et Saran, aux confins de la forêt d’Orléans.
L’importance de la propriété des Groues dans cet espace reste encore mal connue. Jacques Soyer indique que ce toponyme de racine celtique provient de l’ancien français « Groe » ou « Groue », qui signifie « terrain caillouteux ».
L’auteur précise que la première mention « Les Groues » apparaît en 1291-1292 dans un censier du prieuré de Saint-Sanson d’Orléans, registre sur lequel sont inscrites les contributions du cens.
Selon Charles-Louis de Vassal, au 17e siècle, la Grange des Groues appartient à Christophe Augran, docteur à l’Université d’Orléans. En 1652, ses héritiers la vendent au couvent des Chartreux.
Le nom des Groues perdure jusqu’au 19e siècle, et l'on retrouve « Grange des Groues », « Clos de la Grange des Groues », « rue de la Grange des Groues » sur l’ancien cadastre d’Orléans établi en 1823.
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D'après les recherches de Michel Philippe, le propriétaire en 1823 se nomme Ducormier. Il possède la maison ainsi qu’une partie du clos de la Grange des Groues (13 parcelles sur 51) comprenant 2 jardins, 6 parcelles de vigne et 2 parcelles de terre.
En 1847, la propriété change de mains, les sœurs Martin de la Fauconnière, demeurant à Orléans, deviennent propriétaires usufruitières. La Grange des Groues est affermée au cultivateur Narcisse Regien. L’acte de vente fournit une description détaillée de la ferme qui est composée de 4 corps de logis.
C’est lors de l’invasion prussienne qui progresse dans le Loiret à partir de septembre 1870 que le nord d’Orléans devient le cadre des affrontements entre Prussiens et Français. Arrivées aux portes de la ville, les armées ennemies prennent position à Saint-Jean-de-la-Ruelle, Fleury-les-Aubrais et Saran, et notamment aux Groues et dans le faubourg des Aydes.
Ce secteur est le cœur des combats meurtriers qui se déroulent les 10 et 11 octobre, avant la prise d’Orléans par l’armée prussienne.
Le vicaire des Aydes, Jean Paul Félix Hermet, est présent sur le terrain. « A la ferme de la grange de Groues c’était un autre spectacle. La maison, centre du combat, était labourée et criblée de balles, les bombes l’avaient écornée et défoncée, l’intérieur répondait à l’extérieur, cloisons abattues, meubles brisés, linges nageant pêle-mêle avec ustensiles de cuisine dans une mare de vin alimentée par une mise sur le bout. Les cavaliers Bavarois faisaient bombance ; la plupart étaient ivres.
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Les soldats prussiens et français morts dans ces combats sont inhumés sur les lieux même, principalement sur les terres de la Grange des Groues et près de la Chapelle-Vieille à Saran.
Aux Groues, c’est un hommage particulier qui est rendu au soldat Louis Rossat. Ce jeune alsacien est tué le 11 octobre 1870 au sud de la levée du chemin de fer d’Orléans à Tours, près de la rue des Vaupulants où il est inhumé. Par la suite, les habitants du quartier érigent un petit monument en son honneur et lui portent régulièrement des fleurs et des couronnes.
Le propriétaire du terrain fait cesser ces pèlerinages en faisant exhumer les restes du soldat afin qu’ils soient transportés dans l’ossuaire d’Orléans.
En 1893, le Souvenir Français décide d’élever un nouveau monument à la mémoire du « soldat modèle », Louis Rossat. Financé à l’aide d’une souscription publique, il prend place à l’entrée du champ de manœuvre des Groues où il est inauguré le 28 mai 1893.
L'inscription sur le monument est : PETIT CHASSEUR PLEIN DE VAILLANCE, TA MORT ATTRISTE TA VERTUE.
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A la suite de la guerre franco-prussienne, l’armée française se réorganise et augmente ses garnisons dans la plupart des grandes villes de France. C’est ainsi qu’en 1873, Orléans devient le siège du quartier général du 5e corps d’armée.
Le 5 février 1873, le conseil municipal vote une somme de 600 000 francs à titre de subvention à l’État pour la construction d’une école d’artillerie et l’établissement des casernes destinées à l’établissement de deux régiments d’artillerie. On prévoit de pouvoir accueillir, pour chacun des régiments, 1 500 hommes et 900 chevaux.
La caserne Coligny est construite à partir de 1875 dans un quartier neuf du Faubourg Bannier. Elle est située entre la rue des Murlins et la route de Paris où se trouve son entrée principale.
De l’autre côté de la voie, le champ de manœuvres est installé sur le clos de la Grange des Groues et les clos alentours. 45 hectares répartis sur les communes d’Orléans et de Saint-Jean-de-la-Ruelle sont expropriés et cédés à l’État. Le terrain et ses accès sont aménagés pour recevoir les exercices des régiments.
La Grange des Groues n’apparaît plus sur l’atlas des bâtiments militaires du champ de manœuvres des Groues dressé en 1898. Un nouveau bâtiment est construit à l’est du terrain pour abriter les salles d’artillerie et d’artifice : la poudrière.
Sur les hauteurs du Logis Neuf, nombreux sont ceux à se promener vers le stand de tir municipal (où la police s’exerçait), à nourrir de carottes les chèvres locales (et leurs chevreaux) ou simplement profiter du soleil généreux pour jouer aux boules.
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