Le confinement est l'occasion de présenter une rentrée de quelques mois maintenant. Ayant invité une bonne connaissance à boire l'apéro, ce fut l'occasion de lui montrer ma collection qu'il n'avait jamais eu l'occasion de voir.
Quelques jours après, je reçois un coup de fil de cette personne qui me demande alors de venir chez lui car il avait quelque chose pour moi. Quel ne fut pas ma surprise lorsque qu'il entrouvrit le placard et en sorti une couverture ficelée dont la forme laissait présager une arme.
Le cœur se mettant à battre la chamade, il m’annonçât de suite : "j'ai ce vieux machin, il est tout déglingué et on ne peut certainement rien en faire mais bon, si cela t’intéresse je te le donne". Comme un gosse devant son cadeau de noël, je coupa délicatement les liens qui enserraient la couverture et découvris ce qui se cachait à l’intérieur : un beau mauser complet avec sa sangle....
À la suite de la description qui m'en avait été fait, je m'attendais à une épave et bien non ! Le bois est joli, le fusil intégralement monomatricule mais pas mal oxydé, la sangle était malheureusement totalement détruite, mais le canon s’avérait correct bien que la bouche ait souffert de la corrosion.
Voici quelques photos brutes de découverte (ne faites pas attention au bordel de la remise) :
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Et quelques photos après un nettoyage et entretien sommaire des parties métalliques et du bois.
Lors de ses premiers tirs depuis, une petite surprise malgré ma crainte concernant le canon, le groupement est plutôt bon voir très bon à 100 m :
J'ai donc demandé a mon ami si il connaissait l'histoire de ce fusil, je n'ai que peu de doute sur la véracité de ses dires. Il n'a aucune raison de m'inventer une belle histoire puisque c'est un don et tout concorde.
Ce fusil à donc été récupéré par son Oncle curé à Camiers (Pas-de-Calais), à la libération sur un cadavre allemand. L'oncle avait également trouvé des munitions dont une partie sont parvenues jusqu'à moi (beaucoup de traçantes du même lot).
Après avoir récupéré le fusil, ce dernier a été enterré dans le poulailler de la cure soigneusement protégé dans des draps huilés. Le fusil à donc passé 10 années enterré jusqu'à ce que mon ami qui avait alors 12 ans et ses cousins entendent parler de l'histoire de ce mauser.
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Avec l'aval de leur oncle, ils ont donc décidés de déterrer l'arme et en insistant un peu, l'oncle à bien voulu leur apprendre à tirer. Entre cousins, il se sont donc entraînés à tirer sur le mur du cimetière (autres temps autres mœurs....) jusqu'à ce qu'ils prirent peur le jour où une cartouche emporta une partie du mur.
Depuis lors, le fusil dormit tranquillement dans le presbytère où mon ami le récupéra à la mort de son Oncle. Aujourd'hui l'arme est mienne et je dois avouer que j'en suis bien heureux !
En octobre 2016 est décédé Maurice Bernier qui a consacré 40 années de sa vie à l’École nationale supérieure d’Horticulture de Versailles. Recruté sur concours, il est en 1948 chef d’atelier stagiaire, responsable de la pépinière de l’École.
Maurice Bernier était, durant nos études de 1964 à 1967 à l’École Nationale Supérieure d’Horticulture, le responsable de la pépinière de quatre hectares située de l’autre côté de la Pièce d’eau des Suisses. C’était sa fierté à juste titre. En effet, en 1948, le directeur de l’époque, M. Lenfant, lui avait confié un terrain en friche peuplé de chardons, de ronces et d’orties.
L’ENH devient ENSH et prend une tournure plus scientifique que pratique. Les élèves ne font plus que quelques applications pratiques sur le domaine de l’École. Ces applications pratiques ont cependant laissé quelques souvenirs embaumés comme l’enfouissement de résidus d’abattoir pour engraisser la pépinière.
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Nos applications s’y déroulaient avec le fond sonore du stand de tir voisin. Ce n’était pas sans danger, M. Bernier juché sur une échelle double, entendit une balle perdue couper net une tige de peuplier à 10 cm de sa tête !
Compte-tenu de l’éloignement de la pépinière de l’École, son mode de déplacement quasi exclusif était le vélo. Toujours très observateur et à l’affut de la moindre anomalie, il aurait pu avoir pour devise : de visu et à vélo ! Le vélo en question fut l’objet de bien des sollicitudes de la part de diverses promotions d’étudiants !
Monsieur Bernier a formé à la pépinière ou à l’arboriculture fruitière des générations d’Hortis et de stagiaires adultes. Quelques personnes illustres n’hésitaient pas à faire appel à son savoir et son talent. Cette compétence reconnue, M. Bernier l’a acquise à force de travail.
À la retraite et à la fin de sa vie, l’homme si secret éprouvait le besoin de se confier et d’évoquer ses souvenirs. C’était d’autant plus poignant qu’il était très seul et, de plus, quasiment aveugle.
De 5 à 12 ans, il passe de ferme en ferme et garde le souvenir d’avoir eu très faim et de n’avoir pu aller à l’école avec les enfants de son âge. Son père décédé, devenu Pupille de la Nation, le jeune Maurice Bernier est envoyé au Préventorium de Camiers dans le Pas-de-Calais.
Là, c’est presque le paradis : il peut manger matin, midi et soir et même bénéficier de l’aide d’une institutrice pour enfin commencer à apprendre à lire. Pouvant enfin fréquenter l’école, il obtient le Certificat d’études, ce qui lui vaut une admission sur titre au centre horticole d’Épluches près de Pontoise.
Après y avoir appris l’horticulture quatre-branches, il en sort avec le brevet. Ses examinateurs, professeurs à l’École nationale d’horticulture de Versailles, notamment MM. Louis et Marcel, lui demandent de reconnaître tous les légumes d’une bâche, de leur montrer sur une branche de poirier les futurs boutons à fleur : « En juillet, le dard a deux feuilles à la base au maximum, le bouton à fruit à trois feuilles au minimum ! A la fin de l’examen l’un des professeurs m’a dit : vous êtes premier ! » Il reçoit la médaille de la Chambre d’agriculture de la Seine-et-Oise.
Maurice Bernier trouve un emploi horticole dans sa ville natale de Montfermeil, juste à côté du fantôme de Jean Valjean. « Étant né en 22, je suis de la classe 42. J’ai refusé le STO. Pendant 4 ans, je suis allé dans plusieurs centres dans le Calvados et à Caen. J’ai effectué des travaux extérieurs : la rénovation des vergers français par la taille des vieux pommiers.
En 1943-1944, j’ai été FFI. J’ai gardé les prisonniers et me suis promené pour découvrir les canons allemands. En remerciement de tant d’années de dévouement, l’Association des ingénieurs horticoles et anciens élèves de l’École nationale supérieure d’horticulture l’a en 1983 nommé : Poto d’honneur !
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