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L'histoire des revolvers au sein des forces de l'ordre françaises est riche et variée, marquée par des évolutions technologiques et des adaptations aux besoins spécifiques des différentes unités.

Les Origines des Armes de Poing

Les premiers pistolets sont apparus à l'aube de l'histoire des armes à feu. Les plus anciens pistolets connus ont été utilisés lors de la bataille de Towton en Angleterre le 29 mars 1461. D'une taille imposante et dotés d'un canon unique à chargement par la gueule et d'un système de mise à feu par mèche, rouet ensuite par silex, leur poignée était souvent dotée d'un lourd pommeau, la calotte, en métal qui permettait de se servir du pistolet comme d'une arme contondante après avoir tiré l'unique coup. Au XIXème Siècle, l'apparition du révolver, arme de poing à barillet, changea radicalement la donne car il offrait la possibilité de tirer successivement plusieurs coups sans recharger. À la toute fin du siècle les premiers pistolets à répétition automatique, dits « semi-automatiques », font leur apparition, mais il faudra attendre le début du XXème Siècle pour obtenir les premiers modèles fiables.

Le mot « Pistolet » serait à l’origine du mot Tchèque « Pist’ala » où une autre version, viendrait de la ville de Pistoia en Italie. Le Révolver trouverait son origine du verbe anglais Torevolve qui traduit parfaitement le mouvement de rotation du barillet de cette arme qui présente une nouvelle munition en face du canon.

Le Revolver Modèle 1873

Le revolver modèle 1873 fut la première arme de poing moderne de l’armée française. Fabriqué par la manufacture d’armes de Saint Etienne de 1873 à 1890, il fonctionne en double et simple action et a une capacité de 6 coups. Son calibre est de 11 mm. Bien que remplacé par son successeur, le modèle 1892, il fut encore très largement utilisé pendant la grande guerre de 14/18.

Au début de la guerre, les revolvers d'ordonnance modèle 1873 et 1874 sont réservés aux hommes de troupe non pourvus d'un fusil, d'une carabine ou d'un mousqueton. Cela regroupe toutes les unités qui ne sont pas directement au combat. Le revolver d'officier modèle 1874 est un revolver 1873 allégé . Même système et même cartouche mais le barillet comporte des cannelures longitudinales et raccourcies autant que la longueur de la cartouche l'autorise. La cage du barillet est réduite en conséquence, la poignée de la carcasse est évidée et la plupart des pièces du mécanisme sont réduites d'épaisseur. Les revolvers 1873 et 1874 ont à eux deux été produits à environ 380 000 exemplaires.

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En 1868, La Marine souhaite passer une commande avec Eugène Lefaucheux, pour 4000 revolvers supplémentaires, du type 1858. Elle ne s'adresse pas aux manufactures d'état, car elles sont surchargées de travail. Lefaucheux, qui prépare déjà des armes à cartouche à percussion centrale propose à la commission d’artillerie de Vincennes un prototype de son futur modèle 1870.

C'est à partir de 1877 que la marine recevra ses premiers revolvers modèle 1873 en calibre 12 mm (430 revolvers). Toutefois, dès 1886, les revolvers modèle 1873 de marine seront livrés en calibre 11m73. En effet, suite à l'épuisement des stocks de la cartouche "Mle 1870 calibre 12mm marine" fabriquée par les Établissements Gévelot à Issy-les-Moulineaux, la marine adopte le calibre de l'armée de terre. Mais ses revolvers font toujours l'objet d'une commande à part.

Suite à l'adoption, en 1873, par l'armée de terre du revolver modèle 1873, la marine aussi souhaite remplacer ses armes de poing. Toutefois, il lui faudra attendre que les commandes de l'armée de terre soient réglées. Les 1873 de marine sont donc livrés dès 1877. Ils diffèrent légèrement des 1873 terre, et notamment au niveau du calibre, et des marquages. Le revolver modèle 1873 de marine s'illustrera dans le monde entier, au mains de la marine, et de la coloniale. Il voyagera et sera utilisé tout au long des guerres de colonies (second empire colonial Français), et notamment au Tonkin, en Chine, Indochine, Afrique, ...

Le Revolver Modèle 1892

Le revolver d'ordonnance modèle 1892, tirant des balles de 8 mm, fut fabriqué par la Manufacture d'armes de Saint-Étienne. Il fut l'arme de poing réglementaire de l'Armée française entre 1893 et 1924, produit à plus de 350 000 exemplaires.

Le Manurhin MR 73

Le célèbre revolver Manurhin MR 73 est un revolver français à simple et double action fabriqué à partir de 1973 en Alsace et plus précisément à Mulhouse. C'est à cette époque que le premier revolver est construit en France depuis le revolver modèle 1892 en 8 mm.

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Genèse et Objectifs

Le Manurhin MR73 a été développé pour répondre au marché de la Police nationale et de la Gendarmerie nationale française afin d'équiper les unités spéciales.

Ces armes souffrent,en effet, parfois de problème de fonctionnement dans le réarmement automatique et le chambrage de la munition. De plus ces armes semi-automatiques ne sont disponible qu'en calibre 9x19 pas assez puissant pour neutraliser à coup sur une personne et en 45 ACP certes puissant mais trop lourd pour un tir précis à plus de vingt mètres. C'est alors que le choix se porte sur le 357 magnum, projectile de 9mn mais avec une vitesse et un pouvoir d'arrêt considérable ainsi que sur l'arme capable de porter ce calibre.

Le Manurhin MR73 est alors sélectionné car fabriqué en France, il allie sécurité, fiabilité et performance et en fait l'arme idéale portative. D'une mécanique générale et d'un encombrement très proches du Smith & Wesson Model 19, le MR 73 bénéficie de composants très robustes : l'acier constituant la carcasse du MR 73 et le barillet proviennent de la firme Aubert et Duval.

Selon le constructeur, les chambres d'un MR 73 peuvent théoriquement accepter une surcharge jusqu'à deux fois supérieure à leur munition. Les rayures et la finition du canon sont obtenues par martelage à froid ce qui en fait le meilleur canon du marché en précision et robustesse. En ce qui concerne la mécanique, le fonctionnement en double action est fluide et continu et ne présente aucune aspérité, ni points durs grâce au montage sur galets du système de rappel de détente et la finition des pièces réduisant les frictions.

Pour preuve la gendarmerie utilisera un Manurhin MR73 avec un canon de 8 pouces sur une arme munie d'un bi-pied et d'une lunette pour les tirs à très longue distance. Selon des documents de l'armurerie de la Gendarmerie mobile de Maisons-Alfort, de nombreux MR 73 du GIGN auraient tiré plus de 150 000 cartouches, seule leur vis de poignée ayant été changée. Toutefois, afin d'économiser l'arme, les articulations et les finances, les munitions utilisées étaient des .38 Special beaucoup moins chères et moins puissantes que les .357 Magnum.

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Une autre particularité du MR73 est le choix d'un canon dit « serré » : quand les revolvers Colt, Ruger et Smith& Wesson chambrés en 38/357 ont un diamètre de canon de 0,357 pouces, celui du MR73 est calibré à 0,355 pouces.

De fait, Manurhin a produit à destination de la police nationale une petite série de barillets optionnels spécifiques permettant de tirer des cartouches de 9x19 mm Parabellum dans des MR73 pour l'entraînement des effectifs, la munition de 9 mm étant moins onéreuse et plus maniable que le .38 habituellement employé.

Beaucoup de ces barillets ont été revendus sur le marché civil après que les revolvers ont été réformés dans les forces de l'ordre et sont très recherchés par les tireurs sportifs et collectionneurs. Cependant leur rareté et la demande est telle que le prix sur le marché de l'occasion d'un barillet 9x19 seul atteint facilement le prix d'un MR73 complet en bon état.

Reprise par Chapuis Armes

Depuis que la fabrication des MR73 est passée de Manurhin à Chapuis à Saint Bonnet le château à coté de Saint Etienne, capitale Française de l'armement.

Il existe au sein de la communauté des tireurs sportifs et des collectionneurs d'armes, une divergence d'opinion sur la qualité des armes produites par les deux entités sujette à de nombreux débats.

D'un côté, de nombreux puristes défendent la thèse d'une baisse de qualité globale de la fabrication des armes depuis qu'elles sont produites par Chapuis, arguant une baisse de la précision, de la finition, de l'emploi de matériaux de moins bonne qualité, le but étant souvent de justifier la cote montante à la collection de l'arme dans un but spéculatif.

De l'autre côté, les défenseurs de la génération Chapuis défendent une précision et une qualité globale équivalentes, les seules différences flagrantes entre les deux armes étant la finition glacée miroir des armes Chapuis (facilement identifiable par rapport au bronzage légèrement satiné des armes fabriquées à Mulhouse), ainsi que le numéro de série frappé pour les anciens et gravé au laser pour les nouveaux.

Cependant la différence de cote entre les MR73 récents mais chers et ceux plus anciens mais plus rares n'est pas significative et les prix descendent rarement sous les 800 € quelle que soit le millésime.

En 1998, Chapuis Armes reprend la fabrication des revolvers MR 73 (et MR 88) et assure la production depuis Saint‑Bonnet‑le‑Château, tout en maintenant un niveau de qualité jugé très élevé.

Caractéristiques Techniques du MR 73

  • Calibre: .357 Magnum, .38 Special, et variantes sportives ou d’entraînement (y compris .32 S&W Long, .22 LR, voire un barillet optionnel 9×19mm Parabellum pour certaines versions).
  • Capacité: 6 coups (barillet 6 cartouches).
  • Longueur et poids: selon les versions du canon (2,5″ à ~10″ ou ~63‑27 cm), le poids varie entre environ 0,86 kg à ~1,2 kg non chargé, selon la longueur du canon.
  • Mécanisme: double action / simple action. La détente est réglable (poids, course), avec exigence de finition élevée.
  • Canon: très bonne qualité, usinage de rails par martelage à froid, finition des chambres (galetage) pour réduire les frictions.
  • Variantes: versions service (“Défense”, “Gendarmerie”), match / sport, silhouettes longues, version “Silhouette”, variantes longues distances, etc.

Utilisateurs du MR 73

En France, le revolver a été largement utilisé par le GIGN, le RAID, les GIPN, la Police nationale, la Gendarmerie nationale, ainsi que par des services spécialisés : douanes, ONCFS, etc.

À l’étranger, il a été exporté vers certains pays liés historiquement ou militairement à la France et utilisé par des unités d’élite ou forces spéciales dans plusieurs nations. Actuellement, bien que les pistolets semi‑automatiques aient largement remplacé le MR 73 pour beaucoup d’unités principales, il reste en dotation dans certaines unités spécialisées en France.

Points Forts et Faibles du MR 73

Points forts

  • Précision exceptionnelle: canon de haute qualité, déclinaisons sportives très précises, tests de groupement.
  • Robustesse / longévité: arme conçue pour tirer un grand nombre de cartouches à pleine puissance sans défaillance majeure.
  • Fiabilité: mécanique soignée, peu d’enrayage (pas de chargeur à semi-automatique), fonctionnement sûr même avec conditions difficiles.
  • Détente réglable, offrant un tir en double ou simple action efficace.
  • Polyvalence: versions service, match, usages variés, possibilité pour certains utilisateurs d’avoir barillet 9×19 mm pour entraînement.

Points faibles

  • Poids et encombrement: dans les versions avec canon long, l’arme devient lourde à porter et moins maniable en intervention rapide ou dissimulation.
  • Recul puissant, surtout avec .357 Magnum, ce qui exige un maniement expérimenté, stabilité de tir.
  • Capacité limitée: 6 coups, ce qui est peu comparé aux pistolets semi-automatiques modernes avec chargeurs grands-capacités.
  • Coût élevé de fabrication, entretien, finitions, ce qui en fait une arme chère.
  • Évolution réglementaire et préférences des forces de l’ordre vers des armes plus légères, plus de capacité, munitions modernes à effet contrôlé pour limiter la surpénétration.

Classification et Réglementation en France

En France, les armes à feu sont classées selon leur dangerosité, usage, capacité, etc. sous les catégories A, B, C, D. Un revolver tel que le MR 73 est une arme de poing et est soumis à la réglementation de la catégorie B (armes de poing, armes à feu portatives), ce qui implique des obligations strictes pour son acquisition, détention, transport, et usage.

Pour un particulier (hors forces de l’ordre), la possession d’une arme de catégorie B nécessite :

  • d’être majeur
  • d’obtenir une autorisation préfectorale
  • d’avoir un motif légitime (souvent tir sportif, collection, etc.)
  • d’avoir un certificat médical
  • d’être inscrit dans un club de tir (si usage sportif) et d’obtenir une licence de tir en cours de validité
  • d’assurer l’arme, et respecter les conditions de stockage sécuritaire

Le transport ou port hors domicile est très réglementé, soumis à des autorisations, et l’absence de motif légitime peut être sanctionnée.

Usages Actuels et Remplacement

À ce jour, bien que les pistolets semi‑automatiques modernes soient majoritairement en dotation dans beaucoup d’unités de police/gendarmerie, le MR 73 reste encore utilisé dans certains cas, essentiellement par des unités spécialisées et de prestige. Le revolver est aussi prisé des tireurs sportifs et collectionneurs pour sa qualité, sa finition, et sa réputation.

Tableau Comparatif : MR 73 vs. Pistolet Semi-Automatique Moderne

Critère MR 73 (vers. service) Pistolet semi-automatique moderne (ex : 9×19 mm, capacité 15‑20 coups)
Capacité de chargeur / barillet 6 coups 15‑20 coups (voire plus)
Recul et contrôle Recul marqué, exige expérience Recul souvent plus modéré selon le système
Durabilité / robustesse Très élevé, conception artisanale, acier de qualité Bon, mais pièces plus sujettes à usure ou défauts d’emboîtement plus fréquents
Encombrement / poids Poids élevé selon version, encombrant pour transport discret Souvent plus léger, plus compact selon modèle
Coût / entretien Cher, entretien exigeant Souvent moins coûteux à l’achat, pièces de rechange plus faciles
Polyvalence tactique moderne Moins de capacité, pas de rail/accessoires modernes sur tous les modèles Grande adaptabilité (accessoires, optique, lasers, etc.)

FAQ Manurhin MR 73

Quelle est la munition la plus utilisée pour le MR 73 ?

La munition la plus utilisée est le .357 Magnum pour les usages opérationnels (unités spéciales), mais beaucoup d’unités optent pour le .38 Special pour l’entraînement ou pour limiter la surpuissance.

Le MR 73 est‑il toujours en service, ou a‑t‑il été remplacé ?

Il reste en service dans certaines unités spécialisées, mais beaucoup de forces de l’ordre l’ont remplacé ou complété par des pistolets semi‑automatiques modernes en raison de leur plus grande capacité, poids plus léger, coût moindre des munitions, etc.

Peut‑on légalement posséder un MR 73 comme particulier en France ?

Oui, sous conditions strictes : autorisation préfectorale, motif légitime (tir sportif ou collection), inscription dans un club de tir si nécessaire, certificat médical, respect des règles de stockage, etc.

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