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Cet article explore l'histoire et la signification de la chanson "Prends ton fusil Grégoire", ainsi que son contexte dans l'histoire de France et son utilisation pendant la Résistance.

Origines et Contexte Historique

La chanson "Prends ton fusil Grégoire", également connue sous le nom de "Monsieur de Charette", évoque l'épopée de François Athanase Charette de la Contrie, un chef vendéen lors de la Révolution française.

François Athanase Charette de la Contrie naît le 2 mai 1763 à Couffé. Il entre à l’école des Gardes de la Marine en 1779, sert ensuite sous le comte de La Motte-Picquet et l'amiral comte de Guichen. Bien qu’il désapprouve le principe de l’émigration, il part pour Coblence, mais ne tarde pas à revenir en France pour défendre la famille royale aux Tuileries, le 10 août 1792. Il voit les derniers gardes suisses tomber, victimes de la sauvagerie des émeutiers révolutionnaires. Il parvient à s'échapper grâce à l'uniforme d'un garde national, pris sur le cadavre de celui- ci. Il s'était retiré dans son chateau de Fonteclause en Poitou, lorsque l'insurrection de Saint-Florent éclata dans le courant du mois de Mars 1793.

Le refus de la conscription forcée et les persécutions dont étaient victimes les prêtres furent les causes de la révolte vendéenne contre la Révolution parisienne, qu'elle avait accueillie plutôt favorablement à ses débuts. Les paysans l' ayant engagé à plusieurs reprises à se mettre à leur tête, Charette n'y consentit qu'après la défaite de Laroche Saint-André dans Pornic.

Après quelques succès initiaux sur les armées de la République, les troupes vendéennes, mal équipées mais bien commandées par des chefs charismatiques (Charette, Cathelineau, La Rochejacquelein, Stofflet), inquiétèrent le Comité de salut public. Cependant un grand nombre de chefs Vendéens avaient succombé et la Convention elle-même était lasse de cette guerre d' extermination. Ceux-ci promettaient en retour de se soumettre à toute les lois de la République. Charette se preta à faire son entrée dans Nantes, le 26 Février, portant l' écharpe et le panache blancs. Il était accompagné de quatre de ses officiers et du général républicain Canclaux.

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On peut parler d'un génocide vendéen. Les estimations vont de 150 000 à 350 000 morts. Ainsi D'Elbée réussit à empêcher ses hommes de massacrer 400 prisonniers républicains après la bataille de Chemillé, Lescure met fin à un massacre et sauve plusieurs centaines de Républicains lors de la première bataille de Châtillon, tandis que Bonchamps, mortellement blessé à la bataille de Cholet, parvient, quelques heures avant sa mort, à empêcher ses hommes de massacrer 4 000 à 5 000 prisonniers républicains qui sont ensuite relâchés). En revanche, le général Marigny n'épargne presque jamais ses prisonniers.

Lucas de La Championnière, officier dans l'armée du Marais rend également compte, en septembre, des différences avec la Grande Armée ou armée du bocage :

« L'esprit des paysans qui composaient les détachements de la grande Armée, était bien différent de celui qui régnait parmi nous. Les nôtres pillaient, battaient et juraient comme de vrais soldats ; les autres dans ce temps là revenaient du combat en disant leur chapelets, ils faisaient prisonniers tous ceux qu'ils pouvaient prendre sans les tuer et rarement s'emparaient de leurs dépouilles.

3 000 prisonniers républicains sont relâchés après la bataille de Thouars, 3 250 après la bataille de Fontenay-le-Comte et 3 000 à 11 000 après la bataille de Saumur. Il y aurait eu peut-être jusqu'à 25 000 prisonniers républicains tondus (avec promesse de ne pas reprendre les armes contre la Vendée). Un dernier délai est accordé à Turreau qui précise ses objectifs; « il faut exterminer tous les hommes qui ont pris les armes, et frapper avec eux leurs pères, leurs femmes, leurs sœurs et leurs enfants. La Vendée doit n'être qu'un grand cimetière national ; il faut expulser de son territoire les Royalistes non armés, les Patriotes tièdes, etc., et couvrir ce pays du plus pur de la Nation. Repeuplez-le de bons Sans-Culottes».

Mais sans résultat probant, Turreau est tenu en échec par les troupes vendéennes, il est finalement suspendu le 17 mai 1794, et l'activité des colonnes infernales décroît progressivement au cours du printemps. Au cours de cette période, 20 000 à 50 000 civils vendéens ont été massacrés par les seules colonnes infernales. De l'automne 1793 au printemps 1794, les armées républicaines ont renoué avec une tactique de massacres et de destructions qui n'avait plus été observé en Europe depuis la guerre de Trente Ans.

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Paroles de la chanson "Prends ton fusil Grégoire" (Monsieur de Charette)

Voici les paroles de la chanson :

Refrain :

Prends ton fusil Grégoire
Prends ta gourde pour boire
Prends ta vierge d'ivoire
Nos messieurs sont partis
Pour chasser la perdrix.

  1. Monsieur d'Charette a dit à ceux d'Ancenis (bis)
    "Mes amis, le roi va ramener la fleur de lys".
  2. Monsieur d'Charette a dit à ceux d'Loroux (bis)
    "Mes bijoux, pour mieux tirer mettez-vous à genoux".
  3. Monsieur d'Charette a dit à ceux d'Montfort (bis)
    "Frappez fort, le drapeau blanc défend contre la mort".
  4. Monsieur d'Charette a dit à ceux d'Clisson (bis)
    "Le canon fait mieux danser que le son du violon".
  5. Monsieur d'Charette a dit à ceux d'Conflans (bis)
    "Mes enfants, ralliez-vous à mon panache blanc".
  6. Monsieur d'Charette a mis sa plume au vent (bis)
    "En avant on parlera longtemps des vieux Chouans".

Dernier refrain :

Prends ton fusil Grégoire
Prends ta gourde pour boire
Prends ta vierge d'ivoire
Nos messieurs sont partis
Pour délivré Paris.

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La Chanson Pendant la Seconde Guerre Mondiale et la Résistance

Pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses chansons patriotiques ont inspiré les Résistants. Les chants à la verve patriotique occupent une place importante dans ce folklore de la Résistance. Ils permettent à la fois d’utiliser des mélodies connues et donc chantées facilement mais aussi de ne pas attirer l’attention.

"Prends ton fusil Grégoire" a été adaptée et utilisée comme chant de ralliement et d'espoir pendant la Résistance. En 1945, Paul Arma décide à la fin de la Seconde Guerre mondiale de faire publier un livre composé de textes et de chants de Résistants écrits pendant la période de l’Occupation. Pendant l’Occupation, Edmée et Paul Arma s’intéressent plus particulièrement au folklore de la Résistance en recueillant plus de mille chansons créées dans la clandestinité.

L'Importance de la Musique et du Chant dans l'Histoire

La musique et le chant ont souvent joué un rôle important dans les mouvements sociaux et politiques. Ils permettent de créer un sentiment d'unité, de renforcer l'identité collective et de transmettre des messages de résistance et d'espoir.

Comme le montre l'exemple de "Prends ton fusil Grégoire", une chanson peut traverser les époques et les contextes, en conservant sa force et sa capacité à inspirer et à mobiliser.

Focus sur le Noyautage des Administrations Publiques (NAP) et la Résistance

On peut considérer que l'action menée dès septembre 1940 par Charles Duret, premier inspecteur de la Jeunesse et des Sports, ancien membre du 2ème Bureau à l'ambassade de France de Varsovie, constitue le premier embryon du NAP à la préfecture de la Drôme. Il donnait au consulat d'Amérique à Lyon, par l'intermédiaire de Richard Planas, l'état des flottes italiennes et allemandes en Méditerranée.

Le NAP fut réellement créé à Valence au début de 1943 par Jean Loubet, 23 ans, chef de service à la préfecture, largement aidé par son cousin France Bastiat, monteur de téléphone, Hélène Saron, veuve de guerre 39-40, auxiliaire employée au service de la comptabilité, et le commissaire Kuhn. À la suite de quelques manoeuvres de membres de la SFIO pour placer des hommes dans les trois mouvements de Résistance, Bouchier (SFIO), Loubet (NAP) et de Saint-Prix se réunissent en décembre 1943 pour faire l'unité de cette forme de Résistance.

Le réseau des NAP. Dans chaque administration se met en place un organisme spécifique de noyautage. Les dirigeants du NAP départemental, Loubet, puis Marty, constituent le NAP Préfecture qui a la main-mise sur les services essentiels : cartes d'identité, tickets de ravitaillement, préavis des opérations de police régionales. À la fin 1943 ou en janvier 1944, Loubet, Rolland et Santoni dérobent les fiches de recensement départemental concernant les jeunes du STO et les jettent dans le Rhône. Les jeunes ont ainsi trois mois de sursis.

Le 7 février 1944 est signalé le vol de documents au 4ème Bureau de la préfecture. Le NAP-Police est chargé d'obtenir les renseignements sur les opérations prévues contre les résistants, les évasions, de donner communication de dossiers, de fournir des cartes d'identité authentiques ; son chef est Kuhn, commissaire aux Renseignements généraux. À la fin de 1943, le NAP-Police s'étend sur huit départements de la région R1 : dans la Drôme son responsable est l'employé de préfecture Lesage.

Au NAP-Fer reviennent les renseignements sur le trafic allemand, la préparation des attentats ferroviaires, les fausses destinations des wagons de matériel de la Wehrmacht, le sabotage et la destruction des locomotives, des plaques tournantes, etc. Le responsable est Pierre Vacher, employé à la gare de Valence. Le NAP Inspection académique est placé sous la responsabilité de Louis Roussin, puis de M. Méjean, nommé inspecteur d'Académie de la Drôme le 26 mars 1943. Venant de l'inspection de Digne, cet ancien professeur du lycée de Valence est l'auteur d'une histoire et géographie de la Drôme.

Le NAP Ponts et Chaussées est dirigé par l'ingénieur Dorel. Un jour de mai 1943, vers 18 h, le NAP Electricité effectue un sabotage précis, supprimant l'électricité alimentant les hauts-parleurs lors de l'allocution de Laval à Valence. Fin 1942, Charles Spitz, résistant travaillant à la direction régionale des Télécommunications, se voit confier la direction d'un service chargé des installations et de l'entretien des réseaux de dix départements. Il peut ainsi visiter les installations de toute la région, y compris les plus secrètes.

Malgré la surveillance d'un officier italien, il peut dresser un schéma très clair des lignes souterraines à grande distance qui sera adressé aux organisations de Résistance et s'avérera très utile. Grâce à Blachon, la Drôme est un des premiers départements reliés au centre clandestin de Lyon. Déjà, des opérations de camouflage de matériel avaient permis dans la Drôme de ne laisser en place que du matériel usagé quasi inutilisable. Ce camouflage se poursuit à l'entrée des troupes allemandes en zone occupée.

Au central de Valence, en décembre 1942, deux contrôleurs, Blachon et Rouvière, installent un système d'écoutes sur les lignes téléphoniques des Allemands et de la Milice. Ils recrutent plusieurs agents de leur administration, tels Donnay et Le Theil. Le NAP-PTT Drôme est créé au début de 1943. Son chef est le cousin de Loubet, France Bastiat, monteur des PTT. Il centralisait journellement les renseignements de tous les services et les remettait au responsable des NAP de Valence ou au chef responsable de la Résistance des MUR. De ceux-ci il recevait toutes les directives et rendait compte de son activité.

Loubet et Bastiat communiquaient les renseignements du NAP-PTT à l'état-major FFI de la Drôme ("Hermine" ensuite "Legrand") ainsi qu'aux personnalités civiles qui constitueront le CDL. Durant l'hiver 1943, une toile d'araignée télégraphique reliait Valence aux principaux centres du département et à Lyon. En juillet, l'effort porte sur l'aide à fournir aux maquisards du Vercors. Le NAP groupait tous les services PTT de Valence, c'est-à-dire la direction des PTT, la recette principale, le bureau-gare, les services techniques, téléphoniques et télégraphique, ainsi que le centre de Montélimar.

Les missions étaient nombreuses : censure intégrale du courrier de la Légion, de la Gestapo, de la Milice, arrêt du courrier réclamé par les divers organismes de Résistance (les facteurs surveillaient également les correspondances), censure intégrale des communications téléphoniques ennemies, sécurité du téléphone et du télégraphe pour la Résistance, liaisons dans tout le département et interdépartementales par la pose de postes chez les Résistants et aux maquis, fourniture d'appareils téléphoniques et des accessoires, fourniture et pose de lignes aux maquis, instruction technique des jeunes FFI pour la pose et la réparation de ces lignes. Ainsi, en particulier autour de Die, Bourg-lès-Valence et Nyons, des liaisons entre les maquis locaux peuvent être établies. En juin 1944, la liaison entre Nyons et Digne (Basses-Alpes) est même réalisée. Le personnel technique de Nyons procède avec celui de Pierrelatte aux installations de l'appareillage mis à la disposition des FFI en juillet 1944. Le plan du réseau souterrain depuis Le Péage-de-Roussillon jusqu'à Donzère, avec indication des endroits propices aux sabotages par explosifs (chambre de pupinisation) et le plan départemental du réseau aérien avaient été fournis aux chefs maquisards. On avait même prévu la fourniture de casquettes PTT et de sacoches à outils.

La Révolution Française : Entre Droits de l'Homme et Violence

La Révolution française proclame l’égalité de droits entre tous les humains, ce qui déclenche une réflexion sur l’abolition de l’esclavage, considéré comme crime de lèse-humanité. Dans le même temps, la violence se déchaîne en Vendée, au point que certains contemporains parlent de "populicide". Dans le bouillonnement d'idées et d'événements qui secouent la France et le monde, nous sommes surpris par les ambiguïtés de la période de la Révolution française, entre l'affirmation de valeurs humanistes et les horreurs de la Terreur, entre la dénonciation de l'esclavage et les massacres de Vendée, entre les colonnes infernales et les droits de l'homme.

La guerre de Vendée, une insurrection contre-révolutionnaire qui tourne à la guerre civile. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, préambule à la première Constitution adoptée en 1791, met en place des droits humains inaliénables, dans le contexte de la pensée des Lumières et de la réflexion sur l’existence de droits naturels. Malgré l’établissement de ces droits humains fondamentaux, des déferlements de violence ont lieu, notamment en Vendée.

Dans certaines zones de l’ouest de la France, la population vit mal l’encadrement de la pratique religieuse, et notamment la constitution civile du clergé, évolutions liées à la mise en place d’une République. La conscription forcée déclenche de nombreuses révoltes spontanées. L’insurrection vendéenne prend forme en mars 1793 et emmagasine d’abord plusieurs victoires, comme à Cholet et à Pont-Charrault. Une armée insurgée, l’Armée catholique et royale, se forme bientôt. Le général Charette (1763-1796) est l’un des chefs militaires centraux de la guerre de Vendée. La Convention réagit rapidement.

Les troupes républicaines répliquent et parviennent bientôt à écraser les Vendéens, au Mans puis à Savenay. Le conflit vire alors à l’escalade meurtrière, tandis que les "colonnes infernales" du général Turreau sillonnent le pays et sèment la terreur et la désolation. Meurtres, viols, pillages, incendies… Les soldats de Turreau ne reculent devant rien. La guerre civile s’emballe et la répression touche indifféremment les insurgés contre-révolutionnaires et les civils vendéens. "La déshumanisation des Vendéens permet de livrer une grille de lecture tragique, où l'on parle des 'rebelles' ou des 'brigands' de la Vendée. En utilisant ces termes, on les met hors de la cité : ce sont les ennemis qui assiègent cette cité", précise Anne Rolland-Boulestreau, professeure d'histoire moderne à l’Université catholique de l’Ouest et autrice de Les Colonnes infernales, Violences et guerre civile en Vendée (1794-1795) (Texto/Tallandier, 2025).

Les exactions de Turreau sont telles qu’il finit par être destitué. Dans le contexte du procès de Jean-Baptiste Carrier, représentant du peuple à Nantes, Gracchus Babeuf prend la plume pour dénoncer les crimes de guerre de Carrier et du général Turreau. Dans le pamphlet La Guerre de la Vendée & le système de dépopulation, il qualifie l’extermination de la population vendéenne de "populicide". Les historiens et historiennes considèrent aujourd'hui que les trois années de guerre ont fait entre 140 et 220 000 morts. Certains historiens controversés, comme Reynald Secher, proche de l’extrême-droite, considèrent qu’il y a eu "génocide" vendéen.

Les débats historiographiques sur le sujet renvoient à la mémoire de la Révolution française et à l’instrumentalisation du cas de la Vendée dans une perspective bien souvent contre-révolutionnaire. Pour un certain nombre d’historiens et d’historiennes, comme Jean-Clément Martin ou Anne Rolland-Boulestreau, il n’y a pas eu de génocide, car la répression vise les Vendéens insurgés et contre-révolutionnaires, et non le peuple vendéen dans son entier.

Pierre Serna, professeur d'histoire de la Révolution française à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, revient également sur la manière de présenter ce conflit : "Les historiens [en faveur de] la Vendée et [ceux] pour la République ont utilisé le terme de guerre de Vendée, dont [l'historien] Jean-Clément Martin explique qu'il est né au 19ᵉ siècle." Pour Pierre Serna, parler de guerre civile permet d'intégrer d'autres territoires : la Normandie, Toulon, Marseille et Lyon. "C'est une partie de la France qui est en guerre contre la Convention."

Le 4 février 1794, dans le contexte de la révolution de Saint-Domingue, les députés de la Convention nationale abolissent l’esclavage, au nom du respect des principes fondamentaux de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le discours du député Dufay de Saint-Domingue précède et prépare les demandes d’abolition de Levasseur et de Delacroix. Dans la foulée, le lendemain, le 5 février 1794, la Convention définit l’esclavage comme un "crime de lèse-humanité", à travers la proposition du député Thuriot. Au crime de lèse-majesté, en vigueur sous l’Ancien Régime, a succédé en 1789 le crime de lèse-nation. C’est d’après ce double modèle que Thuriot propose le concept de lèse-humanité. Les prémices du crime contre l’humanité semblent ainsi jetés, à l’occasion de l’obtention de la citoyenneté noire.

Paul Féval : L'Auteur de "Prends ton fusil Grégoire"

Paul Henry Corentin Féval naît le {{date}} à trois heures et demie du soir dans l'hôtel de Blossac, rue du Four-du-Chapitre à Rennes. Son père, royaliste et chrétien, originaire de Troyes appartient à la petite magistrature, il est conseiller à la cour royale de la ville. Sa mère, Jeanne-Joséphine-Renée Le Baron, est Bretonne de la région de Redon, et petite-fille du jurisconsulte Henri François Potier de La Germondaye. La famille est nombreuse (cinq enfants) et les revenus sont insuffisants.

En 1826, à l'âge de {{unité}}, Paul entre comme interne au collège royal de Rennes (aujourd'hui, lycée Émile-Zola). En troisième, au plus fort des troubles révolutionnaires de 1830, il affiche au collège des opinions monarchistes, déclenche des bagarres. Le proviseur le prie d'aller se calmer à la campagne. Il passe quelques mois chez son oncle, le comte Auguste de Foucher de Careil, au château de la Forêt-Neuve, en Glénac. Le séjour va le marquer profondément. Des conspirateurs s'assemblent la nuit au château, on fond des balles. Paul laisse son imagination s'enfiévrer, il ne rêve que batailles et massacres. Il entend des légendes macabres à la veillée, parcourt les landes, erre entre les marais, s'enfonce dans les brouillards, recueille des récits de la bouche d'anciens chouans de 1793…

Il revient à Rennes en janvier 1831, et entre en classe de seconde. Il oriente ses études vers le droit. Il passe sa licence à l’université de Rennes et devient avocat en 1836. Mais il abandonne rapidement cette profession, après une plaidoirie malheureuse. Au mois d'août 1837, il s'installe à Paris comme commis chez un oncle banquier, mais le monde de la banque et du commerce ne lui convient pas. Son oncle le chasse parce qu'il ne travaille pas.

Il songe à la littérature, tout en exerçant des petits métiers qui assurent mal sa subsistance. Des recommandations l’introduisent dans les milieux catholiques et royalistes, le Club des phoques est le premier texte publié en 1841 dans la Revue de Paris. Son talent est remarqué par des éditeurs de journaux tels La Législature et le Courrier français. Anténor Joly, directeur de L’Époque, lui passe commande d'un texte de même inspiration et de facture similaire aux Mystères de Paris d'Eugène Sue, transposés en des Mystères de Londres. Mais le résultat n'est pas publiable en l'état et Paul Féval doit procéder à une réécriture intégrale. La publication commence en 1843 sous le pseudonyme de sir Francis Trolopp.

La carrière littéraire est engagée, suivent d’autres romans-feuilletons : Le Capitaine Spartacus, Les Chevaliers du Firmament, Le Loup Blanc. Féval qui est un conservateur ressent durement la Révolution française de 1848 : par ses écrits, n'a-t-il pas contribué à réveiller la conscience politique du peuple, et lancé un mouvement qu’il réprouve. Il décide donc de réorienter sa production dans une direction plus neutre, et poursuit ses publications. En 1853, il écrit la chanson Monsieur de Charette, également connue sous le nom de Prends ton fusil Grégoire. En 1854, il épouse la fille de son médecin, Marie Pénoyée. Le couple aura huit enfants. En 1863, il rencontre son homologue britannique Charles Dickens, avec lequel il noue des liens d'amitié.

En 1870, au moment de la défaite et de la Commune de Paris, il quitte Paris pour revenir à Rennes, quelque temps. Féval s'est essayé à la plupart des types de roman : le roman de cape et d'épée avec Le Bossu, Le Cavalier Fortune, Le Capitaine fantôme, le mystère urbain avec Les Mystères de Londres, Les Habits noirs, les récits bretons avec Le Loup blanc, La Belle étoile, La Première Aventure de Corentin Quimper, le fantastique avec La Vampire, Le Chevalier Ténèbre. Il utilisa abondamment les thèmes de la chouannerie et des luttes politiques précédant l'annexion de la Bretagne.

Au début des années 1880, il est sujet à des crises d’hémiplégie et il est recueilli par les frères de Saint-Jean-de-Dieu, à Paris. Quasi oublié dans ses dernières années, il va les consacrer à remanier son œuvre dans un sens plus conforme à la morale catholique. Il meurt le {{date}} au 19 rue Oudinot, Paris {{7e}}.

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