Les théories du complot connaissent une large diffusion, mais est-ce vraiment parce que les gens sont crédules ou qu’ils manquent d’esprit critique ? On peut se demander si les Américains se sont réellement posés sur la Lune en 1969.
Federico, un ami italien, a lancé un débat intéressant lors d'une soirée. Il ne soutenait pas que le film de l’alunissage était un fake, mais adoptait une attitude plus répandue, le dubitationnisme. Le dubitationnisme consiste à douter de la version officielle des événements sans avoir de certitude sur ce qui s’est réellement passé.
Nous sommes tous, de temps à autre, concernés. Jeffrey Epstein s’est-il vraiment suicidé en prison ? Que s’est-il passé à l’Institut de virologie de Wuhan ?
Pour contrer les doutes de Federico, un argument statistique a été avancé : supposons qu'il ait raison, combien de personnes auraient dû participer à ce complot ? Toute la NASA, soit 400 000 personnes à l’époque, plus les dirigeants de la télévision et les journalistes. Il est peu probable qu'aucune de ces personnes n'en ait parlé à son entourage ou n'ait lancé l'alerte.
Cet argument provient d’une étude de David R. Grimes parue en 2016 dans la revue scientifique PLOS One, « On the Viability of Conspiratorial Beliefs » (« Sur la viabilité des croyances conspirationnistes »). S’appuyant sur un modèle statistique complexe, il montre que tout complot impliquant plus de 1 000 complices est vite voué à être éventé et que seul un secret d’État partagé par moins de 251 personnes a quelque chance de ne pas être rendu public après cinquante ans.
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Par opposition au dubitationniste, le conspirationniste passe un cap : il ne se contente pas de douter de la version officielle des événements mais en attribue l’origine à des groupes occultes.
Par exemple, la théorie des Illuminati, une société secrète qui dirigerait en sous-main les principaux États occidentaux et les multinationales, trouve sa source dans Les Preuves d’une conspiration, livre publié par John Robison à Édimbourg en 1797. Robison se présente comme un ancien membre de la franc-maçonnerie, attiré par les idéaux révolutionnaires, mais qui en est revenu.
En fait, les Illuminati ont existé, c’était une société secrète créée par un certain Adam Weishaupt en 1776 qui se proposait de diffuser les Lumières en Bavière. Cette société a été dissoute en 1784 par l’électeur de Bavière. Mais Robison offre une version alternative, ce qu’on appelle en science-fiction une uchronie : les Illuminati se seraient perpétués en devenant une société secrète à l’intérieur de la franc-maçonnerie. Une conspiration dans la conspiration, comme des poupées russes. C’est ce qui rendrait les Illuminati à la fois influents et indétectables.
L’histoire du complot au cinéma répond à l’Histoire avec un grand H. Pendant la guerre froide, Hollywood a produit nombre de films dans lesquels une conspiration internationale communiste menaçait la patrie (The Red Menace, I Married a Communist, The Manchurian Candidate…). Après la guerre du Vietnam, la crise de confiance croissante dans les représentants politiques et les médias traditionnels a imprégné en profondeur le cinéma. L’image du complot est devenue un vecteur de critique sociale.
Il n’est guère étonnant que le Septième Art ait puisé dans ces mythes modernes. La machination est un ressort narratif puissant qui tient en haleine le spectateur. On peut même avancer que le complot est entré dans l’ADN du film d’action.
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Bien que visant des cibles très diverses, les discours conspirationnistes présentent une grande constance.
Véritable théorie du complot qui date de la guerre froide, depuis des décennies, des complotistes sont en effet persuadés que tout ceci est faux : l’alunissage aurait été tourné en studio, sur Terre. Le reflet du soleil sur les combinaisons ? Le drapeau qui semble rester bien droit ? Les marques de pas dans le sol lunaire ?
Quarante-six ans après l’alunissage d’Apollo 11, les autorités russes ont annoncé la création d’un comité chargé d’enquêter sur l’événement. Le but serait d’« aider » les Américains à retrouver les preuves de l’opération. Le dossier reste opaque, notamment en raison de la perte des bandes vidéo originales de l’atterrissage.
Il est essentiel de se méfier des informations qui circulent sur le web et de développer un esprit critique face aux théories du complot. Bien que certaines anecdotes puissent faire sourire, d’autres histoires sont tellement aberrantes et farfelues qu’on croirait à une blague. Toutefois, certaines théories du complot prennent beaucoup d’ampleur.
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