Les oiseaux, notamment les corvidés, peuvent causer des dommages considérables aux cultures, incitant les agriculteurs à utiliser divers moyens d'effarouchement. Parmi ces moyens, le pistolet effaroucheur de corbeaux est une solution couramment employée, mais dont l'efficacité et la légalité sont souvent remises en question. Cet article explore en détail le fonctionnement de ces dispositifs, les différentes techniques d'effarouchement disponibles, ainsi que la réglementation en vigueur.
Les volatiles se nourrissent aussi de graines et de plantules. Et quoi de mieux qu’un champ tout juste semé comme garde-manger ? L’impact économique de ces dégâts a été estimé par Terres Inovia et Arvalis à 20 millions d’euros sur les tournesols (à la levée) et entre 25 et 45 millions d’euros pour les maïs.
Pourtant comme on l’a lu, l’arsenal réglementaire est bien fourni, disponible, clair. L’atteinte à la tranquillité publique ou à la santé de l’homme est effective lorsque l’émergence globale de ce bruit, perçu par autrui depuis l’intérieur de son habitation, est supérieure à certaines valeurs limites.
Plusieurs méthodes traditionnelles sont utilisées pour effrayer les corbeaux et autres oiseaux nuisibles :
Le canon effaroucheur « ne présente pas une garantie d’efficacité absolue » et préconise de le faire détonner tous les 10 à 15 mn voire 20 mn maximum et de le déplacer sur la parcelle tous les 2/3 jours. Afin d’éviter les nuisances sonores, le canon effaroucheur doit être placé entre 250 à 300 mètres de distance des habitations. Le guide recommande l’utilisation de plusieurs dispositifs simultanément pour plus d’efficacité.
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Pour optimiser leur utilisation :
Les effaroucheurs pyrotechniques comprennent le revolver effaroucheur qui est une arme de classe D (donc respecter la réglementation afférente) et le pistolet lance-fusées. Les tirs doivent être effectués à 200 m d’une habitation et bien évidemment pas en sa direction. Il est conseillé d'utiliser des fusées détonantes, des fusées sifflantes et des fusées crépitantes.
Le guide conseille de privilégier en premier le tir d'une ou plusieurs fusées détonantes pour faire décoller les bancs d'oiseaux, suivie d'une ou plusieurs fusées crépitantes ou sifflantes pour faire se scinder en plusieurs groupes le voilier d'oiseaux ; plus les oiseaux seront séparés, moins la pression du groupe sera forte pour revenir sur les lieux.
Plusieurs options s’offrent aux agriculteurs qui choisissent les effaroucheurs visuels. L’épouvantail n’est guère efficace car son immobilité provoque une accoutumance très rapide chez les corvidés.
Pour accentuer les mouvements du ballon-épouvantail, il est conseillé de mettre un ressort entre celui-ci et la ficelle qui le retient au mât. Pour ce qui est du cerf-volant effaroucheur, le guide suggère de remplacer les ficelles du cerf-volant par un gros élastique noir pour le protéger des fortes rafales de vent.
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Pour les miroirs, leur efficacité est « nulle dans la mesure où les miroirs sont des jeux assez plaisants pour la plupart des corvidés qui, selon certaines études, reconnaissent leur reflet » estime le guide.
De nombreux dispositifs innovants sont aujourd’hui à l’essai ou déjà sur le marché :
De manière plus prospective, plusieurs systèmes de détection automatique des oiseaux au champ sont à l’étude avec traitement d’images en temps réel (projet associant Terres Inovia et l’Inrae dans le cadre de l’institut Carnot Plant2Pro®). Ce concept technologique est une première étape pour la conception d’effaroucheurs réactifs se déclenchant uniquement en présence d’oiseaux et permettant ainsi de limiter leur accoutumance.
Plusieurs start-up développent actuellement des effaroucheurs autonomes sonores ou laser, basés sur une programmation d’Intelligence artificielle (IA) comme le projet d’effarouchement autonome nommé « FAUCON » basé sur un laser et un projet d’effarouchement autonome basé sur un effaroucheur sonore récompensé à AgreenStartUp au Salon de l’agriculture 2023.
Il n’existe pas de réglementation spécifique aux canons effaroucheurs d'oiseaux ou autres animaux, mais cela ne signifie pas que tout est permis et qu’il suffit de se conformer à la notice d’utilisation. En effet, les canons effaroucheurs oiseaux font du bruit et donc relèvent de la législation sur le bruit de voisinage et d’activités. De plus, des arrêtés des préfets et des maires peuvent réglementer leur utilisation sans en interdire sont utilisation. Justement par référence au code de la santé publique dans lequel la réglementation sur le bruit des activités est codifiée. Là où ce n’est plus normal c'est lorsque le bruit de façon répétitive, prolongée et intense les seuils d’émergence.
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Pour information: un canon dont les détonations sont trop rapprochées aura aucune efficacité, très rapidement les oiseaux s’accommoderont de l’effaroucheur. L’article R1334-31 du code de la santé publique dit bien que « aucun bruit ne doit par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé. Et cela qu’une personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne, d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité ».
Lorsque cette règle n’est pas respectée, le maire, à défaut le préfet, ont le pouvoir, en application des articles L2212-2 et L 2214-4 du code général des collectivités territoriales, R1334-37 du code de la santé publique et de l’article L571-17 du code de l’environnement, de mettre en demeure le contrevenant d’avoir à respecter la règlementation sur le bruit de voisinage et d’activités... à plus forte raison lorsqu’un arrêté préfectoral ou municipal a été pris.
Précisons que le maire qui prend un arrêté pour réglementer l’utilisation des canons anti-oiseaux sur sa commune ne peut pas prévoir des dérogations plus permissives que la loi. Par contre, elles peuvent être plus contraignantes en imposant par exemple une distance vis-à-vis des habitations.
Les personnes victimes d’abus de bruit dus à des canons anti-oiseaux doivent d’abord en aviser le maire. A partir de là le maire doit constater sur place avec l’aide du personnel agréé muni de matériel homologué, que l’émergence globale du bruit dépasse les seuils autorisés (25 décibels A à l’intérieur des habitations, fenêtres ouvertes ou fermées, 30 décibels A à l’extérieur. La période de mesure doit être représentative de la situation dénoncée et doit durer au moins 30 minutes.
Si l’émergence du bruit est avérée ou la répétition des détonations mal réglée, le maire doit : faire un rappel de la réglementation en vigueur (ce peut être un rappel de l’arrêté préfectoral ou municipal s’il en existe un) à l’utilisateur du canon par lettre de mise en demeure ou par arrêté individuel ; le contrevenant doit y remédier sans délai, à défaut il s’expose à une contravention de 5ème classe, en application de l’article R1337-6 du code de la santé publique.
Le tableau suivant résume les seuils d'émergence sonore à respecter :
Période | Seuil d'émergence |
---|---|
De 7h à 22h | 5 décibels A |
De 22h à 7h | 3 décibels A |
Selon le guide, il existe des techniques de prévention pour éviter les dégâts causés par les corvidés. Le semis à proximité ou dans la parcelle à protéger d’une autre espèce plus appétente pour les oiseaux ou apte à camoufler les semis est une technique ayant des retours positifs.
Par ailleurs, le guide estime que les répulsifs chimiques montrent une efficacité limitée et ne fonctionnent plus lorsque le stade de la plante est trop avancé, or certains corvidés sont réputés pour prélever des plantules à des stades avancés (jusqu’à 10 feuilles).
Les engrais foliaires à effets répulsifs utilisables en plein sur plantules montrent une efficacité limitée également. Aucun produit répulsif n’est autorisé en protection de semences. La synchronisation et les retards des semis peuvent être des options intéressantes.
Le guide rappelle que le choucas des tours et le grand corbeau sont des espèces de corvidés protégés en France mais des dérogations de destruction sont possibles. Le corbeau freux, la corneille noire, la pie bavarde et le geai des chênes sont quant à eux classés corvidés ESOD.
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