Parvenir à lutter contre les armes à feu est un défi crucial aux États-Unis qui ne cesse de bouleverser la scène internationale. Chaque mois, les États-Unis sont endeuillés par de nouvelles fusillades.
Ce terme de « fusillades de masse » (mass shootings en anglais) désigne des tueries faisant au moins quatre victimes, mortes ou blessées. D’après un rapport publié en septembre 2022 par Gun Violence Archive, les victimes ont atteint un total de 1 420 depuis le 1er janvier 2022, dont 293 morts et 1 127 blessés. Au cours des 145 premiers jours de 2022, les États-Unis ont connu 213 fusillades de masse.
Bien que les fusillades de masse dans les écoles/supermarchés/églises attirent davantage l’attention des médias, les dégâts causés par les armes à feu sont bien plus nombreux au sein des foyers et des maisons. Les armes à feu sont donc un véritable fléau aux États-Unis (qui connaît un taux d’homicide par armes à feu en moyenne 25 fois plus élevé que celui d’un autre pays développé). Il est aujourd’hui nécessaire de faire face à cette violence.
Ce sont les fusillades de masse qui nous choquent le plus. Ce sont donc elles que tu peux utiliser comme exemples marquants.
Les États-Unis assistent tout de même à une vague de criminalité particulièrement importante depuis plusieurs années. L’année 2020 a grandement participé à la hausse de cette criminalité. L’ATF constate une augmentation de 64 % du nombre d’armes vendues. Pour les autorités de santé, la pandémie a joué un grand rôle dans cette hausse. Mais comment ?
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Certains affirment même que cette relation singulière que les États-Unis tiennent vis-à-vis des armes à feu relève d’une forme sombre de l’exceptionnalisme américain.
La première est d’appliquer des « buyback programs ». C’est-à-dire des programmes destinés à racheter les armes qui sont actuellement en circulation aux États-Unis. Cela permettrait de diminuer le nombre d’armes à feu disponibles et ainsi de faciliter leur contrôle. Cette mesure a notamment été mise en place en 1996 par le Premier ministre australien John Howard et elle est au cœur du National Firearms Agreement.
La seconde est de vérifier plus efficacement les antécédents (Effective background checks) pour résoudre l’une des grandes failles du système américain, souvent appelée « three-day loophole ». Pour l’expliquer rapidement : actuellement, les antécédents de toute personne souhaitant acheter une arme doivent être vérifiés sous un délai de trois jours pour que cette personne soit autorisée ou non à l’acheter. Cependant, si les services américains ne réussissent pas à traiter un dossier sous un délai de trois jours, l’individu peut acheter l’arme (quel que soit son profil).
Les fusillades aux États-Unis entretiennent systématiquement le débat sur le droit de posséder et de porter une arme à feu, et soulèvent la question de sa légitimité. Chaque État a une législation différente sur le sujet, et les lois valables chez certains d’entre eux ne traversent pas les frontières des autres.
Aux Etats-Unis, le port d’arme est d’abord réglementé au niveau fédéral, puis par chaque état. Le deuxième amendement de ce texte, rédigé en 1791, le garantit : « Le droit du peuple de détenir et de porter des armes ne doit pas être transgressé. » Il est précisé que cela permet de pouvoir constituer des milices pour défendre, si nécessaire, la sécurité de l’État.
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Ce texte a donné lieu à maintes controverses sur son interprétation, et les pontes en robe longue de la Cour Suprême ont eu des difficultés à énoncer une règle d’application claire et uniforme.
La Cour Suprême a décidé qu’« un particulier peut posséder une arme à feu ; mais que ce droit n’est valable que pour se défendre ». Chaque Etat a ses propres lois sur le port d’armes, et décide s’il est nécessaire d’avoir un permis pour en porter et en utiliser une.
En Floride, un permis est nécessaire, mais il est délivré par l’autorité locale (shérif ou police), et à leur totale discrétion. Le permis est ensuite délivré par le « Florida Department of Agriculture and Consumer Services » en Floride, est valable 7 ans et coûte environ 120$. En voiture ? En Floride, montrer son arme en public sans raison légitime équivaut à une agression à main armée, passible d’une peine de 3 ans d’emprisonnement.
Ces utilisations « justifiées » d’une arme doivent toutefois être motivées par la crainte d’un danger imminent, d’une violence infligée qui serait susceptible d’entraîner la mort ou de sérieux préjudices corporels.
Dans l’État de Géorgie, aux États-Unis, une ville de 35 000 habitants appelée Kennesaw est connue pour un fait particulier. Depuis 1982, ses habitants ont une obligation légale de posséder une arme à feu et des munitions.
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Dans la ville de Kennesaw, dans l’État de Géorgie aux États-Unis, une loi municipale de 1982 oblige légalement les résidents à posséder des armes à feu et des munitions. Elle stipule que : « Afin d’assurer et de protéger la sécurité et le bien-être général de la ville et de ses habitants, chaque chef de famille résidant dans les limites de la ville est tenu de posséder une arme à feu, ainsi que des munitions ».
Toutefois, les résidents souffrant d’un handicap mental ou physique, de condamnations pour crime ou de croyances religieuses contradictoires sont exemptés de la loi.
Si la ville compte environ 35 000 habitants aujourd’hui, elle en comptait sept fois moins au moment de l’instauration de la loi. Selon Robert Jones, alors président de la Société historique de Kennesaw et propriétaire d’un pistolet Magnum 357, « En 1982, il s’agissait d’une communauté rurale d’environ 5 000 habitants. La ville entière était très conservatrice et environ 95 % des habitants possédaient des armes à feu, c’était donc une loi très symbolique ».
Selon Derek Easterling, l’actuel maire de la ville, « Je ne fais pas ça pour le spectacle », assure-t-il au sujet du maintien de la loi. Un point de vue partagé par Pat Ferris, membre du conseil municipal de Kennesaw en 1984, soit deux ans après l’adoption de la loi. Selon lui, la loi est « plus une déclaration politique qu’autre chose ».
D’ailleurs, il est vrai que la loi ne prévoit aucune sanction en cas d’infraction et personne n’a jamais été poursuivi pour ne pas avoir possédé d’arme.
Pour Cris Welsh, habitante de la ville et mère de deux adolescentes, « c’est juste une vieille tradition de Kennesaw à laquelle on s’accroche ». Elle possède d’ailleurs des armes à feu et s’en sert pour chasser ou lorsqu’elle pratique le tir au club de tir local avec ses filles. Dans son inventaire, elle compte un pistolet semi-automatique Ruger, un Beretta, un Glock et environ une demi-douzaine de fusils de chasse.
Selon un article du Courrier international , cette loi est avant tout une « réaffirmation du deuxième amendement de la Constitution américaine », qui garantit le droit de posséder une arme. Mais le contexte politique de l’époque aurait aussi joué un rôle dans sa mise en vigueur.
Cette loi aurait été appliquée en « réaction » à la réglementation adoptée en février 1981 par la ville de Morton Grove, dans l’Illinois, qui interdisait les armes à feu sur le territoire de la commune. Près de 40 ans après son adoption, la loi est toujours en vigueur et toujours populaire, notamment parce que le taux de criminalité à Kennesaw est resté disproportionnellement bas. Selon les données du département de police de Kennesaw, il n’y a eu aucun meurtre en 2023.
État | Législation |
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Washington DC | Législation la plus restrictive |
New York | Législation la plus restrictive |
Colorado | Règles durcies en réponse aux tueries de masse |
New Jersey | Règles durcies en réponse aux tueries de masse |
Virginie | Règles durcies en réponse aux tueries de masse |
Oklahoma | Facilitation du port d'armes |
Arizona | Facilitation du port d'armes |
Texas | Facilitation du port d'armes |
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