C’est un fait bien connu, Hugo Lloris n’est pas le gardien le plus à l'aise lors des séances de tirs au but. Outre ses innombrables qualités, l’ancien international français a toujours affiché un certain blocage dans cet exercice si spécifique.
Plus récemment, Hugo Lloris n’avait pas su repousser un tir au but de la Suisse lors de l’élimination en huitièmes de finale de l’Euro 2021. Ce soir encore, tous les Argentins ayant tiré ont marqué durant la séance. Le capitaine français n’a en fait tout simplement jamais stoppé un seul des neufs tirs au but auxquels il a fait face dans un tournoi majeur avec l’équipe de France .
Hugo Lloris a stoppé aucun de ses 9 tirs qu'il a subi lors des séances de tirs au but en tournoi majeur avec la France (EURO + Coupe du Monde). Le capitaine français n’a en fait tout simplement jamais stoppé un seul des neufs tirs au but auxquels il a fait face dans un tournoi majeur avec l’équipe de France .
Si cette statistique a forcément pesé dans le résultat face à un Emiliano Martinez spécialiste dans le domaine, les grandes performances réalisées par le portier de Tottenham durant le tournoi, notamment face à l’Angleterre en quart de finale, ont contribué à ce parcours des Bleus jusqu’en finale.
«Si les tirs au but peuvent se travailler ? C’est bien de se poser la question. Il y a un réel objectif, mais est-ce réalisable ? Je ne peux pas y répondre, a confié le gardien du Los Angeles FC. Il y a, par exemple, des gardiens plus à l’aise que d’autres dans cet exercice. Je n’ai pas été beaucoup en réussite dans ma carrière sur cet aspect-là même si j’en ai arrêté d’importants. Quand tu en discutes avec Dibu Martinez, pour lui c’est un jeu, psychologique. Je ne sais pas faire. Mais ça ne veut pas dire qu’il a gagné toutes ses séances de pénalty.
En mars 2019, il avouait d'ailleurs ses limites dans l'exercice : "Je pense que le plus dur, c'est de rester simple dans sa démarche. Il y a des gardiens qui y parviennent très bien, et moi, ce n'est pas le cas, reconnaissait-il dans les colonnes de L'Equipe. Certains tireurs attendent le moindre mouvement du gardien, et le tout dernier moment. J'aimerais retarder un peu plus la décision du tireur, en général."
Dimanche, contre l'Argentine, ce fut saisissant notamment sur la première tentative de Messi où Lloris part très tôt et donne une indication nette à son adversaire. Alors, qu'en face, Emiliano Martinez grandissait dans le but à mesure qu'il entrait dans les têtes tricolores, Lloris ne changeait pas le cours des choses. Ces séances, c'est aussi une question d'attitude. Quand le portier argentin balance le ballon très loin pour obliger Tchouaméni à sortir de sa routine, le portier des Bleus n'engage aucun bras de fer psychologique.
Bounou, Martinez, Livakovic ont pourtant montré le chemin à suivre : déstabiliser l'adversaire, rentrer dans sa tête, grandir dans le but, tenter de brouiller les cartes en tentant des feintes sur sa ligne. "Aujourd’hui, avec les analystes, on a tous les éléments. Mais il y a une part d’aléatoire alors que les tireurs sont capables de frapper n’importe où. On peut mettre des choses en place, et il peut se passer tout autre chose, avouait Lloris avant le match contre la Pologne. Il y a une part d'instinct et de feeling aussi. Certains gardiens excellent davantage que d’autres, ils ont leurs petits secrets."
En moyenne, selon une étude de 2019, un gardien arrête 17,5% de penalties ou tirs au but en séance. Sur toute sa carrière, et en ôtant de son bilan les penalties non cadrés, le pourcentage de Lloris plafonne à 8,7% (9 arrêtés sur 103 tentatives cadrées) avant la séance fatidique. Il reste sur une série terrible, club et sélection confondus, de 13 tirs au but encaissés consécutivement car s'il a remporté sa dernière séance avec Tottenham face à Chelsea en Cup, il le doit à la tentative sur le poteau de Mason Mount (septembre 2020).
Pour retrouver trace d'un tir au but stoppé par Hugo Lloris, il faut remonter au trophée des champions 2012 et a deux arrêts face à Gaëtan Charbonnier et Henri Bédimo. Là-encore, ses statistiques sur les séances finales sont légèrement en-deçà de la moyenne avec un pourcentage d'arrêt de 16,7% (20 tirs au but encaissés, quatre arrêtés et un sur le poteau). Il ne s'agit évidemment pas de remettre en cause le talent de l'un des deux plus grands gardiens français de l'histoire. Mais simplement reconnaître une faiblesse qui finit par coûter cher.
S’il a encaissé 21 penalties, Hugo Lloris en a aussi arrêté trois : face à Serguei Kornilenko (Biélorussie, septembre 2022), Cesc Fabregas (Espagne, octobre 2012) et Ricardo Rodriguez (Suisse, 2021), permettant aux Bleus de préserver le match nul.
Depuis toujours Didier Deschamps semble aborder l'exercice avec une forme de légèreté qui ne colle pas ni au personnage ni à l'idée qu'il se fait du très haut niveau.
Lui qui n'a jamais fait répéter leurs gammes à ses hommes à l'entraînement. "Vous pouvez faire tous les tirs au but que vous voulez à l’entraînement, vous n’aurez jamais les conditions d’un match, qui plus est d’une finale de Coupe du monde : 120 minutes dans les jambes, la pression des spectateurs, l’enjeu, la météo. Ça n’a rien à voir, donc ça ne sert à rien", tranchait-il en 2018 avant la finale face à la Croatie.
"La séance de tirs au but se travaille autant sur l'aspect technique que sur l'approche psychologique, sur la lecture de l'adversaire, la gestion émotionnelle, en montant des stratégies, nous renseigne Christophe Revel, ancien entraîneur des gardiens du LOSC, de l'OL et aujourd'hui à Brest. Le gardien argentin part cinq fois sur six en frappe croisée en comptant les penalties du match. Ce n'est pas du hasard, c'est une stratégie."
Il serait peut-être temps d'envisager un remède pour ne pas éternellement nourrir des regrets. Voilà qui tombe bien, la France a un vrai spécialiste de l'exercice : Mike Maignan. Avec 23% de penalties arrêtés (soit 9 sur 39 tentatives cadrées en carrière), l'ancien Milanais, qui s'impose comme le successeur de Lloris, aura des arguments à faire valoir. S'il n'avait pas été blessé, Didier Deschamps aurait-il eu le courage de le faire entrer en jeu dimanche dernier ?
Maintenant qu’ils ont tous deux terminé leur carrière internationale, on peut essayer de comparer les bilans de Fabien Barthez et de Hugo Lloris en équipe de France.
Pour le reste, les performances de Fabien Barthez en sélection restent encore au-dessus, qu’elles soient collectives ou individuelles. Avec une moyenne de buts encaissés par match largement inférieure (0,55 contre 0,83) et une durée d’invincibilité incomparable (8 matchs contre 5), le champion du monde 1998 fait partout mieux que celui de 2018. Hormis au nombre de matchs sans but encaissé (51 contre 63, mais avec 58 sélections de moins), au nombre de sélections et à l’assiduité (qui tient compte du nombre de matchs manqués entre le début et la fin de la carrière internationale).
Sur le premier, qui dresse un bilan général, on voit que Lloris a gagné 60% de ses matchs en Bleus, pour environ 16% de défaites. C’est moins bien que Barthez, qui compte 70% de victoires pour seulement 8% de défaites.
Si on se restreint aux matches de compétition les plus importants, à savoir ceux en phase finale, deux choses sautent aux yeux : Barthez en a joué 28 entre 1998 et 2006 [1] contre 35 pour son cadet, et il n’en a perdu que trois (deux au Mondial 2002, on l’a vu plus haut, et le quart de finale de l’Euro 2004). Lloris s’est incliné six fois en cinq phases finales : face au Mexique et à l’Afrique du Sud en 2010, contre la Suède et l’Espagne en 2012, face à l’Allemagne en 2014 et contre le Portugal en 2016. La Coupe du monde 2018 est la première où il termine invaincu.
Mais son nombre de buts encaissés est bien supérieur : 36 contre seulement 18 pour Barthez. Ce dernier a réussi 12 clean sheets (matchs sans but encaissé) en 28 rencontres de phases finales, contre 13 pour Lloris (en 35 matchs, donc).
L’expérience de Hugo Lloris est moindre. Il n’a joué que quatre prolongations, et s’il n’a pas encaissé de buts lors de la première (face à l’Irlande en barrages 2009) et de la troisième (Suisse, 2021), il s’est incliné sur un tir lointain d’Eder à la seconde, contre le Portugal en 2016 et sur une reprise de près de Messi face à l’Argentine en 2022.
Enfin, si Hugo Lloris a perdu deux séances de tirs au but en sélection (sur deux jouées, dix tirs concédés), Fabien Barthez en a joué trois. En 1998 contre l’Italie, il a arrêté la tentative d’Albertini et a été suppléé par sa transversale sur celle de Di Biagio. En 2000 contre le Japon au tournoi Hassan-II, il n’est pas malheureux non plus : Inamoto trouve le poteau et Nanami échoue sur la barre. La réussite le fuira la troisième fois, lors de son ultime sélection à Berlin contre l’Italie en 2006.
Le bilan de Hugo Lloris est encore moins bon. Le capitaine de l’équipe de France a subit 25 pénalties depuis 2009. Il en a arrêté trois, un autre a été frappé à côté. Le premier était l’œuvre du Biélorusse Serguei Kornilenko en septembre 2012, mais Putilo avait suivi et marqué (dans ce cas, le but n’est pas inscrit sur penalty). Un mois plus tard à Madrid, il avait sorti la frappe de Fabregas alors que l’Espagne menait 1-0. Enfin, il a capté le tir du Suisse Roberto Rodriguez en 2021, et Harry Kane n’a pas frappé sa deuxième tentative avec l’Angleterre en 2022. Pour être complet, Lloris avait arrêté le pénalty de Lewandowski contre la Pologne quatre jours plus tôt, mais ce dernier avait pu retirer après que l’arbitre ait annulé sa tentative.
Remarquable sur sa ligne, où il a réalisé souvent des sauvetages spectaculaires (notamment à l’Euro 2016 contre la Roumanie et l’Allemagne et à la Coupe du monde 2018, à chaque match, ou plus récemment contre l’Allemagne à l’Euro 2020, face à la Belgique et l’Espagne en Ligue des Nations 2021 et contre l’Angleterre en 2022), Lloris était également efficace sur les sorties aériennes (hormis une erreur en 2010 contre l’Afrique du Sud sur corner) grâce à son envergure.
Avec son excellent jeu au pied, Barthez se payait le luxe de dribbler des attaquants adverses et délivraient des relances tendues très précises, comme pour Henry en 1998 (Arabie Saoudite) ou Trezeguet en 2000 (Italie). Le jeu au pied était le gros point faible de Lloris. Gaucher exclusif, il était en grande difficulté quand le ballon arrive sur le pied droit. Ses dégagements étaient imprécis et rendaient le plus souvent le ballon à l’adversaire, quand ils ne finissent pas en touche.
Si l’on peut considérer que Lloris est arrivé à la hauteur de Barthez en devenant comme lui champion du monde, il n’a pas gagné l’Euro, et il a fait à peu près pareil que son aîné en 2022, atteignant la finale et s’inclinant aux tirs au but. On peut considérer que la Ligue des Nations équivaut à la Coupe du monde, même si l’adversité était plus relevée.
Les statistiques saison par saison de Hugo Lloris sont régulièrement mises à jour, en ce qui concerne les matches de championnat et des diverses coupes domestiques. Ces informations fournissent un contexte sur ses performances dans les compétitions domestiques et internationales, mettant en évidence son rôle et son impact au fil des saisons.
Retrouvez toutes les distinctions personnelles et les contributions majeures de Hugo Lloris reçues au cours de sa carrière.
Les données et statistiques de Hugo Lloris ont été mises à jour le 14 juil. 2025.
Saison | Club | Matchs | Buts |
---|---|---|---|
24 - 25 | Los Angeles FC | - | - |
23 - 24(jan) | Tottenham | - | - |
22 - 23 | Tottenham | 31 | - |
21 - 22 | Tottenham | 38 | - |
20 - 21 | Tottenham | 43 | - |
19 - 20 | Tottenham | 25 | - |
18 - 19 | Tottenham | 44 | - |
17 - 18 | Tottenham | 43 | - |
16 - 17 | Tottenham | 40 | - |
15 - 16 | Tottenham | 46 | - |
14 - 15 | Tottenham | 43 | - |
13 - 14 | Tottenham | 43 | - |
12(août) - 13 | Tottenham | 32 | - |
12 - 12(août) | Lyon | 2 | - |
11 - 12 | Lyon | 46 | - |
10 - 11 | Lyon | 45 | - |
09 - 10 | Lyon | 50 | - |
08 - 09 | Lyon | 43 | - |
07 - 08 | Nice | 30 | - |
06 - 07 | Nice | 37 | - |
05 - 06 | Nice | 5 | - |
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