Le remplacement des pistolets de dotation par le nouveau PSA (Pistolet Semi-Automatique) Glock 17 Gen 5 spécifique armée française marque un tournant pour nos forces, cohérent avec les dernières adoptions (armements comme véhicules) et significatif d’un changement de paradigme doctrinal.
Mais, alors que le choix vient à peine d’être officialisé (il était en pratique connu depuis quelques semaines), comme à l’accoutumée de nombreuses voix s’élèvent pour le critiquer sur divers points. En faisant abstraction des commandos-claviers opérant depuis leur sous-sol et autres experts du tir virtuel, certaines critiques sont toutefois à considérer.
Cela, et le besoin dans les années 1990 d’entamer le remplacement d’une dotation remontant aux années 1950, expliquent l’utilisation de plusieurs modèles de pistolets différents dans nos armées.
Le MAC 50 était considéré à sa sortie comme le meilleur pistolet semi-automatique au monde et le plus avancé, et garda cette réputation jusque dans les années 1970, y compris outre-atlantique (voir l’ouvrage de référence, Small Arms of the World de W.H.B. Smith), où les -rares- modèles disponibles en collection s’échangent à prix d’or ; particulièrement innovant en son temps, il a pour descendance et / ou parentèle méconnue, de nombreuses armes dont le SIG P210, issu du brevet sur le PA35A racheté par les Suisses en 1937.
D’autres améliorations remarquables introduites par le MAC 50 sont aujourd’hui courantes : le témoin de chambre sur le dessus de la culasse et la sécurité de chargeur.
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Le PAMAS, et son faux-jumeau le M9 de l’armée américaine, tout comme leurs frères Beretta 92, sont encore légitimement considérés comme l’un des meilleur design de pistolet jamais inventé, et bénéficient du statut enviable d’icône absolue parmi les pistolets, aux côtés du Colt 1911 et … du Glock 17.
Trois générations, trois visions différentes, trois ergonomies. Beretta 92 et Glock 17 sont techniquement nés presque en même temps, mais évolution des mentalités oblige (a fortiori avec une carcasse plastique, perçue au départ comme moins durable, à tort) et adoption massive par l’armée américaine aidant, le Glock aura mis plus de temps que le Beretta à faire son trou.
Le PAMAS n’a pas beaucoup d’inconvénients majeurs, hormis quelques détails, notamment ergonomiques : le levier de désarmement tend à gêner lors des manipulations de la glissière, et selon la taille des mains, il peut arriver d’actionner partiellement le levier de démontage ; les petites mains ont d’ailleurs parfois du mal avec l’arme et sa poignée massive.
Quand on dit icône culturelle ... Avant que le programme PANG ne naisse, le remplacement des MAC 50 avait déjà été envisagé, dès les années 1960, compte tenu de l’intensité des conflits vécus alors par les forces (pour donner une idée, 27 morts par jour en Indochine, 9 morts par jour en Algérie, les deux pendant 7 ans) et donc de l’usure subie par les armes.
Puis, les divers engagements des années 2000 mettant rudement à l’épreuve les matériels, le besoin de remplacer l’armement individuel s’imposa.
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L’objectif fut donc de lancer un appel d’offres pour trouver un candidat idéal au remplacement de la dotation hétéroclite par un pistolet unique, convenant à un large panel d’utilisateurs aux besoins et contraintes très différents.
Ouvert aux fabricants étrangers (et pour cause, nous y reviendrons), il précise d’emblée que l’offre choisie sera celle « économiquement la plus avantageuse en fonction des critères énoncés dans le cahier des charges ».
Autre point : les postulants doivent pouvoir justifier d’un CA annuel supérieur ou égal à 30 millions d’€. Logique compte-tenu de la viabilité attendue du fournisseur. Une très grosse commande donc.
Assez pour un remplacement total des PA en dotation ? Pas tout à fait, nous y reviendrons. 75 000 PSA pour un peu moins de 100 000 utilisateurs potentiels toutes armées confondues, il faut donc en déduire que tout le monde ne sera pas équipé.
Du côté de SIG, on peut imaginer que les déboires traversés avec le P320 à l’issue du programme MHS ayant abouti à son adoption sous le nom M17, ainsi que les restrictions liées à l’ITAR, ont calmé toute velléité.
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Le P320 a en effet le mauvais goût de tirer tout seul lorsqu’il tombe sous un certain angle, et présente quelques problèmes de fiabilité que l’US Army rencontre avec, sur les premières séries principalement.
Pour H&K, dont les USP sont utilisés notamment dans la Marine Nationale, les SFP9 et SFP30 auraient pu être de bonnes propositions, disponibles dans de nombreuses configurations différentes (avec ou sans sécurité externe) et équipés de raffinements techniques pertinents (démontage sans action sur la queue de détente et imposant le retrait du chargeur, 27 combinaisons différentes de poignée, etc.) mais sont notoirement plus chers que les Glock ou d’autres concurrents, et les retours sur la fiabilité, bien que très bons, sont légèrement en retrait.
Pour le reste, il faut aussi bien comprendre que ces grandes compétitions pour l’équipement d’une force armée nationale ne sont pas très rentables pour les fabricants et fournisseurs, comparativement à la vente au détail ou à des forces plus réduites (quelques dizaines de ceci pour telle police locale, quelques petites centaines de cela pour telle unité spéciale, etc.).
A titre d’exemple, on donnera celui de ce pistolet, dont nous tairons le nom, vendu environ 250$ pièce et environ 400$ tous accessoires et contrat de maintenance compris à une administration donnée d’un certain pays, quand il est proposé à environ 600$ avec juste 2 chargeurs au client civil.
Plusieurs fabricants ont répondu présent à l’appel d’offre, en l’état nous disposons des informations suivantes, parcellaires. Il est d’ailleurs dommage que, contrairement aux américains par exemple, les français ne permettent pas plus de communication sur les détails de ces mises en concurrence, au moins sur les aspects techniques.
Les perdants y gagnent certes en minimisant l’impact d’image, mais l’information collective y perd.
Dérivé du mythique CZ75, déjà réputé pour son lot de solides qualités (ergonomie, efficacité au tir, fiabilité), il en améliore les caractéristiques en s’orientant sur un usage très tactique, mais d’école classique.
Peu populaire chez nous, et donc méconnu (contrairement aux dérivés sportifs du CZ75, Tanfoglio notamment), il est par contre très populaire dans de nombreux pays, apprécié aussi bien par une clientèle civile pour les loisirs ou la défense personnelle (dans les pays où c’est permis et jugé nécessaire), que par une clientèle professionnelle, principalement forces de l’ordre (Israël bien sûr, Belgique, Grèce, Hongrie, Kenya, entre autres), bien que quelques armées ou unités de certaines armées s’en servent (Ukraine, Inde, Colombie, Corée du Sud, Géorgie, Serbie, Salvador, et en Israël encore).
De nombreuses versions différentes sont proposées par IWI, et nous ignorons pour l’instant l’exacte version qu’a pu présenter IWI dans le cadre de l’appel d’offre (mise à jour dès que nous aurons toutes les précisions).
Si c’est bien vrai, il est curieux que IWI se soit présenté avec un tel candidat alors qu’un modèle plus moderne et plus à même de correspondre aux attentes du cahier des charges existe dans leur gamme, le Masada (à ne pas confondre avec la carabine conçue par Magpul dans les années 2000 et plus tard diffusée sous le nom de Bushmaster / Remington ACR), un pistolet à carcasse polymère et percuteur lancé, à grande capacité (17 coups).
Dans la liste des candidats potentiels crédibles, commençons par le Beretta APX, conçu comme un concurrent direct au Glock, notamment pour les marchés militaires (candidat malheureux au programme MHS de remplacement du Beretta M9 dans l’armée américaine), et parent du PAMAS partiellement remplacé.
Venu d’Autriche comme le Glock, le Steyr A2 MF apparaît aussi comme un candidat crédible. Doté de 4 sécurités, d’organes de visée trapézoïdaux, et d’un axe de canon particulièrement bas, c’est la version évoluée d’un pistolet très novateur des années 1990, le M9.
Une arme particulièrement étudiée (par exemple la poignée peut être adaptée en profondeur comme en largeur, unique sur une arme de service), peut-être trop ? Enfin, autre possibilité, le Walther PPQ M2 Q4.
Trois finalistes ont été sélectionnés en septembre 2019, sans grande surprise trois pistolet à carcasse polymère et action par percuteur lancé sur platine double action.
Enfin, sans surprise … Pendant que les « vieux choufs » crient au scandale de la fin du métal costaud - solide, a contrario d’aucuns s’étonnent que la STAT (Section Technique de l’Armée de Terre, chargée de l’évaluation), qui traîne une réputation ancienne de décideurs de bureaux pas nécessairement fondée, puisse faire des choix pertinents.
Les adoptions de certains matériels il y a quelques décennies ont laissé des traces durables (le fameux gilet de combat TTA, entre autres).
Quoiqu’il en soit, la STAT est depuis quelques bonnes années au moins remplie de passionnés issus du terrain, et ayant cumulé les OPEXs dans un large panel d’unités et de spécialités.
Les finalistes sont donc trois excellents pistolets, et si, puisque c’est l’objet, nous allons tenter de voir ensemble quels points les distinguent en bien ou en mal les uns des autres, il faut avant tout garder à l’esprit qu’il n’y a actuellement pas d’arme de service foncièrement mauvaise, et que le niveau technique et technologique général du secteur est des plus élevés : ça se joue entre la crème, la crème de la crème, et le suprême de crème.
Jeune concurrent direct des Glock 17 chez le réputé fabricant tchèque, il lui est si proche en dimensions qu’il rentre dans la plupart des étuis pour G17 (idem pour le P10C et le G19), et se démonte et remonte exactement de la même façon.
Arme éprouvée depuis son lancement au début des années 1980 (le G17 est à l’origine de l’aventure Glock), c’est devenu au fil du temps non seulement un incontournable du segment, mais surtout une référence et le pionnier de toute une catégorie de pistolets (carcasse polymère et percuteur lancé).
Considéré comme la Kalashnikhov des pistolets modernes, le Glock sera peut-être au 21ème siècle ce que le Colt 1911 a été au 20ème siècle : l’arme conçue dans les dernières années du siècle précédent et dominant son temps par son empreinte, suscitant de nombreuses évolutions, dérivés, concurrents et innovations.
On ne fera pas la liste des forces et pays équipés en Glock, un article complet ne suffirait pas. Citons entre autres nos voisins britanniques qui l’ont adopté en 2013 en version Gen 4 pour remplacer le Browning Hi Power GP35, en service depuis la Seconde Guerre Mondiale (L9 Pistol), puis dans une version modifiée depuis 1962 (L9A1) (illustration comparative ici).
Le Glock 17 Gen 5 récemment adopté par les Portugais.
Comme nous l’avons vu, le G17 cumule un certain nombre de qualités qui en font, malgré ses défauts, une arme réputée et très très largement éprouvée.
D’après nos informations, on pourrait couper court à une idée reçue : non, ce ne serait pas l’offre la plus basse en termes de prix qui l’aurait remporté, même si le tarif de 587€ par arme semble faible.
En fait, les évaluations se font avec des grilles de notation, chaque paramètre étant affecté d’un coefficient (un peu comme au Bac pour les différentes matières). Le Glock a tout simplement obtenu la meilleure note générale, tous paramètres compris.
Au final, les PSA Glock 17 seront livrés avec un ensemble d’équipements et d’accessoires d’un niveau très élevé et cohérent avec le nouvel élan dans l’équipement individuel de ces dernières années.
Les premières photos du MinArm parlent d’elles-même, présentant l’ensemble aux côtés des derniers effets individuels entrés en service.
Non seulement le choix de l’étui est intelligent (aux antipodes du dernier Star-pack en Cordura CCE 1180Dtex distribué …) mais celui des accessoires l’accompagnant l’est tout autant.
ENFIN l’armée française confirme le changement d’esprit entamé il y a quelques années, à faire confiance à ses hommes pour déterminer à leur niveau individuel quel est le meilleur positionnement de leur matériel en fonction de leur besoin à l’instant T sur tel théâtre dans tel contexte.
D’abord compte-tenu du fait que Blackhawk a vu plusieurs de ses modèles d’étuis mis en cause dans de graves problèmes de sécurité des armes, principalement liés au système de déverrouillage à l’index, mais plus largement au principe de rétention mécanique par blocage au pontet : la version à rétention de niveau 2 du holster choisi pour le PSA, très exactement celle destinée aux P320 et M17, et aux P250 et M18, alias le holster LC2, vient d’ailleurs de subir le 22 octobre dernier un rappel officiel imposé par la Consumer Products Safety Commission américaine pour un problème de conception provoquant un changement de position de l’arme dans l’étui, pouvant entraîner un départ de coup involontaire.
L’arrivée massive d’aides à la visée est également une grande première à saluer, et la France se positionne à nouveau dans les leaders de l’équipement individuel du combattant par ces choix.
A ceux qui regrettent le choix d’une entreprise étrangère, y compris certains de la presse allant jusqu’à parler d’abandon des fusils et pistolets français (lesquels ? OUI, les armes sans sécurité externe manuelle facilitent la survenue d’accidents (120 en 10 ans dans la seule police locale de la capitale américaine, tous avec des Glocks, dont plusieurs accidents mortels).
C’est donc l’entraînement, la répétition et l’accoutumance dans la durée à l’objet (voiture, couteau, arme, même problématique) qui font que l’utilisateur sera un danger pour les autres et lui-même, ou un personnel prudent, prévenant et efficace.
Dès lors, nous espérons que dès les formations initiales les personnels seront formés d’abord sur le nouveau PSA Glock 17, même si ils sont appelés à utiliser les PAMAS restant par exemple.
Au-delà des PAMAS, les Glock 17 Gen 3 déjà en dotation dans les unités équipées devraient a priori y rester jusqu’à fin de vie, et y seront probablement épaulés progressivement par des PSA à kit MOS, ou seraient versés aux éléments moins « ops » de leurs régiments tandis que les utilisateurs des Gen 3 passeraient sur PSA Gen 5.
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