Créées en 2003, les Équipes Régionales d’Intervention et de Sécurité (ÉRIS) sont les unités spéciales chargées d’intervenir en cas de tension dans un établissement pénitentiaire. Elles sont souvent décrites comme le GIGN de l’administration pénitentiaire.
Le début des années 2000 a été marqué par une remise en cause des rôles, règles et modes de fonctionnement de l’institution carcérale, avec de multiples incidents éclatant à l’intérieur et aux abords des prisons. L’administration pénitentiaire a vécu trois années sensibles en termes de sécurité, incluant :
Face à une institution fragilisée, une riposte sécuritaire s’est organisée sous l’impulsion du ministre de la Justice, Dominique Perben, et du directeur de l’administration pénitentiaire, Didier Lallement.
Réparties en dix équipes (neuf régionales et une à vocation nationale), les ÉRIS sont composées d’une quarantaine d’agents. Elles sont spécialement préparées à la gestion des incidents de grande ampleur et à l’encadrement de diverses opérations de maintien de l’ordre.
Leurs membres sont recrutés en interne sur la base quasi-exclusive d’aptitudes physiques et doivent incarner une « nouvelle génération de surveillants ».
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Avant d’intégrer ces équipes, les agents reçoivent une formation de dix semaines dispensée par l’École nationale de l’administration pénitentiaire, décomposée en cinq blocs :
Les élèves effectuent également un stage de plusieurs jours au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie à Saint-Astier, lieu de formation du GIGN. Le GIGN constitue une véritable source d’inspiration pour la pénitentiaire.
Les ÉRIS disposent d’une tenue spécifique (une combinaison bleu nuit) et d’équipements particuliers : boucliers, casques, gilets pare-coups, gilets pare-balles, chasubles d’intervention, gants, bottes adaptés, menottes et cagoules.
L’administration pénitentiaire leur fournit un armement important :
Destinées à intervenir en cas de crise, l’administration pénitentiaire a pensé ces équipes comme une « force de frappe » vive et puissante. Selon Laurent Ridel, directeur des services pénitentiaires, avant 2003, « cette capacité d’anticipation ou de réaction très rapide manquait cruellement à une administration pénitentiaire par définition statique ».
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Les ÉRIS se sont construites sur un cadre extrêmement coercitif, obnubilées par le risque d’embrasement et de perte de contrôle. Une phase préalable de négociation n’a été intégrée dans leurs procédures d’intervention qu’en 2007, et l’enregistrement vidéo des interventions n’a été accepté qu’en 2008, suite à plusieurs plaintes et sous la pression des organes de contrôle français et européens.
Cette concession est motivée autant par un souci de protection des personnes détenues que des agents.
Malgré l’introduction de techniques d’intervention plus pertinentes, la « normalisation » des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en prison peut banaliser des méthodes d’intervention violentes. L’OIP avait alerté en 2005 sur le risque que la création des ÉRIS soit perçue comme un blanc-seing pour des méthodes musclées.
La Commission nationale de la déontologie de la sécurité a souligné le lien entre les méthodes coercitives des ÉRIS, leur cadre d’intervention nébuleux et les violences exercées ensuite par le personnel local à l’encontre des personnes détenues.
Les ÉRIS ont participé à la diffusion de techniques et pratiques de maintien de l’ordre au sein des établissements. L’annonce en 2016 de la création de nouvelles « équipes de sécurité pénitentiaire » (ESP) et des « équipes locales de sécurité pénitentiaire » (ELSP) illustre cette évolution.
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La banalisation des outils et méthodes d’intervention des ÉRIS a entraîné une libération et une acceptation de la violence. Les incidents récents à la maison centrale de Condé-sur-Sarthe et la dotation des surveillants en menottes et des gradés en bombes lacrymogènes en sont des exemples.
En incarnant l’une des expressions les plus tranchantes de la violence en prison, les ÉRIS occultent les milliers d’autres manifestations quotidiennes.
Au 31 décembre 2017, les effectifs ÉRIS étaient de 367 agents, comprenant 318 surveillants, 34 premiers surveillants et 15 officiers, pour un effectif théorique de 409 agents.
Grade | Effectif |
---|---|
Surveillants | 318 |
Premiers Surveillants | 34 |
Officiers | 15 |
Total | 367 |
Effectif Théorique | 409 |
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