Le gilet pare-balles est un équipement personnel blindé de fabrication complexe destiné à protéger son porteur de la pénétration de projectiles et des traumas occasionnés par leurs impacts. C’est un produit qui ne cesse d’évoluer.
Le concept de gilet pare-balle prend sa source au moyen-âge avec l’apparition des armures de tissu et d’acier destinées à limiter les dégâts occasionnés par les épées, lances et armes de trait des ennemis. De nombreuses tentatives de mise au point de gilet pare-balle ont été faites à partir de plaques d’acier mais ces systèmes se révélaient extrêmement lourds et incapacitants. Il faudra attendre les années 1960, le développement de la chimie moderne et la découverte des aramides pour qu’un système plus fiable soit mis au point sous la dénomination commerciale KevlarTM. Depuis, de nombreuses matières ont été dérivées du Kevlar et de ses composés et servent à la fabrication de gilet pare-balle plus légers, plus efficaces et qui permettent une grande liberté de mouvement. Cela dit, ces protections balistiques restent lourdes et inconfortables pour la plupart.
Dans l’ancien temps, un soldat n’avait pas d’autre choix que de tenter de fabriquer son gilet pare-balle avec les moyens du bord. Peu ont vraisemblablement réussi, ou la recette serait aujourd’hui bien connue. S’il est courant de voir un héros de fiction fabriquer son gilet pare-balle avec des plaques d’acier ou d’autres matériaux résistants, il est totalement illusoire de penser que cela puisse s’appliquer dans la réalité. De plus en plus de bloggeurs proposent de fabriquer son gilet pare-balle de façon artisanale. Si cette solution peut être envisagée en dernier recours, elle est très fortement déconseillée car le design proposé par ces bricoleurs n’est pas vérifié ni testé par un organisme compétent (ni par personne généralement) et peut comporter de graves défauts voire être d’une inutilité totale. Pour obtenir une protection frontale et dorsale intéressante contre les balles et les shrapnels, il faut compter une dizaine de kilos d’acier ce qui entrave totalement la liberté de mouvement et ralentit dangereusement le porteur. De plus, les plaques d’acier ont tendance à dévier les ogives plutôt qu’à les stopper, une balle se heurtant à votre gilet pare-balle artisanal peut donc potentiellement changer de trajectoire et vous remonter dans le menton pour aller se ficher dans votre crâne. En clair, c’est une très mauvaise idée de se fabriquer son gilet pare-balle maison.
Contrairement à la croyance commune, le gilet pare-balle ne constitue pas une protection fiable à 100% contre les tirs d’armes à feu. S’il est toujours préférable d’en être équipé dans le cadre d’une activité policière ou militaire, de nombreux facteurs influent néanmoins sur sa capacité à arrêter une ogive, comme le calibre utilisé ou l’angle de pénétration du projectile à l’impact.
En fonction de vos besoins, ou encore des circonstances d’utilisations, vous pouvez choisir parmi les différentes classes de protection balistiques, qui est notamment un classement du National Institute of Justice. Les menaces causées à la fois par les balles de basse et de haute vitesse sont reconnues comme des menaces balistiques. À ce jour, plusieurs types de gilets pare-balles de corps ainsi que de plaques balistiques ont été mis au point pour offrir une protection contre ces menaces.
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La protection balistique est essentielle pour les forces de l'ordre, les militaires, et même certains civils dans des situations de haute sécurité. Les normes de protection balistique, telles que celles définies par le National Institute of Justice (NIJ) aux États-Unis et la Vereinigung der Prüfstellen für Angriffshemmende Materialien und Konstruktionen (VPAM) en Europe, jouent un rôle crucial pour garantir que l'équipement offre une protection adéquate contre les menaces spécifiques.
Le NIJ, une agence du Département de la Justice des États-Unis, est reconnu mondialement pour ses normes rigoureuses en matière de gilets pare-balles. La norme NIJ 0101.06, qui est la plus couramment utilisée, classifie la protection en six niveaux, chacun correspondant à un type de menace spécifique.
La norme VPAM, principalement utilisée en Europe, offre une classification légèrement différente, souvent perçue comme plus complexe mais aussi plus flexible. La norme VPAM PM (Prüfgrundlage für ballistische Materialprüfungen) est utilisée pour les tests balistiques et est subdivisée en 14 niveaux.
La norme NIJ est souvent préférée pour son approche simplifiée, rendant la sélection des équipements plus facile pour les forces de l'ordre et les utilisateurs finaux. La norme VPAM, bien que plus complexe, offre une granularité plus fine qui permet de choisir des protections spécifiques en fonction des menaces précises.
En termes d'application, les équipements conformes à la norme NIJ sont largement utilisés en Amérique du Nord, tandis que ceux conformes à la norme VPAM sont plus courants en Europe. Les utilisateurs doivent choisir en fonction de leurs besoins spécifiques : une protection standardisée et facile à comprendre (NIJ) ou une protection plus personnalisée et adaptable (VPAM).
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Attention, les gilets de protection balistique ne protègent pas du tout contre les armes blanches. Un autre type de protection doit être intégré d’origine au gilet souple ou ajouté au porte-plaques. Tout comme les plaques de protection balistiques, les pare-coups sont des produits de haute technologie et les fabriquer soi-même est très difficile. Les armes blanches font l'objet d'études et de tests qui leurs sont propres. Pour s'en protéger, il est nécessaire d'utiliser des protections spécifiques, anti armes blanches ou "anti stab" pour la traduction anglaise. La protection contre ce genre d'agression n'est pas du tout assurée par les gilets pare-balles souples destinés à protéger des munitions d'armes de poing (.38 Special, 9 mm Parabellum, 357 Magnum). Il en est de même avec les flèches d'arcs et traits d'arbalètes qui ont des pouvoirs de pénétration parfois nettement supérieur à ceux des projectiles d'armes à feu.
La protection pare-balle ne s’adresse pas qu’aux forces de l’ordre. Longtemps réservé aux forces de l’ordre et aux militaires, le gilet pare balle s’est démocratisé dans de nombreux secteurs d’activité. Journalistes de guerre, convoyeurs de fonds, agents de sécurité et même certains civils dans des zones à risque en font aujourd’hui usage. N’importe qui peut se retrouver dans une situation où il lui faudrait un gilet pare-balle, et ces situations sont malheureusement de plus en plus fréquentes.
Pour bien choisir votre pare-balle, vous devez évaluer à quels types de menaces potentielles vous faites face. Sont-elles uniquement d’ordre balistiques, y a-t-il un risque qu’on vous attaque avec des objets contondants ou des armes tranchantes ? Vous rendez-vous dans une zone de guerre et quel est le plus gros calibre auquel vous pouvez avoir affaire ? Pour bien choisir un gilet, il est important de ne pas sous-estimer le niveau de protection dont vous avez besoin. Si vous devez le porter pour de longues durées, sachez que les gilets qui offrent un haut niveau de protection (IIIA, III & IV) sont bien plus lourds que les gilets de protection de faible niveau, et souvent plus rigides, aussi.
Un autre aspect important est la longueur du gilet qui doit idéalement protéger votre nombril (le bas du ventre en somme) mais ne pas descendre trop bas. Si le gilet va au delà de votre nombril, il protègera des organes non vitaux au détriment de votre mobilité.
Le gilet pare-balle se présente sous plusieurs formes. La classe IIIA est proposée en gilets souples et sous forme de plaques balistiques à insérer dans un gilet porte-plaques. Les deux formats ont leurs avantages et leurs inconvénients. Les gilets porte-plaques balistiques sont modulaires et offrent une grande mobilité mais présentent des zones de vulnérabilité.
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Le principal critère de différenciation entre les gilets pare balles repose sur leur capacité à arrêter des projectiles. Aux États-Unis, c’est la norme NIJ (National Institute of Justice) qui établit une classification de référence. Ce sont ces certifications qui permettent de juger si un gilet est fiable, et adapté au niveau de risque encouru.
Les gilets pare balles souples représentent la majorité des équipements utilisés en zone urbaine ou dans les environnements civils. Fabriqués en fibres synthétiques comme le Kevlar ou le Twaron, ils sont conçus pour épouser les formes du corps. Ils sont efficaces contre les munitions de faible énergie, comme celles tirées par des armes de poing. En revanche, ils sont inefficaces face aux munitions de fusils ou aux armes blanches si elles sont puissamment manipulées. Ce type d’équipement est particulièrement prisé par les agents de sécurité, les journalistes et les policiers en civil. Il est également utilisé dans le monde diplomatique et les services de protection rapprochée.
Pour les menaces plus sérieuses, les gilets souples sont complétés ou remplacés par des plaques balistiques rigides. Ces plaques, insérées dans des porte-plaques, viennent couvrir le torse et parfois le dos. Les plaques en acier sont robustes, mais lourdes et sujettes aux éclats secondaires. Les plaques en céramique, plus légères, se fissurent à l’impact mais absorbent mieux l’énergie du projectile. Les utilisateurs peuvent choisir leurs plaques selon le niveau de menace anticipé. Un militaire en opération extérieure ne s’équipera pas de la même manière qu’un policier intervenant en zone sensible.
À la différence des gilets classiques, le gilet pare balle tactique est pensé pour les interventions armées et les environnements hostiles. Il est conçu comme une plateforme modulaire permettant d’ajouter divers accessoires. Ce type de gilet est souvent utilisé par les unités d’élite, les groupes d’intervention et certaines forces militaires. Il protège non seulement le torse, mais peut aussi couvrir les épaules, le cou, les flancs et l’aine. Cependant, le gilet tactique n’est pas adapté à toutes les situations. En milieu urbain civil, il peut gêner la mobilité ou alerter inutilement l’entourage.
Les morphologies féminines nécessitent des adaptations spécifiques, souvent négligées dans la conception des équipements de protection. Face à cette problématique, de plus en plus de fabricants développent des gilets ergonomiques pensés pour les femmes. Ces modèles offrent non seulement une meilleure répartition du poids, mais évitent aussi les points de compression. Cela réduit la fatigue musculaire et permet un port prolongé sans inconfort. Ce souci d’adaptation reflète une prise en compte plus large de la diversité des profils dans les métiers à risque.
La vélocité des munitions stoppées implique un fort trauma à l’impact. Si votre gilet pare-balle contient une plaque de protection balistique de niveau IIIA qui est capable de stopper une ogive .44 Magnum de 15 grammes lancée à 450m/s, votre thorax lui n’a pas été conçu pour encaisser le choc d’un projectile vous atteignant avec une force de plus de 1500 joules. Arrêt cardiaque, implosion des organes et os brisés sont fréquents avec l’utilisation des gilets pare-balle. L’ajout d’insert anti-trauma derrière les plaques de protection balistiques permet de limiter le risque de séquelles mais ne l’élimine pas.
Il est également bon de savoir que tous les gilets pare-balle du commerce ne se valent pas car les normes de tolérance aux déformations d’impact diffèrent selon les pays. Par exemple, les gilets pare-balle américains sont conçus pour se déformer jusqu’à environ 5cm à l’impact contre environ 2cm pour ceux distribués en France.
Protéger un individu de projectiles n'est pas difficile en soi. Mais lorsqu'il s'agit de le faire avec une protection individuelle, portable et la plus légère possible, l'équation est plus complexe. Il s'agit alors de trouver des matériaux présentant une forte résistance mécanique tout en étant les plus légers possible. Les anciens gilets pare-balles étaient constitués de plaques de métal formant un tuilage. De nos jours, sont utilisés des tissus réalisés avec des fibres qui présentent une forte résistance à la traction.
Les principales fibres utilisées sont les fibres para aramides (Kevlar®, Twaron®,…) et les fibres de polyéthylène (Spectra®, Dyneema®,…). La recherche apporte de temps en temps de nouveaux matériaux aux propriétés réputées surpasser celles des produits actuels. Certains semblent effectivement prometteurs comme les nanotubes de carbone, par exemple.
Cette caractéristique définit la résistance mécanique en traction de la fibre, c'est à dire lorsqu'elle est étirée dans le sens de sa longueur. Pour l'exemple, à poids égal, un câble en fibres para-aramides présente une résistance à la traction cinq fois supérieure à celle d'un câble en acier. Quant aux fibres en polyéthylène, elles sont réputées dix fois plus résistantes que l'acier.
Il détermine la résistance mécanique lors d'une sollicitation perpendiculairement à sa longueur, sans possibilité pour la fibre de se déplacer. Ce module est faible pour les deux types de fibres. C'est ce qui explique leur mauvaise performance dans l'arrêt de projectiles ou d'objets tranchants (flèches d'arcs et traits d'arbalètes, armes blanches…). On comprend également que l'on doive laisser une liberté relative à ces fibres afin qu'elles puissent se mouvoir vers l'arrière lors d'un impact, leur permettant ainsi d'être sollicitées selon leur plus haut module, en traction.
A partir des fibres, on fabrique des fils qui permettront de réaliser des tissus balistiques que l'on appelle "plis". Ces derniers sont les unités constitutives du pack balistique. Pour créer ces tissus balistiques, deux méthodes sont principalement utilisées : le tissage pour les fils de fibres para aramides qui se prêtent bien à cette méthode et la juxtaposition (mode unidirectionnel) pour les fils de fibres de polyéthylène qui se prêtent moins bien à la méthode du tissage. Dans le cas de la juxtaposition, un pli est constitué de deux tissus superposés à 90 degrès. On obtient ainsi une tenue mécanique équivalente au pli tissé. La technologie évolue et d'autres procédés peuvent apparaître. La superposition des plis, en nombre variable, permet d'adapter la protection au niveau de la menace. Les plis sont cousus entre eux de telle manière qu'un passage d'aiguille ne traverse pas tous les plis.
C'est le rapport entre la quantité d'énergie et la surface. En balistique terminale il s'agit du rapport entre l'énergie cinétique du projectile et sa surface d'interaction avec la cibe. Elle peut être assez compliquée à définir compte tenu qu'elle est susceptible de varier tout au long de l'interaction avec la cible, ce qui est d'ailleurs recherché avec les protections balistiques. Lorsqu'un accord est trouvé pour définir la surface d'interaction, en la calculant par exemple à partir du calibre du projectile, cette donnée est utillisée pour caractériser le pouvoir de pénétration de ce projectile. Rien n'empêche de l'exprimer d'une manière plus parlante pour le balisticien, en joules par millimètres carrés (J/mm2). Pour une énergie cinétique donnée au moment de l'impact, plus la surface d'interaction est importante plus la densité surfacique est faible et plus le projectile peut être arrêté aisément. C'est ce que l'on constate. L'union faisant la force, plus le nombre de fibres sollicitées est important plus le projectile est arrêté aisément. Ainsi, la déformation voire la fragmentation du projectile sur ou dans la protection est un facteur prépondérant dans son arrêt. C'est la caractéristique principale des protections balistiques, y compris des blindages.
Les premiers plis sont sollicités encisaillement. Bien que le projectile soit arrêté, son énergie cinétique et sa quantité de mouvement sont transmises à la protection balistique, qui se déplace violemment vers l'arrière, puis à la région corporelle en regard de l'impact. Ce phénomène peut être à l'origine de traumatismes au niveau de la zone impactée. En effet, la région corporelle qui se trouve en arrière de l'impact subit à son tour une brutale mise en accélération, créant ainsi une déformation en profondeur sous la forme d'un cône dynamique. Ce dernier peut générer des lésions plus ou moins importantes, identiques à celles provoquées par l'impact d'un objet contondant, tel un projectile de lanceur de balles de défense par exemple. Ce phénomène lésionnel doit être réduit à son minimum, sans pour autant nuire au bon fonctionnement de la protection. En effet, pour que les fibres soient sollicitées selon leur plus haut module, c'est à dire en traction, elles doivent pouvoir se déplacer vers l'arrière. La solution généralement adoptée est l'ajout d'un matériau anti traumatique à l'arrière du pack balistique. Il en existe plusieurs types. La difficulté réside dans le choix du matériau anti traumatique qui présente une bonne absorption/diffusion de l'énergie aux vitesses de déformation imposées par le projectile.
On peut être amené à sortir le pack balistique de la housse extérieure. Cette opération est prévue, donc aisée. On peut, en effet, souhaiter nettoyer la housse extérieure, vérifier l'intégrité du pack balistique et surtout de sa housse étanche. Au remontage, il faut bien s'assurer de replacer le pack dans le bon sens, de sorte que le matériau anti traumatique se trouve bien vers l'intérieur (vers le corps) et non pas vers l'extérieur.
Pour arrêter les projectiles plus puissants tirés par des armes d'épaules, fusils, fusils d'assaut, on utilise des plaques balistiques qui présentent un pouvoir d'arrêt accru. Selon le niveau de protection balistique que l'on souhaite atteindre, on utilise des plaques réalisées avec les mêmes matériaux que les packs souples, c'est à dire en fibres para aramides (Kevlar®, Twaron®…) ou en polyéthylène (Spectra®, Dyneema®…). Dans ce cas, les plis sont enduits de résine et l'ensemble est pressé à chaud. Les phases d'enduction de résine et de pressage sont déterminantes pour la bonne tenue des plaques dans le temps et éviter un délaminage.
Si l'on souhaite atteindre un niveau de protection encore supérieur et notamment arrêter les projectiles perforants, on utilise d'autres matériaux comme la céramique, en plaques homogènes ou en plaques constituées d'éléments de formes diverses inclus dans une matrice.
Si à l'occasion d'une mission sur un théâtre d'opérations, vos hôtes vous proposent ou vous imposent le port de protections balistiques, s'il y a une plaque, assurez-vous qu'il s'agit bien d'une plaque balistique. On a vu des gilets pare-balles usagés dont la plaque balistique avait été remplacée par une plaque en bois.
Niveau NIJ | Type de menace | Calibres typiques arrêtés | Utilisation courante |
---|---|---|---|
IIA | Armes de poing de petit calibre | 9 mm FMJ, .40 S&W | Dissimulation, forces de l'ordre |
II | Armes de poing de calibre moyen | 9 mm FMJ, .357 Magnum JSP | Forces de l'ordre |
IIIA | Armes de poing de gros calibre | 9 mm, .44 Magnum | Policiers, agents de sécurité |
III | Fusils (7.62 mm FMJ) | 7.62 mm FMJ (NATO) | Plaques rigides, protection accrue |
IV | Munitions perforantes | 7.62 mm AP | Situations de combat extrême |
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