Avec une carrière de plus de 60 ans, Sir Don McCullin est l'un des photographes documentaires les plus respectés de tous les temps. Grand photographe de guerre, Don McCullin, un homme aujourd’hui en quête de paix, demeure pour chacun d’entre nous un témoin essentiel.
Nous allons regarder ses clichés les plus durs mais aussi ses plus beaux, puis nous discuterons avec ses proches et lui-même. Le célèbre photojournaliste britannique nous parle de sa vie et de son œuvre, notamment de son nouveau projet intitulé « McCullin in Kolkata ».
Le photographe pionnier nous explique pourquoi la confiance, l'intégrité et la sensibilité sont aussi importantes pour un professionnel que son appareil photo. Mark George, manager de Sir Don McCullin, se remémore avec affection l'homme avec lequel il a collaboré pendant plus de trente ans.
Donald (Don) McCullin, né à Londres le 9 octobre 1935, est un photographe anglais réputé pour ses photographies de guerre, de vie urbaine et de paysage. Il grandit dans un quartier déshérité, au nord de la capitale. Issu d’un milieu extrêmement modeste, confronté très jeune à la mort de son père malade, contraint de mettre un terme à ses études, le jeune homme découvre la photographie lors de son service militaire.
Se voyant contraint de quitter l'école, il va de petit boulot en petit boulot. 1948, il entre aux arts appliqués à la Hammersmith School of Arts and Crafs à Londres et obtient une bourse. Puis, après la mort de son père en 1950, il effectue diverses activités : il passe de plongeur à coursier, et travaille dans une entreprise de soldats de plomb. Avant et après avoir fait son service militaire dans la Royal Air Force où il découvre les voyages et la photographie, il travaille dans le studio d'animation Larkins.
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Sa première parution, en 1959, sera une série d'images issues de celles qu'il effectue sur ses amis d'enfance, un gang de jeunes, les Guvnors. En 1954-56, il se fait recaler au test de photographe de la RAF. Puis, en 1959, il obtient sa première parution dans The Observer . C’est à partir de ce moment qu’il se lance à travers le monde pour effectuer d’autres grands reportages, comme en Angleterre sur les ouvriers des aciéries.
En 1960, il fait une série de clichés sur les Beatles. En 1964, il effectue un reportage sur la guerre civile à Chypre, pour lequel il reçoit le grand prix World Press Photo. Puis, il part sur tous les continents couvrir divers conflits : au Viêt-nam, au Cambodge, à Beyrouth, en Papouasie, au Pakistan... Il se blesse gravement deux fois, au Salvador et au Cambodge.
Il signe, deux ans plus tard, un contrat d'exclusivité avec le Sunday Times qu'il ne quittera qu'en 1984. Cet art lui permettra dès lors d’exprimer la souffrance et la détresse humaine. D’abord dans son propre quartier de Londres, plus tard à travers le monde, le reporter témoigne de la guerre, de la violence et de la pauvreté. On lui doit notamment de remarquables clichés en noir et blanc immortalisant la famine au Biafra, le conflit israélo-palestinien, la guerre du Vietnam, pendant laquelle il accompagne un bataillon de l’armée américaine, ou encore les ravages du sida en Afrique.
Il effectue un énorme travail sur le Sida en Afrique. Il photographie les Beatles sur leur demande en 1968. Il photographie aussi les ruines de l’Empire romain autour du bassin méditerranéen et passe à la photographie de paysage.
Il fait sa première grande exposition en 1980 au Victoria and Albert Museum à Londres, et par la suite, dans d'autres endroits prestigieux (Arles en 1992, Barbican Center à Londres en 1998, siège des nations-Unis en 2001 avec des photographies de malades du SIDA...). Don McCullin expose un peu partout, au ICP et au siège des Nations Unies à New-York , au Victoria and Albert Museum et au Barbican Centre à Londres, au Centre National de la Photographie à Paris...
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Puis, 1990, il publie son autobiographie Unreasonable Behaviour (Jonathan Cape). Il effectue une fin de carrière marquée par la paix. Il mentionne qu’il était las de cette culpabilité qu’il ressentait devant chaque injustice rencontrée sur la planète.
« Don McCullin est un photographe engagé, concerné, d’un courage incroyable. Le compagnon de route aussi de Gilles Caron. Il a sa propre éthique, en plus d’être un photographe rare et très important. C’est le plus grand photographe de guerre vivant. Don McCullin est considéré comme étant l’un des plus grands photographes de guerre dans le monde.
L’ampleur de son travail est difficilement mesurable, car les répercussions de ses témoignages au Viêt-nam, en Afrique et partout dans le monde ont une portée immense : Don McCullin a participé à la divulgation de l’information à travers le globe, l’information qu’il faut débusquer, qui ne peut être atteinte qu’ au prix du risque. Il a aussi dévoilé des vérités difficiles à admettre, a dénoncé des injustices qui embarrassent les consciences, aussi bien que la sienne. Son travail s’inscrit au même titre que celui de que Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, Robert Frank, W. Eugene Smith ou encore Gilles Caron, ami, concurrent et compagnon de travail.
Il témoigne en noir et blanc. Ce qui résonne au sein de ses images est la dignité de l’être humain, même dépouillé de tout. A travers les sujets qu’il photographie, on peut discerner la compassion qui l’habite.
Don McCullin a une relation compliquée avec la guerre. Il lui arrive même de dire qu’il courait après les conflits comme l’alcoolique après une canette de bière. Chypre, le Vietnam, Cuba, le Cambodge, le Salvador, l’Irlande… C’est en pionnier du photojournalisme - et aux côtés de noms tels que Capa, Jones Griffiths ou Burrows - qu’il donne ses lettres de noblesse à la discipline.
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Travaillant au péril de sa vie, le photographe finit par se retirer du monde de la presse pour se consacrer à l’art du paysage et de la nature morte. Anobli en 2017 par la Reine, il est l’un des rares photographes à avoir reçu une telle distinction consacrant une carrière exceptionnelle. Aujourd’hui, il s’est installé dans le Somerset et se consacre à la photographie de paysage.
Une transition qui pourrait surprendre. Mais finalement, pas tant que ça. Dans les ciels nuageux de la campagne anglaise, dans les ruines suppliciées de Palmyre, en Syrie, Don McCullin continue de voir la griffe de l’histoire et l’empreinte d’une violence. Ses photos, même de lieux paisibles, sont comme chargées de poudre.
Digne héritier d’un Robert Capa ou d’un Henri Cartier-Bresson, Don McCullin est un grand nom du photo-journalisme.
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