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Pour prendre un château ou une ville, les princes et les aristocrates disposaient d’un arsenal de machines en bois. On pense souvent à la catapulte. En vérité, les ingénieurs ont développé une arme plus redoutable : le trébuchet. Voyons son fonctionnement.

Les Débuts de l'Artillerie Antique

Les Romains voyaient d'abord l'artillerie comme un "bonus" au combat puisqu'ils pratiquaient traditionnellement la méthode de siège d'encerclement de la place forte jusqu'à la reddition (techniques de circonvallation, contrevallation). La conquête du monde hellénistique confronte les Romains à des cités mieux défendues. De meilleures murailles et de meilleurs stocks de nourriture peuvent tenter l'Armée Romaine à choisir l'assaut plutôt que d'attendre une reddition hypothétique. Rome conquiert, mais Rome doit aussi assurer ses arrières. Il faut pouvoir défendre les villes et les camps fortifiés à moindre coût "humain" pendant que l'armée est en campagne. Fin du Ier siècle av.

Durant l’Antiquité, il est commun pour les souverains de se faire accompagner lors de leurs excursions militaires par des ingénieurs dédiés spécifiquement à l’art de la guerre. Polyeidos, Diadès et Charias, par exemple, furent des ingénieurs qui contribuèrent grandement aux succès militaires des rois de Macédoine Philippe II et Alexandre III dit le Grand.

Toutefois, l’artillerie est l’élément de la guerre de siège qui évoluera le plus durant cette période. Il est difficile d’identifier ou de prouver l’utilisation d’engin à balancier durant l’Antiquité. En revanche, les appareils de jet fonctionnant par la torsion sont bien attestés.

Fonctionnant sur le même principe, le scorpion et la baliste permettent de projeter des lances et des javelots. « Mais la baliste et l’onagre, manœuvrés avec art, surpassent tout ce qu’on a imaginé; le courage le plus ferme, les plus solides armures ne sauraient résister à leurs coups; semblable à la foudre, tout ce qu’ils atteignent est ordinairement brisé ou détruit. » Végèce, Traité de l’art militaire, p.

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Ces engins, efficaces durant l’Antiquité, deviennent rapidement désuets face aux murailles construites au Moyen âge. Les savoirs antiques ont été transmis aux ingénieurs médiévaux par la rédaction de traités techniques, dont les plus influents sont certainement l’Epitoma rei militaris de Végèce et les Strategemata de Frontin.

Le Trébuchet : Arme Emblématique du Moyen Âge

Le trébuchet est l’arme de guerre la plus emblématique du Moyen âge. Cet engin de siège, qui s’est constamment perfectionné au cours des derniers siècles du Moyen âge, donnait un net avantage aux attaquants qui l’employaient. Son utilisation n’est toutefois pas aisée et requérait un entraînement rigoureux pour obtenir des résultats satisfaisants.

Le trébuchet consiste en une poutre qui pivote sur un axe. Cette poutre est divisée en deux bras de longueur inégale : au plus long est accroché une écharpe dans laquelle on peut placer un boulet et au plus court sont accrochés des cordes sur lesquelles on peut tirer, ou, plus tard, activer par un contrepoids. Pour lancer un projectile, le bras plus court, placé en hauteur, doit être rabattu rapidement pour donner un élan (impetus) au bras le plus long.

Deux types principaux de trébuchets existent : celui à traction et celui à contrepoids. Un autre type qui combine les deux premiers, soit le trébuchet dit hybride, pourrait avoir existé, mais il parait avoir été peu fonctionnel.

Trébuchet à Traction

Le premier type de trébuchet, celui à traction, est le plus ancien. Inventé par les Chinois aux alentours du IVe siècle avant l’ère chrétienne, il est mis en action seulement par la force humaine. Le plus puissant trébuchet à traction chinois requérait une équipe de 250 personnes et pouvait lancer un boulet de 57 à 63kg à une distance de 75m. De façon plus réaliste, des reconstructions de trébuchets à traction basées sur les images de la Bible des croisés datant du XIIIe siècle ont démontré qu’avec une équipe de douze personnes, on pouvait lancer un boulet de 5kg à une distance de 100m à un rythme de six par minute environ.

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Trébuchet à Contrepoids

L’invention du trébuchet à contrepoids demeure à ce jour mystérieuse. En effet, les historiens n’ont pu établir la date précise de son apparition, et encore moins qui en fût l’auteur. Il semble néanmoins certain que les engins de siège à balancier ou à contrepoids ne sont pas utilisés durant l’Antiquité puisqu’il n’y en a aucune description datant de cette période.

C’est vraisemblablement durant les Croisades que le trébuchet à contrepoids aurait été inventé. Il est difficile de savoir laquelle des civilisations européenne, byzantine ou musulmane a été la première à développer l’artillerie à contrepoids, c’est-à-dire actionnée par la gravité. Cependant, la dynamique créée par les conflits a indubitablement entraîné une réaction d’adaptation à la technologie de l’adversaire, notamment par l’observation.

Ce trébuchet, dont la chute brusque d’un poids lourd propulse le projectile, révolutionne le champ de l’artillerie médiévale. En effet, c’est le premier exemple de mécanisation d’un engin de guerre. Les premiers auraient été bâtis par les empereurs byzantins Basil II et Romain IV Diogène et ils auraient pu lancer des pierres de plus de cent kilogrammes. Ces trébuchets auraient été par la suite utilisés par les Croisés, grâce à l’aide de l’empereur Alexis Ier, lors du siège de Nicée en 1097.

Les Arabes ont cependant eux aussi développé des trébuchets à contrepoids durant la même époque. En effet, l’ingénieur Marḍī ibn ʻAlī Ṭarsūsī a dessiné une arme de ce type dans son traité al-Tabṣirah fī al-hurūb (Traité sur l’armement) rédigé vers 1187 pour Saladin, bien qu’il soit fort possible que cet engin eût existé bien avant cette date. C’est la tradition scientifique, mathématique et géométrique qui permit aux Byzantins et aux Arabes d’augmenter l’efficacité de leurs engins de siège en termes de précision et d’équilibre.

L'Art de la Guerre de Siège au Moyen Âge

À la base, le siège est une opération passive durant laquelle une armée entoure une place forte pour lui couper son ravitaillement et ses moyens de communication, de sorte que les défenseurs ne puissent appeler des secours. Théoriquement, ce système est infaillible. Un siège peut cependant durer des semaines, voire des mois, selon les ressources de l’assiégé et l’efficacité de l’assaillant. Un siège de longue durée n’étant souhaitable par aucun des deux camps en raison de la récolte des moissons, des négociations peuvent mener à la capitulation.

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En effet, les défenseurs ont leur propre stratégie pour contrer les sièges. D’abord, la plupart des châteaux forts ont une série d’obstacles devant eux où il est possible de combattre pour réduire le nombre d’agresseurs. Ensuite, la forteresse elle-même possède une muraille abrupte et elle est entourée d’un fossé rempli d’eau, de sorte que l’attaquant ne peut l’atteindre par voie terrestre. Finalement, pour maximiser leurs chances, les assiégés sortent pour razzier la campagne avant l’arrivée de l’armée adverse pour la priver de ravitaillement, ce qui à l’occasion pouvait ironiquement causer la famine chez les assiégeants.

La guerre de siège, telle qu’on la conçoit au Moyen âge, n’est pas nouvelle. Souvent, cet avantage fut numérique, stratégique, technologique ou un mélange des trois.

L'Évolution vers l'Artillerie à Poudre

Parallèlement à l’utilisation du trébuchet, une nouvelle arme fait son apparition. Dès 1324, l’artillerie à poudre est testée par les Français lors du siège de La Réole, au début de la guerre de Cent Ans. Sa puissance, et surtout son vacarme impressionnant, en fait une arme psychologique dissuasive. Son utilisation ne sera toutefois pas régulière avant la fin du XVe siècle puisque le canon est dangereux en raison des résidus de poudre incandescents qui demeurent dans le tube après un tir. De plus, la cadence de tir pose également un problème, puisqu’il faut près d’une heure pour effectuer un rechargement. C’est l’amélioration de la confection de la poudre explosive et le passage des boulets de pierre aux boulets de fonte qui feront que le canon s’imposera définitivement comme l’arme de siège par excellence à l’époque moderne.

Seul un type de trébuchet concurrencera vraiment le canon jusqu’au XVIe siècle, soit le couillard.

Autres Engins de Siège Médiévaux

Catapulte

Engin de siège léger utilisé par les Romains du ~ iie siècle au la ve siècle, catapulte servait à lancer des javelots, parfois enflammés, à des distances pouvant aller jusqu'à 400 mètres. Le principe de fonctionnement était basé sur l'élasticité de câbles tressés, en corde, tendons ou crin de cheval, tendus à l'extrême. Leur relâchement soudain fournissait la force motrice au projectile.

Baliste

La baliste était une très grosse catapulte qui lançait des pierres de 25 kilos.

Onagre

L'onagre atteignait des dimensions encore plus importantes.

Bélier

La version la plus simple du bélier consiste en un gros tronc d’arbre manœuvré par plusieurs personnes qui le projettent avec force contre un obstacle. Par la suite, le bélier s’est doté d’une structure pyramidale et d’un balancier qui permettait de lui donner plus de force avec moins d’hommes. La version la plus complexe de cet engin consiste en un abri sur roues toujours avec un système de balancier.

Beffroi

Le beffroi, aussi appelé tour de siège, est un échafaudage en bois de la taille des remparts ou un peu plus haut, très solide, pouvant supporter des charges considérables, et qui a, en général, la forme d’une tour. Il s’agit d’un engin d’assaut qui permettait aux assaillants de directement accéder au sommet des remparts par un système de passerelle mobile qu’on abaissait au moment de l’assaut.

Bricole

La bricole est une arme de siège constituée d’un balancier, appelé verge, au bout duquel est attachée une poche contenant les projectiles (le plus souvent des pierres, mais parfois c’étaient des prisonniers « renvoyés » chez eux). Si les projectiles sont de taille et de poids raisonnables, la cadence de tir peut être très élevée, de l’ordre de 1 tir par minute.

Couillard

Le couillard est un engin mimitaire offensif, utilisé au Moyen-Âge pour détruire les fortifications. Il fut en usage du XIVe siècle au XVIe siècle, tirant des boulets de 35 à 80Kg à 180m, d'une cadence de tir pouvant atteindre10 projectiles à l'heure, avec de 8 à 16 servants. Cet engin est composé d'une longue perche placée sur un axe. A l'une de ses extrémités, on trouve deux huches ou bourses (d'où son nom) servant de contre-poids. On abaisse l'extrémité où se trouve le réceptacle au moyen de cordes, puis on place le projectile dans la fronde et on relâche le tout. C'est la Machine à contrepoids la plus perfectionnée. Ses deux Huches faclitent la manutension en divisant par deux les charges à manier. La construction s'en trouve simplifiée : un seul poteau suffit (Engin très massif avec 5m de long et 2,5 de large ; Mât érigé de 8,40m, pouvant être facilement déclenché avec un seul servant). Celui-ci est parfois solidement planté dans le sol ou plus souvent sur un châssis en bois. Les contrepoids des premiers Couillards étaient des grands sacs en cuir rempis de terre. plus tard ils furent remplacés par des Huches en bois et en fer riveté remplies de métal.

Mangonneau

La catapulte Mangonneau fut en usage du XIIe siècle au XIVe siècle. et pouvait tirer dé boulets de piere taillée pesant 100 Kg, avec une cadence de tir d'un projectile ou deux par heure. Bien que très ressemblant au Trébuchet, le Mangonneau était une machine bien plus complexe et précise. Tout d'abord, le système pour ramener la verge au niveau du sol était formé par deux roues où venaient prendre place des hommes ; ces roues étaient reliées à l'extrêmité de la verge par des cordes passsant dans des poulies. Une fois la verge en place, le chargeur plaçait le projectile dans un panier accroché par deux cordes, de cinq à six mètres, à l'extrêmité de la verge. De l'autre côté, une quinzaine d'hommes exerçaient une traction sur les cordes les reliant au contrepoids. Dès que le tireur libérait la verge, le poids redescendait, entraînant la verge et le panier.Dès que la première corde de ce dernier prenait du mou, elle se détachait et libérait le projectile. La distance de Tir est réglé par ces hommes qui faisaient traction sur le contrepoids. Plus la traction était forte, plus la verge remontait plus rapidement et plus le poids étaient libéré tardivement. Au combat, le mangonneau lançait des pierres, et des engins incendiaires ou tout autre objet disponible pour l'attaque et la défense. Parmi les projectilesles plus insolites on comptait les cadavres, et les carcasses souvent en partie décomposées, d'animaux ou d’hommes, utilisés dans le but d’intimider, de démoraliser les assiégés et de propager des maladies parmi eux. Cette tactique s’est souvent révélée efficace.

Tableau Récapitulatif des Engins de Siège

Nom de l'engin Période d'utilisation Type de projectile Distance de tir approximative Cadence de tir
Catapulte IIe - Ve siècle Javelots Jusqu'à 400 mètres Variable
Baliste Antiquité greco-romaine Pierres Variable Variable
Trébuchet à traction IVe siècle av. J.-C. Boulets de pierre 75 - 100 mètres Jusqu'à 6 par minute
Trébuchet à contrepoids Moyen Âge Boulets de pierre Environ 300 mètres 1 à 2 par heure
Couillard XIVe - XVIe siècle Boulets de 35 à 80 kg Environ 180 mètres Jusqu'à 10 par heure
Mangonneau XIIe - XIVe siècle Boulets de 100 kg, engins incendiaires Variable 1 à 2 par heure

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