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L’utilisation des “PLF” (“Leuchtpistole” en allemand) dans les armées avant la Première Guerre mondiale était peu fréquente et le matériel peu diffusé. L’utilisation de ces pistolets pour communiquer des ordres s’est révélée extrêmement importante dès les premiers mois du conflit.

En effet, il était difficile de déployer sur le terrain des kilomètres de câbles téléphoniques pour donner des ordres entre les premières lignes et l’arrière, alors qu’une simple fusée lancée dans le ciel pouvait avertir d’une attaque ennemie et déclencher l’artillerie, ou simplement indiquer des mouvements de troupes. Plus tard, des versions à parachute ont été utilisées, augmentant le temps d’éclairage. Plus surprenant, les Allemands ont aussi développé des cartouches à gaz et de décontamination. Pour la première variante, il s’agissait d’une cartouche propulsant du gaz lacrymogène lors des entraînements, pour les exercices d’alerte au gaz de combat.

Le Leuchtpistole M1894

Le Leuchtpistole M1894 est un imposant pistolet lance-fusée usiné en acier, avec des plaquettes en noyer, et de très bonne facture. Le canon est lisse et on vient naturellement y glisser une cartouche jusqu’à la butée. La fermeture s’effectue simplement en ramenant le canon en place et le verrouillage est de facto assuré. Le pistolet fonctionnant uniquement en simple action, il n’y a aucune sécurité et il faut amener le chien en arrière pour faire feu.

Le mécanisme est accessible via la plaque de recouvrement maintenue par trois vis. L’ensemble est d’une grande fiabilité et d’une très grande robustesse. Cartouche française en laiton insérée, on peut observer l’extracteur qui tient la cartouche. Il existe plus d’une vingtaine de fabricants différents de ces pistolets Modèle 1894. L’exemplaire présenté ici est marqué TESCO, faisant référence à G. Teschner & Co à Francfort. Juste à côté se trouve le numéro de série du pistolet, dont les deux derniers chiffres se retrouvent aussi sur les vis de la plaque de recouvrement.

De l’autre côté du pistolet, le ‘B’ couronné est le poinçon d’acceptation de l’armée allemande suivi de l’aigle impérial (ici partiellement effacé) et le 4 dans un cercle, simplement le calibre (le calibre 4 correspond à 26,65mm). Outre les légères variations qui peuvent être observées entre les différents fabricants, il existe aussi deux modèles fort proches dont le levier de déverrouillage est à l’avant sous le canon au lieu d’être placé sous le pontet.

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Évolution des PLF après la Première Guerre Mondiale

Au sortir de la Première Guerre mondiale, il fallut donc moderniser les PLF qui, majoritairement, étaient du type Hebel (modèle 1894). L'évolution ne varia pas fondamentalement et avant de lister les différents types de PLF décrits ci-dessous, l'évolution de leur forme fut la suivante:

Le PLF Modèle 26

Le 22 décembre 1926, la Manufacture Walther (située à Zella-Mehlis) déposa ainsi un brevet qui donna naissance au modèle Heer 26 (Heer = Armée) qui apparu sur les chaînes de production en 1928. Un certain nombre de caractéristiques furent héritées de son prédécesseur cité plus haut (modèle Hebel) et notamment son calibre : 4 (ou 26,65mm). Ce modèle pesait 1,425 kilogrammes, était fabriqué en acier usiné et anodisé (couleur noire), avait un canon de 232 mm et une longueur totale de 324 mm. Les plaquettes étaient en bois (noyer) quadrillé.

Ses principaux marquages sont les suivants: Sur le flanc gauche de la carcasse: "Waffenfabrik Walther Zella Mehlis", numéro de série à l'avant de celle-ci (numéro repris sur l'embase du canon, sur la partie permettant la rotation de ce dernier). Sur le flanc droit de cette même carcasse: poinçons de réception. Son principe est celui d'un pistolet double action. L'ouverture du canon s'effectue en poussant vers l'avant la pièce se trouvant devant le pontet, provoquant le déblocage du canon et son basculement. La cartouche est alors introduite dans ce dernier. Le canon est refermé en appliquant sur le canon un mouvement de rotation sec, de bas en haut, afin de rebloquer ce dernier sur la carcasse du pistolet. Le chien peut alors être armé. Une simple pression sur la détente permet au chien et au percuteur associé la mise à feu de la cartouche de signalisation.

La taille relativement imposante du canon (232 mm) avait l'inconvénient de rendre peu maniable l'utilisation de ce PLF. Par conséquent, entre 1926 et 1934, le canon fut donc raccourci et le pistolet disposera alors de caractéristiques suivantes: longueur totale: 247 mm (au lieu des 324 mm initiaux), masse totale (à vide): 1,325 kilogrammes. Cette amputation fut appliquée sur la quasi totalité des PLF déjà fabriqués tandis que les nouveaux pistolets furent fabriqués à la longueur désirée. Ce détail explique la relative rareté des pistolets modèle Heer 26 "long".

Le Modèle 34

Il faut attendre l’année 1934 pour voir apparaître une deuxième variante du pistolet "Heer". Celui-ci garde les mêmes caractéristiques que l’ancien (modèle 1926) mais subit quelques améliorations. En effet, le matériau de construction utilisé est le duralumin ce qui permet une diminution du poids à 0.730kg et empêche en partie la corrosion interne du canon du aux résidus de poudre; L'usinage des pièces s'en trouve aussi amélioré par rapport à l'acier utilisé dans le modèle précédent; les plaquettes de crosse tant qu’à elles passent du bois à la bakélite brune ou noire; le pontet est élargi de façon à ce que le pistolet puisse être utilisé avec une main gantée (lors par exemple de combat dans des conditions météorologique défavorable comme la neige).

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La carcasse et le canon du PLF est anodisé noir tandis que les pièces mobiles sont bronzées. L'ouverture du PLF s'effectue en poussant vers l'avant le levier situé devant le pontet. L'artifice peut alors être engagé dans la chambre; Le canon peut alors être basculé en sens inverse jusqu'à son blocage. Le chien peut alors être armé manuellement et l'artifice percuté par pression sur la détente.

Le Modèle Heer

Dès 1940, période où la guerre perdure depuis un an, le pistolet lance fusée « Heer » 1934 est modifié et devient le « Heer » type guerre. Ce dernier diffère par quelques détails tels une crête de chien plus étroites, un indicateur de chargement permettant de voir si l’arme est chargée ou non (Le fait d'introduire une cartouche dans le pistolet signaleur provoque le soulèvement d'un ergot, qui permet, même dans l'obscurité, de déterminer que l'arme est chargée), des plaquettes de crosses plus fines et un anneau de crosse différent.

Ce modèle sera donc fabriqué de 1940 à 1943. Ses principales caractéristiques et fabriquants sont:

  • Calibre: 4 (26,65 mm)
  • Masse: 0,680 kg
  • Longueur totale: 247 mm
  • Longueur du canon: 155 mm
  • Métal/alliage utilisé: Alliage léger anodisé

Fabricants et Codes:

  • Walther à Zella-Mehlis: ac
  • Erma à Erfürt: Erma-Erfurt ou ayf
  • Bernard Berhauss à Lübeck: s/287 (1937-1938), 237 puis duv (1940)
  • ???: dtd

Le Modèle Zink

A partir de 1943 et toujours afin d'économiser les matériaux utilisés, le modèle Heer est désormais fabriqué en zinc ce qui lui donne l'appellation Modèle Zink. Ces caractéristiques restent identiques à l'exception du poids (alourdi, il pèse désormais 1,250 kg au lieu des 0,730 kg du modèle Heer en duralumin) et ne subit désormais aucune finition (aspect brillant après polissage puis couleur gris au contact de l'air). A côté du code fabriquant est gravée la mention Zink ou Zink 4.

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Le Modèle 42

La guerre perdurant et comme dans tous les autres secteurs de fabrication, l'optimisation des matières premières et leur manque devinrent l'une des préoccupations principales des bureaux d'études. En parallèle, les 'coûts', temps et nombre d'étapes de fabrication furent passés à la loupe.

De ces différentes contraintes, naquit le modèle 42 ou LP 42 (pour Leuchtpistole 42) dont l'essentiel de la fabrication reposait sur le principe de l'emboutissage de métaux de récupération subissant 'in fine' un traitement de surface de galvanisation. Ainsi observe-t-on une couleur grisâtre, qui en vieillissant peut virer vers un ton vert. La carcasse du pistolet est composée de deux demi-coques soudées. Le mécanisme à simple action se réduit à des pièces simplement assemblées. Il n'en demeure pas moins un robustesse certaine de ces pistolets. De cette optimisation de fabrication, il ne ressort quasiment aucune opération d'usinage - en surface notamment -. Les plaquettes sont fabriquées à partir d'un mélange de bakélite et de sciure de bois.

Ce pistolet lance-fusée fait d’acier pèse dans les 1.120 kg et mesure 220 mm avec un canon avoisinant les 155 mm tout comme le modèle "Heer". Il faut cependant noter que le lancement de la production du LP 42 n'arrêta pas celle du modèle Heer qui continua en parallèle.

Principales Caractéristiques et Fabricants:

  • Calibre: 4 (26,65 mm)
  • Masse: 1.120 kg
  • Longueur totale: 220 mm
  • Longueur du canon: 155 mm
  • Métal/alliage utilisé: acier (de récupération)

Fabricants et Codes:

  • Waffenfabrik Hugo Schneider AG, Leipzig: wa
  • Metallwarenfabrik C.u. W. Meinel-Scholer, Kligenthal/Sachsen: euh
  • ??: qyn (pas de documentation concernant ce fabricant (peut être le code euh en fin de guerre)
  • ??: sww idem
  • Waffenfabrik Moritz & Gerstenberger, Zella-Mehlis: em-ge

Modèle L pour l'Armée de l'Air (Luftwaffe)

En plus de la dotation des célèbres signaleurs Heer et LP 42, les corps d’armées de la Luftwaffe et de la Kriegsmarine sont équipés de modèles bien distincts. Ces derniers, toujours en calibre 26.5 mm pour la plupart, peuvent être mono canon ou double canons, c’est d’ailleurs ce qui fait leur originalité en plus de leur relative très faible production.

La Luftwaffe, armée de l’air allemande, est en pleine expansion depuis la Grande Guerre. En effet, de par sa diversité et l’importance de ses appareils et de son personnel, elle devient dès le second conflit mondial, l’armée de l’air la plus puissante au monde. Elle a d’ailleurs contribué énormément à certaines victoires. Ainsi fort de sa première expérience durant la guerre d'Espagne, la Luftwaffe fut équipée de pistolets signaleurs qui lui fût propre. Il fût élaboré en 1936 et fût désigné Fliegerleuchtpistole Modèle 'L'.

Le premier des signaleurs qui est le plus souvent rencontré à été produit par Krieghoff. Dénommés pistolet lance-fusées L, il se voit muni de deux canons. Sa carcasse, en alliage de couleur grise ou noirâtre comporte des plaquettes de crosse en bakélite noire. Il est doté d'un système de canons basculant. Son ouverture s'effectue en manœuvrant le levier se situant devant le pontet. Il dispose d'un levier, sur le dessus de l'arme, à l'arrière des canons, permettant la sélection du percuteur et d'un levier de sécurité sur le flanc gauche.

Ce pistolet lance fusées est très évolué et permet de tirer à volonté, par l’un ou l’autre des canons voir les deux, grâce à un sélecteur. Il dispose de deux détentes. A l'instar du PLF modèle Heer, le modèle L dispose de deux ergots qui, sous une apparence identique, ont cependant une signification différente. En effet, si l'ergot est apparent (et qu'on peut le "sentir" au toucher), il indique l'armement du percuteur et la tension interne du ressort. Il ne signifie en aucun cas, qu'une cartouche est engagée dans la chambre (signification de l'ergot du modèle Heer).

Il faut noter qu'il est composé de plus de quatre-vingts pièces, dont certaines nécessitent un outillage spécial pour le montage et démontage. Par conséquent, ces deux opérations sont déconseillées à qui ne dispose pas d'une certaine expérience d'armurier. Au cours de la guerre, les plaquettes de crosse initialement en bois seront ensuite réalisées en bakélite.

Concernant les marquages, le n° sur le flanc gauche 24483 correspond au numéro de commande de cette arme. Il peut être précédé des deux codes suivants: -FL pour Flieger (ou aviateur) -LN pour Luftwaffennachrichtentruppe (service de transmission de l'armée de l'air). Sur le flanc droit se situe le numéro de série de l'arme.

Les différents fabricants de ce type de PLF sont les suivants (il faut noter que le code de certains d'entre eux ont changé durant le conflit):

Fabricant Code et nombre de pièces produites
Emil Eckholdt 22.800 pièces produites avec le code ECKO et 4.500 avec le code ojr
August Menz 3.000 pièces produites avec le code AMS
Sander 355 pièces produites seulement
Gustav Bittner Werke 5.500 pièces produites avec le code GBW et 9.500 avec le code gpt
Heinrich Krieghoff 100 pièces produites avec le code HK et 38.000 avec le code fzs
Hugo Eckholdt 500 pièces produites

Le code fabricant se situé en général derrière le levier de sécurité, au dessus de la plaquette de crosse gauche.

Utilisation et Législation Actuelle

Tirer avec le PLF Hebel ? Comme déjà mentionné, le PLF Hebel est d’une robustesse à toute épreuve et, malgré les apparences de l’exemplaire présenté ici dans cet article, l’acier est sain et il fonctionne parfaitement. Vous pouvez utiliser des fusées de détresse du commerce tant que celles-ci sont bien du calibre 4. C’est parfaitement compatible et le Hebel est tout à fait apte à tirer ce type de fusées, qu’il est amusant d’envoyer en l’air dans un bruit assourdissant à une trentaine de mètres.

L’action de tir : le recul est en réalité très modéré, comme lors d’un tir de pistolet à poudre noire. Mais un décret de 2022 [1] a exclu spécifiquement ce type d’objet, de la liste des armes. Cela fait donc longtemps que le SCAE avait dans l’idée de sortir ces pistolets signaleurs à un coup, du classement des armes. Ils ne sont plus considérés comme des armes. N’étant pas classés comme arme, les pistolets signaleurs sont totalement libres comme tout autre objet usuel. Pas de Certificat médical, pas de pièce d’identité, pas d’âge minimum. Et juridiquement pas de condition de légitimité du transport, cela en théorie.

Car comme cela ressemble à une arme, il y aura toujours une ambiguïté et vous pourrez vous retrouver devant le juge qu’il faudra convaincre. Dans les bourses aux armes : Les pistolets signaleurs n’étant plus considérés comme arme, peuvent présentés sans être sous vitrine ni enchaîné. A la demande de nombreux adhérents, nous préparons une fiche à imprimer.

A la publication du nouveau décret qui surclasse en catégorie C12° les « armes d’alarme et de signalisation » on aurait pu se poser la question du classement de ces pistolets signaleurs dans une des 4 catégorie du CSI. Hors les pistolets signaleurs, en particulier anciens, même s’ils utilisent des cartouches de signalisation pyrotechnique ne comportent pas de système d’alimentation, un des critères du classement en C12°. Ainsi, désormais ces pistolets à un coup par canon ne pouvaient plus être classés en catégorie C12°.

Mais ils ne pouvaient pas non plus être classés en catégorie D§i) puisque dans la nouvelle formulation du CSI, n’y figurent plus que les munitions à blanc. Alors comme la nature a horreur du vide, des rumeurs infondées ont circulé sur le net comme quoi le classement ne pouvait être qu’en A1§ 5° en raison de son calibre supérieur au calibre 8. D’autres les classait en catégorie B1°. Comme nous avons pu voir, ces pistolets signaleurs sont simplement des objets communs non classés.

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