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La vodka et la Russie: Une histoire complexe

Les années 70 ont été en Russie une période de ruée vers l’or noir. Trois jeunes ont voulu participer à cette promesse de devenir riches en bravant le froid des régions les plus reculées de Sibérie. Pour tenir le coup des conditions de travail extrêmes, la vodka faisait partie de leur quotidien. Mais cette vodka était de mauvaise qualité, et les 3 ingénieurs russes se sont promis d’élaborer une vodka premium une fois qu’ils en auraient les moyens.

C’est ce qui s’est passé, et il ont choisi le nom Neft (нефть en cyrillique qui veut dire pétrole) pour ne pas oublier cette période difficile mais qui leur a permis de devenir riches. Cette vodka est produite en Autriche à partir de céréales et d’eau de source autrichiens.

Vodka et Criminalité: Un cocktail explosif

La station-service Avia avait été braquée le 16 novembre 2019. Trois jeunes des Boutardes, un quartier de Vernon (Eure), n’ont pas hésité à prendre tous les risques pour un butin aussi dérisoire. 750 euros et quelques bouteilles de rhum de vodka et d’apéritif anisé…

Vers 18h, trois individus portant capuches, cagoules et gants font irruption dans les locaux de la station-service Avia, rue de Paris à Vernon. L’un d’eux, armé d’un fusil à canon scié, menace le gérant et se fait remettre 750 euros en espèces avant de lui demander de se coucher au sol. Puis, apercevant des bouteilles, il demande à un comparse de s’en emparer alors qu’un troisième complice tient la porte de l’établissement pour éviter qu’elle ne se referme sur eux. En tout, le braquage n’aura duré que quelques minutes.

L'enquête et le procès

L’enquête réalisée dans la foulée sera également rapide. Des témoins ont en effet assisté à la scène. Mieux, rien n’a échappé aux caméras de surveillance. Les investigations permettent ainsi d’établir que la Xantia avait été volée à Saint-Marcel à des distributeurs de journaux travaillant nuitamment pour améliorer leurs retraites. Elles montrent également que des gants avaient été volés quelques heures avant les faits par les mêmes individus au magasin Decathlon, toujours à Saint-Marcel. Des traces ADN ont été relevées à bord de la Citroën utilisée comme « voiture de quartier ».

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Interpellés, Houcine O., Mutlu Y. ont été placés en détention provisoire et Nassim N. « Je reconnais pour les gants et le fusil qui était non chargé et inutilisable. Je présente mes excuses mais je n’en dirai pas plus », a déclaré Houcine O. à la barre. « Je n’étais pas présent et je n’ai rien à voir dans cette histoire. Les personnes qui m’accusent ont tout inventé pour s’en sortir. J’ai déjà volé et j’ai reconnu. Nassim N. a également nié toute implication en affirmant : « Je travaillais ce jour-là mais c’était au black. Je ne connais personne ».

Pour le procureur, le déroulé des événements est donc clair. « Il y a un doute abyssal pour chaque élément car, dans le quartier des Boutardes, de nombreux jeunes se retrouvaient dans la Xantia pour, comme ils le disent, ’’se poser’’. Il y a donc beaucoup d’ADN et Nassim N. « Doute abyssal »La relaxe a également été sollicitée par Me Belkheir pour Mutlu Y. sauf pour « le vol de gants à 7 euros ». Enfin, Me Gauthier, l’avocate de Houcine O. a été plus nuancée son client « ayant reconnu ses responsabilités ». Ce qui ne l’a pas empêchée de rejeter toute notion de bande organisée, le vol de gants étant improvisé et la voiture portant toujours ses plaques.

Etant également poursuivi pour le recel de la Xantia, Mutlu Y. a finalement été condamné à 24 mois de prison ferme avec maintien en détention. Houcine O. écope de 26 mois de prison ferme, la peine n’étant pas aménageable. Nassim N. a été condamné à 24 mois de prison dont 12 mois assortis d’un sursis avec des obligations de travail et de formation.

La Vodka Kalachnikov: Un symbole controversé

Si l’on évoque la ville d’Izhevsk, on pense rapidement au fusil d’Assaut Kalachnikov ou le fameux AK-47. Actuellement, la famille de Kalachnikov fait fructifier la marque « Kalachnikov » avec des produits tels que des snowboards ou de la vodka, soit des produits qui n’ont plus rien de guerrier.

Red Army Kalaschnikow est un coffret très original, la bouteille est en forme de kalaschnikov en verre, la vodka se déverse par le canon de l'arme. Le coffret est aussi composé d'une grenade en verre contenant une vodka infusée aux herbes et de six verres à vodkas.

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Mikhaïl Kalachnikov : Inventeur malgré lui ?

On évoque peut-être moins facilement son inventeur, Mikhaïl Kalachnikov. Décédé en 2013, un musée lui est totalement dédié. Puis une première partie est consacrée à l’histoire de la Kalachnikov, et la seconde à son inventeur. M. Kalachnikov est né en 1919, dans le petit village de Kurya, dans l’Altaï. Mais très jeune, en 1930, il a été déporté en Sibérie avec toute sa famille d’origine Koulak.

En 1938, il est enrôlé dans l’armée, comme conducteur de tanks. L’un de ses projets retient l’attention et en 1948, date à laquelle il quitte l’armée pour être embauché à l’usine d’armement Izhmah, à Izhevsk comme concepteur. En 1949, l’armée soviétique adopte son arme, sous la désignation d’AK-47 : AK pour Автомат Калашникова (en russe : fusil d’assaut Kalachnikov), et 47 pour modèle de 1947.

En février 1955, il organise autour de lui un groupe spécial de constructeurs. Le bois massif des premières séries est remplacé par du contreplaqué de bouleau, léger et peu coûteux. Les qualités de l’AK-47 sont son coût très faible, sa robustesse, sa fiabilité et sa grande facilité d’entretien.

Il participe en 1960, a un concours pour réaliser une arme avec un calibre plus petit (5,45). Il est, à priori, l’homme le plus décoré de la Russie. « Je suis fier de mon invention, mais je suis triste qu’elle soit utilisée par des terroristes ».

Vodka et Cinéma: Leviathan, une parabole russe

Comment s’y prendre pour parler d’un monstre qui engloutit tout sur son chemin ? Le Russe Andreï Zviaguintsev a trouvé son Leviathan dans le nord de la Russie, au bord de la mer de Barents. Le film, distingué au Festival de Cannes par le prix du scénario, sort ce mercredi 24 septembre sur les écrans en France. L’histoire, une parabole trempée dans la vodka pour fustiger la corruption et le débâcle moral et spirituel qui dévorent la liberté dans la Russie d'aujourd’hui, se déroule dans un petit port où se côtoient des épaves de petits bateaux et des squelettes de grandes baleines.

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C’est un endroit en décomposition, peuplé de sans-espoirs échoués et des jeunes qui se rassemblent dans une église en ruines où les fresques d’une époque dorée s’effacent chaque jour un peu plus. Ici est né Kolia. Malgré toutes les difficultés, il tient beaucoup à y rester. La modeste maison qu’il habite, il l’a construite avec ses propres mains. Grâce à son garage où il bricole des voitures, il peut assurer une existence modeste à sa jeune femme Lilya et son fils Roma.

Hélas, le meilleur ami de Kolia a jeté un œil sur sa femme et Vadim Cheleviat, le maire de la ville, sur le terrain qui se prête bien pour un juteux projet immobilier. Fini la quiétude. Une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de sa tête. Et ce n’est pas l’administration ou la loi qui aideront Kolia à obtenir justice. Soudainement, le lieu paisible et isolé se transforme en moloch où manipulation, chantage et corruption se mettent en marche.

L’individu broyé par un Etat cynique et avide du pouvoir, c’est le grand sujet du Leviathan d’Andreï Zviaguintsev. Le réalisateur russe a réuni tous les atouts pour réussir sa démonstration : un décor de rêve, un sujet percutant, des comédiens pertinents…, et pourtant, l’histoire ne décolle pas. Les images aboutissent sur rien. L’éloge de l’homme libre reste plat face à la côte sauvage d’une mer déchainée.

« Je le fais par amour » dit le père qui frappe pour corriger son fils. « Au nom de la loi » déclare le juge quand il prononce son jugement. « Comment s’appelle le concept de Darwin » demandent les mots-croisés. Trop souvent les images se figent, le récit se bloque, restent des soubresauts rhétoriques, noyés dans l’alcool, avec ses coups secs et des tirs à la con. Celui qui tape dans le mille a droit à 7 gouttes de vodka, celui qui tire à côté, en obtient 27. Et si on a soif, on remplace alors le fusil par une kalachnikov et tire sur les portraits des présidents.

Evidemment, Zviaguintsev veut montrer la Russie d'aujourd'hui, un système sans valeurs qui se met au pas du plus fort. L’avocat ne croit qu’à sa bible juridique, les policiers au pot-de-vin et le maire au pacte sacré avec l’église orthodoxe pour rester au pouvoir. « Ne fâche pas Dieu » prévient le prêtre.

Témoignage: La descente aux enfers et la rédemption

"Si ma femme n'avait pas été là, je serais mort à l'heure qu'il est." Depuis plus de vingt ans, Pierre est "clean". "C'est l'abstinence totale". Ce grand monsieur de 55 ans n'a plus touché à une goutte d'alcool. Pas même un petit verre, pour se faire plaisir. "Trop risqué." Pendant une période de sa vie, la boisson ne cessait de couler dans ses veines. Délicieusement destructrice. Impitoyablement délectable, consumant doucement, mais sûrement, la raison de cet homme, qui retrace aujourd'hui son passé avec un langage cru. En se penchant sur son histoire, il esquisse un sourire de temps à autre. D'autres fois, il n'arrive pas à dissimuler ses yeux qui s'embuent peu à peu de larmes, mais qu'il réussit à contenir malgré tout. "J'en ai vraiment ch...!", lâche-t-il, avec un hochement de tête. Il nous livre le film de sa vie.

Son témoignage, c'est celui d'un homme qui doit tout à sa femme. Celle qui, même sous les pluies de coups, a eu la force de rester "par amour", confie Annick, tendrement. Ils n'ont que 17 ans lorsqu'ils tombent amoureux. Lui, c'est un "blouson noir", un gars "d'la rue" qui fait des "conneries" à longueur de journée, et qui "joue au chat et à la souris avec les poulets". Il en aura fait des séjours au poste le lascar, jusqu'au jour où il doit "partir pour l'armée".

Là-bas, la bière coule à flot."On arrivait toujours à s'en procurer à l'intérieur de la caserne", sourit-il. Pierre plonge. Il trinque très souvent avec ses compagnons de fortune.

La descente aux enfers

Mais dans ce pays, le jeune homme ne tient pas. Et après quatre mois, il décide de se faire la malle. "J'étais de permanence. Tout le monde dormait ce soir-là. J'ai posé mon fusil, cambriolé l'office et je suis parti avec la caisse. Un bon paquet de deutchmark..." C'était l'époque des Brigades Rouge et de la bande à Baader, "on était en alerte nuit et jour". Alors autant dire que cet abandon de poste risquait de lui coûter cher. Très cher. Sa course effrénée pour la liberté s'achève à Belfort, quelques jours seulement après sa désertion. Et c'est la prison à Landau (compte tenu de son statut de militaire) qui l'attend ou l'hôpital psychiatrique, au vu de ses sautes d'humeur violentes.

Nous sommes en avril 1974. Et à partir de cette date jusque dans les années 1990, le "blouson noir" oscillera entre "Pierrot le fou" et "Pierre, le gentil", s'enfonçant lentement mais sûrement dans l'alcool. Whisky, vodka, pastis... tout y passe. "Il me fallait ça. C'était comme si j'avais faim et que je devais manger. C'était pareil." Chaque jour, il sombre un peu plus dans ce dédale, accompagné dans sa lente destruction par ses "potes". Il se "sifflait une bouteille de vodka et de whisky par jour. Facile." Deux litres qui lui étaient devenus totalement et quotidiennement indispensables.

Lorsqu'il rentre chez lui, à des heures impossibles, ivre, sa femme devient son seul exutoire. "C'est elle qui prend. Jamais mes enfants", confie-t-il, en baissant la tête. Lors de ces moments de brève lucidité, il promet encore et toujours qu'il n'y touchera plus, qu'il ne recommencera pas. "Des paroles d'ivrogne !, lâche-t-il. On sait c'que c'est. J'étais sincère quand je disais ça, mais je replongeais toujours." Il est conscient du mal qui le ronge, qu'importe.

Un soir, c'est le coma éthylique. Foudroyant. À l'hôpital où il est transporté, les médecins diagnostiquent une affection neurologique: l'épilepsie. "Je faisais des crises depuis tout petit, mais avant cette maladie faisait honte, et ma mère l'a toujours cachée. Mais si j'avais su ce que c'était, je m'en serai servie pour me faire réformer."

La soif de guérir

Après cette crise, Pierre est résolu à se prendre en main, plus encore parce qu'Annick, lasse de le voire se consumer à petit feu, lui pose un ultimatum: ou il se soigne, ou elle s'en va. Entre les deux femmes de sa vie à cette époque, la boisson qui l'enivre et Annick, qui le dégrise avec ses remontrances, il choisit la voie de la raison, sa soif de guérir étant bien plus forte. Et son amour pour elle intense.

Enfermé entre quatre murs dans un hôpital psychiatrique -pour soigner sa maladie neurologique - commence alors un combat de chaque jour, avec lui-même. Puis il entame la phase de sevrage. Ne pas craquer. Ne pas céder à la tentation. "Je suis resté un mois, 24h/24 dans une chambre pendant un mois avant de pouvoir sortir. Ce n'était plus le même mal qui nous ronge, c'est un autre, différent", raconte-t-il, en relevant ses manches qui laisse apparaître des tatouages "mort aux vaches", "le calvaire"... Pour lui, ces séjours c'étaient un peu comme "Vol au-dessus d'un nid de coucou", mais la volonté de s'en sortir a été plus forte.

Aujourd'hui, lorsqu'il jette un regard sur son passé, il se dit qu'il "l'a échappé belle." Depuis qu'il est sobre, il ne vit que pour sa femme et ses enfants, qui lui ont tout pardonné. Et gare à ceux qui toucheraient à un seul de leurs cheveux, car c'est uniquement dans ce cas précis que "Pierrot le fou" pourrait resurgir du passé.

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