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Le jeu de boules nous vient de la nuit des temps. On en trouve des vestiges en Grèce, en Italie, en Egypte et même en Chine, des millénaires avant l’ère Chrétienne. A Lyon et alentours, il prit le nom de « jeu de grosses boules ».

Connaissez-vous le tir progressif ? Vous l'avez peut-être découvert cette année sur la chaîne L'Equipe. Cette discipline du sport boules, qui se pratique en courant, demande et cultive un large panel de qualités physiques. On est loin des parties de pétanques entre amis, l'été... Pour beaucoup, "jouer aux boules" rime plus avec farniente qu'avec pratique sportive intensive. Et pourtant...

Distinction entre sport boules et pétanque

Commençons par opérer une distinction : « Il ne faut pas confondre sport boules et pétanque, nous n'appartenons pas à la même fédération », lance Stéphane Pingeon, directeur technique national (DTN) au sein de la Fédération Française du Sport Boules (FFSB). Il poursuit : « On est plus connu sous le nom de boule lyonnaise, qu'on a tendance à mettre en avant parce qu'il est plus usuel, notamment en Rhône-Alpes... je pense d'ailleurs que cela nous dessert. »

Différences clés

Mais quelles différences existe-t-il entre une partie de sport boules et une partie de pétanque ? « En sport boules, les terrains sont plus longs (12m50 à 17m50 contre 10m pour la pétanque), les boules plus grosses et plus lourdes (1 kg, contre 650 à 800g) et il y a quelques règles spécifiques, notamment la course d'élan (de 7m50 maximum) pour le tir », détaille le DTN. C'est un peu plus technique, ce qui est d'ailleurs un frein à notre développement.

Disciplines du sport boules

  • Tir progressif
  • Tir en relais
  • Tir de précision
  • Double
  • Simple
  • Combiné

« En France on a d'autres pratiques bien ancrées, notamment la quadrette, qui est une partie qui se joue à 4 contre 4, mais qui ne dispose plus de championnat du monde (Stéphane Pingeon). »

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Le tir progressif : une épreuve exigeante

Parmi toutes ces disciplines : le tir progressif. « C'est une épreuve individuelle de 5 minutes », précise Stéphane Pingeon. Les cibles que l'on doit toucher sont disposées dans différentes alvéoles, sur un tapis vert.

Il faut sortir la boule de son emplacement, un tout petit trou sur le tapis, pour que le coup soit validé - on ne peut pas taper en rafle, la zone de validité est de 50 centimètres avant la cible. A chaque point marqué, on passe à l'alvéole suivante. Il y en a 6. La première est à 13 mètres, la dernière à 17 mètres. Il y a deux terrains parallèles, de 22/23 mètres, le joueur fait des allers-retours et tire alternativement sur l'un et sur l'autre. Les deux tapis sont indépendants et il est donc possible d'alterner des tirs courts et des tirs longs, en cas de réussite unilatérale. « C'est plus exigeant techniquement, parce qu'on perd en automatisme », estime le spécialiste, qui précise que cette situation est très rare à haut niveau, où les joueurs ont un pourcentage de réussite moyen autour de 90%.

Records du monde

  • Record du monde masculin : 51 boules frappées, sur 51 boules lancées. Soit une distance de course approximative de 1 173 mètres et donc une vitesse moyenne estimée à 14,1 km/h.
  • Record du monde féminin : 46 boules frappées sur 47 boules lancées. Soit 1 081 mètres de parcourus (13 km/h), selon le même calcul. [Les femmes ne montent que jusqu'à la 3e cible, qui équivaut à un lancer de 14,60m.]

Filières énergétiques sollicitées

« 60/65% aérobie et 35/40% anaérobie »

Course de vitesse ou d'endurance... quel type d'effort représente vraiment le tir progressif ? « On pourrait penser, au vu de la durée, qu'on est sur des sollicitations proches du demi-fond plutôt long, du 2000 mètres, sauf qu'il y a un paramètre important : le rythme de course n'est pas linéaire », estime Stéphane Pingeon. Il développe : « Il y a de grosses variations d'allure, étant donné que l'on parcourt le terrain en aller-retour avec une phase d'accélération, une phase de décélération et un demi-tour (...) Les sollicitations, en termes de filière énergétique, sont mixtes. Globalement, je dirais qu'on est sur du 60/65% aérobie et 35/40% anaérobie. »

Cet aspect hybride entraîne parfois des oppositions de style : « Il y a différents profils de tireurs. Certains sont plutôt "anaérobie lactique", capables de partir assez fort, en termes de stratégie de course, puis de résister à la fibrose musculaire tout en perdant un peu de rythme. Et on a des profils plutôt "aérobie", qui eux ont des rythmes réguliers et qui vont éviter de se plonger dans les lactiques, pour ne pas perdre en adresse. »

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Conseils de sécurité et progression

Il faut une bonne base technique, au niveau du lancer, avant d'apprivoiser par paliers cet effort intense de 5 minutes. Stéphane Pingeon considère que « pour un novice, enchaîner 6-8 tirs est déjà très exigeant. La fréquence cardiaque est vite dans le rouge, on commence à produire un peu de lactique et sans la moindre maîtrise technique, cela peut devenir dangereux... pour ceux qui sont en train de remettre les boules (sourire). »

Entraînement complet : VMA, gainage, dorsaux

« Déterminer les profils, cela permet de travailler sur les points faibles », note Stéphane Pingeon. « J'ai connu des jeunes, en équipe de France -23 ans par exemple, qui avaient une vitesse maximale aérobie (VMA) plutôt basse, parce qu'ils faisaient énormément de travail spécifique, de fractionné sous forme freinage-relance, d'intermittent... mais très peu de séances linéaires ou de fractionné sur piste. » Pour de tels tireurs, améliorer la VMA pourrait avoir un effet bénéfique.

Pour d'autres, cette base est déjà assurée et le perfectionnement peut se porter sur d'autres facteurs de la performance : « J'ai eu un athlète exceptionnel, qui a été recordman du monde (il n'est plus en activité) et qui était à 20 km/h de VMA. Les meilleurs Français sont entre 18.5 et 20. »

Parmi ces autres facteurs : la musculation. « Pour le haut niveau, il y a un gros travail à faire en termes de renforcement abdominal et lombaire, de gainage, de développement des dorsaux (parce que le geste de lancer implique une sollicitation du dos). Il faut faire de la musculation sur le bas du corps aussi », précise Stéphane Pingeon. En effet, si certains joueurs ont un grand balancier (geste du lancer) qui leur permet d'allonger leurs tirs, il est impossible de se contenter d'une contraction musculaire du haut du corps pour enchaîner une cinquantaine de lancers. La force doit venir de la poussée des jambes.

Existe-t-il d'ailleurs un morphotype idéal pour le tir progressif ? Les avis divergent et évoluent à ce sujet, d'après Stéphane Pingeon : « Le Français Guillaume Abelfo, champion du monde l'année dernière, doit faire 1m73 ou 1m74 et pèse 56 kilos. C'est un poids plume assez tonique, avec une bonne VMA. Le champion d'Europe en titre, un Croate, fait à peu près la même taille mais est plus massif. On dirait un petit handballeur, très trapu, costaud du haut. Globalement, on est plutôt sur des petits gabarits, alors que l'on a longtemps pensé que les grands avaient un physique plus adapté à cette pratique, grâce à leur foulée notamment. »

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Prévention des traumatismes

« On tourne tout le temps sur le même pied d'appui. Pour un droitier, c'est le pied droit en général qui, 51 fois (sur les bases du record) sert à freiner et à relancer. Il faut donc mener un suivi avec les kinés pour prévenir de cette asymétrie. Le tir progressif est une pratique assez traumatisante. On est en intérieur, sur du goudron ou du ciment 90% du temps. Cela laisse des traces (Stéphane Pingeon) »

Adaptation pour les enfants

Pour convenir aux enfants, la fédération mise sur l'adaptation du tir progressif : « On essaie de rendre nos activités ludiques lorsque l'on travaille avec le monde scolaire, l'UNSS. Pour cela, on intègre beaucoup de course. On fait des relais, surtout, avec des équipes de 4, 5, 6... * par séquences de quatre lancers. Cela permet à la fois de ménager des plages de récupération importantes aux enfants et de leur proposer un jeu stimulant. »

Les boules, aussi, sont différentes, plus légères (400g contre 1 kg) et plus petites (84 mm de diamètre, contre 90-110 mm). Et elles tendent à l'être encore plus : « On expérimente depuis plus d'un an des boules en plastiques, normalement dédiées au Pilates, elles sont lestées par du sable, elles font 450 grammes. Dans les cours d'école, cela règle un problème de sécurité parce que ce sont des boules molles, qui ont beaucoup d'inertie et qui s'arrêtent donc assez vite.

Les épreuves traditionnelles

Le principe du jeu consiste à placer ses boules le plus près possible d’un objectif appelé but. L’adversaire essaie, à son tour, de placer les siennes plus près de ce but ou d’enlever celles qui gênent. La partie de déroule en 11 points. la quadrette : 4 contre 4 avec 2 boules par joueur.

Adaptation à l’école

Cette discipline est trop complexe pour être enseignée sans adaptation à l’école. A l’école, il faut privilégier un espace avec une surface meuble en séparant chaque zone de jeu par des aires de sécurité. Les cibles : matérialisées avec des cerceaux, des plots, des quilles, des lattes, des tapis très fins, dessins à la craie….

En préalable à toutes dispositions pédagogiques et didactiques relative à la nature des apprentissages, il convient d’imposer des règles permettant d’assurer la sécurité de tous : de façon active : tout joueur doit être attentif et lorsqu’il a une boule en main devient responsable de son geste. Il ne faut jamais ramasser sa boule tant qu’elle n’est pas arrêtée. La position assise ou accroupie est interdite. Ne jamais pénétrer dans une aire de lancer, ne jamais arrêter une boule en mouvement avec une partie quelconque du corps autre que le dessous du pied.

De façon passive : il convient d’aménager des espaces de sécurité entre les différentes aires de jeu. (épreuve en course continue) Il s’effectue de façon identique au tir à cadence rapide excepté la cible qui n’est pas fixe (elle se situe dans le premier tapis puis dans le deuxième…). Chaque boule touchée donne un point. Cette épreuve demande un tapis spécifique appelé « tapis de précision ». Le tireur est en course continue, et tire alternativement dans un sens puis dans l’autre sur 6 cibles placées à distance variable.

Comment pratiquer le sport-boules ?

« Le prix d'une licence loisir est de 10 euros l'année. La première licence compétition est au tarif fédéral de 35 euros (...) On a tout un tas de facettes à vendre, qui pourraient nous permettre de dégager des revenus. J'ai un collègue dans l'Ain qui a mis en place des cours d'apprentissage (15 euros les 3 heures). Et cela cartonne. Malheureusement on est en retard là-dessus, ce n'est pas dans la culture de notre fédération, de vendre nos prestations. On a tendance à seulement répondre aux demandes des collectivités (Stéphane Pingeon). »

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