Envie de participer ?
Bandeau

Lundi 13 septembre 2021, le procès d'Alexandre Benalla s'est ouvert devant la 10ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. Les débats se sont centrés sur des soupçons de détention non autorisée d’une arme à feu par l’ancien chargé de mission auprès d’Emmanuel Macron à l’Élysée.

La Photo Problématique

Une photo, révélée par Médiapart en septembre 2018, a suscité la polémique. Sur ce cliché pris au printemps 2017, Alexandre Benalla braque ce qui ressemble à une arme à feu en direction d'une jeune femme souriante. La photo a été prise au printemps 2017, un peu avant les élections. Ce sont trois agents de sécurité chargés de la protection d’Emmanuel Macron pendant sa campagne.

La scène se déroule le 28 avril 2017 à Poitiers dans un restaurant, à quelques kilomètres de Châtellerault où Emmanuel Macron vient de tenir un meeting. Celui qui est alors membre du service d’ordre de la campagne prend la pose au côté de deux hommes et d’une serveuse. Le pistolet est pointé vers le visage de la jeune femme, tout sourire.

La Défense de Benalla : Un Pistolet à Eau

Alexandre Benalla essaie de justifier cette photo devant la cour : « Nous étions dans un restaurant à Poitiers, l’ambiance était festive et une serveuse nous a demandé un selfie. J’ai pris un pistolet à eau factice qui était présent. C’est une saynète de trois secondes complètement idiote », reconnaît le prévenu.

« Ça peut paraître loufoque mais c’est la réalité » : devant les juges, Alexandre Benalla a affirmé que l’arme apparaissant sur un selfie pris lors de la campagne présidentielle d’En Marche ! était un pistolet à eau. Réentendu le 29 novembre par les juges d’instruction, Alexandre Benalla a affirmé que l’arme avec laquelle il apparaît sur un selfie lors de campagne présidentielle n’était pas un pistolet de type Glock, mais un pistolet à eau.

Lire aussi: Test et Avis : Pistolet à Eau Électrique M416

Les Doutes de la Présidente du Tribunal

Circonspecte, la présidente va lui poser des questions pleines de sous-entendus : « La serveuse interrogée a déclaré que l’ambiance n’était pas si festive que ça. » Alexandre Benalla semble avoir des difficultés à se remémorer à quoi pouvait bien ressembler le pistolet, et encore moins à qui il aurait pu appartenir.

« Vous êtes donc en train de me dire que ce soir-là, vous êtes chargé de la sécurité d’un meeting de la campagne présidentielle, qu’un neuneu sort un pistolet à eau et cela ne vous marque pas plus que ça ? », lui rétorque la présidente. Le prévenu bafouille. Si son arme était remplie d’eau, sa mémoire semble quant à elle, évaporée.

« Ici, on peut tout faire prévient-elle à plusieurs reprises. Mentir, se taire. Mais il faut ensuite en assumer les conséquences ».

Réactions et Conséquences

La défense de Benalla a suscité des réactions, notamment de la part du média humoristique Le Gorafi, qui s'est félicité d'avoir "vu juste" dans cette affaire. Alexandre Benalla encourt sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende.

Retour sur les Faits et le Parcours de Benalla

Alexandre Benalla monte directement au premier étage. Il est là, campé devant le micro de la salle d’audience. Silhouette sombre et massive mais à la voix douce. Un physique de vigile de supermarché mais des analyses de préfet en exercice. C’est ça Benalla. Un homme en costume impeccable, alors chargé de mission de l’Élysée pour la sécurité du couple présidentiel, mais avec un comportement ce 1er mai 2018 de videur de boîte de nuit.

Lire aussi: Comprendre les balles de pistolet

À la barre du tribunal correctionnel, les deux Benalla cohabitent. Le premier va détailler avec précision le fonctionnement de la machine élyséenne, « un ovni organisationnel », analyse-t-il avec la rigueur d’un énarque désireux de rien passer sous silence. Face à lui, Isabelle Prévost-Desprez, la présidente de la chambre correctionnelle, s’énerve.

Il s’est fait tout seul, à la force du poignet, par des études de droit, puis des boulots dans la sécurité, sa passion née dans la réserve de la gendarmerie. Affecté dans l’Eure, où habite sa mère, Benalla suit un stage de formation, dont il sort major de promotion. Il y fait la connaissance de Vincent Crase, lui aussi attiré par l’uniforme et l’ordre. « J’ai un ADN de gendarme », dit Crase, poursuivi aux côtés de son ami Alexandre.

Les Autres Accusations

Ce 1er mai, outre les violences volontaires sur des manifestants, il lui est reproché d’avoir porté à sa ceinture un pistolet Glock 17 alors qu’il n’avait aucun port d’arme. En charge pendant la campagne présidentielle de la sécurité du candidat Macron, aux côtés de Benalla, Vincent Crase avait alors obtenu un port d'armes, mais il était strictement limité aux locaux du QG de campagne.

Cette autorisation a pris fin en mai 2017, date à compter de laquelle « LREM a détenu illégalement des armes », souligne comme avec gourmandise la présidente. Crase acquiesce sans broncher. Benalla, en revanche, face à une photo prise dans un restaurant de Poitiers, un soir d’avril en pleine présidentielle, persiste à prétendre que le pistolet qu’il brandit sur un selfie pour faire sourire une serveuse est « un pistolet à eau » …

Benalla à l'Élysée

Ce mardi, Benalla déroule son parcours à l’Élysée. Il était en charge des déplacements du président, de la réforme de la sécurité présidentielle, et des déplacements privés du couple Macron. La présidente lui rappelle d’entrée l’article 6 de son contrat de travail, qui prévoit une obligation de « réserve, de discrétion et de loyauté ».

Lire aussi: Pistolets de traitement du bois

Alexandre Benalla conçoit alors son travail comme celui d’un « facilitateur ». Sur le papier, si son supérieur direct est François Xavier Lauch, le chef de cabinet, qu’il déteste, Benalla dépend ensuite du directeur de cabinet, Patrick Strzoda, « un vieux préfet », dit-il… « affectueusement ».

Le Rôle de Benalla Vu par un Commissaire de Police

Appelé à la barre, Maxence Creusat, ancien commissaire de police parisien, confirme ce « leadership » du jeune chargé de mission. Ce commissaire, à qui l’affaire a valu une mutation à Thionville, explique avec précision comment se déroulent les missions sur le terrain. « Il faut que cela soit fluide », insiste-t-il. « Dans ce milieu-là, chacun a la place qu’il prend et se fait sa fiche de poste ».

A entendre le commissaire Creusat, Benalla, « sait très bien jouer entre les lignes », et a de grandes qualités d’animation, de sang-froid et d’efficacité. « Il tutoie le DOPC (le patron de la sécurité publique à la préfecture de police de Paris) et le DGPN, le patron de la police nationale », glisse Maxence Creusat, façon de montrer qu’au-delà de sa proximité avec le président de la République, Alexandre Benalla a su s’imposer en quasi patron de la sécurité élyséenne… « Quand il parle, il exprime la volonté présidentielle », résume le policier devant un Benalla qui opine.

Le SMS Polémique

Changeant de sujet, la présidente affiche sur l’écran géant, un long sms daté du 2 mai à 9 h 15. On est le lendemain de la manifestation. Alexandre Benalla sait parfaitement qu’une vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux de son intervention place de la Contrescarpe. « Monsieur le président »… Le message qu’il écrit est à l’attention du chef de l’État, alors en voyage en Australie.

Benalla y raconte s’être laissé entraîner dans l’arrestation de manifestants pour « aider les policiers » et prévient que des images ont été faites, qui pourraient donner lieu à polémique s’il était reconnu malgré son casque… Le sms est envoyé en copie à Alexis Köhler. « Pourquoi pas à Patrick Strzoda ? » interroge Isabelle Prévost-Desprez.

L'Évolution de la Défense de Benalla

"J'ai commis sans doute de nombreuses erreurs dans ma défense", a déclaré à la barre l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron, aujourd'hui âgé de 31 ans, plaidant des "erreurs de jeunesse" même s'il comprend que cela ait pu être "perçu comme des provocations".

Changement de ton devant la cour d'appel: le prévenu a fait acte de contrition, s'excusant auprès des personnes affectées par ses actes, et a reconnu tous les délits hormis les violences en réunion et l'immixtion dans une fonction publique.

Il a reconnu notamment le port prohibé d'arme pour avoir emporté le jour de la manifestation une arme de poing normalement gardée dans un coffre fort au siège de La République en Marche, le parti présidentiel aujourd'hui rebaptisé Renaissance. "C'était une mise en danger qui n'avait pas lieu d'être", a-t-il déclaré.

tags: #benalla #pistolet #à #eau #polémique

Post popolari: