Le piton calcaire de 80 m de haut, verrou glaciaire bordé par le gave, fut de tous temps un point stratégique pour les hommes. Verrouillant la vallée d’Argelès et la route venant d’Espagne, il semble déjà fortifié du temps des Romains. La première mention sérieuse remonte à 1085, avec un texte relatant que le château fort était la résidence des comtes de Bigorre (XIe et XIIe siècles). Une lettre d’affranchissement de 1163, accordée à la ville, nous confirme la présence du comte Centulle III dans les murs de la citadelle.
Au Moyen Âge, il y avait en plus du donjon carré, trois tours. Elles étaient encore présentes lors de la restitution du château à la couronne de France en 1407. La plus importante était entourée d’un mur. D’après Jean Bourdette, entre tour et mur on y plaçait des chiens comme alerte. Le château abritait aussi deux autres tours rondes, la Panaboussin et l’Anguillar également protégées par des murs démolis lors des attaques successives.
Le château est complété par une enceinte armée de neuf tours. Le fort subit de nombreux sièges sans succès, celui de Simon de Montfort en 1216, contre les comtes protégeant des Cathares, et celui dit de Du Guesclin, en 1373, contre le parti anglais. En effet, en 1360, le traité de Brétigny avait livré la forteresse comme toute la Bigorre au prince Noir, fils aîné du roi d’Angleterre. Ce dernier en confie la gestion à Pierre-Arnault, cousin de Gaston Fébus. Il est accompagné de six capitaines.
Cependant, deux barons rallient le parti français et s’emparent de Tarbes. Pierre-Arnault, ses capitaines et leurs mercenaires, qui seront appelés Compagnons de Lourdes, dévastent et rançonnent la région, « aussi bien les marchands du royaume d’Aragon et de Catalogne que les marchands français, s’ils n’avaient fait aucun pacte avec eux ». Le pillage dure 46 ans « avec si grande foison de bêtes et de prisonniers qu’ils ne savent où les loger ».
Le roi de France ne peut laisser faire sans réagir. Le duc d’Anjou, son frère, assiège en vain la forteresse en 1373. Elle est imprenable. Il brûle alors totalement la ville, protégée par de simples palissades de bois. Il est à la tête de 15 000 hommes dont une grande partie vient des montagnes du Lavedan. Les habitants sont saufs, ils se sont tous réfugiés dans l’enceinte du fort.
Lire aussi: Découvrez l'armurerie airsoft
Fébus essaye de récupérer le château auprès de son cousin Pierre-Arnault. Celui-ci refuse de céder le bien confié par le prince Noir et le roi d’Angleterre, Fébus le tue dans un accès de colère. Le château est alors gardé par Jean de Béarn, frère de Pierre-Arnault. Il est nommé sénéchal de Bigorre par le roi d’Angleterre, en remerciement de sa loyauté (et de celle de son frère défunt).
Après les prises en 1404, du château Sainte- Marie à Esterre et Castet Naü à Arras par Jean 1er de Bourbon, comte de Clermont, un premier siège a lieu autour du château de Lourdes, en vain. Il a fallu attendre le 26 novembre 1407, pour que le comte, aux ordres du roi de France, aidé des Barégeois et des Azunois, reprenne le fort de Lourdes au parti anglais, après un long et pénible siège de 18 mois. En fait, les "Anglais", avec les Compagnons de Lourdes, ne quittent la forteresse avec celle des Angles que contre forte rançon.
La levée de celle-ci concerna trois sénéchaussées : Toulouse, Carcassonne et Beaucaire et représentait 135 000 livres tournois. Cette somme énorme devait couper court au long siège fort onéreux. Le traité fut signé à Toulouse le 8 août 1407. Le comte fut alors nommé capitaine général du Languedoc, d’Auvergne et de Guyenne (Guïenne). Les sénéchaux de Bigorre, Arnaud I et Arnaud II, vassaux du roi de France, l’occupèrent successivement.
Peu après, le fort est repris par les catholiques commandés par le capitaine Bonasse, envoyé par le roi de France, Charles IX. En 1573, après la mort de Jeanne d’Albret, les huguenots de Bernard d’Arros, adjoint de Montgomery, essayent désespérément de reprendre le fort ; n’y parvenant pas, ils brûlent et pillent la ville ainsi que toutes ses archives. Les arrières de ses troupes sont cependant défaites au Pont neuf lors de leur retraite vers le Béarn.
Après l’accession au trône de France, en 1594, du roi de Navarre, les guerres de religion cessent. Les Albret en profitent pour embellir et moderniser leur forteresse. C’est à cette époque (1593-1630) que sont supprimées les trois tours médiévales (dont une circulaire), trop vulnérables aux assauts de la nouvelle artillerie. Par la suite, faute de conflits majeurs, l’édifice sert surtout de prison, telle une « Bastille pyrénéenne », pour les victimes des lettres de cachet et les huguenots récalcitrants.
Lire aussi: Votre guide des expériences avec Drome Chasse Tir
Cette affectation n’empêche pas cependant Vauban lui-même de venir à la citadelle en 1689, et de rédiger un important mémoire sur la consolidation et le remodelage des remparts. C’est à cette date qu’est construit le corps de logis des officiers (salle du Pyrénéisme) et reconstruite la chapelle. Y séjournent, le duc de Mazarin, le philosophe Maine de Biran, Bourbaki. Napoléon n’hésite pas à y enfermer l’ambassadeur d’Angleterre en Grèce, en cure à Barèges, Thomas Elgin, connu pour avoir dépouillé le Parthénon de ses frises au bénéfice du British Museum .En 1914-1918, y furent logés une vingtaine de prisonniers allemands.
En 778, Charlemagne fut appelé en Espagne par l’émir de Saragosse contre l’émir de Cordoue, souverain de la péninsule ibérique. Passant devant le château de Lourdes tenu par des maures, il tenta de l’enlever, et le prit après un siège assez long. « Mirat avait été plusieurs fois sommé de se rendre et de devenir chevalier de Charlemagne, après avoir reçu le baptême ; mais il répondit que tant qu’il pourrait se défendre, il ne consentirait à se soumettre à un mortel quelconque. C’est pourquoi, le roi, fatigué des ennuis d’un long siège, songeait à se lever.
Or, il arriva qu’un aigle saisissant dans ses serres un énorme poisson du lac, le déposa intact sur un point élevé du château. Mirat se hâta de l’envoyer à Charlemagne, en lui faisant dire qu’aussi longtemps que son vivier lui fournirait de tels poissons, il ne craignait pas d’être pris par famine. Le roi fut déconcerté. Mais l’évêque du Puy-en-Velay, qui l’accompagnait, … alla vers Mirat et lui dit : « Puisque tu ne veux te rendre au roi Charles, qui est le plus illustre des mortels, rends-toi du moins à la plus noble dame qui ne fut jamais, la Mère de Dieu, Notre-Dame du Puy. Je suis son serviteur.
Événement indiscutable, le 15 août 778, l’arrière garde de Charlemagne est attaquée par les Basques alors qu’elle franchit le col de Roncevaux. La chanson de Roland (XIIIème) a immortalisé ce désastre.
Ce pont-levis à bascule, pris entre deux demi-bastions (ouvrage à cornes), qui défend et défile l’ancienne porte de ville médiévale a pour origine les préconisations de l’ingénieur Vauban en 1685. L’ouvrage, intégré dans un système bastionné, a été restauré en 1819.
Lire aussi: Tout savoir sur Chasse Tir Malin à Luçon : notre évaluation.
Ce corps de bâtiment du XIIIe siècle, traversé par la porte de ville, renferme, en particulier, une vaste citerne (8x4x4 m) endommagée pendant le siège de 1407 et un corps de garde installé en 1592. Il est modifié après 1685, par l’ingénieur Vauban, qui le fait surmonter d’un chemin de ronde, dont on voit les six ouvertures de surveillance ; tandis que l’extrémité Est a été fortifiée par une échauguette sur multiples redans, en 1832. De la même époque date la galerie de façade, côté cour.
L’étroite entrée romane (72 cm), élargie vers 1841, se fait par une porte défendue, à l’origine, par des vantaux de bois et par un assommoir. Au Moyen Age, le cheminement jusqu’à cette porte, qui peut être considérée comme une poterne, ou porte secondaire, devait être sans grand aménagement maçonné. Sur la gauche de ce bâtiment, nous avons la façade Est de l’ancien logis roman, la sala, ou tinel, éclairée par quatre fentes de jour en grès (obturées). Le parement de ce mur, en petit appareil régulier, quasi cubique, est typique des X-XIe siècles.
Ce tinel, se prolonge au Sud par un bâtiment en moyen appareil assisé, des XII-XIIIe siècles, que l’on retrouve en soubassement sur la majeure partie du site sur promontoire. Il est renforcé par un contrefort hémisphérique. À l’extrémité Nord de ce mur a été aménagée une bretèche-latrine. Ce bâtiment se prolonge au Sud par le cavalier Sud (XIIe-XIIIe) que contreforte une tourelle demi-ronde.
En 1921, le Touring-Club de France, grâce à l’ardente volonté des époux Le Bondidier, le transforme en Musée pyrénéen. Celui-ci devient rapidement le quatrième musée de France après le Louvre, Versailles et Fontainebleau. Depuis 20 ans, malgré son classement en Monument historique en 1995 et la volonté affichée de rénovation, il périclite pour ne devenir que l’ombre de ce qu’il était. Il reçoit moins de 100 000 visiteurs par an contre plus de 200 000 jusqu’en 1980.
Le Musée Pyrénéen, propriété du Touring Club de France, inauguré en 1922, est dû à la volonté d’ Ernest Seyrès, architecte de la Ville de Lourdes, du Dr A. Meillon, administrateur du T.C.F. et de Louis Le Bo...
On commence par une cuisine béarnaise et une chambre bigourdane. On passe devant la citerne de forme elliptique de 8X4 m ; puis curieusement on se trouve devant une exposition temporaire pour revenir à des salles d’ethnographie avec mobilier régional, ustensiles, vaisselle du XVIIIe siècle (faïence de Samadet), vêtements et jeux, dont le jeu de quilles, ancêtre du bowling. N’oubliez pas un petit tour au donjon (quelques marches). À l’origine, on y accédait par une échelle mobile et non par la porte actuelle. Ce rez-de-chaussée servait de cellier et de cave et ne communiquait nullement avec l’extérieur par une porte. Le toit, de même, est d’origine récente (1805) Il était destiné à protéger les prisonniers des intempéries lors de leur "promenade".
Le sommet était jadis découvert et garni de créneaux et de mâchicoulis. La plateforme servait de "tour à feux" pour les signaux prévenant les tours environnantes, de l'arrivée d'intrus. Visitez l’esplanade avec les belles maquettes de pierre représentant différents types de maisons et d’églises fortifiées des environs. Celles-ci ont été réalisées, au milieu d’un jardin de plantes pyrénéennes, avec talent, par les premiers conservateurs, Louis et Margalide Le Bondidier.
Les pièces exposées sont présentées d’une façon un peu vieillotte, sans aucune explication, et en français seulement. Seules, les dernières salles ont été un peu modernisées avec des traductions en langues étrangères. Le tout mériterait plus d’entretien et d’animations pédagogiques. Admirez la herse qui a conservé son treuil de bois et sa chaîne d’origine. N’oubliez pas un petit détour par la chapelle sur l’esplanade. Elle renferme un beau mobilier baroque dû à l’ébéniste lourdais Jean Dauphole. Ses retables, statues et autels proviennent de l’ancienne église paroissiale démolie en 1904. Petite boutique.
L’été, sont organisées à heure fixe, trois visites commentées par jour ; en basse saison, sur réservation. Des expositions temporaires viennent régulièrement illustrer la richesse du patrimoine culturel local. En sortant vers la rue du Bourg, vous "tombez" sur le "cimetière" basque. Sarcophage mérovingien. Matrone romaine.
Pour une visite détaillée, il a été prévu en 2015, un panneautage explicatif, vu que la forteresse a été l'objet de nombreuses transformations, surtout pour la rendre accessible au public.
tags: #armurerie #h #dessaye #et #fils #histoire