Après le bloc soviétique et les Balkans, la Suisse est-elle en train de devenir le nouvel eldorado des trafiquants d'armes français ? Plus de 350 armes ont été dérobées depuis 2020 et les attaques impressionnantes contre des armuriers suisses ne sont pas rares.
L'époque gauloise et gallo-romaine dénotent déjà dans cette région du sud Belge, d'une activité métallurgique importante. Le minerai se trouve sur place et la couverture forestière assure un combustible abondant et la fabrication des armes n'y est certainement pas absente. Mais il faut attendre le Moyen Âge pour découvrir les premiers écrits relatifs à l'activité armurière. Leurs forgerons seront reconnus comme les meilleurs fabricants d'armes (blanche à l'époque) et elles seront connues de la Scandinavie jusqu'au frontière de l'Inde. La fabrication d'arme a feu apparaît très tôt dans la principauté Liégeoise. On parle vers 1350 de bouche à feu coulées en bronze et en fer forgé. Au début du XVII la fabrication d'armes à feu portatives va connaître par contre un essor fulgurant.
Liège commencera à partir de cette époque à livrer au monde entier des armes ou des pièces d'armes . L'organisation particulière du travail armurier liégeois y est pour beaucoup. Le Garnisseur lui aussi confiait en sous-traitance la réalisation de différents éléments aux monteurs à bois aux platineurs le mécanisme de mise à feu qui sous-traitaient eux aussi aux limeurs chaque pièce.aux fondeurs qui sous-traitait aux ..........faiseurs de sous-garde, faiseurs de baguette, etc... Il n'y a pas de style particulier aux pièces produites à Liège car on travaillait "à l'oeil" c'est à dire en copiant sur un modèle confié par le "fabricant" le plus souvent suite à une demande d'un armurier ou d'une manufacture étrangère, sans calibre ni étalon . la première standardisation (toute relative) viendra avec la demande française de fabrication du modèle 1777 qui imposera une norme de réception. Cette dernière fit franchir à une grande partie de l'industrie armurière un seuil technologique . On dira à Liège pour qualifier un ouvrier de valeur "c'est un bon il a fait des 77" (en 1886 les fabricants d'armes réunis utilisaient encore le terme de "qualité 1777").
Un mois après la prise de la bastille en France, c'est un marchant liégeois, Jean Gosuin, qui mobilisera une partie des ouvriers armuriers, leur donnera la cocarde nationale jaune et rouge et s'emparera de l'hôtel de ville le 18 août 1789. c'est la sédition des Liégeois et leur rattachement à la république Française le 9 thermidor AnII (27 juillet 1794) qui leur fit perdre leur neutralité. La fabrication était soumise à l'autorisation de "l'agence de vérification, de réception et de paiement des armes " (sous contrôle militaire) et les armes se trouvant chez les fabricants réquisitionnées. En 1797 l'exportation en sera simplement interdite. Liège produira durant cette période des pièces pour toutes les manufactures française et la manufacture impériale de Liège sera dirigée par Gosuin et son fils Jean-Jacques.
Privé de ces débouchés les artisans liégeois vivaient misérablement et beaucoup accepteront d'aller travailler dans les manufactures d'états . devant le refus de l'empereur Napoléon Ier de rétablir la libre exportation d'armes "de luxe" (tout ce qui n'était pas militaire relevait du superflu et était dit de luxe ou de chasse) et de traite (armes destinées au marché du levant et de l'Afrique) treize fabricants se regroupent pour former la "société des treize" et obtiennent de cette façon quelques commandes de l'empire . En 1794, suite aux guerres de la Révolution française, l'armée impériale quitte la Principauté de Liège, ce qui entraîne l'exil du Prince-Evêque François Antoine de Méan, puis en 1795, la Convention décrète l'incorporation de la Principauté à la République Française, entraînant par la même sa disparition.
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Les armes dit de "luxe" ou de "traite" avait été exempté de banc d'épreuve à cette époque. Après 1815 Liège va surtout travailler aux armes dites "de luxe" c'est à dire celles destinées à la vie à l'occidentale. La variété des modèles et des système fabriqués est impossible à détailler. Vers 1830-1840 Liège va "percussionner" c'est à dire que liège va transformer les armes à silex en arme à capsules de fulminate . Vers 1850 apparait la fonte malléable et la fabrication en quantité industrielle des revolvers à broche et de poche .Et on ne verra plus la qualité que dans les armes longues et chez quelques fabricants sérieux une douzaine tout au plus mais capable de produire sous licence des "Colt", des "Adams", des "Lefaucheux", des Smith et Wesson" en quantités énormes sans parler des réalisations sans autorisation que l'on appellera "Copies" .
Une place spéciale doit être faite à la production d'un pistolet à canons en faisceaux dit poivrière ou Mariette du nom de son inventeur armurier a Cheratte . Le contact avec la pointe de la technologie en matière d'arme à feu va développer l'esprit inventif des armuriers liégeois qui devint remarquable. Ils purent donner libre cours à leur ingéniosité en simplifiant, mélangeant divers système et ils en inventèrent beaucoup, même si ceux-ci eurent une vie éphémère .Les Comblain, Rissack, Marck, Decortis, Deprez, Ghaye, Colleye, Herman, Fagard, Desvigne, Simonis, Polain, Spirlet, Warnant, Pirotte, ect ect... Liège sera aussi le centre mondiale de transformation des armes on y retrouvera toutes les armes militaires désuètes transformé en fusil de traite avec un système du type Snider ou de chasse par recalibrage type "Chassepot".
Déjà au XVIIe siècle, la région liégeoise était réputée pour ses fabrications mécaniques et particulièrement ses armes à feu. Les artisans armuriers liégeois travaillaient de façon indépendante souvent à domicile et étaient spécialisés dans certaines opérations. La collaboration avec John Moses Browning commence en 1898.
Au XIXe siècle, la fabrication des armes militaires légères (fusils et pistolets) ne peut demeurer en dehors des progrès de la Révolution industrielle. La révolution industrielle s’étend à tous les secteurs de l’industrie. Elle fait donc l’objet d’un processus de mécanisation qui est également une aventure humaine. En fait, de 1850 à 1870, soit quasiment au cours du Second Empire, les responsables militaires et politiques sont confrontés à un double défi.
Il importe d’une part de doter l’armée d’un fusil moderne, car l’on est dans une période d’intense innovation technique. Il faut, parallèlement, passer d’une production essentiellement manuelle, assurée par des armuriers qualifiés, à une production mécanisée, fondée sur un recours systématique aux machines-outils.
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À l’issue des guerres de la Révolution et de l’Empire, la modernisation de l’arme vise un triple objectif :
Dès 1841 d’ailleurs, la Prusse dote son armée d’un fusil répondant aux nouvelles exigences, le Dreyse. Soucieuse de posséder des instruments aussi efficaces que ceux de ses adversaires potentiels, la France crée en 1837 sa première arme légère à percussion, la carabine Delvigne-Pontcharra, avant d’adopter en 1840 le système de mise à feu par percussion. Enfin, en 1857, est retenu le principe du canon rayé. Il s’agit là seulement d’une première étape, puisque toutes les armes produites se chargent encore par la bouche (en dépit des difficultés nées de l’utilisation de balles profilées).
Par ailleurs, au plan technique, la réalisation de rayures requiert un travail plus précis que la fabrication des canons à âme lisse qui supportaient une plus grande tolérance de calibre compte tenu du principe du « vent ». Cette phase de transition technologique, recouvrant essentiellement la période 1842-1866, contraint les quatre manufactures françaises (Châtellerault, Mutzig, Saint-Étienne et Tulle) à transformer le stock existant tout en construisant des armes neuves répondant aux nouvelles normes. Il est vrai que la modification de fusils construits manuellement n’exige pas de machines compliquées.
En 1864, le conflit prusso-danois démontre la supériorité des fusils à chargement par la culasse sur ceux à chargement par la bouche. Face au conservatisme des milieux militaires, Napoléon III, partisan avéré de l’innovation, pousse alors le Comité d’artillerie dans la voie de la modernisation. Ce dernier réalise ainsi une étude systématique de l’armement des grandes puissances, au terme de laquelle sont fixées les conditions à remplir par le fusil futur de l’armée française : chargement par la culasse, utilisation d’une cartouche portant son amorce, projectile d’un calibre compris entre 9 et 12 mm, présence d’une hausse graduée, dimension et poids comparables à ceux de la carabine de chasseurs et enfin entretien et maniement aisés.
La victoire de la Prusse sur l’Autriche en 1866 conduit à adopter (dans une certaine urgence) le système Chassepot, premier modèle réglementaire français véritablement moderne, qui répond globalement à ce cahier des charges.
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C'est loin de la Suisse, à Marseille, que cette enquête débute. Il y a plusieurs mois, un commando d'hommes armés est arrêté après une fusillade et une course-poursuite partie de la cité Bassens, dans le 14e arrondissement de Marseille. Sur place, un policier affirme que les armes viennent de Suisse. Ce n'est pas le premier à parler d'armes dérobées dans des armureries suisses. "On en retrouve un peu partout dans les cités", glisse-t-il.
À la frontière franco-suisse, dans le canton du Valais, cet armurier se dit en colère contre la France. "On n'a pas la même législation, on a des armes de guerre, vos voyous le savent et vous les laissez faire, affirme-t-il. Les carabines de sport en semi-automatique, comme des AR-15, des kalachnikovs, on les retrouve en Suisse parce que ce sont des objets de loisirs. Chez vous en France, on retrouve principalement des carabines de chasse." "Tout ce que vous n'avez pas en France et en Europe, on le retrouve en Suisse. On est des moutons au milieu d'un troupeau de loups, on ne peut pas faire grand-chose." Cet armurier estime que le "travail" en amont n'a pas été fait en France, "maintenant il y a une armurerie qui n'est plus là et il y a des armes qui sont en liberté chez vous et partout en Europe."
L'armurerie dont parle cet homme est située à Zwingen, dans le canton de Bâle. Entre les mois de septembre et novembre 2020, elle a été prise pour cible à cinq reprises par des braqueurs originaires de la région Rhône-Alpes. Interpellés le 9 mars, ils avaient dérobé près de 200 armes, dont des armes automatiques. Au total, cette équipe de braqueurs auraient dérobé plus de 500 armes des deux côtés de la frontière.
Face à ces raids, en novembre dernier, la Suisse a imposé à ses armuriers d'élever leur niveau de sécurité. Elle a surtout constitué une task force, sorte de ligne directe, avec la police judiciaire française. "La Suisse est un pays attractif pour toute cette criminalité transfrontalière qui vient de la France, affirme Anne-Florence Debois, porte-parole de la police fédérale suisse. D'une part, sa position géographique est attrayante : c'est un petit pays, on peut s'y rendre rapidement et en repartir rapidement. Ce sont des équipes qui ont réussi à s'implanter à la fois dans le tissu économique et social suisse, bénéficier de points de chute, de contacts, et pour mettre en place une logistique afin de réaliser ces casses ou ces cambriolages parfois assez impressionnants."
Côté français, c'est Thibaut Fontaine, commissaire divisionnaire, chef de la division criminelle à la police judiciaire de Lyon, qui traque ces équipes rhônalpines. Avec une quinzaine de faits et de tentatives depuis plus d'un an, il a tout vu, du cambriolage aux vols élaborés de voyous déguisés en faux policiers. "La Suisse présente la particularité d'avoir des armureries particulièrement bien achalandées, notamment en armes automatiques et pas seulement en armes de chasse, explique-t-il. Elles sont moins protégées que certaines armureries françaises." Selon lui, "les malfaiteurs en capacité de se projeter en Suisse connaissent parfaitement la topographie frontalière. Ils vont prendre les petites routes qui sont peu fréquentées." "Ils commettent des cambriolages avec des voitures volées, puissantes et à plusieurs, de façon à remporter un maximum d'armes dans un minimum de temps."
"Au bout du bout, les malfaiteurs peuvent faire main basse sur une grande quantité d'armes qui est quasi exclusivement destinée à alimenter la criminalité organisée française, poursuit le commissaire divisionnaire. On a retrouvé des armes qui venaient de ces armureries dans différents endroits, plusieurs en région Rhône-Alpes, mais également en région marseillaise Montpellier, l'arc méditerranéen."
Autre donnée-clé : ces derniers mois, le prix des armes a bondi. Les armes de seconde main en provenance de l'Est commencent à dater, les voyous préfèrent le neuf disponible via le circuit court suisse. "Le prix des armes sur le marché noir, et notamment pour des armes de qualité comme sont celles qui sont dérobées dans les armureries suisses, ont très nettement augmenté au cours des dix derniers mois, assure le commissaire divisionnaire Thibaut Fontaine. Selon le commissaire, "les armes de poing aussi ont largement augmenté. Les armes sont mises sur le marché par le biais du réseau relationnel de ces criminels aguerris. En général, dans les 48-72 heures qui suivent, le lot en intégralité ou divisé en quelques parties est revendu." "Leur logique est simple : pourquoi aller chercher à l'autre bout de l'Europe des armes que vous avez à portée de main ?"
Depuis cet été, la Suisse a connu une pause de ces attaques d'armureries, le résultat peut-être de plusieurs coups de filet récents côté français avec 30 interpellations depuis le début de l'année. "La région lyonnaise et grenobloise présentent effectivement la spécificité d'agréger des malfaiteurs qui sont capables de se projeter loin sur des coups vraiment audacieux, affirme Thibaut Fontaine. On est aujourd'hui quasiment la seule zone en France où on rencontre encore ce type de criminalité, ce qui nous oblige effectivement à mettre en œuvre des stratégies très denses et parfois complexes puisqu'on doit les faire jouer de part et d'autre de la frontière." Aujourd'hui, la police française travaille "main dans la main" avec la police suisse.
"On dispose d'équipes communes d'enquête, avec des enquêtes miroir de part et d'autre de la frontière sur les mêmes faits, c'est devenu très fluide, assure le chef de la division criminelle à la police judiciaire de Lyon. Les informations passent vite, voire très vite, entre nos services. Ce qui nous a permis d'obtenir des résultats avec l'appui notamment des structures centrales de l'Office central de lutte contre le crime organisé ou la police fédérale suisse. Avec des résultats extrêmement concluants dans la lutte contre les attaques à main armée au préjudice de transports de fonds." La crainte, c'est que ces groupes désormais équipés en armes lourdes dernière génération ne se déportent sur d'autres activités en Suisse comme les attaques de fourgons blindés.
Élément | Description |
---|---|
Attaques d'armureries en Suisse | Plus de 350 armes dérobées depuis 2020. |
Origine des braqueurs | Région Rhône-Alpes (France). |
Réaction suisse | Renforcement de la sécurité des armureries et création d'une task force avec la police française. |
Motivations des criminels | Alimenter la criminalité organisée française avec des armes de qualité. |
Conséquence | Forte augmentation du prix des armes sur le marché noir. |
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