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Au Moyen Âge, une période qui s'étend approximativement de la fin de l'Empire romain au 15e siècle, les armes jouaient un rôle central dans la vie quotidienne et les conflits de l'époque. Ces armes, façonnées avec soin par des forgerons talentueux, ont évolué en réponse aux besoins des combattants médiévaux, allant des chevaliers lourdement armés aux soldats d'infanterie. L'épée, la lance, l'arc, la hache et une multitude d'autres armes étaient non seulement des instruments de guerre, mais aussi des symboles de pouvoir, de statut et de culture.

L'Armement Franc au Haut Moyen Âge

L'armement franc a longtemps été vu comme l'une des principales causes des succès militaires de ce peuple au haut Moyen Âge. En fait, l'armement des Francs mérovingiens, bien étudié grâce à de nombreux recoupements entre l'archéologie et les sources écrites latines, ne devait pas être très différent de celui de leurs voisins germaniques contemporains. Certains historiens pensent même qu'il était inférieur, par exemple, à celui des Wisigoths d'Alaric Ier. Acquise par les hommes de Clovis lors des victoires sur Syagrius, ou simplement transmise aux auxiliaires francs du temps de son père, Childéric, une conception romaine de l'armée apparaît, par exemple, dans la revue des troupes effectuée par Clovis qui donne lieu à l'épisode du vase de Soissons. Cette influence apporta notamment plus de discipline dans leurs rangs, ce qui aurait pu peser lourdement sur l'issue des combats importants.

L’armement proprement dit, quant à lui, est varié et change peu au cours de la période mérovingienne. Ainsi, vers le VIIe siècle, il comprend la hache de combat, la lance, l’épée - soit symétrique à deux tranchants (la spatha), soit courte (la semispatha), ou encore à un seul tranchant (le sax ou scramasaxe). Dans une moindre mesure, l’arc et les flèches sont attestés dans de nombreuses tombes, ce dernier étant en forme de « D ».

Évolution de l'Armement sous les Carolingiens

Sous les Carolingiens, l'armement évolue vers ce qu'il sera à l'époque féodale. Tout d'abord, avec l'importance accrue de la cavalerie, son coût augmente : si en théorie tous les hommes libres du royaume des Francs doivent le service militaire (l'ost), un système de compensations monétaires fait en sorte que seuls les plus riches partent à la guerre. Il s'agit là d'une évolution majeure vers la professionnalisation des hommes d'armes par opposition aux troupes germaniques des périodes précédentes.

De plus, l'armement en général se spécialise : l'épée carolingienne s'allonge et l'alliage dans lequel elle est forgée s'améliore grâce à une évolution constante des techniques servant à l'élaboration de l'acier. Cette épée est connue pour être la meilleure arme de son époque (plusieurs armes franques entrent dans la légende : voir noms d'épées) et des lois strictes en interdisent le commerce à l'étranger. L'arc s'améliore également, suite aux combats contre les Avars, un peuple des steppes.

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La Chevalerie et les Armes de Jet

C'est à la bataille de Hastings, en 1066, qu'apparaît une nouvelle façon de tenir leur lance pour les cavaliers : presque à l'horizontale, pour charger. Ce sont là les origines du tournoi médiéval. Ce jeu emblématique du Moyen Âge, sans doute au départ un entraînement au combat, n'a toutefois rapidement plus rien à voir avec la guerre. Signe des temps, la « chevalerie » (du nom des cavaliers français) s'impose dans tous les combats, poursuivant l'évolution amorcée sous les Carolingiens. Le code de la chevalerie chrétienne, qui se définit progressivement à partir des tentatives de l'Église pour limiter les combats au XIe siècle détermine également dans une large mesure la manière dont la guerre est abordée en occident durant la période.

Au XIVe siècle, la chevalerie française, emblématique de l'époque, se heurte néanmoins aux arcs longs anglais à la bataille de Crécy, puis à la bataille d'Azincourt. Ces derniers, par leur puissance et par leur longue portée permettent de percer une armure. De plus, une rangée d'archers coûte moins cher à former et à entretenir qu'un chevalier. L'irruption de l'arc long sur le champ de bataille annonce en cela la fin de la chevalerie qui est due en dernière analyse à la multiplication des armes à feu.

Terminologie de l'Armement Médiéval

Voici une liste des termes utilisés pour désigner l’armement médiéval. Certains de ces termes renvoient à un article détaillé, tandis que la définition de certains autres suffit d’elle-même. Les différents termes apparaissent dans chaque classement proposé (par période, par type d’arme).

Armes Blanches

  • Cataphracte: (terme grec) cuirasse à écailles employée par la cavalerie lourde gothique puis byzantine.
  • Épée: arme blanche à double tranchant, sans doute d’origine celtique et copiée par les Romains et par les Germains. Durant cette période, l’épée est dite longue lorsqu’elle mesure de 80 cm à 1m. Elle est héritée de la spatha romaine du bas-Empire.
  • Glaive: (du latin gladius) épée courte ; arme blanche semi-longue à double tranchant.
  • Lance: terme générique désignant une arme offensive dôtée d’un fer emmanché sur une hampe. Par opposition au javelot, la lance est une arme d’assaut qui n’est pas destinée à être lancée.
  • Poignard: arme blanche courte à double tranchant.
  • Sabre: arme blanche longue à un seul tranchant, populaire chez les peuples de la steppe. Le sabre peut être droit (latte, proto-sabre) ou courbe.
  • Spatha: nom latin de l’épée longue, utilisé pour désigner l’épée longue romaine tardive, l’épée des grandes invasions et l’épée mérovingienne.

Armes d'Hast

  • Fauchart: arme d'hast inspirée de la faux qu'utilisaient les paysans en temps de guerre.
  • Pique: longue lance de fantassin (env. 6m), utilisée pour briser la charge des cavaliers.

L'Émergence des Armes à Feu

Le médiéviste Alain PARBEAU partage toute une vie de recherches et de connaissances sur le début de l’arme à feu. Les données balistiques (performances des projectiles de tir) citées dans cet exposé, font suite à des tirs réalisés par l’auteur avec des répliques d’armes et des armes authentiques, avec des chargements soignés et estimés proches de ceux de leur époque d’origine. Elles sont publiées à titre indicatif, pour donner une idée de la puissance des armes anciennes. Il est évident que ces résultats peuvent s’avérer différents si l’on emploie d’autres charges.

Au VIIème siècle le feu grégeois : Mélange visqueux de poix, naphte, soufre, etc. (on ne connait pas sa composition exacte) qui enflammé, est projeté chaud et liquide sur l’ennemi, ses bateaux et ses constructions. Étant plus léger que l’eau, il flotte au-dessus, et ne peut être éteint par elle. Il est comparable au « Napalm », mélange gélifié d’essence de pétrole et de palmitate d’aluminium, très employé par les américains pendant la guerre du Vietnam (1955 à 1975).

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Au VIIIème siècle après Jésus christ, invention de la poudre noire par les chinois (et peut-être aussi les Indiens). Il s’agit d’un mélange de Salpêtre (nitrate de potassium), soufre, et charbon de bois. Le salpêtre joue le rôle de comburant, apportant de l’oxygène et activant la vitesse de combustion du charbon de bois et du soufre. Ce mélange, lorsqu’il est de qualité et comprimé dans un canon, brûle à la vitesse d’environ 300 à 600 mètres par seconde (suivant sa granulométrie), ce qui constitue une explosion de type « déflagration » (vitesse d’inflammation inférieure au km/seconde).

Vers 1150 - 1200, utilisation de la poudre noire par les arabes (qui l’ont empruntée aux chinois via le moyen orient). Sous la forme de canon rudimentaire à main le « Madfaa » qui propulse une flèche trapue à courte distance. En Août 1324, apparait une des premières utilisations en France d’une bombarde pour l’attaque de la ville de la Réole (Gironde). Celle-ci est montée sur un fût en bois, et posée à même le sol. Son pointage rudimentaire, se fait à l’aide de cales de bois glissées sous le fût. Bombardelle à culasse mobile : calibre 15 cm, boulet de 3 à 4 kg en pierre puis en fonte de fer, lancé à 200 mètres. La balistique de ce type d’arme est faible, mais son effet psychologique est important. En effet le bruit rappelle le tonnerre de source divine, et l’odeur de soufre, le diable !

Vers 1370, l’hacquebute (primitive) : Littéralement « canon à croc » du germanique « hakenbüchse », destinée à tirer en crochetant un mur ou une palissade avec son croc de fer situé en dessous de l’arme pour que le mur encaisse le recul à la place du tireur. Elle comporte un long fût de bois (ou parfois de fer), à l’avant duquel est fixé un canon de fer de courte dimension (20 à 25 cm). Son calibre fait généralement de 18 à 28 mm. Une balle ronde en plomb, de 18 mm de diamètre part à la vitesse de 130 mètres par seconde, avec une charge de 4 grammes (7 grammes au moyen âge) de poudre noire. Allumage au boutefeu à mèche ou par un ringard chauffé au rouge. (Une planche de pin de 3 cm d’épaisseur est traversée à 15 mètres).

Vers 1460 jusqu’à 1660, l’arquebuse, mot découlant d’hacquebute : C’est une arme à feu, à fût de bois, véritable ancêtre des carabines, mousquets et fusils, que l’on tient sous l’aisselle ou que l’on commence à épauler. La mise à feu est faite par un « serpentin » en fer fixé sur le côté du fût et tenant une mèche. Vers 1510-15 la platine à « rouet » (peut-être inventée par Léonard de Vinci, ou Johan Kuhfuss) permet un allumage sans mèche, sur le principe d’une roue rainurée (le rouet) entrainée par un ressort, et qui frotte sur une pyrite de fer mordue (tenue) par un « chien » produisant ainsi des étincelles, qui allument la poudre. Ce mécanisme fiable mais couteux et fragile sera principalement réservé aux arquebuses de chasse, et aux pistolets. L’arquebuse restera le plus souvent à allumage à mèche pour les usages militaires. Son calibre fait environ de 14 à 16 mm, pour une longueur de canon de 60 à 90 centimètres.

En 1520, l’arquebuse à canon rayé (rainuré) hélicoïdalement : Il semble que le germanique Auguste Kotter, remarquant que les « viretons d’arbalète » (traits aux ailerons inclinés qui partaient en tournant sur eux-mêmes) avaient une plus grande précision que les « traits classiques » comme le « carreau ». Il inventa le « rayage (rainurage) hélicoïdal » de l’intérieur des canons d’arquebuses. Cela apporta une précision nettement plus efficace de l’arme par stabilisation gyroscopique de la balle dans l’espace, et une augmentation de puissance en supprimant les fuites de gaz propulseurs des armes à canon lisse dont la balle était plus petite que l’âme du canon. L’ancêtre de la carabine était né.

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L’arquebuse étant assez courte, se prêtait mal au tir de guerre sur plusieurs rangs, l’embouchure du canon se retrouvant au niveau de l’oreille du rang précédant. Il fut donc décidé de rallonger l’arquebuse et d’en augmenter le calibre, donc le poids du projectile et la puissance destructrice. Le mousquet était né.

Machines de Guerre Médiévales

Outre les armes individuelles, les machines de guerre jouaient un rôle crucial dans les sièges et les batailles. Voici quelques exemples :

  • Baliste: Une ancienne arme de siège utilisée pour lancer de lourds projectiles sur des cibles à distance.
  • Trébuchet: Une machine de siège médiévale utilisée pour lancer de lourds projectiles, tels que des rochers ou des projectiles enflammés, sur des cibles à distance.

Études et Recherches sur l'Artillerie Médiévale

Dès le XIXe siècle, l’artillerie à poudre médiévale suscite l’intérêt d’historiens militaires, souvent officiers dans les armées nationales de leurs pays respectifs : Louis-Napoléon Bonaparte et Ildephonse Favé en France ; Bernhard Rathgen en Allemagne ; Paul Henrard, Henri Guillaume, et Charles Brusten en Belgique ; Oliver F.G. Hogg en Angleterre pour n’en mentionner que quelques-uns. Au-delà d’une simple histoire-bataille, leurs travaux s’intéressent déjà aux techniques et à la mise en œuvre de l’arme.

Combinant à la fois étude des techniques (les armes à feu), des institutions (l’artillerie) et des hommes (les artisans-canonniers), sans oublier l’impact socio-politique des évolutions parallèles, ce n’est qu’au cours de la dernière décennie qu’un nouvel engouement a donné lieu à des synthèses renouvelées fondées sur le dépouillement exhaustif de sources souvent inédites, tant en France (E. de Crouy-Chanel, 2010, 2020 ; A. Leduc, 2008) et dans les anciens Pays(-Bas) bourguignons (M. Depreter, 2011, 2014), qu’en Angleterre (D. Spencer, 2019), en Espagne (F. Cobos Guerra, 2004) ou, tout récemment, en Italie (F.

L’histoire de l’artillerie communale reste largement à écrire, de même que celle de l’artillerie seigneuriale pour laquelle les sources, il est vrai, sont plus rares. Quelques monographies, datant souvent du XIXe siècle et souffrant des limites évoquées plus haut, s’intéressent certes à l’artillerie de telle ou telle ville particulière. Une étude systématique sur base des comptabilités urbaines devrait néanmoins permettre de comprendre comment l’artillerie, d’une arme originellement urbaine sinon communale, à tout le moins dans les anciens Pays-Bas et en Empire, put devenir une arme dynastique, voire étatique.

Sources et Méthodes d'Étude

La comptabilité, qu’elle soit royale, princière ou urbaine, est particulièrement utile à l’étude de l’artillerie, tant sous l’angle des techniques (terminologie, définitions occasionnelles) que sous l’angle de l’organisation, en ce compris les aspects politico-économiques (production, marché de l’armement, rémunération de personnel, permanent ou non, etc.). La prosopographie et l’analyse de réseaux permettent une approche socio-professionnelle.

Les sources littéraires, trop longtemps utilisées seules et au détriment de la comptabilité ou de l’iconographie, n’en ont pas moins des mérites. Chroniques et mémoires révèlent des nombres, parfois exagérés certes, liés au prestige et à l’efficacité attribués à l’armement, mais peuvent aussi révéler les objectifs stratégiques et les modalités tactiques de la mise en place de l’artillerie.

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